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Retour à La Paz: Roman
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Livre électronique175 pages2 heures

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À propos de ce livre électronique

Découvrez l'histoire poignante du cheminement secret d'un jeune homme à la recherche de ses racines.

C’est à l’âge de sept ans que Louis apprend de ses parents que sa sœur et lui ont été adoptés dans un orphelinat de Bolivie. Une révélation perçue à l’époque de façon presque anecdotique par l’enfant, mais qui, au contraire de sa sœur, aura une résonnance insoupçonnée et de plus en plus prégnante dans son cheminement d’adolescent et de jeune adulte. Cette dualité qu’il porte en lui, le nouveau-né abandonné à la naissance et arraché à la misère et le privilégié qu’il est grâce à son adoption, le trouble profondément. Outre les rencontres marquantes qui vont jalonner sa jeune vie, dans son travail, dans ses amours, et qui forgent petit à petit sa personnalité, des circonstances inattendues lui permettront de se confronter à la réalité de ses origines en retournant dans son pays natal, et de retrouver sa mère biologique au seuil de la mort. À son retour, c’est un Louis réunifié qui peut à présent, après une dernière aventure qui aurait pu mal tourner, affronter sereinement sa vie future.

Un roman composite qui explore l'évolution des moeurs de la société, mais qui aborde surtout le sujet sensible de l'adoption.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Issu d'une famille d'enseignants, Jean-Luc Emmanuel Chassard est né en 1948 à Nancy où se déroule toute son enfance. Il poursuivra ses études secondaires et universitaires dans la capitale lorraine, avant d'exercer en tant que professeur de lettres classiques dans plusieurs établissements du sud de la France. À présent il se consacre à ses passions, la musique, c'est un brillant flûtiste, et l'écriture. Il est aussi l'auteur d'un roman policier Meurtre au collège largement inspiré de son expérience d'enseignant.
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie29 juil. 2020
ISBN9782378739744
Retour à La Paz: Roman

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    Aperçu du livre

    Retour à La Paz - Jean-Luc Emmanuel Chassard

    cover.jpg

    Jean-Luc Emmanuel Chassard

    Retour à La Paz

    Roman

    ISBN : 978-2-37873-974-4

    Collection : Blanche

    ISSN : 2416-4259

    Dépôt légal : juin 2020

    © couverture Ex Æquo

    © 2020 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.

    Éditions Ex Æquo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières Les Bains

    www.editions-exaequo.com

    .

    Préface

    Tel un chef étoilé, l’auteur de ce roman composite a déposé dans sa marmite littéraire bon nombre d’ingrédients qui offrent la saveur subtile de notre société en mouvement : l’amitié indéfectible, l’éducation sélective, l’amour fragile, les sexualités distinctes et la famille restrictive ou élastique… Mais au-delà de réflexions sous-jacentes à l’évolution de nos mœurs et aspirations, cette histoire pleine de rebondissements est avant tout le cheminement secret d’un jeune homme qui cherche ses racines. À travers des rencontres charnelles, des jeux de séduction et une irrésistible soif de liberté, l’enfant adopté tente de comprendre le mystère de sa généalogie interdite, de remonter le temps afin de découvrir une autre culture, source d’abandon aux cicatrices invisibles qui l’empêchent d’aimer.

    À la suite d’une aventure rocambolesque et émouvante en Bolivie puis à Paris, une jeune femme, elle aussi éprise de liberté et qui a peur de tout engagement familial, va l’aider et le rassurer pour qu’il devienne enfin un homme libéré de ses démons.

    Cette approche délicate et profonde des différences aboutit à l’amour.

    Jean-François Rottier

    Ce ne sont pas seulement les liens du sang qui forment la parenté, mais aussi ceux du Cœur et de l’Intelligence.

    Montesquieu, Les Lettres persanes

    I

    Non, ce ne fut pas vraiment une découverte quand ses parents annoncèrent à Louis et à sa sœur qu’ils étaient des enfants adoptés. Ce fut même un soulagement pour Louis, pourtant il était loin d’être déjà en âge d’analyser ce qui se passait en lui. À l’époque de cette révélation, il n’avait en effet que sept ans.

    Ses parents avaient dû juger que lui et sa sœur avaient l’âge de raison, que tôt ou tard le secret serait éventé — c’était d’ailleurs un secret de polichinelle, parenté et amis étant depuis toujours au courant — et qu’il valait mieux que les deux enfants l’apprennent de leur bouche avec toutes les précautions oratoires possibles afin de ne pas trop heurter leur sensibilité. C’était la fin de l’après-midi, ils étaient chacun dans leur chambre en train de lire quand leurs parents les appelèrent :

    — Marie, Louis, venez au salon, nous avons quelque chose d’important à vous dire.

