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Les exilés du temps
Les exilés du temps
Les exilés du temps
Livre électronique273 pages3 heures

Les exilés du temps

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À propos de ce livre électronique

Dans un futur indéterminé, l’humanité s’est réfugiée sur Siria, une planète jumelle de la Terre et en apparence inhabitée. Elle vit sous la domination d’un tyran, Scott. Lorsqu’un couple de savants met au point un sérum de longévité, Scott y voit la promesse d’un règne éternel. Devant leur refus de lui céder leur découverte, il les exile dans le lointain passé de la Terre, mais il reste un ultime obstacle à franchir : Saphira, leur fille. Cette dernière va peu à peu se muer en guerrière et prendre la tête d’un petit groupe de résistants, découvrir des alliés inattendus, naviguer entre plusieurs époques et vivre des amours contrariées. Frêle héroïne au cœur trop grand, son courage et sa colère suffiront-ils à renverser un despote retors et sans pitié ?
LangueFrançais
Date de sortie24 sept. 2021
ISBN9782312084404
Les exilés du temps

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    Les exilés du temps - Sarita Mendez

    cover.jpg

    Les exilés du temps

    Sarita Méndez

    Les exilés du temps

    Roman de science fiction

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2021

    ISBN : 978-2-312-08440-4

    Prologue

    La planète Siria ressemble comme une sœur jumelle à la planète Terre telle qu’elle était avant le Grand Cataclysme, en quatre fois plus petit. Les terriens qui ont pu y échapper se sont donc tout naturellement réfugiés sur cette planète si semblable à la leur, et sont devenus des Sirians. Des générations ont passé, et aucun d’eux ne se souvient des origines de leur peuple, sauf peut-être les vieillards, qui aiment à raconter leur arrivée aux plus jeunes, qui peuvent consulter tous les documents que les terriens ont pu conserver à la Grande Bibliothèque, située en plein centre de la capitale, Siriana. Mais les conteurs taisent à leurs cadets le fait le plus important : lorsqu’ils sont arrivés sur Siria, les terriens ont pu constater que la planète était déjà habitée : les villes étaient déjà construites, et pourtant, ils n’ont jamais découvert leurs prédécesseurs. Alors, puisque au fil des générations, les véritables sirians n’ont donné aucun signe de vie, ils ont décidé de cacher leur existence à leurs enfants. Les sirians sont gouvernés par le Prince des Sirians, entouré de neuf hommes constituant le Conseil des Sages. La dignité princière se transmet de père en fils, tout comme celle de Sage. Bien qu’aucun danger imminent ne menace Siria, une importante armée est toujours prête à intervenir en cas d’invasion. Les jeunes soldats sont équipés d’armes de défense telles que les paradestructors, ces sortes de revolvers qui paralysent tout d’abord l’ennemi en projetant sur lui un liquide qui, en se solidifiant, l’empêche de faire un mouvement pendant deux bonnes heures, puis, si l’homme est dangereux, le détruit en projetant un gaz asphyxiant auquel les soldats sont accoutumés dès leur entrée dans l’armée, si bien que lorsqu’ils asphyxient un ennemi, eux-mêmes ne ressentent aucun effet et demeurent libres de leurs mouvements. Les armes offensives sont beaucoup plus perfectionnées. Lorsque les soldats sirians se trouvent face à un ennemi, ils utilisent une arme nommée SSV, qui projette des seringues contenant un sérum de vérité : ainsi, peuvent-ils connaître tous les plans des envahisseurs, qu’ils déjoueront ensuite avec plus de facilité. La plupart des jeunes gens de la planète pratiquent la pêche ou la chasse comme loisir et s’initient dès leur plus jeune âge au métier de leurs parents. Bien qu’ils n’aient pas connu la Terre et que leurs ancêtres terriens soient morts depuis longtemps, les sirians ont conservé les mauvais instincts de ceux-ci, et pour empêcher les vols, les agressions et les meurtres, des patrouilles de police sillonnent les villes nuit et jour, équipées de paradestructors et ces policiers, appelés les patrouilleurs, évitent le plus souvent possible d’appuyer sur la touche « destruction totale » de leur arme. Les prisonniers sont envoyés dans les petits villages afin qu’ils aident les paysans et les pêcheurs à accomplir leurs tâches, surveillés par les épouses de ceux-ci, qui utilisent arcs, flèches et fouets pour rappeler à l’ordre ceux qui tenteraient de s’évader.

