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Renaître à la lumière
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Renaître à la lumière
Livre électronique228 pages1 heure

Renaître à la lumière

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À propos de ce livre électronique

1962-2012 Ces dates sont un déchirement pour ceux qui sont partis d’Algérie. Là-bas, enivrés par la lumière et le soleil, ils pensaient que ce pays était le leur. Dans ma souffrance, je ne savais pas que 50 ans avaient passé depuis Blida. Cette déchirure est là, présente, constante. Le drame du 9 février 2005 ne l’a en rien atténuée ni annulée. La blessure s’est accrue de façon exponentielle. La perte de nos petits-enfants se mêle à celle de l’Algérie et me laisse le corps écartelé en une blessure inguérissable.
LangueFrançais
Date de sortie9 nov. 2012
ISBN9782312005560
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    Renaître à la lumière - Jeanne Diener

    cover.jpg

    Renaître

    à la lumière

    Jeanne Diener

    Renaître

    à la lumière

    après

    un demi-siècle

    de souffrance…

    LES ÉDITIONS DU NET

    70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux

    À mon père

    © Les Éditions du Net, 2012

    ISBN : 978-2-312-00556-0

    img1.jpg

    « Le bonheur, s’il s’en trouvait encore,

    Existait ailleurs au-delà des montagnes,

    Dans le grand Sahara, dans ces régions

    Sans fin qui sont bien l’Afrique »

    Paul Bowles « Un thé au Sahara »

    Originaire de la Prusse Orientale

    Par notre père

    Et du sud de l’Espagne par notre mère,

    Je suis l’héritière d’un passé d’immigrés.

    Leur souffrance, leur désespoir ayant abandonné maisons, parents, amis, pays ne peut être expliqués.

    Ils sont arrivés en Algérie différents ne parlant ni le français ni l’arabe.

    Ils étaient traités avec mépris, violence et sauvagerie, internés dans des camps.

    Les rations de nourriture étaient mesurées de façon stricte, les enfants avaient une demi-portion.

    À partir de 5 ans ils n’étaient pas nourris.

    Adolfo SALVA BALLESTER

    La villa de Callosa de Ensarria

    Monografía histórica documentada

    El punto principal a donde se ha dirigido la inmigración ha sido a la Argelia, debió comenzar en el decenio 1840 al 1850.

    Las calamidades que han provocado la inmigración:

    Entre las sequias,

    Los temporales de lluvias y pedriscos,

    el oídium plaga conocida en callosa – con el nombre de negra del raim –

    Las epidemias

    La mortandad en el siglo era triple que en la actual en anos normales y cuatro veces más en las epidemias.

    Iniciada la corriente emigratoria a la Argelia, desde que el Gobierno francés empezó su colonización, acudieron muchísimas gentes del Levante.

    Fueron sin ningún apoyo a la buena de Dios, y disfrutaban de la efímera protección francesa.

    En 1881 ocurrió una horrorosa matanza de españoles en la provincia de Oran.

    Publicaciones del Instituto de Estudios alicantinos

    Le point principal où l’immigration s’est dirigée a été en Algérie entre 1840 et 1850.

    Les calamités à l’origine des départs :

    Entre les sécheresses,

    Les tempêtes de pluies et de grêles,

    L’oïdium avec le nom de Noire du raisin,

    Les épidémies,

    La mortalité avait triplé et quadruplé dans les épidémies.

    Initié par le Gouvernement français, le courant migratoire en Algérie, amena les habitants du Levant en très grand nombre.

    Ils étaient sans aucun appui, à la grâce de Dieu, et ils jouissaient de la protection éphémère française.

    En 1881, une tuerie effroyable, organisée par le Gouvernement français, décima de nombreux espagnols.

    PARTIE I

    Mon enfance à Blida

    1946-1953

    « Grand est celui qui n’a pas perdu

    son cœur d’enfant »

    Mencius

    Penseur chinois

    ayant vécu aux alentours de 380-289 av J.-C.

