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Les Epines de Rose: Un roman bouleversant
Les Epines de Rose: Un roman bouleversant
Les Epines de Rose: Un roman bouleversant
Livre électronique161 pages2 heures

Les Epines de Rose: Un roman bouleversant

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À propos de ce livre électronique

Quand une vieille dame au crépuscule de son existence livre ses secrets, c'est la vie des habitants d'une île entière qui se voit chamboulée...

Éléonore a besoin de se reposer et de changer d’horizon. Depuis la mort brutale de son mari, elle a triplé son rythme de travail pour ne pas sombrer et pour oublier. Inquiets, ses amis la pressent de s’accorder une pause, et Cécile finit par lui confier les clés de sa petite résidence secondaire. Quelques jours plus tard, Éléonore débarque sur l’île Kendory. Le coin est merveilleux et très vite la magie opère : captivée par les paysages, les couleurs, les atmosphères, elle se laisse aller à la flânerie et à la détente. Mais sa rencontre avec Rose va bouleverser son séjour. Par sa discrétion attentive et son empathie, elle suscite les confidences, puis bientôt les confessions de la vieille dame. Elle comprend que celle-ci l’a choisie pour se délester d’un accaparant secret, qui pèse sur l’île depuis plusieurs décennies. Les aveux de Rose ne seront pas du goût de tous les insulaires, mais, au crépuscule de sa vie, plus rien ne l’arrêtera, car il y a des vérités qu’on ne peut taire indéfiniment.

Un roman saisissant où l’auteur emporte le lecteur, page après page, dans un lieu énigmatique, à travers une histoire bouleversante.

EXTRAIT

— Oh, zut, la marée ! constata-t-elle à haute voix.
— Ne la négligez pas à l’avenir !
Elle sursauta et, virevoltant, elle discerna la silhouette d’une vieille femme dressée sur un récif, dont la chevelure blanche scintillait sous le soleil.
— Merci, je n’oublierai plus, lança la vacancière en chaussant ses sandales détrempées.
L’inconnue sourit et son visage hâlé ravagé de sillons se chiffonna davantage,masquant sous des ourlets l’azur de ses yeux. Clouée sur le rocher, elle patientait, son corps usé appuyé sur un bâton. Elle paraissait avoir été sculptée sur l’écueil et rien ni personne ne semblait pouvoir la détourner de l’horizon qu’elle fixait d’un triste regard.
— Si vous saviez combien de corps la mer a fait disparaître…, murmura l’aïeule.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Originaire de l’Isère, où elle réside encore aujourd’hui, Valérie Satin écrit depuis toujours. Ayant délaissé sa carrière professionnelle au profit de l’éducation de ses enfants, elle a trouvé un équilibre de vie qui lui a permis de se consacrer à sa passion. Elle est l’auteur de quatre précédents romans, parus aux éditions du Mot Passant. Elle vit à côté de Voiron.
LangueFrançais
ÉditeurLucien Souny
Date de sortie11 janv. 2017
ISBN9782848865997
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    Aperçu du livre

    Les Epines de Rose - Valérie Satin

    Une brise exceptionnellement légère effleurait les cheveux d’Éléonore, le soleil se plaisait à caresser le contour de son visage pendant que le corps de la jeune femme accompagnait les ondulations du bateau dodelinant sur l’océan. Tournant à présent le dos à la côte, elle ne pivota pas, s’encouragea à contempler l’étendue uniforme et azurée. De l’avis des autochtones ayant emprunté le bac, la mer était étonnamment calme aujourd’hui et elle s’en réjouit Ses précédentes traversées s’étaient parfois révélées mouvementées et elle avait alors éprouvé de grandes peurs quand les paquets d’eau explosaient sur les coques des bateaux. Mais, ce jour, il n’était rien de ces lames se jetant en rafale sur l’embarcation glissant, sereine, sur l’onde. Ses craintes s’étaient ainsi dissipées et, devant elle, le ciel et l’océan se rejoignaient maintenant pour former un espace continu. Elle songea à ces quelques jours de repos qui l’attendaient. Elle s’était engagée à ne pas écrire, mais y parviendrait-elle ? Il lui serait assurément difficile de résister à l’excitation que son travail lui procurait. D’un prompt mouvement de la main, elle balaya l’air devant son regard comme pour chasser ces premières lignes inspirées par les flots. Elle s’était octroyé un congé et, comme ce terme l’indiquait, elle cessait temporairement ses activités pour se détendre et se consacrer à la flânerie, goûter à la tranquillité et bénéficier de ce changement de climat. Elle s’était promis de faire ce qu’elle n’accomplissait plus depuis longtemps : musarder, lire et, pourquoi pas, dormir un peu plus qu’à l’ordinaire. Ses amis la pressaient depuis plusieurs années afin qu’elle prît du repos et se divertît. Malgré leurs insistantes requêtes, elle n’en avait pas ressenti l’envie, son travail lui plaisait trop, mais surtout il ne la fatiguait pas. Au contraire, il lui procurait sans cesse de l’énergie. Et depuis le décès brutal de son mari, au lieu de s’effondrer, elle avait trouvé la force de vivre grâce à lui. Elle avait triplé sa cadence jusqu’à s’en étonner elle-même. Cependant, chaque effort ayant un prix, elle avait perdu le sommeil et l’appétit.

