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Quand Les Aurores Boréales Dansent Et Chantent...: Trilogie Sur L'amour Fou
Quand Les Aurores Boréales Dansent Et Chantent...: Trilogie Sur L'amour Fou
Quand Les Aurores Boréales Dansent Et Chantent...: Trilogie Sur L'amour Fou
Livre électronique180 pages2 heures

Quand Les Aurores Boréales Dansent Et Chantent...: Trilogie Sur L'amour Fou

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À propos de ce livre électronique

Pour certains peuples nordiques, les aurores borales reprsentent les mes de parents ou d'animaux dcds qui dansent. D'autres s'en servent pour faire peur aux enfants qui s'aventurent en dehors de l'igloo le soir. Il y a aussi cette lgende qui dit qu'elles viennent danser et chanter tout prs des couples fous d'amour.

Louise a mal parce qu'elle a perdu son petit fils, dcd subitement dans son berceau alors qu'elle vivait un amour intense avec un Cubain de 20 ans plus jeune qu'elle.

Les membres de la famille Poudrier rvlent leurs secrets d'amour alors qu'ils sont runis pour les fianailles de la cadette, Jeanne.

Deux jeunes cousins Inuit partent chercher une pouse dans un clan voisin alors que la modernit s'installe peu peu dans leur monde nomade.

Trois histoires sur l'amour fou, venant complter la trilogie de nouvelles sur l'amour:

Trilogie sur l'amour mirage (1): Il tait une fois trois soleils...

Trilogie sur l'amour vrai (2): Le jour o la lune de miel se figea...
LangueFrançais
ÉditeurXlibris US
Date de sortie22 juil. 2014
ISBN9781499044454
Quand Les Aurores Boréales Dansent Et Chantent...: Trilogie Sur L'amour Fou
Auteur

Francine Hudon

Venant tout juste d’atteindre la soixantaine, Francine Hudon travaille comme consultante en formation auprès des Inuit du Nord du Québec. Mère de trois enfants et grand-mère de quatre petits-enfants, elle utilise ses temps libres pour écrire des histoires romanesques mais aussi des ouvrages sur les Inuit et des recueils de textes théosophiques. Détentrice d’une Maîtrise de Recherche en Éducation, elle a travaillé comme professeur auprès des enfants de maternelle, comme journaliste au journal Le Témiscamien puis, pendant les 23 dernières années, en organisation de services auprès des Inuit du Nord du Québec. Pour elle, l’écriture est une passion qu’elle décrit de la façon suivante : ‘Mon but, en écrivant, est d’amener les lecteurs sur un circuit de montagnes russes. Ils montent lentement, descendent à toute vitesse, font des loupes et se retrouvent la tête en bas au dessus du vide, pour finir leur voyage tout doucement en disant : ‘Ouf!’

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    Aperçu du livre

    Quand Les Aurores Boréales Dansent Et Chantent... - Francine Hudon

    UNE SALSA AVEC RAOÛL

    J E NE M’EN suis pas douté un seul instant. J’étais prise dans un tourbillon d’émotions, les senteurs d’abord, un mélange d’essences de fleurs exotiques et du parfum salé de l’air marin, puis le bleu azur du ciel, constant, sans nuages pour en atténuer les splendeurs, et la musique sensuelle qui accompagnait chacun de ses mouvements. Il ne dansait pas sur la musique, elle fleurtait avec lui. Pas une seconde je n’ai pensé que l’envoûtement finirait un jour et que je me retrouverais seule ici, à Montréal, dans cette chambre d’hôtel avec pour toute compagnie une bouteille de rhum et des pilules, beaucoup de pilules. Assez pour arrêter cette souffrance atroce qui me gruge le cœur.

    Je le revois encore, si vivant, si plein de joie. J’étais arrivée à Cuba depuis quelques heures à peine avec ma meilleure et seule amie Andréanne. J’avais perdu mon mari quelques mois plus tôt et j’avais de la difficulté à récupérer l’énergie dépensée alors que je l’accompagnais journellement à travers toutes les étapes d’un cancer des poumons. Elle avait insisté pour que j’y aille croyant que cela me ramènerait à la vie et adoucirait les souvenirs de ces deux années de combat.