    1942-1953 – Enfance joyeuse à « la Princière »

    Jusqu’à l’âge de onze douze ans, j’ai vécu rieuse, inconsciente, souvent insolente, mauvaise élève, le « cancre de la famille » disait-on chez moi.

    Malheureusement pour moi, mes aînés réussissaient brillamment : ma sœur, de cinq ans et demi plus âgée, étant un modèle de sagesse, elle était en plus belle et studieuse. Ils m’étaient sans cesse donnés en exemple.

    Ma sœur était ravissante, soignée, pieuse, appliquée. Elle avait une manière gracieuse de pencher la tête pour ne jamais dire ce qu’elle pensait, je ne l’entendais jamais parler à mes parents ou à Henriette. Elle me semblait secrète et perdue dans ses rêves.

    À l’Immaculée conception où elle suivait sa scolarité, elle prenait des cours de broderie sur tambourin et faisait des merveilles qu’admiraient les clients de la pâtisserie.

    En dehors de ses études elle passait tout son temps libre à broder en s’occupant du magasin.

    Nous partagions la même chambre et elle ne supportait pas la gamine exaspérante que j’étais. Elle n’appréciait pas mon espièglerie, ma malice, ma joie de vivre.

    Mais j’étais heureuse ainsi, je m’enivrai de liberté. Nullement surveillée, j’étais, en dehors de quelques horaires faciles à respecter, totalement incontrôlable.

    Mes parents étaient pâtissiers, mon père avait succédé à mon grand-père et les deux pâtisseries portaient des noms qui m’impressionnaient : « La Royale » domaine de ma mère et « La Princière » domaine d’Henriette et le mien aussi.

    Il y avait bien longtemps, mon grand-père, alors ouvrier pâtissier à Alger, gagnait très mal sa vie, il achetait, quand ses petites finances le permettaient, un billet de loterie espagnole qu’il lui fallait trouver en contrebande.

    Un jour donc, tout heureux il se précipita chez lui pour annoncer à ma grand-mère qu’il avait gagné « El Gordo» : le gros lot.

    Hélas, elle avait revendu la moitié du billet pour pouvoir nourrir la maisonnée.

    Grand-père, avec sa demi-part, acheta une pâtisserie à Blida qu’il appela « La Princière ».

    C’est mon grand-père qui dirigea les travaux de rénovation.

    Une petite merveille toute faite de mosaïques, avec des boiseries d’ébène, de grands miroirs encadrés par des angelots d’ivoire.

    Mais le comble du raffinement venait de la table à gâteaux toute en verre, sur deux étages avec plusieurs compartiments isolés par des vitres en cristal biseauté.

    Moi je ne faisais rien et cela m’allait très bien.

    Mes mauvais résultats m’avaient rejetée de l’école religieuse et j’étais inscrite au Grand Lycée Duveyrier, prestigieux lycée de garçons.

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    Lycée Duveyrier.

    C’était, il est vrai, un lycée de garçons de bonne famille. On n’y acceptait que peu de filles et uniquement dans les classes élémentaires et en terminale sections scientifiques.

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    Entrée de la caserne des Artilleurs.

    Il y avait tout à côté le Jardin Bizot fermé la nuit par de grandes grilles.

    J’aimais m’y promener avec mes parents et chercher des têtards dans le bassin près de la fontaine.

    J’étais loin d’être brillante et je ne sais par quel miracle on m’avait acceptée en classe de CE1. Peut-être parce que mes deux frères y étaient déjà et particulièrement Quinquin très bon élève.

    En classe, j’étais bavarde et un maître spécialement sévère m’avait placée loin des élèves et près de la fenêtre.

    Il fit une erreur car ce fut pour moi une grande source de distractions et de joie ; je pouvais en effet parler avec tous les élèves qui rentraient plus tard et parmi lesquels se trouvaient de nombreux copains de mon frère aîné. Donc à cette époque, période bénie, j’étais libre. Dès la sonnerie de la cloche, le matin et l’après-midi, je me précipitais hors de l’école, en courant. Je traversais la place d’Armes où, joyeuse, je faisais le tour de la margelle du kiosque à musique.