    En cette année 3018, le prince régent se nomme Scott Premier, un nom que ses parents ont choisi après la lecture des archives terriennes. Il est âgé de trente-quatre ans, et s’intéresse depuis quelques années aux études que l’un des plus éminents savants de Siriana, Paul Tali, effectue sur la longévité. Les différentes épouses de Scott, y compris la sixième, qu’il a épousée deux ans plus tôt, ne peuvent lui donner d’enfants, et il craint pour sa succession. Paul Tali, est certain que bientôt, il aura découvert la Potion de Longévité qu’il cherche depuis tant d’années, mais il lui répugne d’en faire profiter ce prince dont la cruauté, de notoriété publique, n’a d’égale que celle des Barbares ou des Inquisiteurs dont parlent les livres qu’il a tant consultés à la Grande Bibliothèque. Aussi fait-il traîner en longueur ses travaux, interdisant à quiconque n’est pas de sa famille d’entrer dans son laboratoire, évitant ainsi que la dizaine de soldats officiellement chargée de sa protection, mais en fait qui n’est là que pour le surveiller, s’aperçoive de sa supercherie. Jusqu’à quand Paul Tali pourra-t-il garder le secret ? Scott Premier a décidé, après avoir fait exécuter ses épouses l’une après l’autre, de ne plus se remarier tant que Tali ne lui aura pas donné le résultat de ses recherches. Or, Paul Tali a découvert que Scott Premier est beaucoup plus cruel qu’il n’aurait osé l’imaginer, et la découverte dont il vient de faire part à son épouse explique les nombreuses disparitions dont les habitants de Siria, qu’ils soient de condition modeste ou aisée, ont fait l’objet depuis le début du règne de Scott, c’est-à-dire depuis quatorze ans.

    C’est dans ce climat de peur et d’indécision que débute notre histoire, ou plutôt celle de Paul Tali, qui s’est déroulée il y a plus de soixante ans, et telle que nous l’a racontée sa fille Saphira sur son lit de malade incurable, et fondant tous ses espoirs sur l’éventuelle découverte d’un remède pouvant lui sauver la vie et que recherchent ses deux enfants…

    Chapitre 1

    « Es-tu certain de ce que tu dis, Paul ? »

    « Absolument, Léna ! C’est pourquoi je ne veux pas lui dire encore que j’ai trouvé… »

    « Trouvé quoi, Tali ? »

    La porte s’était brusquement ouverte sur Scott Premier entouré des gardes vivant chez les Tali. Ses petits yeux cruels scrutèrent tour à tour Paul et Léna Tali, puis sa voix dure retentit de nouveau :

    « Eh bien, Tali, j’attends une réponse ! Vous avez trouvé la potion, n’est-ce pas ? »

    « Je suis proche du but, Prince, mais je n’ai pas encore trouvé ce que je cherchais. Ne vous inquiétez pas, je n’en ai pas pour très longtemps… »

    « Vous mentez, Tali, j’en suis certain ! Je sais que vous avez fabriqué la potion, et vous allez me la donner sur-le-champ ! »

    D’un pas résolu, Scott se dirigea vers la salle qui servait de laboratoire au savant. Celui-ci hésita un instant, puis le rattrapa et lui barra le passage :

    « Je suis désolé, Prince, mais seuls ma famille et moi-même avons accès à cette pièce. Je me vois donc dans l’obligation de vous en interdire l’entrée… »

    Les traits du prince se durcirent et il ordonna :

