Retour à la vie sauvage
Je venais d’emménager à Arles lorsque j’ai découvert que Benoît y vivait aussi.
J’avais quitté Paris pour entamer une nouvelle vie. J’allais avoir 40 ans et je voulais changer d’air. Depuis des années, j’étais programmatrice culturelle dans un cinéma d’art et d’essai de la capitale, mais je ne prenais plus aucun plaisir à découvrir et défendre de nouveaux films.
A Paris, je partais travailler tôt le matin et je ne rentrais qu’à la nuit tombée. Mon appartement était petit et encombré de cartons que je n’avais pas pris le temps de déballer depuis mon précédent déménagement. Je ne vivais que pour mon travail. Je rencontrais des gens, des réalisateurs, des producteurs, des artistes dans des cocktails professionnels. Je devenais leur intime pour quelques heures, parfois même je tombais amoureuse, et puis je ne l’étais plus. Mes amants formaient une galerie de personnages clairement identifiables que je m’amusais à classer par genre : les travailleurs compulsifs, les artistes névrosés et les potentiels et désespérants pères de famille. Mes histoires devenaient de plus en plus courtes, se raréfiaient. Peut-être que j’étais moins attirante qu’avant, plus égoïste aussi, un peu trop blasée. J’avais le sentiment de n’avoir rien à offrir et de n’être plus capable de rêver. Je ne croyais plus qu’aux aventures d’un soir, l’amour avait de moins en moins d’attrait.
A Arles, où j’étais venue m’installer un peu par hasard, je comptais mener une vie calme, tournée vers la recherche de sens et éloignée du monde du cinéma. Je songeais parfois à un travail manuel – faïencière, potière ou ébéniste ? –, en tout cas quelque chose qui me redonnerait de l’élan.
Je voulais mener une vie simple, proche de la nature, où j’aurais le temps de me consacrer à la lecture, à la photographie et à mes amis. A Paris, je n’avais que des clients. Les turpitudes de la vie parisienne et le monde de l’art ne m’intéressaient plus.
Nous étions au mois d’avril et la lumière du soleil se déversait gaiement sur les toitures
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