    - Viens, ça va t’aider à prendre le dessus. Ça va être comme dans notre jeune temps. Tu te rappelles notre escapade à Los Angeles?

    - Je m’en rappelle mais je suis épuisée. Les deux années de maladie de Jacques m’ont complètement bouffé mon énergie. Puis il y a les sous. Il nous a laissé des dettes en héritage et je ne sais pas comment je vais m’en sortir.

    - Tu vois, tu as besoin d’un voyage, de faire le point. Je vais te payer cela. Je n’ai pas pu t’aider vraiment pendant sa maladie mais je peux le faire maintenant.

    Je me suis laissée convaincre et cela a marché. Dès mon arrivée à l’aéroport, la vie avait rejailli dans mes veines comme une injection de drogue dure, tout d’un coup en un flot continue et puissant. La fête a commencé à ce moment-là pour se terminer deux mois plus tard, subitement et tragiquement. Depuis, les choses ont empiré de jour en jour jusqu’à ce que je perde tout goût à la vie.

    *     *     *

    Depuis quelques jours, les événements de ma vie se déroulent devant mes yeux. Pas les souvenirs d’enfance, ils sont enfouis profondément et ne m’appartiennent plus. Je suis devenue une étrangère à mes propres yeux. Les plus récents restent gravés dans ma mémoire, envahissants, tenaces et douloureux. Je les ai repassés de reculons, en remontant le temps pour tenter de voir où le destin a basculé et s’il y avait des signes précurseurs que je n’ai pas vus. J’en suis rendue à ma rencontre avec Raoûl.

    Je n’oublierai jamais ce jour où je l’ai aperçu pour la première fois. Il dansait près de la piscine. C’était l’heure des cours de salsa. Je venais tout juste d’arriver et j’avais revêtu un bikini tout neuf, blanc avec des anneaux dorés. Je me sentais redevenue jeune fille ayant perdu quelques kilos pendant les derniers mois de maladie de Jacques. J’avais renouvelé ma garde-robe d’été, en vue de ce voyage à Cuba, mon premier voyage à Cuba. Les trois heures d’avion avaient effacé toutes les traces de fatigue accumulée. J’avais mis la détresse au rancart temporairement, en tout cas c’est ce que je pensais.

    Autour de lui il y avait une trentaine de femmes qui se trémoussaient sans gêne et sans retenue, des jeunes, des plus âgées, des petites, des grosses, de toutes les formes et de toutes les couleurs. Un seul homme, sans doute pour faire plaisir à sa femme. Elle ne le regardait pas, n’avait d’yeux que pour Raoûl. Toutes les femmes ne voyaient que lui et se dandinaient pour le séduire. Figée, inerte, j’étais éblouie par toutes les nuances des couleurs de sa peau qui miroitaient au soleil, des milliers de perles de sueur avec des teintes différentes sur une peau d’un noir de jais.

    Je m’en rappelle comme si c’était hier et aussi comme si c’était dans une autre vie, il y a des siècles. J’étais là à le regarder, séduite. Il m’a fait signe de me joindre au groupe. J’ai hésité et lui ai simplement souri. C’est là que notre histoire d’amour a commencé, un feu brûlant, dévorant qui a pris possession de mon corps entièrement sans me laisser aucune seconde de répit. Un amour intense, un amour fou. Les deux versants d’une montagne abrupte, une ascension fulgurante suivie d’une chute fracassante.

    - Viens te joindre à nous, amore. Je t’attendais.

    Je ne sais pas pourquoi mais je l’ai cru, trop de privation de mots d’amour au cours des derniers mois et même des dernières années. J’ai pensé qu’il m’attendait depuis des lunes et que j’avais enfin trouvé mon âme sœur.

    - Tu m’attendais?

