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Des chutes en cascade: Nouvelles
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Livre électronique147 pages1 heure

Des chutes en cascade: Nouvelles

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À propos de ce livre électronique

Voici un florilège d'histoires courtes qui va vous conduire de la guerre de 14/18 à une mission écologique, en passant par un saut en parachute catastrophique, un enlèvement, un concert à Vienne, un premier contrat, un jeu de cachette en forêt troublant, un carambolage, une attaque de diligence au Far West, une amnésie surprenante, une arrestation surprise, un message d'amour dans une bouteille à la mer, des destins qui se croisent, une séparation difficile, une évasion éclair, une rencontre avec Django Reinhardt, une séance de spiritisme et même au feuilletage d'un album photo particulier.
LangueFrançais
Date de sortie5 août 2021
ISBN9782322403707
Des chutes en cascade: Nouvelles
Auteur

Patrick Lagneau

Né en 1953 dans la Meuse, Patrick LAGNEAU est retraité de l'enseignement agricole où il a été professeur d'éducation socioculturelle pendant trente-trois ans. Il a placé, tout au long de sa carrière, son énergie créatrice dans le théâtre, la comédie musicale, l'écriture de scénarios et la réalisation de films vidéo avec lesquels il a conduit ses élèves et étudiants à de nombreux prix nationaux. Aujourd'hui vice-président et webmaster d'une association d'auteurs meusiens (PLUME, acronyme de Passion Littéraire de l'Union Meusienne des Ecrivains et illustrateurs), il se consacre à l'écriture de romans dans des genres éclectiques, pour le plaisir de raconter des histoires au gré de son imagination.

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    Aperçu du livre

    Des chutes en cascade - Patrick Lagneau

    À mon beau-frère Patrick, lecteur assidu de mes écrits, qui aurait sans doute apprécié ce recueil de nouvelles, mais qui n’aura pas eu le temps d’en tourner la première page.

    La nouvelle a sur le roman, à vastes proportions, cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet.

    Charles Baudelaire

    Poète français

    (1821-1867)

    La nouvelle, c’est la flèche et sa cible aussitôt atteinte.

    Horacio Quiroga

    Écrivain Uruguayen

    (1878-1937)

    Table des matières

    Les Bottes du Célestin

    Le concert à Vienne

    Un peu d’Avance

    Un Vrai Mariage d’Amour

    La Dernière Fois

    Le Contrat

    La Cachette de Marie

    La Cabine

    Carambolage

    Karson-City

    Amnésie

    L’Arrestation

    La Bouteille à la Mer

    Destins Croisés

    La Séparation

    La Mission

    Évasion Éclair

    Nuages

    Contact

    L’Album Photo

    LES BOTTES DU CÉLESTIN

    Les Bottes du Célestin

    « Tu vois, piot, le Célestin, c’était le mari d’une demi-soeur à ma grand-mère, oui, je sais, les histoires de famille c’est un peu compliqué à comprendre, mais ne t’inquiète pas, va, quand j’avais ton âge, moi non plus je ne comprenais pas bien. Une chose est sûre, c’est qu’on allait lui rendre visite tous les dimanches après-midi. Avec ma grand-mère, ma mère et mes deux tantes, c’était la balade incontournable. Un passage obligé. C’était comme ça. On ne se posait pas de questions. Heureusement qu’il y avait mon cousin qui avait le même âge que moi.

    Le Célestin était né en 96… Tu imagines ?... Mais non, quoi, pas en 1996. Réfléchis ! Il aurait dix-huit ans… T’es pas un champion des maths, toi, hein… Non, il était né en 1896. Au XIXe siècle… L’année où est mort Verlaine… Tu connais Verlaine ?...

    Non ?... Tu ne connais pas Verlaine ? C’était un grand poète français… Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon coeur d’une langueur monotone… Ah, ah ! Je savais bien que tu connaissais… Ah non, piot, on ne dit pas une phrase. On dit des vers. Parce que c’est de la poésie… Tu ne savais pas que c’était Verlaine qui avait écrit ça ? Ben voilà, maintenant, tu le sais. Bon, pourquoi je te parle de Verlaine, déjà ? Ah oui, le Célestin… Tu vois, quand je l’ai connu, il était déjà vieux… Enfin, il faisait vieux… Mais ça, c’est à cause de sa grosse moustache blanche qui piquait les joues quand il nous embrassait. Moi, je l’ai toujours connu avec cette moustache. Et derrière sa grosse moustache blanche, il y avait deux yeux bleus, mais d’un bleu… pfff ! tu peux même pas imaginer. Le ciel et la mer en même temps. Mais ce qui nous frappait, quand on était gosse, c’était pas la couleur de ses yeux, non, pas du tout, on s’y habituait à ce bleu, et à force, on n’y pensait plus. Non, nous, ce qui nous frappait, c’était le rire qu’on y lisait. Oui, ses yeux riaient tout le temps. Pourquoi ? Ah, ben ça, j’en sais rien, piot. Peut-être parce qu’il était heureux de vivre. C’est pour ça qu’on l’aimait bien. Il suffisait qu’il nous regarde, et hop ! on était content d’être avec lui. Ah, c’était un drôle de bonhomme, le Célestin !

