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Mots: Roman
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Livre électronique393 pages6 heures

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À propos de ce livre électronique

Jamais je n’aurais pensé qu’un jour toutes mes notes, réflexions et pensées, que je n’ai cessé de griffonner, allaient aboutir à cet écrit : Mots. Les voyant plutôt comme un trouble obsessionnel, il m’était impossible de m’en séparer ou de les divulguer. Ainsi, elles s’entassaient à côté de nombreux rêves notés soigneusement en pleine nuit pour apporter matière à ma psychanalyse, espérant y trouver ce dont j’ignorais. Dans ma vie, j’ai manqué tellement de choses, parce que je croyais savoir, qu’aujourd’hui je dirais qu’il est rassurant de savoir qu’on n'en sait rien !


À PROPOS DE L'AUTEUR


De maux en mots, Guillaume Lallemand restitue à l’identique le fil de cette expérience psychique à l’image de son propre cas d’étude. Ces mots, initialement écrits pour lui, sont le reflet d’une sincérité qui ne peut être plus fidèle ! Ce fut un long travail qui a changé sa vision de la vie, au point d’oser le partager avec quiconque s’intéresserait à la psychologie.

LangueFrançais
Date de sortie3 nov. 2021
ISBN9791037738172
Mots: Roman

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    Aperçu du livre

    Mots - Guillaume Lallemand

    Si on me l’avait dit, je ne l’aurais pas cru !

    Ou plutôt je n’aurais pas pu le croire… Moi qui ne voulais de l’aide de personne et croyais dur comme fer qu’il suffisait de le vouloir pour le pouvoir mais, n’y parvenant pas, je me rendais coupable de cet échec. J’ai d’ailleurs constaté que mes premiers écrits semblaient s’adresser à quelqu’un d’autre que moi, ne pouvant me résoudre à le faire pour moi ! C’est donc mot pour mot que j’ai retranscrit ces nombreuses notes entassées au cours de ces années d’analyse, dont les premiers termes étaient les suivants.

    Qui ne s’est jamais posé de questions existentielles, sur la vie, ou sur tout ce qui selon lui n’apparaît pas logique et censé au premier abord ? Qui n’a jamais tenté de refaire le monde le temps d’un soir ou aux détours de quelques pensées ? Autant de questions qui pour certains peuvent sembler sans intérêt, sans nul besoin de s’y attarder, mais qui pour d’autres représentent une des nombreuses fondations, justifications de leur existence et qui, lorsqu’elles restent inexpliquées ou incomprises, provoquent parfois un sentiment de frustration. La mienne est la suivante, persuadé que cette idée vit en moi et à travers moi depuis mon enfance, depuis les souvenirs les plus lointains que ma conscience me permette de me rappeler : « À quoi ça sert de vivre et dans quel but ? ». Chez moi la mort ne représente pas une fin tragique mais davantage une solution à tout problème ne pouvant être résolu. Je suis amené à tenter de comprendre pourquoi nous sommes jugés, classés socialement, avant même d’être nés, pourquoi la vie est-elle si souvent injuste, douloureuse et incompréhensible à nos yeux ? J’entends de là les optimistes dire que cette dernière apporte davantage de positif que de négatif mais là n’est pas la question, puisqu’optimisme ou pessimisme ne dépend que de notre propre regard, notre propre jugement. C’est donc ce qui me préoccupe le plus : savoir pourquoi ma vision des choses est ainsi, est-il possible de la changer au plus profond de moi, de me comprendre, ou mieux, de maîtriser mon propre esprit et mes propres pensées les plus personnelles. Sinon, à défaut, d’apprendre à les accepter. Si ma perception de la vie c’est comme un long sommeil où l’on passe sans cesse du rêve au cauchemar, où l’on cherche des raisons d’exister, allant d’illusions en désillusions, d’espoir en désespoir, dans laquelle certains conçoivent des enfants à travers lesquels et pour lesquels ils vivront, c’est qu’il doit bien y avoir une raison ! Ne devrions-nous pas savoir trouver la joie de vivre intérieure sans nul besoin de se rattacher pour certains aux enfants, à l’amour, pour d’autres à une religion ou à tout autre désir ? Et c’est cette réalité qui nous entoure, propre à l’interprétation de chacun, et ce manque de réponses qui m’ont amené à imaginer que la mort étant la fin de toute vie humaine se devait d’être la solution à cette équation. Toute équation ayant une inconnue, la mort représentant cette inconnue, une fois atteinte, l’équilibre psychique serait rétabli et donc ce serait, à mes yeux de perfectionniste, un soulagement pour celui qui part mais un déséquilibre de plus pour ceux qui restent. C’est ce qui m’a toujours empêché d’aller au bout de mes pensées, par culpabilité pour ceux qui restent. En effet, la place que j’occupe dans le regard de l’autre compte énormément pour moi, un peu comme si je vivais ma vie à travers eux, mais en ce qui me concerne cet « autre » s’apparente parfois à mon esprit qui imagine le jugement d’autrui face à mes actes. Je me retrouve ainsi comme paralysé, incapable de faire des choses qui ne ressemblent pas à l’image que je pense représenter à ce jour. Je me retrouve sans cesse en conflit avec moi-même, à force de me poser trop de questions ou de vouloir trop tout maîtriser, alors qu’il suffirait d’un peu plus d’insouciance pour vivre mieux. C’est comme si je vivais deux vies à la fois : celle de tout être parlant et civilisé, et celle de mon moi intérieur, de mon psychique. Chacune réglée comme une horloge, mais pas sur le même fuseau horaire.