    - Si amore, je t’attendais.

    J’ai d’abord eu la tentation de me moquer de lui, de lui montrer que je n’étais pas née de la dernière pluie et que je pouvais voir son petit jeu de séducteur mais j’étais en vacances et je voulais m’amuser. J’ai encore souri et, maintenant que j’y repense, je suis convaincue que ce sourire a été comme la signature apposée au bas d’un contrat qui allait lier nos deux existences à tout jamais, un pacte invraisemblable mais tout ce qu’il y a de plus réel, une illusion bien ancrée dans la réalité, faite de petits gestes concrets enrobés d’un miel savoureux jaillissant de sentiments amoureux partagés. Une folie, ma première folie amoureuse en 30 ans, ma première folie amoureuse à vie et probablement ma dernière.

    C’est ainsi que notre histoire a commencé, tout simplement comme celle de centaines d’autres à Cuba, destination ultime pour les personnes à la recherche de l’amour. Dans ce pays, trouver l’amour c’est possible mais, je l’ai su par la suite, il y a un prix à payer. Je n’ai pas dansé avec Raoûl cette fois-là, ni par la suite. Je ne voulais pas me mesurer aux autres femmes plus jeunes, plus belles, plus bronzées et surtout qui se déhanchaient avec une dextérité que je ne pouvais pas égaler. Je suis restée là à les regarder et surtout à le contempler lui. Il m’a dit plus tard qu’il avait vu tout de suite que nos deux destins étaient liés pour l’éternité. Aussitôt le cours de salsa terminé il est venu vers moi. Déjà envoûtée, je n’ai vu que ses dents d’un blanc éclatant et ses yeux remplis d’étincelles.

    - Tu t’appelles comment?

    - Louise.

    - Bienvenue à Cuba Louise. Je t’attendais. En te voyant, je me suis dit, c’est elle ma femme. Tu es venue seule?

    - Non, avec une amie.

    - Et ton amie, où est-elle?

    - Dans la chambre. Elle va venir me rejoindre à la plage.

    - Tu es ici pour combien de temps?

    - Une semaine.

    - Une semaine seulement, pourquoi pas deux semaines, trois semaines, toute la vie?

    - Toute la vie ?

    - Toute la vie.

    C’est à cette minute- là que j’aurais dû me méfier, prendre une grande respiration et me sauver à toute vitesse mais j’étais déjà prise au piège. Il y a des moments dans une vie, furtifs et soudains, comme encadrés entre deux existences, qui nous semblent complètement anodins et qui peuvent changer notre destinée. On ne s’en méfie pas mais ils sont sournois.

    J’ai cru voir une lueur de tristesse dans son regard comme s’il allait puiser des souvenirs dans une autre dimension. Il faut dire que je crois à la réincarnation, j’en ai souvent parlé avec mon amie Andréanne. Au fil des discussions, nous avons développé une théorie sur le pourquoi de notre existence sur terre. Nous croyons fermement toutes les deux qu’il y a une âme à l’intérieur de notre corps et qu’elle fait partie d’un univers infini. L’âme voyage dans le temps et dans différents mondes dans un but de perfectionnement. L’incarnation fait partie du voyage alors qu’elle subit des épreuves, s’améliore, fait des chutes, des rechutes. Le processus dure des années, des centaines d’années et même des milliers d’années, c’est ce qu’on appelle la réincarnation. Pourquoi notre âme a besoin de passer à travers toutes ces épreuves, on n’est pas rendues là dans nos discussions. Pour Jacques, il n’y avait plus rien après la mort. Jusqu’à ses derniers moments de vie, il n’a pas eu d’espoir de revenir. C’est pour cela qu’il s’est tant accroché.

    Dans mon monde tout allait bien avant sa maladie, puis tout a dégringolé. Je ne veux plus penser à cela, trop de douleur diffuse. Chaque fois que je mes pensées s’attardent sur Jacques, elles font un bon directement sur Éric. Je revois son petit minois tout rose et ses grands yeux d’un bleu indécent, identiques à ceux de sa mère. La dernière fois que je l’ai vu il avait commencé à rire dès qu’on le regardait.

