Le corps a ses raisons

Te n’ai jamais apprécié les cocktails ou les vernissages.

Tous ces gens snobs qui vident des coupes de champagne, avalent des petits-fours et félicitent l’artiste pour son œuvre à laquelle ils ne comprennent rien. Ces tableaux que les visiteurs font semblant d’admirer et de commenter avec des mots choisis dont ils ne connaissent pas vraiment la signification, ce n’est pas fait pour moi !

Je n’avais donc aucune envie de me rendre à cette soirée avec

Benjamin.

Si j’ai finalement accepté, c’est parce que Benji a insisté : il devait y retrouver une fille qui l’intéressait beaucoup…

Benji, c’est plus qu’un simple ami : c’est un véritable frère.

Nous nous connaissons depuis l’âge de 12 ans, nous sommes allés à l’école ensemble, on a fait les mêmes études, on a choisi la même orientation, obtenu les mêmes résultats. On a aussi connu les mêmes filles, il est même arrivé qu’on fréquente les mêmes petites amies. Ensemble, on a monté une boîte d’import-export qui marche plutôt bien.

Bref, on ne s’est jamais quittés depuis plus de vingt ans. Et il voulait que je l’accompagne à ce vernissage.

En fin de compte, je n’ai pas regretté.

Dès qu’elle est entrée dans la salle, j’ai su que cette fille était pour moi.

D’autres ont dû avoir la même conviction : tous les regards se sont tournés sur elle. Ses cheveux blonds faisaient comme un halo autour de son visage aux lignes pures. L’aura d’un ange avec un corps démoniaque !

Délaissant Benji qui venait de retrouver celle qu’il cherchait, je me suis vite approché d’elle sans me préoccuper de l’homme qui semblait l’accompagner.

Je me suis présenté, j’ai entamé la conversation, je l’ai fait rire, l’ai questionnée.

Et, très rapidement, je lui ai proposé d’aller boire un verre ailleurs après m’être assuré que l’idée pouvait lui plaire. Elle ne semblait pas farouche. La preuve : elle était arrivée avec un type et était disposée à repartir une demi-heure