    Ainsi, à mes yeux la seule forme de liberté qui existe sur Terre n’est autre que celle de la pensée personnelle et non divulguée à travers laquelle notre propre imagination est libre de faire ce que bon lui semble. Ce qui nous amène parfois à nous demander mais comment a-t-on pu penser ça, imaginer ça !

    J’ai donc décidé de partager toutes mes réflexions qui ont bouleversé ce que je croyais savoir, il y aura peut-être quelques répétitions ou erreurs d’interprétation de ma part sur quelques termes, mais je tenais à retranscrire le plus fidèlement possible ces années d’analyse. Je voulais apprendre et n’avais que moi-même comme cobaye pour cette expérience. Je vous propose à partir d’un état des lieux personnel et familial, qui me semble nécessaire pour comprendre, de suivre l’évolution de ma réflexion de plus en plus psychanalytique, qui me conduit vers une nouvelle liberté différente de celle que je viens d’exprimer…

    Et moi…

    Mes trente premières années

    Je vous invite à regarder les trente premières années de ma vie à travers mes yeux, sans pour autant m’attarder sur de bons moments ou anecdotes mais juste sur ce qui me semble peut-être expliquer mon passé. Ainsi, ce n’est pas parce qu’il n’est pas écrit que j’aime ou apprécie telle ou telle personne que ce n’est pas le cas. Cela permettra peut-être, y compris pour moi, de voir ce qui m’a amené jusque-là. Certaines de mes pensées sembleront sûrement farfelues mais je garantis la sincérité de mes écrits.

