ous le portrait d’un ancêtre qui surveille la chambre d’un œil sévère, Joséphine de Grandval remet de l’ordre dans ses vêtements. Elle défroisse sa crinoline du revers de la main, enfile sa jupe large à la taille étroite, son corsage de lin aux manches gigot et chausse ses bottines.
D’un coup d’œil au miroir entouré de stuc doré, elle vérifie que sa coiffure en chignon tressé est restée en ordre. Son amant, Armand Fontaine, achève lui aussi de se rhabiller. Un gilet court et un pantalon de laine sont vite endossés. Des bottes de cuir complètent sa tenue. Il a 28 ans, Joséphine 23 seulement. Fraîche, un visage clair, pur, sincère, elle ressemble encore à la jeune fille innocente qu’elle n’est plus puisqu’elle a épousé l’aristocrate Henri de Grandval trois ans plus tôt. Armand est lui aussi marié mais n’a jamais été amoureux de Louise, son épouse. Un mariage de raison, cette dame de la haute société parisienne lui a permis de faire son entrée dans des milieux qu’il n’aurait jamais fréquentés de son fait et qui, de surcroît, lui a apporté une indéniable aisance financière.
Armand observe amoureusement Joséphine.
Dans un instant, ils vont se séparer de nouveau après leurs amours à la sauvette. Elle va quitter la garçonnière du jeune homme, rue du Baril, à deux pas de la place Dauphine sur l’île de la Cité, pour rentrer dans l’appartement qu’elle habite avec son mari, au sixième étage d’un immeuble chic de la rue de Vaugirard.
– Tu es sûre qu’Henri ne se doute de rien ?
– Mon époux m’aime et a une totale confiance en moi, rétorque Joséphine d’un air triste. Si une profonde passion ne l’avait pas entraînée dans les filets d’Armand quelques mois plus tôt, jamais elle n’aurait trompé Henri de Grandval. Elle s’en est voulu d’avoir cédé au séduisant garçon, elle s’en veut toujours, mais elle est incapable de le repousser.
Dès qu’il apparaît, elle se blottit dans ses bras. Quand