    Devant son teint blafard et son apparence défaite, son amie Cécile l’avait conduite avec fermeté dans le cabinet d’un médecin et, sur les insistances de ce dernier pour se délasser et changer d’horizon, elle lui avait tendu les clés de sa petite propriété achetée quelques années auparavant sur une île. De ce fait, Éléonore était arrivée avec ses bagages à l’embarcadère de Perroviard et avait pris place à bord de la navette. Le petit bout de terre oublié dans l’océan Atlantique se découpait à présent dans le vaste horizon, puis, les côtes rocheuses de l’île de Kendory apparurent et, bientôt, les mâts des bateaux du port se hissèrent, triomphants. Du haut de la passerelle, Éléonore observa le débarcadère, et des voyageurs, pressés de quitter la navette alors amarrée au quai, la bousculèrent, lui arrachant des petits cris de mécontentement. Elle s’indignait de leur impolitesse quand un homme en maillot de corps blanc s’ébroua sur la plateforme et lui adressa des signes animés avant de s’engager sur le pont de l’embarcation.

    — Madame Courcel ? Bonjour, m’dame. Je m’appelle Victor, je suis chargé de vous conduire, expliqua-t-il avec son plus beau sourire.

    Il empoignait déjà une valise quand un autre, plus jeune, grimpa la passerelle à son tour pour saisir la poignée d’un second bagage.

    — Voici Thibaud, mon fils, dit Victor en le désignant du menton.

    — Il y a aussi cette malle, précisa Éléonore.

    — Vous restez longtemps ?

    — Je ne sais pas encore… J’ai besoin de repos et mon médecin m’a conseillé le changement d’air.

    — Oh, vous êtes malade !

    — Pas du tout, mais j’ai travaillé abondamment, trop peut-être…

    — C’est quoi votre travail ? cria-t-il pratiquement en descendant du pont.

    — Écrire.

    Éléonore gagna la terre et examina les alentours. Les passagers s’étaient déjà dispersés à travers les ruelles et, dans le petit port tout à coup dépeuplé, seuls les coques et les mâts des voiliers chamarrés de vert, de rouge ou de blanc se hissaient de toutes parts dans le bassin ensoleillé. Kendory et ses maisons aux façades laiteuses, enchevêtrées les unes dans les autres comme unique remède à la brutalité des vents, lui souhaitaient la bienvenue en cette radieuse journée de printemps. La charrette cahota légèrement, puis, emportant Éléonore vers son lieu de villégiature, elle côtoya, au pas du cheval, le débarcadère où les bateaux ancrés oscillaient selon le mouvement délicat des vagues. Elle longea ensuite la jetée au bout de laquelle le phare paradait. L’attelage s’écarta enfin du bassin portuaire pour s’infiltrer dans des ruelles bordées de petites maisons composées pour la plupart d’un seul niveau. Les passagers tournaient le dos à l’océan, ils abandonnaient les étroits passages et roulaient à présent sur des chemins où quelques chênes verts protégés du vent s’étaient élevés. Un plateau d’herbe rase leur ouvrit une nouvelle perspective et Éléonore distingua des maisonnettes basses et blanches aux toitures d’ardoise.

