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Le manuel de l'éducateur physique
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Livre électronique877 pages9 heures

Le manuel de l'éducateur physique

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À propos de ce livre électronique

Le manuel de l’éducateur physique propose une synthèse des fondements théoriques et pratiques permettant le développement des compétences d’un enseignant en éducation physique et à la santé (EPS), telles qu’elles sont définies dans le référentiel de compétences professionnelles de la profession enseignante du ministère de l’Éducation du gouvernement du Québec.
Dans le but de mieux outiller les étudiants en enseignement en EPS, mais également les intervenants des milieux scolaire et professionnel, cet ouvrage de vulgarisation explore la motivation du choix de carrière et les étapes du cheminement de l’éducateur, les dimensions éthiques et interculturelles, la notion d’intervention, de même que l’importance des technologies de l’information et de la communication, de l’éducation à la santé, de l’adaptation de la pratique ainsi que de l’insertion professionnelle. Les auteurs font ressortir les principes, les concepts et les éléments essentiels à la formation initiale pour que le lecteur soit ensuite en mesure d’amorcer une pratique réflexive sur sa profession. Divers tableaux, encadrés et exercices lui permettent également d’approfondir ses connaissances et de s’autoévaluer.
Plusieurs professeurs et chargés de cours des milieux collégial et universitaire ainsi que des intervenants spécialisés ont collaboré à la réalisation de ce manuel incontournable pour aider les éducateurs physiques à être toujours plus efficaces auprès de leurs élèves.
Linda Morency, titulaire d’un doctorat en psychopédagogie de l’Université Laval ainsi que d’une maîtrise en sciences de l’activité physique et d’une maîtrise en psychologie du même établissement, est professeure titulaire au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Claude Bordeleau détient un doctorat et une maîtrise en sciences de l’activité physique de l’Université Laval, en plus d’une maîtrise en médecine expérimentale de la même université. Il est professeur titulaire au Département des sciences de l’éducation de l’UQAC et responsable des programmes d’études en éducation physique et intervention pédagogique en sports.
LangueFrançais
Date de sortie7 août 2019
ISBN9782760551664
Le manuel de l'éducateur physique
Auteur

Linda Morency

Linda Morency, titulaire d’un doctorat en psychopédagogie de l’Université Laval ainsi que d’une maîtrise en sciences de l’activité physique et d’une maîtrise en psychologie du même établissement, est professeure titulaire au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

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    Aperçu du livre

    Le manuel de l'éducateur physique - Linda Morency

    Introduction

    Claude Bordeleau et Linda Morency

    Le Manuel de l’éducateur physique est issu de la collaboration de plusieurs auteurs ayant, pour la plupart, plusieurs années d’expérience en enseignement universitaire, ou encore une grande expertise dans un domaine particulier. L’approche mise de l’avant pour guider les auteurs a été de leur demander d’imaginer qu’ils sont en fin de carrière (ce qui est le cas de quelques-uns) et de définir, dans leur spécialité, les concepts qu’ils considèrent comme les plus importants pour des enseignants en éducation physique et à la santé (EPS). Somme toute, au moment d’amorcer leur réflexion pour écrire un chapitre, les auteurs devaient avoir en tête de donner un dernier conseil à un finissant ou à un enseignant du milieu : « Voilà, tu viens de terminer ta formation initiale, ou encore tu enseignes depuis un certain nombre d’années, j’aimerais absolument que tu retiennes… »

    Ce volume se veut également un travail de vulgarisation des connaissances scientifiques les plus pertinentes véhiculées dans leur domaine ou par des enseignants d’expérience. Outre les quelques références aux textes scientifiques qui se retrouvent dans chacun des chapitres, la plupart des textes présentent une section « Pour en savoir plus » qui permet d’offrir d’autres références susceptibles d’enrichir votre lecture.

    En outre, chacune des compétences professionnelles développées sous la responsabilité du ministère de l’Éducation du gouvernement du Québec pour la formation initiale à l’enseignement (le référentiel de compétences professionnelles de la profession enseignante) est couverte par un ou plusieurs chapitres. Tout comme les compétences, ces concepts sont interdépendants et leur maîtrise s’actualise progressivement au cours d’une carrière à la suite d’expériences particulières (essais et erreurs), de réflexions individuelles ou en groupes, de participations à des activités de formation continue, etc.