    J’ai grandi au sein d’une famille nombreuse étant le sixième enfant sur sept : quatre sœurs et deux frères. Toutefois, le destin a voulu que je me retrouve, malgré moi, le petit dernier de la famille. Cela, à la suite du décès de mon petit frère (de la mort du nourrisson) lorsque j’avais quatre ans et demi. D’ailleurs, je n’ai aucun souvenir avant cette date, ni comment était la vie à la maison, ni comment je percevais ce petit frère. Toujours est-il que je me souviens « de sa mort », comme d’un tableau que je pourrais repeindre. Nous étions de repas chez mes grands-parents maternels, la deuxième de mes sœurs est montée à l’étage le chercher et s’est mise à crier. Ma mère qui était dans la salle à manger encore à table avec la famille s’est précipitée vers l’escalier, accompagnée d’une ou deux autres personnes… Ma sœur semblait figée sur les marches de l’escalier. Puis ma tante nous a tous regroupés dans le salon. Elle se tenait près de la fenêtre, voyant ainsi l’arrivée des pompiers et de la police. Mon frère et mes sœurs étaient sur le canapé et le fauteuil. Ils pleuraient tandis que moi je me tenais debout au pied de la porte fermée du salon. Je ne pouvais ni voir ce qui se passait dans les pièces voisines ni regarder par la fenêtre. C’est alors que quelqu’un m’a dit (l’une de mes sœurs probablement mais sans certitude), que j’ai entendu cette phrase : « et bien tu ne pleures même pas alors que ton frère est peut-être mort ! ». Ces propos me sont restés gravés en mémoire, comme ce jour, sans jamais avoir réussi à retrouver quel sentiment avais-je bien pu ressentir à ce moment, ou pourquoi ma réaction semblait choquer. Et c’est ainsi que je suis devenu comme il est courant de dire « le petit dernier », « le chouchou », celui pour qui c’est plus simple… Autant de propos qui avaient le don de m’agacer, auxquels je mourrais d’envie de répondre que ce n’était pas moi, que cette place ne m’était pas destinée et que je n’en voulais pas. Mais, jamais je n’ai dit de telles choses qui auraient sûrement choqué et créé de la peine. Non je me devais d’être sage et je cherchais toujours la reconnaissance d’autrui à travers mes actes pour qu’on soit fier de moi !

    Nous habitions en lotissement et en grandissant il m’arrivait d’aller à vélo au cimetière remettre de l’eau aux fleurs. Puis avec le temps je lui en ai voulu, c’était comme s’il était parti à ma place et égoïstement je lui aurais volontiers laissé ce fardeau que représente la vie lorsqu’elle nous semble dénuée de sens. Mon esprit est tellement tordu que je serais sûrement capable de m’en vouloir de lui en vouloir car je sais que ce n’est pas sa faute. Mais en vouloir au destin, au hasard, à la vie (appelez ça comme vous voudrez) ne me paraîtrait pas plus sensé. Toujours est-il que moi je vis avec une conception de celle-ci bien particulière, voire choquante aux oreilles de certains.

    Ma mère (l’aînée de ses deux sœurs et de son frère) était institutrice comme mes tantes, mais avait arrêté d’exercer à ma naissance en se mettant en préretraite. Du coup, je n’ai jamais été en nourrice ni même mangé à la cantine. Son emploi du temps était toujours chargé avec les horaires de chacun, les activités sportives, les courses… Elle est catholique et s’occupait de la paroisse ainsi que de la préparation des messes. Elle faisait même le catéchisme à l’époque où j’y allais. J’ai bien voulu croire qu’un dieu pouvait exister avant d’y renoncer ! Après ma communion j’ai poursuivi encore une année, c’était, je crois, quelque part davantage pour faire plaisir à ma mère que pour moi (elle ne m’y a jamais obligé). Nous avons tous communié dans la famille, c’était comme ça à l’époque ! Je me souviens d’une de mes prières d’enfant qui était que mes parents aient de l’argent afin de résoudre leurs problèmes de dettes. Je me considère désormais athée, pourquoi plus un dieu qu’un autre, au nom de quel Dieu pouvons-nous faire les guerres de religion… Pour moi les croyants trouvent, à travers une religion, un moyen de se rassurer de leur peur de la mort. En résumé, ma mère gérait les comptes, les courses, les rendez-vous, bref tout le quotidien, ainsi que le suivi des devoirs et de la scolarité (parent délégué). C’est également elle qui me racontait des histoires, me faisait davantage de câlins, me préparait toujours mon petit-déjeuner et veillait à mon confort. Elle cuisinait même un plat à part pour la personne de la famille qui n’aimait pas ce qui était servi : une vraie maman poule !

