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Prendre le chemin: Témoignage
Prendre le chemin: Témoignage
Prendre le chemin: Témoignage
Livre électronique125 pages1 heure

Prendre le chemin: Témoignage

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À propos de ce livre électronique

… L’adoption est peut-être un vrai boulet que tu portes toute ta vie ou une chance dans la ligne de ta vie, une double fenêtre ouverte en permanence sur le monde.
Clara a eu la force de transformer la fièvre destructrice en source de vie.
Elle a vécu une sorte « d’attentat émotionnel », de « séisme émotionnel » en découvrant la vérité sur ses origines, sur son abandon et sur son adoption.
Elle a mis en œuvre plusieurs mécanismes de défense destinés à lutter contre les conséquences de ce traumatisme.
Face à une souffrance trop grande, trop lourde, on peut chercher à oublier ce qui fait mal…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née en Ethiopie, Clara Couturet a été adoptée par une famille française.
Jean-Louis Couturet est l'auteur d'un livre sur la vie de son père, intitulé LOUIS, vie extraordinaire d’un homme ordinaire (Editions SPE Barthelemy 2018). Son rapport quotidien avec les livres depuis sa plus tendre enfance et la nécessité de partager un instant de vérité l'ont poussé à écrire cette œuvre avec sa fille adoptive.
LangueFrançais
Date de sortie27 sept. 2021
ISBN9791037738332
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    Aperçu du livre

    Prendre le chemin - Jean-Louis Couturet

    Préface

    Roman d’aventures que nenni !

    Au-delà du voyage éthiopien, si justement décrit avec ses aléas à la fois tragiques, cocasses et poignants, le lecteur ne peut être que transporté par l’authenticité et les magnifiques descriptions des paysages, des rencontres et des êtres, à la fois si proches et si différents.

    La recherche d’une fratrie et de géniteurs – que l’on croyait disparus – par une jeune fille et son père adoptif est si intense que l’on est ébranlé par cette aventure.

    Odyssée dans un autre monde bien loin de nos conventions de vieille nation libre et démocratique.

    Comment ne pas être saisi par l’empathie des acteurs de ce périple : de simples humains transformés en humanistes ?

    Ainsi, le lecteur, assis confortablement dans le fauteuil de nos sociétés, sera assurément entraîné dans un tout autre monde en péril.

    À lire sans retenue pour apprécier son propre bonheur !

    Serge Veyser

    Avant-propos

    Je m’appelle Clara. Je suis une jeune femme de vingt-quatre ans, d’origine éthiopienne. J’ai été adoptée à l’âge de six ans et demi par des parents français.

    J’ai écrit ce livre avec mon père adoptif, à quatre mains, pour raconter et partager nos deux visions de l’adoption.

    L’important est de pouvoir comprendre sa vie et de lui donner un sens, un souffle, une raison d’être.

    Je suis fier de Clara et je suis heureux d’avoir pu l’accompagner sur les traces de son histoire personnelle et familiale, vers ce « retour aux sources ».

    Une expérience forte, un périple plein d’émotions, de surprises, de rencontres…

    C’est un témoignage positif même s’il reste empreint de souffrance et de blessures.

    « Retour vers le futur »… ou le voyage introspectif vers les origines de Clara, l’avant qui redevient aujourd’hui le demain peut-être.

    La vérité est dans l’imaginaire

    Ionesco

    Première partie

    J’ai cinq ans et demi. Je sais que je pars, mais je ne sais pas où exactement, pourquoi, pour quoi, ni pour combien de temps ?

    Il fait nuit et je suis sur le dos de ma mère. Mes parents éthiopiens m’amènent au bus, à destination de l’orphelinat d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

    Je monte dans l’autobus, ma mère reste à l’extérieur.

    Je comprends que je m’éloigne peut-être pour toujours. Je pleure, durant tout le trajet, de Dessié, ma ville natale, jusqu’à Addis-Abeba !

    À Dessié, ma vie était chaleureuse et amusante. J’adorais cette liberté que l’on accorde aux enfants là-bas et que je ne retrouve pas en France.

    J’étais une enfant très libre, vivant toujours dehors. J’étais particulièrement proche de mon père avec lequel je passais presque toutes mes journées.

    Nous arrivons à l’orphelinat, le « Toukoul », qui signifie maison traditionnelle en amharique, la langue officielle éthiopienne. Les autres enfants et moi-même descendons du bus ; nous sommes une vingtaine d’enfants « confiés » à l’adoption. La plupart sont calmes, pas moi. Mes larmes ne cessent de couler !

    Le Toukoul est un orphelinat assez difficile. Je me rappelle les coups de bâtons sur le dos, chaque nuit avant d’aller nous coucher, ou lorsque nous faisons pipi au lit…

    À l’orphelinat, je me sens comme en prison. Tout est millimétré. Le matin, nous nous levons très tôt. Nos cheveux sont tressés. Nous allons prendre le petit-déjeuner dans un genre de réfectoire. Nous sommes peut-être une centaine. De grandes tables sont disposées dans la pièce. La plupart des enfants trempent une sorte de brioche éthiopienne dans du lait très chaud. J’aime particulièrement ce moment car il me rappelle ma maison à Dessié.

