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À l'Ombre des Loups: Polar
À l'Ombre des Loups: Polar
À l'Ombre des Loups: Polar
Livre électronique209 pages4 heures

À l'Ombre des Loups: Polar

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À propos de ce livre électronique

Hugo, malmené par la vie, se reconstruit dans un village niché au creux des montagnes iséroises. La douceur de l’argile qu’il y travaille, la chaleur de l’amitié, la surprise de se redécouvrir ému lui redonnent confiance et l’avenir reprend sens.
Mais les montagnes ne protègent pas du Mal : les loups rôdent et ne s’embarrassent pas de considérations morales. La cruauté se cache parfois derrière des traits séduisants aussi divers qu’inattendus. Bestialité de la meute, noirceur du solitaire, rien ne sera épargné à ceux qui croyaient les connaître… Quelle folie s’est emparée du massif ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Emmanuel Benigna est enseignant. Il y a chez lui ce plaisir d’écrire, de raconter. Il porte un regard attentif sur ce qui l’entoure pour nourrir des histoires policières où s’entrecroisent les profils psychologiques, les sentiments et les descriptions réalistes. Il ne s’interdit ni pointes d’humour ni poésie. Son écriture prend sa source dans le silence des nuits estivales et n’a qu’un seul but, vous faire passer un bon moment sur les sentiers tortueux de ces histoires.
LangueFrançais
ÉditeurLibre2Lire
Date de sortie4 juin 2021
ISBN9782381571737
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    Aperçu du livre

    À l'Ombre des Loups - Emmanuel Benigna

    Prologue

    Anaïs roule, la fenêtre ouverte, au volant de sa mini. Elle chante avec son fils. Ils sont joyeux comme cette lumineuse matinée de printemps qui leur annonce une belle et douce journée. Le paysage familier auquel on ne prête plus d’attention défile. Quentin du haut de ses douze ans aime tout particulièrement ces moments privilégiés avec sa mère. Son père ménage ces instants et est resté à la maison pour leur préparer un bon repas tout en musique.

    De la maison au centre nautique, il n’y a pas loin, à peine une dizaine de minutes.

    Anaïs est heureuse. Elle est heureuse de ce fils, de ce cocon familial qu’elle a contribué à forger, de son mari qui l’aime et qui prend soin d’eux. Elle est heureuse de cette vie qui lui est offerte où elle peut s’épanouir en tant que femme et mère. Elle a réussi à conjuguer sa famille et son métier. Elle n’en tire point d’orgueil juste une fierté intime, discrète. Elle ne sait que trop bien que cela est un trésor réservé à trop peu de personnes. Elle rit en regardant son fils chanter de plus belle, lui révélant ses dents blanches ainsi que les emplacements de celles qui ne devraient plus tarder.

    Elle rit toujours en s’arrêtant au stop.

    Mais soudain, un voile gris vient de passer devant ses yeux. A-t-elle entendu le cri des pneus ? A-t-elle pressenti toute la fragilité de ses pensées ? Son rire se fige. Sa main gauche se crispe sur le volant tandis que son bras droit se détend comme pour retenir son fils qui s’il avait regardé sa mère en cet instant aurait perçu toute la terreur qui venait de s’incruster sur son visage. Ce geste inutile est le réflexe désespéré d’une mère pour son enfant. Il aura fallu moins d’une fraction de seconde pour que le cerveau d’Anaïs analyse parfaitement la situation.

    Une forme d’instinct animal inscrit dans les gènes depuis la nuit des temps.

    Aucun mot n’est articulé. Elle a juste le temps de capter une dernière fois le visage heureux de son fils. Au moins, cette image volée, la dernière, est celle qu’elle aurait désirée de tout son être si elle avait eu le choix.

    Le choc !

    Un choc d’une rare violence à l’arrière de la voiture, de cette violence où plus aucune pensée ne peut naître, où aucun son ne peut être entendu. La voiture est catapultée, comme si toute gravité avait disparu, telle une balle de tennis au milieu de la nationale. Anaïs et Quentin, devenus pantins anonymes dans cet opéra de tôles froissées, ne voient pas le camion qui arrive sur leur gauche. Le chauffeur du poids lourd met tout son corps, toute son âme pour que son mastodonte puisse s’arrêter. Il crie, ses doigts craquent sur son volant, mais il emporte la frêle voiture et les deux pantins désarticulés qui laissent leur âme s’échapper vers les cieux.

    Chapitre 1

    « Une ombre grise pour une âme noire.