    Mon père (bien que je ne connaisse pas grand-chose de son enfance, et dont j’ai compris récemment qu’il avait dû être placé quelques années avant de retourner vivre avec son père et sa belle-mère, dont j’ai longtemps cru que c’était sa vraie mère) a un frère et une sœur, ainsi qu’un frère « de lait », avec lequel il semble avoir davantage d’affinités. Il était ouvrier, travaillait à la journée, bricolait, s’occupait de l’entretien de la maison, du terrain, du potager, réparait nos vélos… C’est avec lui qu’on faisait des promenades à vélo, il jouait également au foot avec moi et me regardait au match (ma mère est venue également, davantage les premières années). En vacances, c’est avec lui qu’on chahutait sur le bateau gonflable tandis qu’avec ma mère on faisait plutôt des jeux de société et promenades. En grandissant, je faisais du bricolage et des travaux avec et lorsqu’il nous arrivait d’être en désaccord on pouvait se disputer puis nous « boudions » chacun campé sur nos positions. En revanche, il ne travaillait pas ou plus avec mon frère car systématiquement ça se finissait en dispute (deux tempéraments forts). Petit, je me souviens que le week-end on (ma sœur âgée de deux ans de plus que moi et moi-même) lui jetait les nounours et qu’on jouait « à la bagarre ». Lorsqu’il devait intervenir à la suite d’une bêtise ou si ma mère le sollicitait il prenait sa grosse voix. Toutefois, j’ai le sentiment qu’il tentait de faire exécuter davantage l’idée générale portée par ma mère que sa propre opinion. Je ne l’ai jamais vraiment perçu comme très autoritaire à la maison et ne garde pas de souvenir d’une fessée ou coup de pied aux fesses comme le soulignerait mon frère aîné. En grandissant, il me sollicitait même pour aller lui acheter, à vélo, des cigarettes et des bonbons à la menthe pour que ma mère n’en sache rien. Tel un gamin, il piquait des pièces dans le porte-monnaie niant l’avoir fait. Il fumait et lorsqu’il ne fumait plus officiellement il le faisait en cachette et il n’y a pas encore si longtemps. Lors de mon adolescence, il m’a même parfois surpris en train de fumer ou ayant trop bu lors d’un repas de famille mais sa réaction a toujours été de nous couvrir mon frère et moi. Comme il disait : « bon faut pas que ta mère le sache ! », car cela à mon sens aurait provoqué une remontrance pourtant méritée mais j’ai surtout le sentiment que ça lui aurait causé de la peine, elle qui a tendance à me voir (selon moi) comme un « saint ». Aujourd’hui encore c’est ainsi et ma mère me trouve toujours des prétextes, excuses lorsque quelque chose ne va pas ou pour justifier un excès : « c’est pas ta faute… ». Mon père a également toujours eu plus ou moins peur qu’on fasse tomber un nourrisson lorsque quelqu’un en portait un et d’autant plus lorsque c’était ma mère (plus trop maintenant mais surtout avec ses premiers petits enfants). Quant à lui, il n’est pas très à l’aise lorsqu’il doit en porter ou en garder.

    Mes parents ont toujours vécu avec des problèmes d’argent mais ils ont toujours tout fait pour qu’on puisse partir en vacances en camping tous les ans. On a déménagé cinq fois depuis que je suis né et jusqu’à ce que je quitte la maison, cependant nous n’avons jamais été obligés de changer d’école. Ces dettes ont créé des tensions fortes, notamment entre ma mère et une de ses sœurs. Certaines personnes ne comprenaient pas qu’ils étaient parfois obligés d’emprunter de l’argent. Aujourd’hui encore, je crois qu’ils devront redéménager à cause de ces éternels problèmes financiers. Je ne saurais dire si mes parents se disputaient souvent ni pour quel motif mais je n’ai pas souvenir qu’ils se montraient particulièrement leurs sentiments. Ils se faisaient plutôt des réflexions et mon père avait un peu tendance à bouder lorsqu’il était vexé. Mon père reprochait à ma mère d’être trop souvent partie à cause de réunions de parents délégués, conseil municipal, d’église… Il y a quand même une dispute qui m’a marqué, ça devait être à cause de l’argent ou plutôt des dettes et ma mère avait cassé de la vaisselle de colère. Ce jour-là, il me semble que mes sœurs m’avaient emmené dans leur chambre pour m’éviter de les entendre (j’avais entre cinq et huit ans). De mes yeux d’enfant, j’avais l’impression que mon père tombait toujours des nues lorsqu’il découvrait l’état catastrophique des comptes. Lui qui ne s’y intéressait pas.

