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Trois épées pour la justice et autres nouvelles
Trois épées pour la justice et autres nouvelles
Trois épées pour la justice et autres nouvelles
Livre électronique254 pages3 heures

Trois épées pour la justice et autres nouvelles

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À propos de ce livre électronique

« Trois épées pour la justice et autres nouvelles » nous offre un voyage dans différentes époques, une immersion au cœur de la vie d’hommes et de femmes, mais aussi de machines, dans ce qu’ils ont de plus intime et personnel. Plongez dans ces instantanés tour à tour touchants, romanesques ou inquiétants, mais toujours universels. Laissez-vous conduire par la prose fluide et enlevée de l’auteur, qui vous invite à suivre les chemins de d’Artagnan, d’une intelligence artificielle ou d’un étrange tueur en série. Impossible de résumer une œuvre aussi foisonnante en quelques lignes, alors débranchez la sonnette, éteignez votre téléphone, installez-vous confortablement et préparez-vous à un étrange voyage…
LangueFrançais
Date de sortie6 oct. 2021
ISBN9782312083629
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    Trois épées pour la justice et autres nouvelles - Sarita Mendez

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    Trois épées pour la justice et autres nouvelles

    Sarita Méndez

    Trois épées pour la justice et autres nouvelles

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2021

    ISBN : 978-2-312-08362-9

    Trois épées pour la justice

    La jeune femme courait vite, jetant de brefs coups d’œil derrière elle. Elle frémit en constatant que ses poursuivants étaient toujours là et elle songea :

    « Si je ne parviens pas à les distancer, je suis perdue ! Avec ce que j’ai entendu, il est clair qu’ils ne me laisseront pas la vie sauve ! »

    Elle bifurqua soudain sur sa droite dans une ruelle, accéléra l’allure, et, avisant l’une des portes de l’église Saint Paul, elle s’y engouffra, pénétra dans l’une des chapelles latérales et se dissimula dans le confessionnal, veillant bien à ce que sa robe ne fût pas visible de l’extérieur et priant le ciel pour que l’un des prêtres ne vînt pas s’y installer pour recueillir le chapelet de péchés égrenés par les quelques-unes de ses ouailles qui priaient dans l’église. À l’extérieur, les six poursuivants de la fuyarde avaient stoppé, la cherchant du regard parmi les quelques rares passants qui rentraient chez eux, et l’un d’eux s’exclama :

    « Où peut-elle bien être ?! »

    « Fouillons toutes les ruelles, elle ne peut pas être bien loin ! »

    Ils s’engagèrent dans l’une des ruelles, puis dans une autre, et enfin, dans celle qu’avait empruntée leur proie, sans résultat. Ils se poussèrent soudain du coude en désignant l’église d’un signe de tête et l’un d’eux décida :

    « Entrons ! »

    Un autre objecta :

    « C’est un lieu sacré, même si nous la trouvons, nous ne pourrons rien faire ! »

    « Cherchons quand même ! »

    Ils pénétrèrent donc dans l’église, faisant sursauter les paroissiens, jetèrent de rapides coups d’œil dans les chapelles, effrayant les paroissiens qu’ils dévisagèrent et interrogèrent un à un, mais fort heureusement, aucun d’eux n’avait remarqué l’arrivée de la jeune femme, et les six hommes quittèrent l’église en maugréant. Une fois à l’extérieur, l’un d’eux soupira :

    « Monseigneur va être furieux lorsqu’il apprendra qu’elle nous a échappé ! »

    « Bah, nous finirons bien par la retrouver… »

    Ils s’éloignèrent en continuant à discuter, puis décidèrent d’étancher leur soif dans une taverne toute proche…

    La fuyarde attendit un long moment avant de sortir de sa cachette. Elle quitta discrètement l’église sans plus se faire remarquer que lorsqu’elle y était entrée, et s’engagea dans une rue transversale, marchant d’un bon pas et songeant :

    « Il faut absolument que je prévienne ces gens avant qu’ils soient massacrés, mais je ne sais même pas où les trouver ! Et si j’allais voir le chef de la police ? Hum… Non, il me rirait au nez et refuserait de me croire tant mes accusations lui paraîtraient totalement invraisemblables puisque je n’ai aucune preuve tangible à fournir ! Alors, que faire ?! »