    Tapie dans la pénombre, à l’orée du bois,

    La bête, patiemment, attend son heure,

    Sa proie… »

    Avril, il fait encore froid sur le massif du Vercors. Les arbres se préparent à laisser éclater leurs bourgeons attendant que les dernières gelées cèdent la place à un peu plus de chaleur dans la vallée. Le sol est strié de blanc et les herbes encore congelées craquent sous chaque pas dans un crissement, rompant le silence cotonneux. Les rayons du soleil viennent de dépasser la crête et on peut suivre leur course sur le sol. Bientôt, les dentelles de givre qui parent encore quelques rameaux restés dans l’ombre, ne seront plus que gouttelettes.

    Hugo sort des Oches et la bergerie se dresse, masse inerte, devant lui. Le panneau de Chichilianne trône solitaire sur le haut du fossé. Avec son cadre rouge, il tranche dans ce paysage en noir et blanc. À peine Hugo a-t-il pénétré sur l’exploitation, que les chiens l’assaillent après un petit aboiement qui réveille deux corneilles lascives. Ils s’approchent penauds, en quête d’une ou deux caresses, insensibles à la fraîcheur matinale. Ces deux borders colIies le connaissent bien. Leur maître, vêtu de sa traditionnelle côte de travail verte et de ses godillots, vient à leur rencontre. Sa casquette fume laissant s’échapper des volutes de vapeur. Il a les pognes chaudes et rouges. Les chiens retournent sagement près des balles rondes de foin où ils aiment se pelotonner, gardant toujours un œil sur tout ce qui se passe alentour.

    Gérald accueille Hugo en lui proposant de venir prendre un café avant qu’ils ne se mettent en route. Le berger est excédé. Voilà seulement une semaine qu’il sort à nouveau ses bêtes dans les pâtures et hier matin, il en a retrouvé une crevée. Une de plus, c’est la treizième brebis que les loups lui égorgent sans compter les six autres qu’il a fallu achever à l’automne dernier. La carcasse de la bête sanguinolente est là devant son perron. La bête a la gorge mâchée, arrachée. Il lui manque une partie de l’épaule. La bête est morte pour deux lambeaux de chair.

    La réintroduction du loup, quelque part, il s’en désintéressait.

    Mais là, elle les impacte directement lui et son cheptel. Les différentes réunions sur le sujet n’avancent pas à grand-chose. Au début, ça l’amusait presque de voir les deux partis se sauter à la gorge l’un de l’autre. Ils ne se comprennent pas. Il faut dire que personne ne cherche à entendre les motivations de l’autre. Et au-delà des polémiques, les indemnités tardent à venir. Gérald est désespéré de voir son travail finir ainsi. Que de temps perdu en discussions… Quel gâchis de voir ces bêtes mutilées ou à moitié dévorées !

    Exaspéré, il tend le journal du matin à Hugo. À la façon dont démarre la journée, il n’est pas prêt d’arrêter de râler.

    Hugo lit l’article qu’il pointe du doigt.

    Autrans : un commerçant tabassé et séquestré avec sa famille.

    Alors qu’il rentrait chez lui après sa journée de travail dans son magasin Énergie Sport, un commerçant d’Autrans a été victime d’un véritable guet-apens. Un peu après 21 heures, une voiture l’a doublé et s’est mise en travers de la route au niveau des Gaillardes entre Méaudre et Autrans. Trois individus encagoulés ont alors surgi du véhicule, armés d’armes à feu. Deux sont montés dans le véhicule du commerçant après l’avoir sauvagement frappé à la tête avec la crosse de leur arme. Ils l’ont obligé à les conduire jusque chez lui, un 3ème complice les suivant dans leur véhicule.

    Une fois arrivé, le pauvre homme a vécu l’enfer pendant plusieurs heures. Séquestré avec sa femme et ses deux enfants dans leur salle de bain, il a dû leur transmettre les codes des cartes bleues. Les comptes ont été vidés et la maison mise à sac.

    L’homme est fortement traumatisé. Il a subi des sévices d’un autre temps. Lui et sa famille sont en état de choc et ont eu besoin d’une prise en charge médicale et psychologique.

    La gendarmerie a ouvert une enquête pour séquestration avec arme.

    La berline de marque allemande, volée dans la même journée dans la banlieue de Grenoble, a été retrouvée incendiée du côté de Vassieux.

    Hugo repose le journal.

    Hugo ne relève pas. Gérald est en colère, il n’y a rien à redire. L’homme râle à voix haute, ça le soulage.

    Il termine en chuchotant presque.