    Je me permets une parenthèse afin de souligner que, pour mes parents, il fallait pouvoir rendre les repas c’est-à-dire inviter les gens qui eux-mêmes nous avaient invités et ne pas faire paraître les difficultés financières comme si c’était une honte. J’ai même remarqué que leurs habitudes étaient, et sont restées, d’acheter chez les commerçants locaux plutôt qu’en grandes surfaces et ce même si c’est plus cher. Dans ma famille, il y a également cette notion de valeur des cadeaux qu’on offre. Pourtant, un petit cadeau, aussi bien gratuit, bien ciblé rendrait sûrement plus heureux que la valeur de la matérialité de beaucoup d’autres. Par exemple, à Noël, mes parents offrent des cadeaux à leurs petits-enfants. Mais, lorsqu’une des idées de cadeaux qu’ils nous ont demandées, et que souhaite l’enfant, ne coûte pas le même prix que celle des autres, ils achètent un petit truc en plus pour arriver au même prix alors qu’un nourrisson ou enfant de cinq ans n’a pas cette notion d’argent ! Je ferme désormais cette parenthèse en vous signalant mon propre rapport à l’argent. J’ai cette peur de m’endetter alors j’essaie de dépenser le moins possible. Je suis davantage du genre à me priver pour pouvoir placer de l’argent sur des livrets. Mais, je ne suis pas pour autant radin et longtemps lorsque j’offrais un cadeau son prix rapporté à mes moyens financiers, représentait à mes yeux la valeur de mes sentiments pour cette personne. Une des choses qui m’insupportait aussi était bien d’être redevable envers quelqu’un alors que l’inverse ne m’alarmait pas plus que ça (sur ce point je relativise davantage désormais). Cette notion de « redevabilité » vaut également pour les services rendus. En fait, je préfère faire plaisir que l’inverse, et ce parce que mon plaisir était de voir les gens heureux (je parle au passé car je ne suis plus sûr de vouloir penser à qui que ce soit, moi y compris). Lorsqu’on me fait plaisir, j’ai même parfois peur que ma réaction soit décevante pour l’autre. Toutefois, depuis mon divorce il est vrai que je vis assez solitairement sans rien à voir avec les gens, dans une bulle sans envie particulière de m’intéresser aux autres.

    Ma marraine (c’est drôle car en le relisant j’ai entendu non pas marraine mais ma reine) est également ma sœur aînée avec qui j’ai dix ans d’écart. Elle s’est mise en couple très jeune, depuis l’âge de seize ans. Cela fait que pour mon beau-frère je pourrais être un peu comme un petit frère puisqu’il m’a vu grandir, étant venu habiter presque aussitôt à notre maison. Elle donne le sentiment de savoir ce qu’elle veut, elle a passé son permis moto avant même le permis voiture car c’était son choix et sa passion. Sinon elle est partie la première de la maison et me donne l’impression d’être celle de mes sœurs qui a osé le plus profiter de la vie en sortant… Son style de musique de l’époque était plutôt rock : Noir Désir, The Doors, Téléphone, Led Zepplin… Sinon, je disposais également d’une clé de leur appartement pour aller y manger sur le temps du midi lorsque j’allais au collège et au lycée. D’ailleurs, elle me rappelait physiquement ma professeure de SVT. Actuellement ils m’ont déjà proposé de partir en vacances avec eux depuis mon divorce. Ce beau-frère a toujours dégagé une bonne image aux yeux de mes parents. Quant à moi, je n’ai rien de particulier à lui reprocher, il est serviable et ne semble pas s’initier dans la vie d’autrui s’il n’est pas sollicité. Il semble gérer sa vie suivant ses convictions, je regrette juste parfois cette impression, lorsque je le vois avec ma sœur, que pour eux aussi tout est réglé et qu’il ne semble plus briller la passion des sentiments. Comme si c’était un acquis et qu’ils étaient passés à autre chose.