    Tout en buvant, l’un des hommes jeta un regard distrait par la fenêtre et faillit s’étrangler en la voyant passer. D’un claquement de doigts, il alerta ses compagnons, et ils se ruèrent à l’extérieur au moment où elle tournait au coin de la rue. S’apercevant que c’était une impasse, elle fit demi-tour et se retrouva nez-à-nez avec ses poursuivants. Rapières au poing, ils se déployèrent en éventail et s’avancèrent vers elle avec des sourires carnassiers. L’un d’eux s’exclama :

    « Alors, la belle, on croyait pouvoir nous échapper ?! »

    La jeune femme recula jusqu’à sentir le mur derrière son dos, cherchant du regard une issue ou une arme, elle ne savait trop, en tout cas, un moyen de leur échapper et de rester en vie. Une voix retentit soudain :

    « Eh bien, Messieurs, quel joli courage que voilà ! Six spadassins contre une frêle jeune femme ! N’avez-vous aucune espèce d’amour-propre ?! Honte à vous ! »

    Certains que leur proie ne pourrait leur échapper, les six hommes firent volte-face, découvrant un jeune seigneur tenant son épée nue à la main. L’un des spadassins s’inclina bien bas en répliquant d’un ton ironique :

    « Monseigneur se propose sans doute de nous donner une leçon d’escrime ? »

    « Seulement dans le cas où vous refuseriez de laisser cette jeune fille tranquille ! »

    « Dans ce cas, mon jeune ami, je crains bien que ce ne soit vous qui ayez besoin d’une leçon d’escrime ! »

    Aussitôt, ils s’élancèrent contre le jeune homme, qui lança :

    « Fuyez, Mademoiselle ! »

    La jeune fille se mit à longer le mur au moment où l’un des assaillants s’effondrait, touché au côté. Voyant que deux autres allaient attaquer son sauveur en traître, elle se saisit promptement de l’épée du blessé et para l’attaque en criant :

    « Attention, Monsieur ! »

    Se retournant, il eut alors la surprise de la voir ferrailler à son tour, blessant tour à tour ses deux adversaires. Légèrement déstabilisés, les trois autres échangèrent un regard, puis se ruèrent sur les deux jeunes gens qui se trouvaient maintenant côte à côte et leur faisaient face. Le cliquetis des épées reprit de plus belle et soudain, la jeune femme vit son allié manquer une feinte et recevoir un coup d’épée au torse. Se saisissant de l’épée d’un autre de ses adversaires tombé à terre, elle se mit alors à se battre avec ses deux rapières, enchaînant attaques, parades et esquives à un rythme soutenu sous leurs yeux médusés, tant et si bien que les deux spadassins les plus valides jugèrent plus prudent de prendre la fuite en soutenant leurs amis blessés.

    Elle se précipita alors vers son compagnon qui, appuyé au mur et d’une pâleur inquiétante semblait prêt à défaillir, et elle s’écria :

    « Je vais vous aider, appuyez-vous sur moi ! Où demeurez-vous ? »

    « Hôtel de Mailly, à… quelques rues d’ici… »

    « Indiquez-moi le chemin, je vais vous y conduire. »

    Ils quittèrent l’impasse et, après quelques minutes de marche, arrivèrent sur les lieux. Le blessé ouvrit la porte et ils pénétrèrent à l’intérieur. Constatant que personne n’accourait, elle s’étonna :

    « Où sont donc vos serviteurs ?! »

    Il soupira :

    « Je crains bien que vous ne soyez contrainte de me soigner vous-même, Mademoiselle. Ma famille est ruinée et il ne me reste plus que cet hôtel… Allons par là, je n’en puis plus… »

    Il s’étendit sur la couche d’une pièce à peine meublée en lui disant où se trouvait la cuisine et elle courut y chercher de l’eau. Avisant une bouteille d’eau de vie qui traînait sur la table, elle s’en saisit au passage et se hâta de le rejoindre. L’inquiétude l’envahit lorsqu’elle constata qu’il avait perdu connaissance, et elle s’empressa de laver et désinfecter la plaie avec l’eau de vie, puis, voyant qu’il n’y avait pas de linge dans l’armoire, elle déchira un morceau de son jupon à l’aide de l’épée du blessé afin de lui bander le torse. Il reprit connaissance alors qu’elle achevait sa besogne et il murmura :

