Suspense L’héritage du vieil Henri
Quand on est comme moi l’unique coiffeuse d’un village, vous n’imaginez pas tout ce que l’on reçoit comme confidences ! Au printemps prochain cela fera dix ans que j’aurai ouvert mon salon de coiffure sur la grand-place, à Saint-Sylvain. A l’époque, je n’y connaissais personne, j’étais venue pour rejoindre Maxence Magendy, le fils du député, qui m’avait demandée en mariage.
Maxence m’a abandonnée très vite, mais je suis restée à Saint-Sylvain. Et je me suis attachée à ses habitants, qui venaient sous prétexte de se faire coiffer et qui en profitaient pour s’épancher. Lorsqu’ils étaient heureux, ils me racontaient leurs histoires d’amour et tous leurs projets. Mais si la vie les décevait, alors ils se vengeaient en me révélant les pires secrets qu’ils avaient surpris chez leurs voisins !
En tout cas, il y avait un homme dont j’entendais parler chaque jour : c’était celui qu’on surnommait déjà à cette époque le vieil Henri. Lui, il pouvait se flatter de susciter la curiosité, l’amusement ou la colère de tout le village !
Je crois d’ailleurs qu’il s’en moquait bien.
A Saint-Sylvain, où la plupart des gens vivent très modestement, le vieil Henri ne se gênait pas pour rappeler qu’il était fortuné. A l’occasion de son service militaire, il avait été envoyé sur la Côte d’Azur et là-bas il avait découvert une vie facile et luxueuse. Aussi avait-il pris l’habitude d’y retourner chaque année dès le 1er mai pour y occuper des emplois de serveur dans les bistrots ou les restaurants. Et il ne rentrait au village qu’au mois d’octobre, après avoir économisé en cinq mois le triple ou le quadruple de ce que gagnaient les hommes de Saint-Sylvain en besognant toute l’année.
Bien sûr, à ce qu’on m’a raconté, beaucoup de filles avaient essayé d’attirer son attention. Mais lui, il se contentait de leur sourire d’un air coquin. On ne lui connaissait qu’une liaison stable, avec Céline, la
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