    « Ouvrez cette porte ! »

    « Avec tout le respect que je vous dois, Prince, permettez-moi de vous dire que je suis ici chez moi, et que rien ne m’oblige à vous faire entrer dans cette pièce ! Je vous ai affirmé que vous auriez bientôt votre potion, alors soyez patient et faites-moi confiance ! »

    « Sachez que je suis chez moi dans toutes les maisons de cette planète, Tali ! Si vos travaux sont en aussi bonne voie que vous le dites, laissez-moi au moins le vérifier ! »

    Le regard de Paul Tali croisa celui de son épouse et il songea :

    « Après tout, il n’y connaît probablement rien et ne découvrira pas que la potion est déjà prête… Il ne faut pas prendre trop de risques… »

    Puis il répondit :

    « Soit… Veuillez excuser mon emportement, Prince… »

    Il sortit la petite boîte rectangulaire qui, par projection d’un rayon commandait l’ouverture des portes, et, quelques instants plus tard, les Tali, le prince et sa suite pénétrèrent dans le laboratoire. Scott Premier jeta un rapide regard autour de lui, et son œil observateur découvrit aussitôt les dix petites fioles contenant un liquide légèrement bleuté et dissimulées parmi d’autres dont Paul usait couramment. Il en prit une qu’il ouvrit, puis déclara :

    « C’est cela, n’est-ce-pas ? »

    « Mais non, Prince, ceci… »

    « Allons, Tali, n’essayez pas de me berner, voulez-vous ! J’ai fait placer des caméras ici, à votre insu, et le dernier film que j’ai visionné ne montrait pas ces fioles ! »

    À ce moment-là, une ravissante fillette âgée de quatre ans fit irruption dans le laboratoire en criant :

    « Papa, Papa ! Je peux te regarder travailler ? »

    Lorsqu’elle aperçut le prince, elle se tut brusquement, tandis que Scott la détaillait, un horrible plan germant dans son cerveau. Saphira avait de magnifiques yeux d’un bleu profond couleur de nuit, de longs cils noirs, ses cheveux de jais descendaient jusqu’à sa taille et elle promettait de devenir une jeune fille très séduisante. Scott Premier reporta son regard sur les parents de l’enfant et annonça :

    « J’épouserai votre fille lorsqu’elle aura seize ans ! »

    Le couple sursauta et Paul Tali s’écria :

    « Non ! Je refuse ce mariage ! Vous avez raison, ces fioles contiennent la potion. Prenez-les et laissez-nous en paix ! »

    C’est alors qu’apparut Bettina, la vieille bonne des Tali, qui s’occupait de Saphira. Elle s’inclina devant le prince et emmena l’enfant en la sermonnant :

    « Allons, Saphira, il ne fait pas déranger tes parents lorsqu’ils reçoivent du monde, viens… »

    Elles quittèrent la pièce et ce fut au tour de Léna Tali de supplier le prince :

    « Je vous en prie, Prince, laissez-nous notre petite Saphira ! Laissez-la vivre en paix, je suis certaine que vous trouverez une épouse qui vous conviendra mieux que notre Saphira ! »

    « J’ai décidé que Saphira sera mon épouse, et elle le sera ! Donnez-moi cette potion ! »

    Ils étaient seuls dans la pièce, dont Bettina avait refermé la porte, Scott ayant ordonné aux gardes de reprendre leur poste. Paul Tali hésita un instant, puis se précipita sur le prince :

    « Vous ne ferez pas de mal à ma fille, vous entendez ! Je vous l’interdis ! »

    Scott s’attendait un peu à la réaction du savant et, dégainant promptement son paradestructor, il paralysa son interlocuteur. Léna poussa un cri :

    « Paul ! Vous n’avez pas le droit ! »

    Elle voulut arracher l’arme des mains du prince, mais il la repoussa brutalement et appela ses gardes. Désignant les Tali, il ordonna :

    « Emmenez-les dans la salle d’embarquement spécial ! »

    Puis il s’empara des fioles et ils quittèrent la maison. Dans sa chambre, Bettina n’avait rien perdu de la scène : la maison était équipée de télévisions intérieures permettant de surveiller Saphira. Comme la fillette faisait irruption dans la pièce, elle éteignit la télévision en murmurant :

    « Il vaut mieux qu’elle ne voie pas cela ! Je lui expliquerai plus tard… »

    Soudain, la porte de la pièce s’ouvrit et Scott entra, suivi de deux hommes.