    « Je vous remercie pour vos soins. Pardonnez-moi, j’étais censé vous aider mais j’ai été un bien piètre sauveur, Mademoiselle ! À qui ai-je l’honneur ? »

    « Louise de Meuranges. »

    Il ferma les paupières afin qu’elle ne vît pas son trouble à l’énoncé de son nom, puis il les rouvrit en reprenant :

    « Je suis Pascal de Mailly… Je n’avais jamais vu une femme combattre de la sorte ! Certes, je connais quelques dames de la noblesse qui taquinent un peu la rapière, mais aucune n’a votre expertise ni n’est capable de manier deux épées comme vous ! D’où vous viennent cette maîtrise et cette dextérité ? »

    Le regard de Louise se voila lorsqu’elle répondit :

    « Mon père m’a tout appris… »

    Il resta silencieux durant quelques secondes, puis demanda :

    « Ces hommes, que vous voulaient-ils ? »

    Louise hésita : pouvait-elle se confier à un inconnu, même s’il avait risqué sa vie pour elle ? Elle décida que non et répondit d’un ton évasif :

    « Je l’ignore… Bien, je vais vous laisser. »

    Elle se leva pour partir, mais il la retint par le poignet, puis la relâcha aussitôt en murmurant :

    « Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous manquer de respect… Où comptez-vous aller en pleine nuit ?! Je sais que ma demeure ne paye pas de mine, mais c’est de bon cœur que je vous offre l’hospitalité. Il y a des chambres en meilleur état au premier, vous pouvez vous installer dans l’une d’entre elles, et si vous n’avez pas confiance en moi, vous pouvez prendre mon épée pour vous défendre… »

    Louise réfléchit : il était de notoriété publique que les rues de Paris n’étaient pas sûres une fois la nuit tombée et qu’une armée de malandrins y rôdait en s’attaquant aux imprudents qui s’y aventuraient. Elle scruta son interlocuteur avec attention, puis déclara :

    « Très bien, j’accepte votre offre avec reconnaissance. »

    Il voulut se lever mais elle le contraignit à rester allongé en disant :

    « Ne bougez pas, je trouverai bien toute seule. Bonne nuit, Monsieur de Mailly. »

    « Bonne nuit, Mademoiselle de Meuranges. »

    Dès qu’elle fut partie, le jeune homme ferma les yeux, songeant :

    « Se pourrait-il que ce soit elle ? Il ne peut pas y avoir deux personnes portant le même nom… Et ce poignet… Je me demande ce que lui voulaient ces hommes ! J’ai bien reconnu cet assassin de Mercourt dans le lot… Se pourrait-il qu’elle ait maille à partir avec le Comte de Vernouil ? Mais pour quelle raison ? Elle paraît si douce et inoffensive… quand elle n’a pas d’épées à la main, bien entendu… »

    Il finit par s’endormir, chacune de ses pensées étant tournée vers sa protégée…

    Le Comte de Vernouil frappa Mercourt en s’exclamant :

    « Incapable ! Alors que vous étiez six contre elle, vous n’avez pas été capables de maîtriser une donzelle sans défense ?! C’est bien ce que tu oses me dire ?! »

    « Quelqu’un l’a aidée, Messire, et je peux vous assurer qu’elle n’était pas sans défense ! Elle s’est défendue comme une diablesse, au contraire, et en maniant deux épées aussi facilement que s’il se fût agi de vulgaires aiguilles à tapisserie, qui plus est ! »

    Vernouil blêmit :

    « Que dis-tu ?! Deux épées ?! »

    « Si fait, Monsieur le Comte… »

    Vernouil congédia son homme de main d’un signe de tête et se mit à arpenter la pièce en murmurant :

    « Meuranges ! Seul Meuranges était capable de manier deux épées ! Mais comment est-ce possible ? Ils ont tous été massacrés, alors, qui est-ce ?! Il faut que je lance d’autres hommes sur sa piste ! Si elle nous dénonce, nous sommes perdus ! »