    — C’est magnifique ! s’écria-t-elle en découvrant des volets pétillants de teintes bleues sur les façades enduites de lait de chaux.

    — La maison de m’sieur et m’dame Loison n’est plus très loin, annonça le conducteur.

    Mais elle n’était pas pressée d’arriver, elle savourait avec délice le lumineux panorama qu’elle ne s’était pas préparée à voir. Soudain, sur un appel perçant de Victor à sa monture, la carriole stoppa, arrachant l’étrangère à sa contemplation. L’attelage stationna devant un portail de bois blanc s’ouvrant sur un parc enserré de petites barrières elles aussi couvertes de peinture blanche. Dans cette enceinte, une allée gravillonnée traversait la pelouse pour se diriger vers une habitation semblable à celles qu’Éléonore avait admirées dès son arrivée sur l’île. Une petite femme à la chevelure grise, coiffée d’un fichu bordé de dentelle, passa précipitamment le seuil.

    — C’est ma femme, dit Victor sans autre explication.

    L’épouse du conducteur se dandina sur l’allée et approcha, essoufflée mais souriante.

    — Madame Courcel ? Je suis contente que vous soyez là ; cette demeure est bien trop souvent vide ! s’exclama la femme en joignant ses mains sur son abondante poitrine. Je m’appelle Adèle, je suis chargée de l’entretien de la maison de m’sieur et m’dame Loison et je la tiens bien, vous savez ! Elle est toujours propre et rangée. Mon mari, lui, s’occupe des arbustes, de la pelouse et des petites réparations. Entrez, entrez, j’ai tout préparé pour votre arrivée.

    Et sans laisser le temps à Éléonore de placer un mot, elle la conduisit vers la chambre à coucher, répertoriant les meubles et bibelots époussetés, le sol lessivé et les tentures nettoyées. Sur ses instructions, les bagages furent déposés dans un angle de la pièce et elle s’apprêtait à ouvrir une valise quand Éléonore l’arrêta.

    — Je rangerai moi-même.

    — Ah ? Mais quand m’dame Loison est ici, je range toujours ses affaires dans l’armoire.

    — Je ne suis pas Mme Loison, rétorqua-t-elle sur un ton agacé.

    — Oh, mais vous avez sûrement faim ! J’ai préparé le repas, déclara Adèle, toujours d’humeur loquace, en entraînant la jeune femme vers la cuisine. Asseyez-vous, je vais vous servir quelque chose à manger.

    Repoussant l’invitation, Éléonore passa dans la pièce voisine. Celle-ci était petite et carrée. La partie près de la fenêtre était aménagée en salon grâce à un divan et à un fauteuil. Plus loin se trouvaient une table de bois clair et plusieurs chaises. Une étroite bibliothèque complétait l’ameublement et une cheminée parachevait la décoration. Éléonore s’était préparée à découvrir un mobilier rustique. Or il n’en était rien. Son amie Cécile n’était pas férue de folklore et les meubles traditionnels avaient, à n’en pas douter, hâtivement disparu de la maison dès son achat.

    — Je peux faire du feu si vous avez froid.

    Éléonore sursauta, elle n’avait pas entendu approcher Adèle.

    — Quand vous avez besoin, demandez-moi, renchérit la femme de Victor. Je viens tous les jours entretenir le fourneau, cuisiner, faire la vaisselle, le ménage, et vous apporter des provisions.

    — C’est inutile, je peux le faire.

    — Non, non, j’ai des recommandations de m’dame Loison. Je dois faire avec vous comme je fais avec elle. Vous restez longtemps ? Vous êtes venue pour vous reposer, n’est-ce pas ?

    Éléonore se déroba à cette avalanche de paroles en quittant la salle de séjour pour sortir respirer la tiédeur du soleil. Là, au cœur de la pelouse, elle remarqua une chaise longue installée à l’ombre d’un pin, un siège qui, indubitablement, l’appelait à la détente.

    — Oui, dit-elle en se glissant entre les bras du transat, j’ai l’intention de me reposer.

    Son ardeur freinée, Adèle, qui l’avait accompagnée dans le jardin, demeura un peu dépitée devant la chaise longue sur laquelle s’étendait la jeune femme. Elle avait encore beaucoup de choses à dire à la nouvelle hôte des lieux, mais les yeux clos de celle-ci l’invitaient à la quitter.