    Quand il entra dans la pièce, Louis fut frappé par l’air grave que ses parents arboraient. Sa sœur l’avait devancé, lovée sur la moquette au pied de leur père, sa place habituelle lorsqu’ils regardaient la télé. Leur mère restait debout derrière le fauteuil de son mari, une main sur son épaule, une scène qui parut un peu artificielle et solennelle au jeune garçon. Il remarqua que son père avait les mains qui tremblaient légèrement pendant qu’il caressait doucement les cheveux de Marie. Sa mère, elle, comme toujours, gardait son maintien un peu guindé, toujours assuré. Le scénario avait dû être bien réfléchi et le discours bien rodé entre eux. Plus tard, Louis s’était d’ailleurs dit que certainement l’abbé Dubois, ami et confesseur de la famille, y avait mis sa patte. Ce fut le père qui rompit le silence :

    — Voilà, sachez d’abord que vous êtes ce que nous, maman et moi, avons de plus cher au monde…

    Louis était de plus en plus intrigué : où voulait-il en venir ? Il n’avait jamais vu son père afficher une telle émotion, et trahir de ce fait une fragilité jusque-là insoupçonnée chez lui. Ce fut peut-être ce qui surtout le marqua, plus que la révélation qui allait suivre.

    — …Vous êtes et vous resterez ce qu’il y a de plus précieux pour nous. C’est pourquoi nous n’avons pas le droit de vous laisser grandir dans l’ignorance de certaines choses.

    Il s’interrompit un moment, voulant sans doute davantage marquer l’importance de ce qu’il avait à dire, alors que ses enfants avaient les yeux rivés sur lui. Sa femme l’encouragea à continuer d’un petit serrement de l’épaule.

    — Votre mère et moi ne pouvions pas avoir d’enfants, alors que c’était notre plus grand désir, c’est comme ça, la nature ou le Bon Dieu en avaient décidé ainsi.

    — Mais pourtant, on est bien là ! s’exclama Marie qui n’y comprenait plus rien.

    — Laisse-moi continuer, ma puce, je vais vous expliquer. Nous versions régulièrement de l’argent à une institution tenue par des religieuses qui s’occupent des enfants abandonnés et des orphelins dans un pays d’Amérique du Sud, la Bolivie. Vous savez, là-bas, beaucoup d’habitants sont très pauvres et parfois il leur est très difficile de pouvoir nourrir et élever leurs enfants. Vous avez été confiés alors que vous étiez encore bébés à cette institution pour être adoptés.

    Son ton se fit plus véhément, il voulait sans doute ainsi atténuer le choc de cette révélation :

    — Mais comprenez bien, vous n’avez pas été abandonnés, c’est au contraire un grand sacrifice et un acte d’amour de vous avoir donné la chance d’être accueillis dans une famille qui pouvait vous apporter ce qu’ils étaient malheureusement incapables de vous donner.

    À ce moment, sa voix eut du mal à ne pas trahir l’émotion qui s’emparait de lui :

    — Lorsque nous vous avons vus pour la première fois, après un long voyage et beaucoup de démarches, ça a été le plus beau jour de notre vie ! Nous vous aimions déjà, nous vous avions tellement attendus ! Voilà, c’était important pour nous que vous sachiez d’où vous venez, mais rien n’est changé, nous vous aimons, vous êtes nos enfants, nous sommes une vraie famille et c’est bien le plus important !

    Louis ne l’avait pas noté à l’époque, à aucun moment les termes « père » ou « mère » n’avaient été utilisés pour faire allusion à leur parenté biologique, ces qualificatifs étant visiblement réservés dans l’esprit de ses parents adoptifs à eux-mêmes.

    Les réactions des deux enfants avaient été totalement différentes.

    — Mais alors, en plus on n’est pas vraiment frère et sœur, s’était écriée Marie, avant de s’enfuir en sanglotant dans sa chambre, vite rejointe par son père.

    Depuis, elle n’avait plus jamais abordé le sujet, rejetant dans un mutisme obstiné toute allusion à ses véritables origines.

    Quant à Louis, loin de la réaction épidermique de sa sœur, il avait posé mille questions sur la Bolivie, pays dont à son âge il n’avait jamais entendu parler. Il y montrait une curiosité presque froide, le sujet principal et sensible, sa filiation et son adoption, semblait le laisser totalement indifférent. Cela avait d’ailleurs soulagé sa mère, restée seule avec lui.

    Certes, les indices crevaient les yeux : le teint mat du frère et de la sœur, leurs cheveux noir corbeau, bien loin du teint pâle et des cheveux châtain clair de leurs parents, et surtout, un étrange écart de seulement cinq mois entre eux, même si leur anniversaire ne tombait pas la même année, ce qui rendait la chose moins flagrante. Si ces détails avaient échappé à Louis et à Marie, le jeune garçon, depuis sa plus tendre enfance, s’était toujours senti décalé, à part, en dehors du cocon familial où Marie, elle, s’était toujours coulée. Et cela venait bien de lui. Que pouvait-il reprocher à ses parents : aimants, attentifs aux besoins de leurs enfants, soucieux de leur apporter à la fois confort matériel, bonne éducation, de leur donner toutes les armes qui leur permettraient d’affronter leur future vie d’adulte.