    Il réfléchit encore un moment, puis alla se coucher…

    Louise de Meuranges considéra son hôte endormi, puis quitta silencieusement la maison. Le jour se levait, et elle gagna en hâte son logis, une modeste maison qu’elle occupait dans le quartier des Carmes. Elle troqua sa robe contre un habit de cavalier, ceignit une épée, dissimula ses cheveux blonds sous un chapeau à larges bords, avala rapidement un en-cas, puis repartit, se dirigeant résolument vers le Louvre. Elle n’en était plus très loin lorsqu’elle vit soudain arriver une troupe de cavaliers lancée à vive allure. Elle se plaqua contre un mur pour les laisser passer et reconnut l’homme de tête. Avisant une écurie de louage de l’autre côté de la rue, elle y courut, loua une monture et s’élança à leur poursuite tout en réfléchissant :

    « Ils sont trente et je suis seule. que pourrais-je faire ? Je vais y laisser la vie sans avoir accompli la mission que je me suis donnée ! Mais s’ils sont en route dans le but que je soupçonne, je ne peux pas les laisser faire ! »

    Pascal de Mailly se leva, fit quelques mouvements, puis murmura :

    « Bon, je ne dois pas trop forcer, mais cela va mieux. Allons voir Louise. »

    Il découvrit alors un billet coincé sous le bougeoir et lut :

    « Merci pour votre aide, soyez prudent. LM »

    Inquiet, il changea rapidement de vêtements en marmonnant :

    « Bon sang ! Où peut-elle bien être ?! Comment vais-je la retrouver ?! Hum… Si elle a maille à partir avec de Vernouil, je devrais peut-être rôder près de chez lui afin d’en apprendre davantage… »

    Il mangea un morceau de pain qu’il lui restait de la veille, puis sortit rapidement de chez lui, le front soucieux.

    Pascal approchait de l’Hôtel de Vernouil lorsqu’en passant près d’un étal il entendit deux hommes discuter :

    « J’ignore quelle mouche a piqué le Comte ce matin, mais il est parti à la tête d’une trentaine de cavaliers tout-à-l’heure ! »

    « En effet ! Et j’ai vu un jeune homme les suivre à cheval ! Il était bien frêle, j’espère qu’il n’avait pas l’intention de se mesurer à eux ! »

    Pascal de Mailly revint sur ses pas :

    « Pardonnez-moi de m’immiscer dans votre conversation, Messieurs, mais… ce frêle cavalier dont vous parlez, pourrait-il être une femme ? »

    L’homme qui avait parlé de Louise plissa le front, puis répondit :

    « En y réfléchissant, c’est bien possible, Messire. »

    « Pouvez-vous me montrer dans quelle direction est parti le Comte de Vernouil, mon brave ? »

    L’autre homme répondit :

    « Ils sont partis par là, Messire. Il y a une écurie de louage un peu plus haut dans la rue, si vous avez besoin d’un cheval. »

    Pascal les remercia en leur donnant une pièce à chacun, puis courut vers l’écurie de louage. Le palefrenier lui confirma qu’un jeune homme assez frêle avait loué une monture un moment plus tôt, et il s’élança au galop dans la direction qui lui avait été indiquée.

    Cavaliers et poursuivante avaient quitté Paris et chevauchaient maintenant sur la route de Poissy. L’un des hommes avait repéré Louise de Meuranges et en avait informé Raoul de Vernouil qui avait ricané :

    « Laissons-le nous suivre, nous nous en débarrasserons le moment venu… À trente contre un, ce serait le diable si nous ne parvenions pas à l’éliminer ! »

    Louise, quant à elle, songeait :

    « Je suis en terrain découvert, et ils m’ont très certainement déjà repérée, je vais devoir redoubler de prudence ! »

    Lorsqu’elle vit la troupe s’engager dans un chemin forestier, Louise retint sa monture, hésitant à poursuivre, craignant une embuscade. Elle entendit alors un galop effréné derrière elle et eut la surprise de se voir rejointe par Pascal de Mailly qui saisit la bride de son cheval en s’écriant :

    « Attendez, Mademoiselle de Meuranges ! »