    Quand le berger l’a appelé hier matin pour lui faire part de cette dernière attaque, il lui a proposé son aide. Les chasseurs que l’ONC avait envoyés n’ont pas réussi à trouver les loups. Ils devaient en abattre deux. Aussi, Hugo a déniché des appareils photo à déclenchement automatique afin de mieux cerner les déplacements de la meute. Un copain naturaliste les lui a prêtés. C’était d’ailleurs un bon prétexte pour aller lui rendre une petite visite hier après-midi.

    Lui, soutient mordicus la réintroduction du loup. Aussi, Hugo n’a pas jugé utile d’emmener Gérald avec lui. À tous les coups, cela aurait fini en une vaine discussion qui aurait pu tourner en dispute. Et dans ces montagnes, les disputes ont de la mémoire. Ce sont deux honnêtes hommes qui sont bien plus proches qu’ils ne le croient et pourtant, là, comme ça, tout semble les opposer.

    Sans trop poser de questions, le naturaliste en a passé trois.

    Hugo et le berger doivent monter sur le versant qui leur fait face, c’est là que la plupart des attaques ont eu lieu.

    Un sentier plus chaotique que carrossable les y mène. Il est préférable de bien s’accrocher, Gérald qui connaît bien son chemin ne ménage pas son véhicule. Pour apprécier le paysage, il est conseillé de se déplacer à pied. Après quelques minutes bien agitées, les arbres nus qui les encadraient jusque-là laissent place à une pâture où le berger met environ un tiers de son troupeau. Sur la gauche de l’entrée, il y a une vieille cabane en pierres sèches.

    La parcelle est encadrée par un bois de hêtres. D’où son nom : le pré aux hêtres. Au fond, elle est longée par un petit torrent. L’eau cristalline s’emballe avec fougue, lissant chacune des pierres grises qui tapissent le lit de ce cours d’eau qui sera à sec dès les premiers jours de l’été. Il est tentant d’aller y plonger les mains et les pieds comme le ferait un marmot qui essaierait vainement d’établir un barrage éphémère, mais Hugo sait par expérience qu’elle est encore trop glacée pour que ce petit bain soit juste revigorant.

    Les trois caméras seront suffisantes. Les deux hommes décident d’en placer une de façon à contrôler une arrivée éventuelle par le torrent qui peut être une voie d’accès l’été. Une autre est placée de manière à surveiller le sentier. Ils ont remarqué aux deux tiers du pré une coulée, c’est-à-dire un petit passage entre les plantes, emprunté par les animaux sauvages. C’est là qu’ils installent le troisième œil.

    Gérald est satisfait. Cela lui donne l’impression d’agir contre cette adversité invisible qui l’empêche de dormir la nuit. Si les pièges photographiques sont concluants, il y a fort à parier qu’il s’installera à la belle étoile, histoire d’aider un peu les chasseurs du ministère. Cela lui permettra surtout d’avoir une preuve supplémentaire des dégâts que ce prédateur occasionne sur son troupeau.

    Ils regagnent le village dans le 4X4. Ce vieux Toyota qui accuse le poids des ans, reste fidèle au rendez-vous dès qu’on le sollicite un peu et ici, ça arrive plus souvent qu’on ne le voudrait. Le retour est pire que l’aller. Gérald profite de la pente et laisse filer l’engin à vive allure. On doit ressentir à peu près la même chose lorsqu’on fait du bobsleigh, le côté shaker en plus.

    Ils s’arrêtent à la boulangerie. Une bonne odeur de pain cuit embaume l’air et leur chatouille les narines avant même qu’ils ne mettent le pied à terre. Le pain y est bon, la mie ronde et aérée lui donne des saveurs de noisette quand on la laisse fondre sur la langue. Thibault, le propriétaire, est une bonne connaissance. Il possède un autre magasin, plus important à Monestier de Clermont. Il a la gentillesse d’exposer les poteries d’Hugo et en vend régulièrement aux touristes qui viennent ici pour contempler le mont Aiguille ou partir en randonnée sur les Hauts Plateaux.

    Il s’agit essentiellement de poterie à usage culinaire. Pour la décoration, elles sont enduites d’un émaillage coloré obtenu lors de la cuisson au feu bois. La plus grande fierté du potier c’est de savoir que des habitants du village en achètent régulièrement pour eux ou leurs proches. Cette activité lui occupe autant l’esprit que les mains. Les revenus qu’il en retire suffisent pour assouvir ses petits plaisirs qui sont bien simples. L’essentiel de ses rentes provient de deux appartements qu’il loue sur Grenoble. Il a pu les acquérir suite à la vente de ce beau pavillon où il résidait dans le cœur de Lyon. Il l’a vendu, en laissant bien d’autres choses derrière lui, depuis cette terrible journée d’avril où sa vie a basculé.