    Même si cet ouvrage est le fruit de nombreux auteurs, une des préoccupations majeures a été de faire en sorte que le style d’écriture privilégié soit uniforme et accessible aux lecteurs. Enfin, il a été demandé aux auteurs de présenter des contenus se rapprochant de la réalité de l’enseignant en éducation physique dans son milieu de vie professionnel.

    C’est en quelque sorte un héritage des connaissances les plus importantes que l’on aimerait léguer aux enseignants en EPS. Le souhait le plus sincère des auteurs est de contribuer humblement par cette production à aider les éducateurs physiques à être plus efficaces auprès de leurs élèves et à continuer à avoir du plaisir dans l’exercice de leur fonction.

    CHAPITRE 1

    Une philosophie

    Linda Morency et Claude Bordeleau

    CIBLES

    Être en mesure de définir les valeurs qui sous-tendent ses motivations intérieures.

    Faire la distinction entre une valeur personnelle et une valeur professionnelle.

    Percevoir les caractéristiques d’un enseignement de l’éducation physique et à la santé de qualité.

    QUESTIONS CLÉS

    Qu’est-ce qui motive une personne à choisir la carrière d’enseignant en éducation physique et à la santé ?

    Quelle est la différence entre une motivation intrinsèque et une motivation extrinsèque ?

    Quelles sont les caractéristiques d’un enseignant idéal ?

    Le choix de la profession d’enseignant en éducation physique et à la santé (EPS) repose la plupart du temps sur une réflexion approfondie ou de petites expériences qui laissent croire qu’une personne a certaines affinités avec les jeunes ou les adolescents, tout en ayant des compétences dans les domaines de l’activité physique (Pasco, 2009). Ce chapitre cherche à amorcer une réflexion sur les raisons pour lesquelles (le pourquoi) un enseignant en EPS opte pour cette carrière et sur les valeurs¹ qui peuvent y être associées.

    1. La motivation d’un choix de carrière

    Qu’est-ce qui motive une personne à choisir la carrière d’enseignant en éducation physique ? Comment en vient-elle à souhaiter passer une bonne partie de sa vie à s’occuper de jeunes ? En fait, certains individus vont choisir ce métier parce qu’ils aiment les enfants, le partage de connaissances ou encore le sport (Smith et Smoll, 2002). D’autres sont peut-être plus préoccupés par la santé des jeunes, ou attirés par le salaire et les conditions de travail. En fait, peu importe la raison pour laquelle une personne opte pour intervenir dans le domaine de l’activité physique, il n’en demeure pas moins que les motivations intérieures risquent de guider les actions et les valeurs que l’éducateur physique souhaite véhiculer (Martens, 2012 ; Pasco et Ennis, 2009).

    1.1. La personne aimant les enfants et les adolescents

    Il va de soi que d’aimer les enfants et les adolescents représente un atout pour un enseignant, même qu’il est presque inconcevable qu’un enseignant ne puisse pas les aimer ! Mais à quoi fait-on référence lorsque l’on mentionne qu’il faut aimer ses élèves ? Qu’est-ce que cela implique ? L’enseignant a de grandes responsabilités quand il intervient avec des jeunes en formation. Sa tâche ne se limite pas seulement à transmettre des connaissances ; plus spécifiquement, l’éducateur physique influence le développement moteur et l’acquisition de saines habitudes de vie. Également, il est amené à contribuer au développement psychologique, cognitif et social des enfants. Entre autres, il doit favoriser leur autonomie et leur sens des responsabilités, les guider pour qu’ils s’approprient leur propre développement en apprenant à réfléchir dans et sur l’action, pour ensuite être en mesure de se remettre en question. Par exemple, l’enseignant-entraîneur sportif (voir le chapitre 22 de cet ouvrage) doit poursuivre sa mission d’éducateur avec l’élève à partir du moment où ce dernier fait partie d’une équipe dans le cadre du parascolaire. Ainsi, quand l’élève-athlète subit une défaite lors d’une partie importante, est-il capable de féliciter les adversaires, au lieu de réagir uniquement avec colère et frustration ? Peut-il remonter le moral de ses coéquipiers ? Est-il apte à faire l’analyse de ses performances, ou encore à reconnaître les points techniques ou stratégiques qu’il aura à travailler dans les prochaines semaines ? Et surtout, a-t-il eu du plaisir à pratiquer cette activité sportive ?

