Entre le devoir et l'amour
Par Patience Fielany
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À propos de ce livre électronique
Engagée au volant de ma voiture, cette phrase de papa – qui est de surcroît mon supérieur et mon Ministre de tutelle – résonnait encore dans mes oreilles : « Carole, c’est ta mère et tu lui dois la vie ! ». Policière, j’avais à décider du sort de ma mère biologique qui m’avait abandonnée dès l’âge de trois mois et qui venait d’être arrêtée à l’aéroport...
Patience Fielany
Né le 11 Novembre 1962 à Brazzaville au Congo, Patience Fiélany est licencié en communication. Journaliste, il a collaboré à divers magazines internationaux en Allemagne et en France. Diplômé d'état major, l'auteur est officier supérieur des Forces Armées Congolaises. En 2008, il a assumé les fonctions d'officier communication à l'état major du secteur nord dans le cadre de la Mission des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour (Soudan).Son premier roman, L'affaire qui pue, a été publié en 2007 à Paris par la Société des Ecrivains
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Aperçu du livre
Entre le devoir et l'amour - Patience Fielany
Patience Fiélany
Entre le devoir et l'amour
Éditions Dédicaces
Entre le devoir et l'amour
© Copyright - tous droits réservés à Patience Fiélany
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Dépôt légal :
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Un exemplaire de cet ouvrage a été remis
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Patience Fiélany
Entre le devoir et l'amour
À mon père et à ma mère, symboles de ma vie ;
À mon oncle Théophile Moussitou ;
À mon frère Roch et à ma sœur Parfaite;
À mes enfants ;
À mes amis Jean-Pierre Bouka et Félix Taylor Mabiala ;
À la mémoire de mon ami Marcel Bidilou et de papa François Lélo-Phoba.
SOMMAIRE
Préface
Après ses romans « L’affaire qui pue » et « Le sourire retrouvée », le voilà de retour avec son tout nouveau recueil de nouvelles « Entre le devoir et l’amour ». Patience Fiélany nous projette cette fois-ci dans un monde très complexe, celui de l’être humain.
« Entre le devoir et l’amour » est un recueil de nouvelles qui traite de sujet sur la vie courante, de différentes cultures, mais qui se fusionnent, car cette vie est en chacun de nous.
On y lit sept nouvelles où transparaissent le pardon, l'amour, le courage et la folie. Dans la première nouvelle, nous y constatons l’une des plus grande valeur morale, « le pardon » avec une histoire particulièrement touchante. Cette nouvelle nous entraîne à conclure, à notre façon, notre vision des choses, nos valeurs humaines. C’est surtout par la nouvelle qui donne son titre à ce recueil, « Entre le devoir et l’amour », que Patience Fiélany attire l’attention du lecteur. L’importance accordée ici à ce premier texte ne veut abso-lument pas dire que les autres nouvelles soient dénuées d’intérêt. La dernière nouvelle de ce recueil est pour sa part une histoire touchan-te et inquiétante que nous découvrons ici. Une nouvelle dont la con-clusion en étonnera plus d’un, car elle « joue » avec les sentiments profonds du lecteur.
D'autres textes se révèlent comme étant un réceptacle de questionnements philosophiques et de réflexions à travers un court voyage dans des expériences de vie. Éclatement, relativité, morcelle-ment, discontinuité, instabilité, rupture, questionnement, inquiétude, incertitude, voilà autant d'aspects que nous retrouvons dans ce recueil.
Les textes de Patience Fiélany se nourrissent des détails de la vie et des situations dans lesquelles se trouvent ses personnages. Un début et une finale écrite de façon stratégique.
Cette lecture m’amène à réfléchir sur moi-même, comment gérer le « vrai » pardon à travers l’amour de soi et d’autrui. Cet ouvrage m'a ravi sur le point spirituel ainsi que la façon dont il est écrit par l'auteur, qui se veut simple et profond à la fois. Je vois dans cet ouvrage une valeur singulière : il démontre qu’en chaque être humain, il y a ce côté mystérieux qui forme le bien et le mal. Cette source à la face cachée de certains individus en manque d’amour et par une fidélité toujours plus grande à cette attitude vitale. On touche néanmoins là un point très important de cette richesse humaine !
Patience Fiélany a cette habileté de raconter...
Francine Minville
auteure
Entre le devoir et l’amour
Le brouillard s’était abattu toute la nuit sur l’Océan Atlantique et il couvrait une partie de la ville. Le matin, la visibilité était réduite à cause de son épaisseur. Mais, au fur et à mesure que le soleil pour-suivait sa trajectoire, ses rayons l’avaient progressivement percé et dissipé sans produire la chaleur tropicale habituellement forte pendant la saison des pluies. La fraîcheur et quelques manifestations de rhume annonçaient l’arrivée de la saison sèche. À l’internat, les missionnaires avaient distribué des couvertures aux élèves pour qu’ils se protègent contre le froid ; nombreux étaient ceux qui avaient recours également aux chandails et ne s’en débarrassaient que rarement.
Dans les écoles confessionnelles, la rigueur était de mise. Mais ici, au lycée, le réveil se faisait maintenant à volonté et de plus en plus tardif depuis la fin des examens : les élèves se permettaient de faire la grasse matinée, en attendant la proclamation des résultats et le départ pour les vacances à la date officielle clôturant l’année scolaire. Ils passaient leur temps à jouer aux cartes, au scrabble, au hand-ball, au football… Ceux qui attendaient de connaître leur sort au baccalauréat rêvaient d’aller à l’université et ne manquaient pas de projets.