    La deuxième de mes sœurs (qui a trouvé mon petit frère décédé) avait le sommeil souvent agité lors de son adolescence. En effet, il lui arrivait de crier en pleine nuit, parler en dormant était monnaie courante et une fois (à ce que racontent mes autres sœurs et parents) elle sautait avec son duvet sur le palier tout en dormant. Autrement en grandissant elle s’occupait beaucoup de centres aérés, nous faisait faire à ma sœur et moi (les deux plus jeunes) des sorties ou activités. Elle m’a souvent écouté un peu comme une confidente entre huit et seize ans. Je n’ai pas le souvenir qu’elle sortait énormément mais je ne la voyais pas lorsqu’elle était en chambre universitaire, son style de musique était plutôt Thiéfaine, Bruel, Blues Brothers, Dutronc… époque des casquettes gavroches. Il arrivait qu’elle nous invite à dormir chez elle le week-end. Elle m’a hébergé quelques mois (du temps du lycée) avec ma plus jeune des sœurs à son appartement lorsque les travaux de rénovation de la nouvelle maison de mes parents ne permettaient pas encore d’avoir une chambre pour nous. Elle a toujours été un peu tête en l’air et Gaston Lagaffe ! Son époux, mon beau-frère, a une vision propre à lui, à travers laquelle il y trouve toujours un intérêt puisqu’il faut que ça lui plaise. Il n’a pas toujours eu la meilleure des images aux yeux de certains. Il vit davantage à l’écart de la famille et n’hésite pas à quitter ou annuler un repas de famille s’il préfère aller voir un match. Il vit également à travers la gestion, le sport et il a un peu la folie des grandeurs. Je pense qu’il maîtrise « l’art oratoire » pour aboutir à son point de vue. Dernièrement il s’initie dans ma vie alors que je n’ai rien demandé et que mon état est ainsi depuis deux ans alors pourquoi maintenant !

    Ma troisième sœur s’est occupée également de moi et m’organisait des jeux lorsque je ne savais pas quoi faire. Elle me chantait une chanson pour m’aider à m’endormir lorsque je dormais dans sa chambre et acceptait de me donner la main. Elle m’avait même attribué un petit surnom « p’tit bout du nez ». En grandissant, elle a eu tendance à être claustrophobe, puis elle a eu la phobie de s’étouffer lorsqu’elle mangeait. Plus tard, elle a eu sa passe de sortir en boîte de nuit avec de bonnes copines puis s’est mariée avec mon beau-frère d’un genre complètement différent du sien. Elle, elle jouait du piano, écoutait Mickaël Jackson, Les Innocents, Cabrel… Elle ne fume et ne boit pas et aime danser. Au niveau de ses études, elle était une élève studieuse avec une certaine facilité. Elle vit désormais entre son travail et ses enfants, un peu comme l’a été ma mère à s’occuper de tout. Ce beau-frère quant à lui écoute du métal, s’habillait plutôt gothique à l’époque. Il a des tas de tatouages, piercings, et est passé par toutes les coupes de cheveux. Il a peur de vieillir, et doit systématiquement sortir ou voir du monde chaque week-end. C’est un fêtard sans limites, qui assume totalement le fait de sortir également sans ma sœur. Il n’en reste pas moins qu’il est gentil même s’il ne supporte pas d’avoir tort ! C’est avec lui que j’ai failli me battre lors d’une soirée beaucoup trop alcoolisée, il a eu des différends également avec mon père à l’époque, mais toujours pour des bêtises insignifiantes et à cause de l’alcool. On a tous dit de tirer un trait sur ce passé. Je ne le juge pas plus que quiconque et nous avons déjà fait des soirées chez lui.