    Comment une personne en vient-elle à souhaiter passer une bonne partie de sa vie à s’occuper de jeunes ?

    Aussi, aimer les enfants, c’est les encourager, les féliciter pour les bons coups, les consoler dans les moments difficiles, ou tout simplement leur offrir une écoute. L’enseignant doit agir en bon père de famille. Aimer les enfants signifie également que l’enseignant désire leur bien en tout temps, qu’il répond à leurs besoins et partage avec eux ses valeurs. Par conséquent, cela implique qu’à d’autres occasions, il doit réprimander l’enfant, le sanctionner, s’assurer qu’il respecte ses engagements, lui apprendre qu’il y a du monde autour de lui et comment il doit cohabiter avec les autres, etc. Ce concept d’amour va au-delà des apprentissages ; il touche certains aspects de l’éducation en général tels qu’apprendre à l’élève à dire bonjour, merci, à s’excuser quand il fait une erreur, etc.

    Pour d’autres enseignants, surtout en début de carrière, aimer les enfants peut consister à satisfaire davantage un besoin personnel, soit celui de se faire aimer (Boynton et Boynton, 2009). Trop souvent, de jeunes enseignants souhaitent tellement que leur cote de popularité soit élevée qu’ils n’osent pas afficher leurs limites, appliquer les règles de base d’un bon fonctionnement de groupe, apprendre à l’enfant à respecter ses pairs, ses enseignants, le matériel, l’environnement, etc. (Boynton et Boynton, 2009). Ces mêmes enseignants affichent souvent une fierté à dire qu’ils n’ont pas de problème avec leurs élèves, que tout va bien. Or, il est certain qu’à partir du moment où l’on ne contrarie pas un enfant, on a beaucoup moins de problèmes à court terme. Ainsi, pour un laps de temps, ces jeunes sont contents et l’éducateur physique aussi. Cependant, à moyen ou à long terme, l’enseignant devra établir ses limites de fonctionnement s’il veut vraiment interagir dans un climat d’apprentissage efficace et convivial.

    Aimer les enfants, c’est les encourager, les féliciter pour les bons coups, les consoler dans les moments difficiles, ou tout simplement leur offrir une écoute.

    L’enseignant doit agir en bon père de famille. Aimer les enfants signifie également que l’enseignant désire leur bien en tout temps, qu’il répond à leurs besoins et partage avec eux ses valeurs.

    Par conséquent, cela implique qu’à d’autres occasions, il doit réprimander l’enfant, le sanctionner, s’assurer qu’il respecte ses engagements, lui apprendre qu’il y a du monde autour de lui et comment il doit cohabiter avec les autres, etc.

    D’un autre côté, il est peu probable de se faire aimer de tous ses élèves. En effet, en partant de la prémisse selon laquelle un éducateur respecte ses valeurs et ses principes, il devra établir des limites de fonctionnement et les maintenir. Par exemple, si l’enseignant a comme valeur la franchise, il se peut qu’il ait tendance à réagir avec plus d’émotions à l’égard de l’enfant qui ment régulièrement. Cela ne veut pas dire que l’éducateur physique ne l’aime pas, mais il va devoir lui enseigner l’importance de dire la vérité et pourquoi. Le fait d’entamer cette démarche avec l’élève peut susciter de la contrariété ou un refus de collaboration ; d’un autre côté, s’il ment, c’est qu’il a ses raisons et il n’est pas prêt à vouloir changer sur-le-champ ce comportement. Pour d’autres enseignants, ne pas dire la vérité ne représente pas un réel problème. Ils considèrent qu’à l’occasion, une demi-vérité peut être perçue comme de la diplomatie et que toute vérité n’est pas toujours bonne à dire.

    Voici un autre exemple : si l’éducateur physique est contre la violence sous toutes ses formes, il peut avoir une réaction excessive à l’égard du jeune qui adopte des gestes d’agressivité dans les sports collectifs. Pensons à Thomas, en quatrième année, qui réagit régulièrement avec frustration au moment où il se fait enlever la balle au hockey cosom ou le ballon au minibasket. D’autre part, l’éducateur-entraîneur peut estimer qu’une bonne agressivité est essentielle dans son équipe de soccer, pourvu qu’elle soit bien contrôlée. Il pourrait donc avoir plus de tolérance envers notre ami Thomas.