    Ils avaient tout pour être heureux. Son épouse Anaïs travaillait comme directrice d’un service informatique pour une entreprise qui produit des tubes électroniques et des émetteurs pour les forces armées. Elle s’y plaisait et on peut aisément admettre qu’elle était vraiment appréciée pour son travail et ses qualités humaines.

    Leur fils, Quentin faisait leur fierté avec sa bouille joyeuse et ses réparties inattendues. Il était complice de ses parents.

    Hugo quant à lui était développeur économique pour cette grande agglo. Leurs revenus largement suffisants leur permettaient de profiter allégrement de la vie. Les vacances étaient le moment pour eux de se retrouver pleinement.

    Anaïs, parlant un peu italien, appréciait tout particulièrement de se rendre à Venise dès que l’occasion se présentait. Ils ne se sont jamais lassés de déambuler dans la Sérénissime, qu’il pleuve ou qu’il vente. Ils appréciaient de pouvoir se promener sans but dans ces ruelles colorées pour finir au bord d’un canal ou sur une petite placette pittoresque à l’écart de la place Saint-Marc grouillante de monde. À chaque fois, il leur semblait redécouvrir la ville, sa respiration, son pouls. Ils pouvaient déguster un café serré ou une glace sur une petite place et profiter de l’instant. Quentin s’attirait à lui seul l’attention généreuse des habitants qui ne croisent pas tant d’enfants que ça.

    À Lyon, leur vie sociale était très remplie. Anaïs faisait partie d’une association de quartier, participant ainsi à un élan citoyen et facilitant l’accueil de plus défavorisés.

    Leur maison était accueillante, lumineuse. Anaïs la décorait avec goût. Hugo s’occupait tant bien que mal de leur jardin. Ensemble, dès l’automne, ils sillonnaient les jardineries.

    Que dire de la fois où, Quentin alors âgé de trois ans avait eu un poisson rouge. Bien entendu, ils l’avaient nommé Bubulle, quoi de plus original ?

    Un soir, Quentin demanda à dormir avec.

    Anaïs prit le temps de mettre le bocal sur sa table de chevet pour qu’il puisse s’endormir en le regardant.

    Au petit matin, le poisson rouge était couché à côté de Quentin. Durant la nuit, il l’avait pris et posé sur son oreiller puis s’était endormi d’un doux sommeil. Celui de Bubulle fut beaucoup plus profond et définitif, même après avoir été remis dans l’eau plusieurs fois. Décidément, Bubulle ne voulait plus se réveiller…

    Mais voilà, cet univers idyllique avait pris fin il y a cinq ans. Le 16 avril pour être plus exact. En se rendant à la piscine, Anaïs attendait avec Quentin à un stop pour traverser une route nationale. Une voiture avait surgi derrière eux et les avait emboutis. Le choc fut très violent et leur voiture fut projetée au milieu de la nationale. Le drame ne s’arrêta pas là, un camion qui était à pleine vitesse les percuta.

    Ils moururent sur le coup.

    Le conducteur qui les avait projetés sur la nationale fut pris en train d’essayer de démarrer sa voiture et de se sauver. Il était complètement saoul et dans l’incapacité de comprendre le drame qu’il venait de causer. Le chauffeur du poids lourd était effondré. Il lui avait été impossible d’éviter la voiture. Les gendarmes se sont occupés du chauffard.

    Hugo ne se rendit pas au procès puisqu’il n’eut pas lieu.

    Voir ce type aurait certainement été d’une grande violence et il n’est pas sûr qu’il l’aurait supporté. Mais les gendarmes lui épargnèrent cela… En effet, le jour de l’accident, on avait « oublié » malencontreusement de compléter dûment le procès-verbal qui constatait l’état d’ivresse. Circonstances d’autant plus troublantes lorsque l’on sait que le criminel en question n’était autre que le beau-frère d’un député influent de l’époque. L’accident fut géré par les assurances comme un banal accident corporel…

    Pour Hugo, depuis, un gendarme reste un soldat aux ordres et il lui faudra faire son plein d’essence avant de lui accorder une parcelle de confiance.

    Depuis, la première phase de son deuil passée, il a vendu la maison, acheté deux appartements dans Grenoble pour les louer et acquis cette petite maison en limite du centre de Chichilianne.

    Il la retape au fur et à mesure de ses envies et des nécessités.

    Il a régulièrement la visite du maréchal-ferrant avec lequel ils avaient déjà fait connaissance avec Anaïs il y a quelques années. Quand il était de passage

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