    « Nous emmenons cette enfant avec nous ! »

    Bettina plongea dans une profonde révérence :

    « Prince, permettez-moi de rester avec Saphira, c’est moi qui l’ai élevée, et si vous me séparez d’elle, elle pourrait devenir une enfant difficile… »

    « Alors, vous venez avec nous, vous prendrez soin d’elle, je veux qu’elle reçoive une éducation de princesse… »

    « Il en sera fait comme vous le désirez, Prince. »

    Scott se retourna et, suivi de ses hommes, les précéda. Bettina prit Saphira par la main et les suivit en jetant un regard haineux au prince, songeant :

    « Et je veillerai aussi à ce qu’elle se méfie toujours de vous, assassin ! »

    Deux heures plus tard, Saphira et sa gouvernante étaient installées dans une petite maison située à l’intérieur des jardins du palais du prince. Saphira la visita, puis rejoignit Bettina :

    « Dis, Bettina, Papa et Maman vont bientôt nous rejoindre ici ? »

    « Je ne pense pas, Saphira, ils sont partis pour un long, très long voyage… »

    « Et… Quand est-ce qu’ils reviendront ? »

    « Je l’ignore, ma chérie… Viens, maintenant, il faut aller dormir… »

    Tandis que la petite Saphira sombrait dans le sommeil, Scott Premier, après avoir suivi un dédale de couloirs, la plupart dissimulés dans des passages connus de lui seul et de ses principaux lieutenants, arriva dans une salle spacieuse, dans laquelle se trouvaient plusieurs machines complexes, contrôlées par une multitude d’ordinateurs. Au milieu de cette pièce se trouvaient Paul et Léna Tali, ligotés sur une chaise. À l’entrée du prince, Paul Tali s’exclama :

    « Qu’allez-vous faire de nous ?! »

    « Vous punir d’avoir osé lever la main sur moi, Tali ! Vous allez payer cet affront ! »

    Scott fit un signe de tête à ses soldats, qui délièrent aussitôt les deux prisonniers et les poussèrent sans ménagements à l’intérieur de l’une des machines occupant la salle. Ils s’y retrouvèrent enfermés, et Scott s’approcha des ordinateurs et murmura :

    « Voyons… L’offense est de taille… Il faut que la punition soit exemplaire… »

    Après quelques minutes de réflexion, il ordonna :

    « Far West ! »

    L’homme qui s’occupait de la programmation des départs de cette salle d’embarquement très spéciale appuya sur plusieurs boutons. Il y eut un grondement semblable à celui caractérisant le départ des engins aériens sirians, puis tout redevint silencieux. Scott alla jusqu’à la machine dont il ouvrit la porte, et déclara avec satisfaction :

    « Ils ont disparu… Décidément, nos ancêtres ont eu raison de fabriquer ces machines… Je suis vraiment curieux de savoir ce qu’il se passe là-bas… Il serait intéressant de voir comment ceux qui osent me défier survivent… »

    Pris d’une idée subite, il ordonna :

    « Convoquez-moi immédiatement les meilleurs savants de la ville ! Attention, tout ceci doit rester secret, et vous ne les ferez pas tous entrer dans le même bureau ! Allez ! »

    Un moment plus tard, Scott était de nouveau chez lui. Il s’assit sur son trône et, avec un sourire béat, murmura :

    « Eh bien, maintenant, il ne reste plus qu’à attendre… D’après ce que je sais, chaque fiole contient assez de potion pour me faire vivre dix ans sous mon aspect actuel… J’en possède dix, c’est parfait… »

    Le lendemain, les cinq plus grands savants de Siriana étaient reçus par Scott Premier, qui leur exposa, à chacun séparément, la raison pour laquelle il les avait convoqués, puis les congédia en leur ordonnant de travailler le plus rapidement possible.