    Il importe alors de prendre le temps de connaître le point de vue de l’élève et comment il perçoit la situation ou l’incident avant de réagir avec trop d’émotivité. Aimer les enfants, c’est également accepter qu’ils puissent avoir des valeurs différentes de soi. Chaque individu véhicule différemment ses valeurs. Il s’agit d’en prendre conscience et de voir comment les acteurs impliqués peuvent cohabiter sainement (Gillespie, 2011).

    1.2. Le pédagogue

    On retrouve également l’enseignant dans l’âme, le pédagogue, soit celui qui aime communiquer ses connaissances, celui qui aime faire apprendre par ses interventions. Ce type d’enseignant est habituellement bien préparé et son contenu bien planifié. Il s’assure que tout est prévu : le choix des éducatifs, la façon de gérer les transitions, le rassemblement de ses élèves, les évaluations, etc. (Gillespie, 2011). C’est souvent un perfectionniste. De plus, c’est probablement un enseignant efficace et bien organisé, un modèle d’éducateur physique (Smith et Smoll, 2002). On ne peut pas être contre la vertu ! Toutefois, malgré le fait que tous ces éléments liés à l’acte d’enseigner soient d’une grande importance, dans certaines circonstances, l’éducateur physique peut être amené à accepter le fait qu’au dernier cours du vendredi après-midi, plusieurs élèves veulent davantage s’amuser qu’apprendre. Ce genre d’enseignant accepte difficilement qu’à certains moments, leurs élèves n’apprennent pas ! Cela perturbe son organisation et sa planification et il ne veut surtout pas que ce groupe prenne du retard sur les autres. Alors il arrive qu’il insiste trop et occasionne un climat de travail difficile à la fois pour les élèves et pour lui-même.

    À l’occasion, l’éducateur physique peut accepter qu’une séance soit modifiée ; il y regagne avec le temps, parce que les élèves vont certainement lui être reconnaissants d’avoir su être à l’écoute de leurs besoins à ce moment précis.

    Certains éducateurs physiques se sont dotés de la mission de favoriser la santé des jeunes en les incitant à adopter de saines habitudes de vie.

    1.3. La santé des jeunes

    Certains éducateurs physiques se sont dotés de la mission de favoriser la santé des jeunes en les incitant à adopter de saines habitudes de vie. Ils s’intéressent à tout ce qui touche à la nutrition, aux habitudes de vie telles que la pratique régulière de l’activité physique, le sommeil, la gestion du stress, etc. Ils sont passionnés de tout ce qui a un rapport avec les facteurs de risque qui nuisent à la santé, tels que la consommation de drogue ou d’alcool, les conséquences de la sédentarité, les troubles anxieux, le temps alloué aux jeux vidéo, etc. Tant et si bien qu’à certaines fêtes comme Pâques ou Halloween, ces éducateurs physiques éprouvent de sérieux problèmes de conscience. En effet, quand ils voient circuler autant de chocolats ou de bonbons dans l’école, ils ont parfois l’impression d’avoir échoué dans leur mission, ou encore ils en déduisent que les autres membres du personnel ne respectent pas leur rôle de promoteur de saines habitudes de vie. Cet état d’esprit peut occasionner bien des tracas et des frustrations.

    Ces enseignants accordent beaucoup de temps aux habitudes de vie en dehors des cours en éducation physique. En effet, ils s’intéressent aux activités offertes au parascolaire, aux contenus des collations et des repas, etc., et proposent des projets en lien avec la santé. Pour eux, cela représente une préoccupation de tous les instants. D’un autre côté, même s’ils ont raison à bien des égards, il n’en demeure pas moins que ces éducateurs physiques se doivent de respecter d’autres valeurs que les gens entretiennent dans leur quotidien. Ainsi, ce type d’éducateur physique se doit d’être patient et d’attendre que ces personnes soient prêtes à modifier leurs habitudes de vie.