    — Si vous n’avez besoin de rien, je vais partir, déclara-t-elle à contrecœur. Je n’habite pas loin, à peine un kilomètre. C’est là-bas.

    Et elle étira le bras en direction de la lande.

    — Vous prenez à votre droite et, après, à gauche. C’est la deuxième maison. N’hésitez pas à venir si vous avez besoin de quoi que ce soit, m’dame Courcel. Mais de toute façon je viendrai demain matin. Ne vous inquiétez pas, j’ai la clé, et si vous dormez, soyez sans crainte, je ne ferai pas de bruit, ajouta-t-elle en se dandinant, combattue par la froideur de cette femme alors qu’elle s’était fait une joie à l’idée de la recevoir et de l’arroser de papotages.

    Éléonore s’éveilla précisément quand le soleil se couchait sur l’océan. Elle avait dormi longtemps et la fraîcheur déposée sur la lande assoupie l’avait surprise dans son sommeil. La cuisine baignait dans la pénombre quand elle y pénétra. À de nombreuses reprises, elle se cogna contre la lourde table-huche et le banc, seuls meubles rescapés du furieux modernisme de Cécile, et sa maladresse lui arracha des grognements de contrariété. L’île Kendory était dépourvue d’électricité et, devant utiliser des moyens d’éclairage oubliés depuis longtemps, elle tâtonna à la recherche d’une lampe à pétrole. L’air de l’océan éveillant son appétit, elle examina la cuisine et distingua, dans la pâle lueur, une casserole sur le fourneau. Quand elle souleva le couvercle, le parfum délicieux d’un ragoût s’échappa et elle applaudit les talents de cuisinière d’Adèle.

    Fatiguée par son interminable voyage et le changement d’atmosphère, Éléonore dormit d’un sommeil de plomb au cours de sa première nuit sur l’île. Il était onze heures du matin quand elle se leva, et elle trouva Adèle dans la cuisine, en train de s’activer à la préparation du déjeuner.

    — Bonjour, m’dame Courcel. Nous avons une belle journée, commenta l’épouse de Victor en plaçant un bol de café devant Éléonore. Que faites-vous aujourd’hui ? Il y a de belles promenades à faire. L’île n’est pas grande, mais elle est magnifique. Je peux vous indiquer des endroits, des choses à voir. Je vis ici depuis ma naissance, vous savez !

    — Parlez-moi de Kendory, alors.

    Saisissant l’opportunité d’entretenir un bavardage ininterrompu, Adèle expliqua premièrement que ce petit bout de terre isolé dans l’océan, fait de nombreux récifs, était particulièrement hostile à la végétation, farouche à toute vie humaine. Cependant, un peuple d’Écosse ancienne chassé par l’ennemi n’avait pas eu d’autre choix que de s’établir sur ce tertre fourmillant d’écueils. Puis elle conta avec éloquence des anecdotes de l’île qui abrita des flibustiers pendant des siècles et qui devint finalement une escale pour les bateaux de marchandises. Elle rapporta aussi combien les marins-pêcheurs abondaient les décennies précédentes. Et, bien qu’ils fussent moins nombreux désormais, beaucoup pêchaient encore le germon, le requin-taupe, les sardines, les langoustes et les homards. Enfin, elle loua les côtes de Kendory, certaines fécondées de quelques chênes verts, d’autres beaucoup plus arides, voire particulièrement sauvages, et décrivit les landes où foisonnaient les moutons. Éléonore écoutait attentivement, captivée par les récits de la cuisinière, et voulut soudain s’emparer d’un papier, d’un crayon, afin de consigner les aventures de cette île et des insulaires. Elle s’obligea néanmoins à retenir ses doigts tendant vers le carnet et le stylo posés sur le buffet. Elle était ici pour se reposer et ne devait pas l’oublier. Cependant, cette île remarquable la fascinait, attirait inévitablement son besoin de noter ses émotions sur le papier. La petite pendule de la cuisine brisa ces instants féeriques en carillonnant. Adèle partit, promettant de revenir en fin de journée, et, dès qu’elle franchit le seuil, Éléonore se rua sur le calepin

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