    Au même moment, Paul et Léna Tali reprenaient connaissance.

    « Où sommes-nous, Paul ? Que s’est-il passé ? »

    Ils regardèrent autour d’eux : ils se trouvaient dans une vaste plaine, au pied de montagnes escarpées.

    « Je l’ignore totalement, Léna, mais il ne faut pas rester ici, le soleil devient fort. Il faut marcher. »

    « Mais… Nous n’avons pas d’eau, Paul, comment survivrons-nous ?! »

    « Je ne sais pas, Léna, mais cette planète ressemble à la nôtre, à moins que nous ne l’ayons jamais quittée, et nous devons nous méfier de ce soleil. Viens, ne restons pas là… »

    Se tenant pas la main, ils se mirent en route. À la nuit, ils atteignirent l’orée d’une forêt, et, fatigués, décidèrent de s’y installer pour la nuit. Ils dormaient depuis quelques heures lorsque Léna s’éveilla en sursaut, avec l’étrange sensation d’une présence autre que celle de son époux auprès d’elle. Elle frappa sur l’épaule de celui-ci :

    « Paul, Paul ! Réveille-toi ! Je crois que nous ne sommes pas seuls ici ! »

    Paul se leva sur un coude, écouta attentivement, puis se leva d’un bond, et, prenant Léna par la main, il l’entraîna :

    « Viens, il ne faut pas que les gens d’ici nous découvrent ! »

    Mais ils furent stoppés dans leur élan par une vingtaine de torches qui les aveuglèrent. Ils voulurent faire demi-tour, mais s’aperçurent qu’ils étaient cernés. Ils parvinrent à distinguer des hommes vêtus de vêtements de cuir et coiffés de plumes, armés de flèches et de fusils et revolvers. Les Tali échangèrent un regard, effarés, et tous deux murmurèrent simultanément :

    « Des Indiens ! Mais c’est impossible ! »

    Léna ajouta :

    « Mais sur quelle planète nous trouvons-nous donc ?! »

    « Je n’en vois qu’une seule, Léna, la Terre… Mais nous ne sommes pas à l’époque de nos ancêtres… Il s’agit d’une période bien plus lointaine… »

    « Mon Dieu ! Et nous n’avons pas une seule arme pour nous défendre ! Que vont-ils nous faire ? »

    « Je ne pense pas qu’ils veuillent nous tuer, Léna, sinon, ils l’auraient déjà fait. Ils doivent plutôt nous considérer comme des bêtes curieuses ! »

    En effet, les indiens observaient attentivement ce couple vêtu de combinaisons moulantes et dont les ceinturons ne portaient aucune arme. Comme tous les habitants aisés de Siriana, les Tali parlaient plusieurs langues, qu’ils avaient apprises grâce aux livres de la Grande Bibliothèque, et ils engagèrent la conversation avec leurs compagnons.

    « Comprenez-vous ce que nous disons ? »

    Le chef hésita un instant, puis répondit :

    « Qui êtes-vous, que faites-vous ici ? »

    « Je me nomme Paul Tali, et voici mon épouse Léna. Nous… Nous nous sommes perdus. »

    L’indien adressa quelques mots dans sa langue à ses compagnons et Léna demanda d’une voix inquiète :

    « Qu’allez-vous nous faire ? »

    « Nous sommes en guerre avec les blancs ! Vous êtes nos prisonniers. »

    « Paul ! Il faut faire quelque chose ! »

    « Nous ne pouvons rien tenter pour l’instant, Léna, nous ne sommes même pas armés ! Attendons la suite des évènements, nous trouverons une occasion plus propice pour nous évader. »