    1.4. Le salaire et les conditions de travail

    Comme autre motivation, le salaire et les conditions de travail jouent un rôle central chez certaines personnes qui choisissent cette profession. En début de carrière, ce type d’éducateur physique va certainement être enchanté d’avoir obtenu un poste ; toutefois, il se peut qu’au fil des ans, cela ne lui suffise pas. Ces motivations extrinsèques (salaire et conditions de travail) ne réussiront pas à combler toutes ses attentes. Les journées, les semaines et l’année seront de plus en plus longues. Au fil des années, ses aspirations concerneront de plus en plus le prochain congé et les vacances qui n’arrivent pas assez vite. Au quotidien, les enfants le dérangent, il considère qu’ils ne collaborent pas, ne pensent qu’à s’amuser, ne sont pas respectueux, pour en venir à penser : « Je ne suis pas payé assez cher pour endurer tout cela ! » Il est donc important pour cet enseignant de s’approprier des motivations plus intrinsèques et d’acquérir des compétences lui permettant d’avoir plus de plaisir au quotidien.

    Dans ce contexte, il arrive que l’éducateur physique se contente d’animer ses séances en faisant de l’occupationnel. On constate dans la majorité des cas que ses élèves se lassent de cette approche, sachant qu’ils ne s’améliorent pas d’un cours à l’autre ou d’année en année. Si ce type d’enseignant souhaite poursuivre sa carrière dans l’enseignement, il doit sérieusement penser à revenir aux bases d’un enseignant efficace. Les conséquences de ce manque de professionnalisme peuvent parfois être observées plus tard : ce qui est extrêmement malheureux avec ce type d’enseignant, c’est que ses élèves ne développeront pas suffisamment leurs habiletés motrices de base. Il n’est pas rare qu’un éducateur physique de niveau secondaire (premier cycle) soit en mesure de deviner, sans trop d’erreurs, de quelles écoles du primaire proviennent certains élèves selon leur développement moteur.

    1.5. Le sportif

    Enfin, on retrouve les passionnés de sport. Ce type d’individu aime faire du sport de façon démesurée et, par voie de conséquence, il choisit le métier où il pense pouvoir continuer à en faire. Malheureusement, cela ne prend pas beaucoup de temps à ce passionné pour désenchanter. Ce n’est plus lui qui fait l’action, mais ses élèves ! Il doit davantage observer au lieu d’agir ! À présent, c’est à lui que revient la tâche de favoriser le développement des habiletés motrices de ses élèves. Souvent, ce type d’enseignant ne rate pas une occasion de participer aux activités qu’il propose aux élèves. Or il doit prendre conscience qu’à partir du moment où un incident survient, c’est-à-dire qu’un élève se blesse, si l’éducateur physique n’était pas positionné sur le plateau d’enseignement pour observer et prévenir l’accident, il peut être sujet à des poursuites judiciaires et il s’expose à la possibilité d’être reconnu responsable de cette mésaventure. Quel dilemme ! De plus, s’il pratique l’activité avec ses élèves et même si cela les motive énormément à collaborer activement à la séance, il n’est pas en mesure de leur donner des rétroactions adéquates. Il importe pour cet enseignant de revoir en profondeur son choix de carrière en sachant qu’aimer faire du sport n’est pas synonyme de transmettre des connaissances. Celui qui est motivé par le premier est là pour lui-même, tandis que celui qui se soucie du second est là pour les élèves. Est-il prêt à opérer ce changement radical ? Cependant, ce type d’éducateur peut très bien faire un enseignant efficace en raison de sa passion du sport, s’il sait la transmettre à ses élèves. À son contact, les élèves souhaitent spontanément s’adonner à l’activité proposée. De plus, ce type d’enseignant est un grand promoteur de l’activité physique et un modèle de personne active physiquement.

    1.6. L’éducateur physique idéal

    Cela nous amène à l’enseignant idéal, soit celui qui aime les enfants (et les adolescents), manifeste de l’intérêt et même de la passion à communiquer ses connaissances, se préoccupe de la santé de ses élèves, est satisfait de son salaire et de ses conditions de travail, et est un adepte inconditionnel de sport. Somme toute, il s’agit de faire ressortir les aspects positifs de chacune des catégories ci-haut mentionnées. Il y a du bon dans chaque personne et dans chaque approche. L’éducateur physique efficace est celui qui sait avec à-propos quand, où et comment faire intervenir les aspects dont il a besoin en fonction des circonstances (Bandura, 2007) !