    Je reste à l’orphelinat six mois, un an au maximum. Je n’ai pas la notion précise du temps qui passe.

    Un jour avant mon départ pour l’adoption, mon père vient me voir. Il m’apporte des clémentines, mon fruit préféré. Je lui dis que je vais partir pour l’étranger, qu’il doit me reprendre avant. Il est inquiet, il ne veut pas que je parte. Il me dit qu’il va venir me chercher…

    Clara flotte souvent entre rêve et oubli. Il est vrai qu’elle n’a pas été abandonnée à la naissance. Des bras l’ont portée pendant les premières années de sa vie…

    C’est en début de vie qu’une grande part de nos connexions neurologiques sont faites et nos expériences précoces déterminent comment notre cerveau est construit intellectuellement mais surtout émotionnellement, pas de façon définitive cependant, puisque l’on connaît aujourd’hui la plasticité des neurones. Pourtant, certains réflexes comportementaux, de peur ou de confiance en l’autre par exemple, peuvent être mis en place.

    En principe, les enfants confiés à une famille adoptive sont des enfants présents dans l’orphelinat depuis déjà quelques années. Mes pleurs et mes cris d’angoisse (ma famille me manque bien sûr) précipitent mon départ. Je crois que les éducateurs du Toukoul ne me supportent plus !

    C’est le départ pour la France.

    Je porte une grande robe blanche en coton brodé, la tenue traditionnelle. Nous sommes une dizaine d’enfants, tous habillés de coton blanc, prêts à partir pour l’adoption. Je n’ai pas peur, j’attends seulement de voir ce que la vie va m’offrir.

    L’avion se pose à Paris. Dans l’aéroport, les éducateurs éthiopiens nous regroupent comme un troupeau de moutons, dans l’attente d’un « acheteur ». Je trouve cette situation plutôt bizarre.

    Les moniteurs éthiopiens me dirigent dans un premier temps vers une famille, mais ce n’est pas la bonne ; on me fait me rasseoir.

    J’avais été attribuée à la famille Couturet, composée de la maman, Catherine, une jolie institutrice blonde, du papa, Jean-Louis, un élégant banquier et du grand frère bienveillant, Dimitri.

    Le regard de ce couple est doux et tendre à mon égard. Je suis déjà leur petite fille. Je parle l’amharique, alors tout passe par le regard et les gestes.

    C’est drôle de penser qu’il y a le mot « tribu » à l’intérieur du mot « attribuée », qui a lui-même deux sens.

    Je voyais Clara dans l’incapacité de s’exprimer. Quoi de plus naturel devant une telle situation extraordinaire. Les mots manquent souvent pour exprimer l’indicible et le langage non verbal prend alors toute sa place.

    Lors du trajet en voiture, de Paris à Belfort, le lieu où la famille vit, je fais en sorte d’oublier que je suis une Éthiopienne, d’oublier ma famille, d’oublier ma mère, mon père, mes frères et sœurs. Le voyage est très pénible. Je vomis de nombreuses fois. Nous sommes obligés de nous arrêter très souvent sur les aires d’autoroute.

    Mon père se déplace avec des béquilles en raison d’une opération consécutive à une rupture du tendon d’Achille. J’apprendrai par la suite que pour rien au monde il n’aurait voulu manquer mon accueil à Paris.

    La vie semble s’écouler au ralenti et pourtant tout est dans la précipitation, dans l’accélération.

    Ma famille française avait reçu un dossier officiel de l’État français et de l’État éthiopien sur les conditions et les raisons de l’autorisation de mon adoption.

    Sur les documents officiels de l’État remis à ma famille adoptive, je m’appelais Nunu Dessalegn. J’étais née à Addis-Abeba. J’avais un frère, Abey Dessalegn. Mes parents étaient morts de la tuberculose. Mes grands-parents ne pouvaient plus s’occuper de moi, ils m’avaient donc confiée à l’orphelinat.

    Je m’appelais en réalité Maralet Awaguchu. Je suis née à Dessié, à quatre cents kilomètres de la capitale.

    Je me suis souvent interrogé, est-il possible d’exister si l’on n’est pas nommé et prénommé ? Le prénom renvoie à l’intime, à l’affectif. Pour un grand nombre d’enfants adoptés, leur prénom est la seule trace de leur histoire passée.

    Mes parents adoptifs conservent mon prénom éthiopien Nunu comme deuxième prénom dans mon état civil français. C’est une belle attention. Ils ne peuvent pas savoir que mon vrai prénom est Maralet.

    Avec le choix du prénom « Clara », il s’agit d’une nouvelle naissance, d’une nouvelle construction

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