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    Le kiosque.

    Là se trouvait un bassin de poissons rouges qui ne m’intéressaient pas tant j’étais occupée par mes acrobaties, voulant toujours enjamber la balustrade.

    Un jour, j’étais tellement absorbée par mon jeu que mon cartable glissa dans l’eau. Pierre, lui, encore plus turbulent, y tomba tout habillé. Un passant compatissant me rendit le cartable tout dégoulinant.

    Arrivée à La Place d’Armes, j’étais dans « ma rue d’Alger ».

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    Rue d’Alger.

    Il me restait alors une allée à traverser, cinquante mètres à faire pour arriver dans mon paradis de petite fille où j’étais toujours accueillie avec beaucoup de tendresse par Henriette qui me disait :

    « Comment va la Marquise aujourd’hui ? »

    img6.jpg

    Mon Henriette.

    J’étais alors arrivée dans le royaume d’Henriette, ma seconde maman qui vivait chez nous depuis l’âge de quatorze ans et qui nous avait tous vu naître mes frères, ma sœur et moi.

    Mais, moi, j’étais sûre qu’Henriette n’était sur terre que pour moi.

    Et en effet dès mon arrivée, sa préoccupation essentielle n’était que mon bien-être.

    Elle me faisait goûter, puis elle s’attaquait à mes devoirs et leçons. Mais elle avait fort à faire avec mon esprit voyageur.

    Quand tout était terminé, j’avais le droit d’aller jouer chez ma voisine et grande copine : Poupette. Elle s’appelait Marie-Madeleine mais tout le monde l’appelait Poupette.

    Sa famille possédait et travaillait dans une immense librairie papeterie qui faisait mon ravissement.

    On entrait dans le magasin par la salle consacrée à la papeterie.

    Là, tout le long des murs et jusqu’au plafond, il y avait des casiers renfermant chacun un trésor : crayons, encriers, plumes de toutes sortes mais surtout « les plumes sergent major » recommandées par tous les maîtres d’école ; étiquettes, cahiers, bons points qui se vendaient par plaques à découper et images de récompenses pour dix bons points.

    Cela me faisait rêver.

    Au fond, à gauche de cette grande pièce, un petit comptoir de bois avec une caisse enregistreuse antique derrière laquelle trônait la maîtresse de lieux : la grand-Mère de Poupette : Madame Marmonnier.

    C’était une drôle de Grand-mère, elle était très âgée et je savais, pour avoir été souvent chez ma copine, qu’elle portait un dentier. Je l’avais vu tremper dans un verre d’eau dans leur salle de bains.

    Ce dentier me faisait trembler de frayeur. A mon âge, je rêvais souvent de monstres et de fantômes. Quand je devais rejoindre mon amie, j’évitais ce coin tant j’avais peur de la Grand-mère.

    Je traversais donc les autres salles destinées soit à la littérature, soit aux livres d’art, soit aux manuels scolaires et j’arrivais dans une grande pièce qui m’amusait beaucoup.

    Là se trouvaient des tableaux d’école, des montagnes de boîtes de craie et des cartes de géographie de tous les pays. Les mappemondes me laissaient songeuse.

    Cet immense magasin se terminait par une petite pièce.

    C’était la dernière partie du magasin. Là était notre domaine. Ce qui faisait son charme, c’était une fenêtre qui s’ouvrait sur la rue et qui nous offrait les portes de la liberté.

    Et, alors que les parents nous croyaient jouant sagement chez Poupette, nous nous échappions par cette ouverture et nous sortions dans la rue Gobie. Là, l’ivresse nous prenait à la pensée de nos premières bêtises.

    Il y avait donc Poupette un peu rondelette, Denise angélique avec ses grands yeux bleus qu’elle écarquillait sachant qu’ils étaient magnifiques et moi l’œil malicieux, toujours très moqueuse.

    Nous sonnions aux portes et là, l’air innocent, nous posions n’importes quelles questions, en petites filles très bien élevées

    Et nous descendions les escaliers de l’immeuble gaies mais

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