    Puis mes parents ont eu mon frère tant espéré notamment de mon père qui n’avait que des filles avec qui j’ai quatre ans d’écart. Enfant, j’ai joué avec et partagé des moments lorsqu’il était encore suffisamment jeune pour s’intéresser au foot, cabanes… Il attachait mon tracteur en plastique à son vélo pour me tirer. C’était drôle mais il fallait être casse-cou car il me faisait sauter les trottoirs, aller à fond et parfois ça l’agaçait si je refusais. Après il s’est vite créé sa bande de copains et nous n’étions plus particulièrement proches. Il vivait sa vie, sortait, et en grandissant animait avec des soirées pour se faire de l’argent. C’étaient mes parents qui retournaient le chercher en pleine nuit puisqu’il n’avait pas le permis. Il était plutôt dépensier quitte à emprunter de l’argent. Contrairement à moi, il a osé être davantage insouciant pour vivre ce que bon lui semblait à un instant T, sécher les cours pour traîner au café, draguer, se bagarrer…, ce qui lui a valu de sérieuses disputes avec mes parents. Lui, il dit que ça a été facile pour moi étant donné qu’il était passé avant ! Son univers musical tourne autour du reggae. À partir de mes quinze-seize ans, nous nous sommes de nouveau plus rapprochés. Principalement pour faire des soirées où nous jouions aux fléchettes, cartes, console en buvant et fumant. Il a toujours été un grand nerveux, très impulsif avec qui que ce soit, même dans sa façon de s’exprimer. Malheureusement, ça me fait de la peine de m’apercevoir qu’il ne me donne pas l’impression d’avoir le sens des réalités dans ses choix et excès. Pourtant je ne peux affirmer que ma vision de la réalité est meilleure que la sienne, au fond lequel de nous deux est le plus heureux ? Je crois qu’il ne vit pas aussi bien qu’il le pense, qu’il doit avoir (comme tous) ses démons intérieurs qui le poussent sans s’en apercevoir… Mais ça, malheureusement je n’y peux rien puisqu’il assume (officiellement) « tout » ! De plus, on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde et ça me paraît parfois difficile d’expliquer un point de vue qu’il ne comprend pas. Ma belle-sœur a un an de plus que moi, elle ne semble pas se rendre trop malade pour les différentes choses de la vie. Elle laisse le temps au temps… Parfois, certains de leur choix semblent plus être justifiés pour ne pas se prendre la tête. Ils sont ensemble depuis une dizaine d’années.

    Ensuite est arrivée ma sœur avec qui je prenais mon bain quand j’étais petit et qui a bu son lait dans un biberon plus longtemps que moi. Elle n’aimait pas le goût du lait sans la tétine et encore moins son odeur. Du jour où elle n’a plus pris de biberons, elle a arrêté de boire du lait ! Elle a mis longtemps avant d’accepter de dormir toute seule chez des amis ou la famille. Elle est assez émotive et elle a aussi toujours eu un lien très proche avec la deuxième de mes sœurs. Elle jouait avec moi ou m’organisait des jeux et nous nous sommes toujours relativement bien entendus étant donné qu’à plusieurs reprises nous partagions la même chambre. Elle n’était pas du genre à avoir des tonnes de copines ou à sortir à tout va. Non, elle vivait plutôt à travers la famille (un peu comme moi) et donnait un peu l’impression d’avoir son jardin secret ! Enfant, elle écoutait plutôt « les hits de l’époque ». Elle garde quand même malgré sa sensibilité un caractère assez fort et personnel mais qu’elle ne divulgue plus forcément. Elle a connu un homme avant de se mettre avec mon beau-frère, et ne regrette pas que ce soit terminé. Toutefois, à cette époque elle était prête à s’exclure de la famille plutôt que de donner un quelconque tort à cet homme. Puis elle s’est mise avec mon beau-frère actuel. Elle se rappelle parfois ses rêves et parle en dormant ou s’assoit dans le lit comme me l’a raconté mon beau-frère. Lui d’ailleurs je l’ai connu enfant car c’est le fils des amis de mes parents (c’est avec sa petite sœur qu’enfant je voulais me marier !) Il est cultivé, patient et serviable, et vit comme il le pense. Il se contrefout du jugement des autres dans la mesure où c’est sa vie. On se voit assez fréquemment puisqu’ils ne vivent pas très loin de chez moi et que nos enfants sont à la même école. Il ne cherche pas à connaître les problèmes des autres et ne semble pas porter de jugement. Pour lui, même s’il ne ferait pas les mêmes choix, c’est leur vie, ils font comme ils veulent.