    « Mais comment… »

    « Peu importe ! Quelle imprudence alliez-vous commettre ! Ignorez-vous à qui vous vous attaquez ?! »

    Soudain méfiante, elle demanda :

    « Vous connaissez donc ces hommes ! Seriez-vous leur allié ?! »

    « Certainement pas ! Raoul de Vernouil est le plus fieffé assassin et comploteur que je connaisse ! Mais qu’y a-t-il ? Vous êtes d’une pâleur inquiétante, tout-à-coup ! »

    Louise répondit :

    « Avez-vous bien dit Raoul de Vernouil ? »

    « En effet. Le connaissez-vous ? »

    « Cet homme a fait assassiner toute ma famille. Je n’ai échappé au massacre que parce que je me trouvais chez une amie ce jour-là. Cet assassin a sans doute cru m’avoir tuée en trucidant l’une de mes servantes qui avait à peu près mon âge et à laquelle mon père enseignait aussi l’escrime, afin que je puisse m’entraîner avec quelqu’un lorsqu’il était absent. C’est l’un de nos serviteurs qui m’a tout raconté avant de succomber… Savez-vous où conduit ce chemin ? »

    Pascal hésita un instant, puis murmura :

    « Je ne vois que le château de Villars, mais… »

    L’interrompant, Louise s’exclama :

    « Allons-y ! Ces gens sont en danger ! J’ai surpris un complot contre eux et c’est la raison pour laquelle ces hommes voulaient me tuer, hier ! »

    Elle voulut faire avancer sa monture, mais il maintenait toujours fermement la bride et elle s’énerva :

    « Que faites-vous donc, Monsieur de Mailly ?! Pourquoi me retenez-vous ? Seriez-vous un membre du complot, vous aussi ?! »

    « Que non pas, Mademoiselle de Meuranges ! Si vous suivez ce chemin et qu’ils vous ont repérée, vous courez droit dans une embuscade de laquelle vous ne réchapperez pas ! Suivez-moi, je connais un raccourci. »

    Comme elle hésitait, il insista :

    « Faites-moi confiance, le Comte de Vernouil est autant mon ennemi que le vôtre ! »

    Elle hocha la tête, s’élança à sa suite et ils arrivèrent bientôt en vue d’un imposant château trônant dans un creux de verdure. Pascal en franchit l’entrée sans hésiter, provoquant l’étonnement de Louise, dont la stupéfaction s’accrut davantage lorsqu’il ordonna à deux serviteurs qui accouraient :

    « Fermez les portes, vite, nous allons être attaqués ! Auparavant, que quelqu’un prenne le meilleur cheval et aille à Paris quérir la maréchaussée en empruntant le raccourci, il ne faut pas qu’on le voie ! Et que tout le monde prenne les armes ! »

    Ils s’empressèrent d’obéir, tandis que deux autres s’occupaient des chevaux. Louise rejoignit Pascal et allait l’interroger lorsqu’un autre serviteur s’inclina respectueusement devant celui-ci en prononçant :

    « Bon retour parmi nous, Monsieur le Marquis. »

    « Merci, mon brave. Comment va ma mère ? »

    « Hélas, son état ne fait qu’empirer et le médecin dit qu’il n’y a plus d’espoir de la voir se rétablir… »

    Louise vit le visage de Pascal se rembrunir et, se tournant vers elle, il dit :

    « Venez, il n’y a pas un instant à perdre. »

    Retenant les questions qui lui brûlaient les lèvres, Louise suivit le jeune homme. Ils grimpèrent les marches d’un imposant escalier de marbre et pénétrèrent dans une chambre. La servante assise auprès du lit se leva, fit une révérence et sortit. Pascal se pencha et baisa le front de la vieille femme alitée en prononçant :

    « Je suis de retour, Mère. »

    Elle ouvrit les yeux, son regard s’illumina et elle lui caressa le visage d’une main tremblante en disant :

    « Mon petit ! Tu es sain et sauf ! J’avais tellement peur que tu sois reconnu lors de ton séjour à Paris ! »

    Il eut un hochement de tête, rejoignit Louise puis, lui prenant la main, il la fit venir jusqu’au chevet de la malade

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