    Si tu l’avais vu dans sa chemise en lin épaisse et son pantalon en velours côtelé, il avait la classe, comme vous dites aujourd’hui. Nous, ce qui nous impressionnait chez lui, c’était sa large ceinture abdominale en flanelle qu’il enroulait je ne sais combien de fois autour de la taille. Mon père - ton arrière-grand-père - m’avait dit que ça lui maintenait mieux les reins. Tu sais, il avait été paysan toute sa vie, et autrefois, ce n’était pas comme aujourd’hui. C’était un métier difficile, un métier de force. Nous, on disait qu’il devait trop la serrer sa ceinture. Il la serrait, il la serrait, il la serrait tellement, que ça l’obligeait à marcher la poitrine en avant. Comme ça… Ah, ça te fait rire, hein… Ben nous aussi, ça nous faisait marrer, tu parles. Quand on descendait avec lui la petite allée en terre qui conduisait aux clapiers où on allait donner du foin aux lapins, on avait toujours l’impression qu’il allait tomber. Tu veux que je te dise ? Eh ben, il est jamais tombé. Et tu sais pourquoi, piot ? Je vais te le dire. Parce qu’il avait des bottes en caoutchouc. Oui monsieur. Des bottes en caoutchouc. Tu sais, comme celles que met ton père pour aller à la pêche… Eh ben, il avait des bottes comme ça. Et je peux te dire qu’il les aimait bien ses bottes. D’ailleurs, c’est simple, je ne l’ai connu qu’avec ça aux pieds. Il ne s’en séparait jamais. Entre nous, on disait même qu’il devait dormir avec. Bon, c’est sûr, on n’a jamais pu vérifier. N’empêche que je ne l’ai jamais vu marcher avec autre chose. Tiens, le dimanche, il passait toujours le matin chez ma grand-mère avant d’aller à la messe. C’était un grand moment. Il arrivait toujours sur le coup des dix heures sur son vieux vélo, un vieux clou qu’avait dû faire la guerre, tellement il était vieux, avec un cageot de légumes de son jardin sur le porte-bagage qu’il offrait à ma grand-mère. Eh ben, tu me croiras si tu veux, même le dimanche, il pédalait avec ses bottes. Oh, elles étaient propres, va, bien nettoyées avec de l’eau et une éponge. C’était toujours la même chose, il posait le vélo contre le mur, devant la maison, il entrait sans sonner, il était un peu comme chez lui. On le repérait au couinement de ses bottes sur le carrelage ancien du couloir qui menait à la cuisine. Et là, il toquait doucement à la porte. Ma grand-mère disait toujours « Entre, Célestin ! » et lui, il demandait à chaque fois, les yeux rieurs, comment elle avait bien pu faire pour savoir que c’était lui. Alors là, tout le monde éclatait de rire, et ensuite on avait droit au piqué de moustache sur les joues. Il buvait son petit canon de rouge, et hop ! il partait à pied à la messe, parce que l’église était à cinquante mètres. Et je peux te dire qu’il était le seul à assister à l’office avec des bottes en caoutchouc… Et tu rigoles, toi… Nous aussi, on rigolait, va… jusqu’à ce qu’il meure. Et ce fut mon premier enterrement. J’avais treize ans. C’est là que j’ai appris qu’il en avait soixante-dix. Soixante-dix ans, tu te rends compte… Nous, on lui en donnait, je sais pas moi, quatre-vingts, quatre-vingt-cinq… On n’en revenait pas… Mais ce qui nous a complètement mis KO, c’est tous les drapeaux colorés qu’il y avait à l’église. Des tas de copains à lui les tenaient. Ils avaient le même âge que lui. Plusieurs d’entre eux sont allés parler de lui devant tout le monde. Et là, on a su. Ils avaient tous eu vingt ans en 1916. Ils avaient été parmi les premiers à avoir « fait » Verdun. C’était en février. Les trois quarts de leur régiment étaient tombés sous les balles et les obus. Les survivants étaient restés des heures, blottis dans la boue glacée des tranchées jusqu’à ce qu’on vienne les relever. Et puis à l’enterrement, un dernier a pris la parole. Je n’ai jamais oublié ce qu’il a dit.

    « Oui, mes amis, malgré l’éclat d’obus qu’il a pris dans les reins, malgré ses pieds qui ont gelé, jamais il ne s’est plaint. Toute sa vie, il a aimé la vie. Sans jamais raconter quoi que

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