    Il les aimait « bien », mais le hic était justement ce « bien » qui amoindrissait fortement le lien filial qui aurait dû les unir. Et plus tard il s’en était voulu de n’avoir pas été capable de répondre à leur amour véritable, à leurs attentions face à un enfant, puis à un adolescent qui fuyait les marques d’affection trop appuyées, les contacts physiques. Et ce n’était pas par pudeur, cela ne lui était simplement pas naturel, il n’avait jamais recherché les câlins dont sa sœur au contraire était si friande. Combien il avait dû en particulier décevoir son père qui avait été si longtemps en mal de paternité et qui avait essayé de créer entre eux une complicité « entre garçons ». Ce dernier avait cru un moment avoir trouvé le biais quand il s’était aperçu que Louis se révélait particulièrement féru de football… Mais contrairement à l’effet voulu, cela avait pesé plus qu’autre chose sur son fils qui était plus enclin à fuir cette sollicitude paternelle et à éviter les têtes à tête trop intimes. Avec sa mère, cela n’avait pas été mieux, mais celle-ci était plus distante que son mari, sa principale préoccupation était de remplir son rôle de mère de famille parfaite, une sorte de sacerdoce totalement désintéressé, nourri par ses convictions religieuses et où les sentiments personnels passent après les obligations et les devoirs d’une bonne mère chrétienne.

    II

    C’est peu avant la fermeture qu’Alex fila vite fait, après avoir demandé à Louis de le rejoindre à la brasserie du centre commercial, plutôt que de regagner directement leur coloc, laissant à ce dernier le soin de tirer le rideau métallique du magasin.

    Alex était plus qu’un simple pote pour Louis, c’était son meilleur ami, ce qui avait d’ailleurs souvent étonné leurs connaissances, les plongeant parfois dans de scabreuses spéculations : comment ces deux hommes si différents dont l’un, footballeur émérite, était réputé pour ses nombreuses conquêtes féminines et l’autre, ouvertement gay et goûtant peu le sport, pouvaient-ils avoir une relation amicale et complice aussi évidente ?

    Louis avait fait la connaissance d’Alex alors qu’il avait à peine dix-sept ans. Au grand dam de ses parents et après d’âpres discussions, après la troisième, il avait obtenu de préparer un BEP de vente et action marchande plutôt que de continuer en cycle long. C’était loin d’être sa vocation, mais son véritable projet était de faire les études les plus courtes possible qui lui permettraient de trouver au plus vite un emploi, d’avoir son autonomie financière et ainsi de pouvoir voler de ses propres ailes. Ses parents rêvaient évidemment d’un autre avenir pour leur fils ; ils ne comprenaient pas, alors qu’il était un bon élève, pourquoi il renonçait à un avenir prometteur pour une carrière sans ambition de vendeur. Ils avaient aussi été certainement blessés de voir leur enfant bien pressé de quitter le nid familial, surtout qu’ils étaient prêts à assumer de longues études, mais ils n’en avaient rien dit. Ils avaient simplement mis en avant les perspectives que lui auraient apportées de bonnes études supérieures, en vain.

    Le stage en entreprise qui accompagnait ses études, Louis l’avait accompli dans une enseigne de prêt-à-porter bon marché. Tâche ingrate : un patron qui profitait de cette main-d’œuvre gratuite corvéable à merci et n’osant pas se rebeller dans l’espoir d’un rapport de stage positif, un travail répétitif qui consistait à replier et remettre en rayon les vêtements que les clients semaient un peu partout, des allées et venues continuelles entre le magasin et l’entrepôt où se trouvaient les stocks. Mais cela n’avait pas refroidi Louis, même si le contact avec le public, ce qui était quand même l’objectif du stage, était en fin de compte très réduit. Alex était l’un des vendeurs du magasin, l’aîné de six ans de Louis, et il s’était montré amical et bienveillant, le guidant à l’occasion, et surtout ne l’assommant pas d’ordres parfois contradictoires ou imprécis en aboyant, comme le faisait le chef de rayon. Mais leur relation s’arrêtait là. Une sympathie réciproque. Sans plus.

    C’est un événement lié à la vie d’Alex qui avait fait évoluer leur relation : un mardi matin, Louis avait assisté à un coup de fil que le vendeur avait reçu sur son portable. Ce dernier, subitement, semblait s’être liquéfié, son visage avait pris un teint blafard et sa main tremblait quand il avait mis fin à l’appel. Il était aussitôt allé voir son chef pour lui demander l’autorisation de quitter son poste. Sa grand-mère venait de décéder. Louis l’apprit plus tard : chassé à quinze ans par son père qui avait découvert son attirance pour le même sexe, abandonné par une mère qui n’avait pas su se confronter à un mari ivrogne et violent, Alex avait trouvé refuge chez cette grand-mère aimante qui l’avait soutenu et hébergé pendant de nombreuses années.

    La discussion avait été animée, le chef trouvant mille prétextes pour refuser de voir partir un de ses vendeurs en pleine période de soldes,

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