    Le point commun entre toutes mes sœurs est qu’elles sont toutes professeures des écoles comme ma mère. Elles ont toutes trois enfants. Elles ont également toutes fait de la danse moderne jazz. Elles se retrouvent facilement en repas pour discuter entre elles et par ailleurs ont toujours donné l’impression de considérer les relations amoureuses avec importance et à s’accrocher aux personnes concernées. Mon frère et moi avons quant à nous tous les deux fait du foot assez longtemps. À mes yeux, il a davantage vécu et profité que moi et concernant les filles ne s’est jamais vraiment trop rendu malade si ça ne fonctionnait pas. Moi, je me considère plus comme mes sœurs sur cette question, je n’ai jamais osé demander conseil à l’époque à qui que ce soit comme s’il serait « honteux » d’avouer mon incompétence en la matière bien que cela aurait été justifié par mon âge ! (Chose dont je n’avais pas conscience à l’époque.) Mes affinités avec mes sœurs variaient suivant les époques de ma vie, j’avais rarement de la complicité en même temps avec deux sœurs ou mon frère comme si nous ne pouvions nous tourner que vers une personne à la fois.

    Dans ma famille, il y a également des sujets « tabous » ou du moins qui mettent sûrement mal à l’aise dans la mesure où personne n’en parle jamais : le sexe, la mort, et un peu les problèmes d’argent. Une fois, en informant ma sœur et mes parents que j’avais fait une carte de donneur d’organes j’ai senti que ça avait agacé ma mère qui m’a répondu : « je ne sais même pas si ça sert réellement ou s’il leur faut d’autres accords de la famille. De toute façon, moi vous pourrez faire ce que vous voudrez puisque je serai morte, je ne serai plus là pour voir ou savoir ! ». En revanche, il est monnaie courante de parler de son jugement vis-à-vis d’une personne ou d’un couple lorsque ces derniers ne sont pas là. (Du moins c’est le sentiment que j’ai !) En fait, même si je sais que j’ai une famille qui m’aime, c’est comme si je ne trouvais pas ma place, même lors des fêtes de Noël ou d’anniversaires. Un peu comme si j’étais différent et qu’il ne leur serait pas possible de comprendre mes points de vue les plus personnels. Alors je ne dis rien de spécial et ne parle pas de mes propres pensées. Je ne trouve pas plus ma place au sein du travail ou des quelques amis et n’éprouve pas le besoin d’inviter les gens non plus : ma sœur aînée n’a jamais vu ma maison depuis bientôt deux ans. Je ne l’ai certes jamais invitée mais elle n’est jamais passée non plus. Je n’y ai fait aucune fête, excepté l’anniversaire de mon fils. D’un autre côté, je ne me sens pas chez moi, cette maison je la loue car à la suite du divorce j’ai dû vendre celle que j’avais construite ! Dans la famille on ne se téléphone jamais sans avoir de raison, donc jamais juste pour prendre des nouvelles (moi y compris). À ce jour, deux de mes beaux-frères ne sont venus

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