    - C’est un beau petit bébé. Il me fait penser à toi quand tu avais son âge.

    - Oui maman, il est beau. Je pensais bien que je n’aurais plus d’enfant. Après toutes les complications de grossesse et d’accouchement quand j’ai eu Zoé. Garry ne voulait pas que je redevienne enceinte. Il avait peur de me perdre.

    - Il a changé d’idée?

    - Pas le choix, j’ai arrêté mes pilules et ne lui ai rien dit.

    - Tu as fait ça? Pourquoi?

    - Parce que je voulais lui donner son gars.

    - Tu lui as dit quand?

    - Quand j’ai été certaine que j’étais enceinte.

    - Certaine que tu étais enceinte ou certaine que tu ne pouvais pas avorter?

    - Certaine que j’étais enceinte. Je savais qu’il serait fou de joie.

    - Ça été le cas?

    - Plus que je pensais, maman, beaucoup plus.

    - Il n’avait plus peur de te perdre?

    - Toujours, mais l’idée d’avoir un autre enfant a pris le dessus. Tu sais qu’on en veut quatre.

    - Je sais mais j’espère que tu vas t’arrêter là. J’ai perdu ton père, c’est assez pour au moins 50 ans.

    Ma fille avait alors cessé de se bercer et m’avait regardé avec des yeux tristes. La brillance qu’on y retrouvait quand elle regardait son fils avait été chassée subitement.

    - Maman, j’ai une question à te demander.

    - Vas-y.

    - Tu l’aimais papa?

    - Bien sûr, je l’aimais. Qu’est-ce qui te fait penser que je ne l’aimais pas?

    - Pourquoi tu n’as pas voulu le ramener à la maison pour mourir?

    - D’abord parce que personne ne savait quand il devait mourir. Il était encore très conscient la journée même où il est décédé.

    - Justement, tu ne penses pas qu’il s’est résigné à mourir parce que tu ne voulais pas t’en occuper?

    Atteinte en plein cœur par ces paroles lancées de façon si subite et dans un moment d’une telle harmonie, je cherchais mon souffle. En choc, j’avais de la difficulté à trouver les mots qui décriraient combien cet homme comptait pour moi et comment j’avais dédié chaque minute de ma vie à son service et à celui de nos enfants.

    Je n’en croyais pas mes oreilles. Je me sentais trahie par cette enfant que j’avais façonnée minute après minute dans mon corps pendant 9 mois et entourée de soins et d’attentions par la suite. J’avais osé croire naïvement que je lui avais donné un peu de moi-même pour qu’elle soit une bonne mère attentive et aimante et qu’elle avait hérité ces qualités de moi. Mais maintenant, mon château d’illusions venait de s’écrouler. Je n’étais pas une bonne épouse. Je n’étais pas une bonne mère. En un instant douloureux, j’ai pris conscience qu’elle était plus proche de son père que de moi et qu’elle se reconnaissait davantage en lui. Voilà pourquoi elle avait accepté qu’il vienne mourir chez elle. Mais il n’avait pas eu le temps, il nous avait quittés le jour même où je lui avais avoué ne pas être en mesure de le ramener à la maison. Elle était en colère, son père lui manquait, voilà pourquoi elle m’attaquait.

    - Tu ne parles pas maman. Tu ne me réponds pas.

    Les mots étaient bloqués, pas même dans ma gorge, plus loin, là où ils prennent naissance, dans ma tête. Ils exécutaient une danse macabre au rythme d’une musique effrénée sans aucune harmonie, une succession de sons stridents. Je faisais des efforts pour ne pas m’effondrer. C’était si soudain.

    - Tu n’as rien à dire? Maman, je te parle.

    J’ai demandé à Jacques de m’aider. Mort, il devait tout comprendre et il pouvait trouver les mots.

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