Je venais d’avoir trois mois quand Hygie décida de rompre avec mon père. Elle était venue m’abandonner auprès de lui à l’internat où il étudiait, à la grande stupéfaction de ses condisciples, parce qu’il ne s’occupait pas d’elle ni de moi. Il avait dix-neuf ans et elle quinze. Bien que des internes filles et garçons aient tenté de la calmer et de la faire revenir sur sa décision, Hygie était restée inflexible. Elle avait insulté mon père, sans retenue, de la tête jusqu’aux pieds. Elle avait clairement précisé qu’elle n’envisageait pas son avenir avec cet élève qui lui avait précocement donné un enfant non désiré et que ses parents n’aimaient pas.
Pour mon père, le ciel était tombé sur sa tête. Déjà, la nouvelle de la paternité d’un enfant était mal accueillie dans son milieu au regard de la morale religieuse et du règlement de discipline générale. Les propos grossiers et orduriers d’Hygie avaient mis tout le monde mal à l’aise. Cet acte avait sérieusement entamé le moral de mon père qui s’attendait à une sanction. Toutefois, il avait silencieusement prié, demandé pardon à Dieu avant d’envisager d’aller me laisser auprès de sa mère au village.
C’est à ce moment que Lucile était arrivée. Après avoir présenté le brevet d’études du premier cycle quelques jours plutôt, elle avait accompagné sa cousine Lydie à l’internat. Ayant vécu une partie de la scène, elle avait vainement tenté de ramener Hygie aux bons senti-ments. Cette dernière lui avait débité un flot de propos malveillants et injurieux avant de quitter l’internat. La collégienne m’avait prise et elle avait demandé à mon père de nous suivre : Lucile avait tenu à ce que je ne fusse pas sacrifiée quelles que soient les contradictions entre mes parents.
De fait, à partir d’une cabine téléphonique publique, Lucile avait prévenu son père et sa mère de notre arrivée avant de nous conduire chez ses parents où elle avait pris soin de moi. Responsables au sein d’une église, ceux-ci avaient prié avant et après avoir eu un entretien avec mon père afin que rien de fâcheux ne nous arrivât. Ce dernier avait un tant soit peu retrouvé ses esprits et regagné l’internat. Traduit devant le conseil de discipline deux jours plus tard, il avait été renvoyé de l’établissement.
Pendant près d’une semaine, mon père avait erré dans la ville, sans domicile fixe et dormant à la gare ferroviaire, avant de rencontrer de nouveau le père de Lucile. Sensible au drame de cet élève, il avait décidé de l’héberger chez lui. Papa dormait dans une chambre exté-rieure. Il allait occasionnellement travailler au port maritime comme docker. Son objectif était de réunir une certaine somme d’argent, de demander conseil auprès des ressortissants de son village qui résidaient dans la capitale pour se faire accompagner par des hommes mûrs, selon le respect des coutumes et traditions, afin de rencontrer mes grands-parents maternels.
Il y renoncera ; car au hasard d’une rencontre avec le père d’Hygie, ce dernier lui avait dit sur un ton discourtois : « Nous ne te recevrons que lorsque tu seras un homme mûr ! » Mon père avait gardé le silence ; personne dans la famille paternelle ou maternelle d’Hygie n’avait cherché à savoir où je me trouvais. Papa priait chaque soir avec les parents de Lucile. Ceux-ci le logeaient et le nourrissaient quoti-diennement. Ils s’occupaient aussi convenablement de moi.
Quelques jours après, presque tout lui avait souri : major de la session au baccalauréat, major au concours d’entrée à l’école de police, papa avait opté pour la police qui lui avait accordé une bourse pour une formation supérieure à l’étranger, à la grande satisfaction de Lucile et de ses parents. Tenant compte de son « immaturité », il n’avait plus envisagé de rencontrer les parents d’Hygie ; ceux-ci, étaient surpris d’apprendre qu’il avait voyagé pour l’étranger. Néanmoins, chaque trimestre, mes grands-parents paternels partaient du village et se relayaient pour venir me voir, munis de quelques victuailles et d’un peu d’argent.
Pendant son absence du pays, mon père entretenait une correspondance régulière avec Lucile. Ils se téléphonaient au moins une fois par semaine. Au fil du temps, une complicité était née ; elle grandissait entre celle que j’appellerai plus tard maman et moi. Oui, Lucile… C’est elle, ma mère, qui m’avait réellement chérie dès ma plus tendre enfance. Ses parents l’avaient encouragée et soutenue en m’adoptant : Lucile était déjà devenue mère avant sa première maternité.
Après l’incident de l’internat, elle était profondément troublée aussi bien par l’attitude d’Hygie que par celle de mes grands-parents maternels : ils ne m’ont jamais rendu visite. Finalement, elle avait découvert qu’Hygie n’était pas la fille de grand-père. En effet, après la naissance de son troisième enfant, grand-mère avait souffert de l’arrivée d’une co-épouse très jeune à la maison : Soraya. Elle se plaignait auprès de l’évangéliste Adolphe Kitambala, qui avait constaté sa détresse. Mais sa réponse était loin de la soulager : « Au-delà des principes bibliques, tu n’auras jamais raison au regard de la coutume et du code de la famille, car la polygamie est autorisée dans notre pays. »
Soraya bénéficiait de toute l’attention de grand-père qui avait déserté son premier lit. Aveuglé par les feux