    Ils enfourchèrent les chevaux qu’on leur avait amenés et la petite troupe s’éloigna. Au petit jour, ils arrivèrent au camp indien, entouré de hautes montagnes, et ils furent conduits devant une tente gardée par deux indiens. Au moment où ils allaient y pénétrer, les Tali entendirent des gémissements et des cris de douleur provenant de plusieurs tentes. Ils échangèrent un regard, et, d’un accord tacite, se dirigèrent vers l’endroit d’où venaient les plaintes. Les guerriers firent un mouvement pour les arrêter, mais le chef les arrêta d’un geste. Dans la première tente, une jeune indienne était sur le point d’accoucher, tandis que dans la seconde, quatre guerriers gesticulaient en poussant des cris de douleur. Paul laissa son épouse au chevet de la jeune parturiente et revint dans la tente des guerriers. S’adressant au chef qui l’avait suivi, il demanda :

    « Que leur est-il arrivé ? »

    « Ils ont bu l’eau-de-feu et se sont battus avec des guerriers d’une autre tribu. Tous quatre ont reçu des flèches empoisonnées, et notre sorcier est impuissant à les guérir. »

    « Avez-vous conservé ces flèches ? Puis-je les voir ? »

    Le chef hocha affirmativement la tête, fit un signe à ses hommes et l’un d’eux revint bientôt avec les armes. Paul en observa la pointe recouverte d’un fin enduit blanc qu’il identifia aussitôt comme étant un poison qu’il avait étudié avant d’entreprendre ses travaux sur la potion de longévité. Il réfléchit quelques instants, puis demanda aux hommes de lui fournir ce dont il avait besoin pour fabriquer la potion antidote, et que heureusement les indiens avaient à leur disposition, puisqu’il s’agissait de plantes. Tandis qu’il s’efforçait de la préparer au plus vite, Léna utilisait ses talents de médecin pour aider la jeune indienne. Une demi-heure plus tard, le cri d’un bébé retentit et Léna sortit de la tente en tenant une ravissante petite fille, qui, dès qu’elle fut dans ses bras, cessa de pleurer. Un à un, les indiens du camp s’approchèrent, puis tous acclamèrent la jeune femme, voulant à tout prix s’emparer du bébé. Le sachem eut tôt fait de rétablir l’ordre et Léna ramena l’enfant à sa mère, veillant à ce que toutes deux ne manquassent de rien. Une autre demi-heure plus tard, ce fut au tour de Paul de sortir de la tente sous laquelle il se trouvait. Réunis autour de leur sachem, les guerriers attendaient, inquiets, le verdict du savant.

    « Ils sont sauvés. Dans quelques jours, ils seront sur pieds… »

    Un sourire illumina le visage du sachem, qui s’exclama :

    « Longue Flèche est heureux, car l’Homme Blanc a sauvé ses guerriers ! Longue Flèche est prêt à t’offrir l’hospitalité, à toi et à ta squaw, jusqu’à ce que vous désiriez partir… »

    Paul s’adressa à son épouse :

    « Qu’en penses-tu, Léna ? »

    « Ici ou ailleurs… Tant que nous pouvons vivre en paix… Et si nous pouvons leur être utiles, pourquoi pas… »

    Il se tourna alors vers Longue Flèche en prononçant :

    « J’accepte, Longue Flèche, mais nous n’abuserons pas de votre hospitalité. Dès que nous aurons trouvé le moyen de retourner chez nous, nous vous quitterons. »

    « Comme tu voudras, Homme Blanc. Soyez les bienvenus parmi les guerriers de Longue Flèche. »

    Le soir-même, il y eut une grande fête au camp pour célébrer tout à la fois la naissance du bébé, le rétablissement des blessés et l’arrivée des étrangers…

    Chapitre 2

    Les yeux remplis de larmes, Saphira tenait la main de Bettina, qui, sur son lit de mort, lui faisait part de ses dernières recommandations :

    « Souviens-toi, Saphira, que tes parents ne

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