    Cependant, l’éducateur physique doit avant tout se demander quelles sont ses valeurs, celles qu’il souhaite communiquer, ou encore celles qu’il désire que ses élèves s’approprient dans leur mode de vie (Pasco et Ennis, 2009). Ces valeurs vont le guider dans sa mission d’éducateur et dans celle de son établissement scolaire (Banville, Genet-Volet et Desrosiers, 2001).

    2. Les valeurs

    Les valeurs correspondent aux variables qui guident nos comportements. Au sens large, une valeur correspond à ce qu’une personne souhaite obtenir, à l’objectif qu’elle s’est fixé, à ce qu’elle privilégie et qui la motive : le respect, le professionnalisme, l’amitié, l’autonomie, l’amour, la liberté, etc. Plus précisément, l’éducateur physique doit agir en fonction de deux principales catégories de valeurs, soit ses valeurs personnelles et ses valeurs professionnelles (Pasco, Kermarrec et Guinard, 2008).

    Une valeur correspond à ce qu’une personne souhaite obtenir, à l’objectif qu’elle s’est fixé, à ce qu’elle privilégie et qui la motive : le respect, le professionnalisme, l’amitié, l’autonomie, l’amour, la liberté, etc.

    2.1. Les valeurs personnelles

    Ces valeurs représentent ce à quoi l’éducateur physique s’identifie en tant que personne, ce qu’il trouve important dans la vie, ce qui guide ses choix, ses actions ou l’héritage qu’il souhaite laisser. Elles sont davantage associées à sa vie privée. Il doit les connaître, car elles influencent consciemment ou inconsciemment ses actions au quotidien. Par exemple, si l’autonomie est un aspect qu’il considère comme fondamental, il risque de manquer de tolérance à l’égard de celui qui dépend constamment des autres, qui passe son temps à demander l’avis ou l’approbation des autres. Prendre conscience de ses valeurs, c’est trouver les moyens pour s’entourer de gens (conjoint, famille, amis) ou d’un contexte (milieu de vie, loisir) qui les fait respecter, plutôt que de ressentir un malaise en se retrouvant dans un milieu qui ne leur correspond pas, ou encore de subir celles des autres. L’exercice suivant vous permettra de déterminer vos propres valeurs ; la justification vous aidera à percevoir les moments dans le quotidien où elles sont véhiculées.

    Prendre conscience de ses valeurs, c’est trouver les moyens pour s’entourer de gens (conjoint, famille, amis) ou d’un contexte (milieu de vie, loisir) qui les fait respecter, plutôt que de ressentir un malaise en se retrouvant dans un milieu qui ne leur correspond pas, ou encore de subir celles des autres.

    EXERCICE

    Choisissez trois de vos valeurs PERSONNELLES parmi les suivantes.

    2.2. Les valeurs professionnelles

    Les valeurs professionnelles servent de référence à l’éducateur physique dans l’action, de guide dans ses rapports avec ses élèves, ses collègues ou sa direction d’école. Dans plusieurs milieux d’éducation, le collectif s’est donné des valeurs à respecter par l’ensemble du personnel. Par conséquent, l’éducateur s’engage à mettre de l’avant les valeurs et les règles de bon fonctionnement qui y sont associées. Cela ne l’empêche pas de mettre en avant ses propres valeurs professionnelles avec ses élèves, mais elles ne doivent pas aller à l’encontre de celles de l’école.

    Est-ce que l’enseignant a pris le temps de réfléchir à ses propres valeurs professionnelles ? Il est possible de retrouver les mêmes valeurs sur le plan professionnel et personnel, mais des distinctions peuvent exister. Voici un second exercice pour faciliter l’analyse de vos valeurs professionnelles.

    Cet exercice peut paraître banal, mais il permet à l’enseignant de donner un sens à ses interventions. Sa pensée critique évolue à la lumière de ses principes et de ses valeurs. Ainsi, la philosophie de l’enseignant en éducation physique lui donne un cadre de référence lors de ses questionnements, comparaisons et conceptualisations (Morency et Bordeleau, 2012). Avec ce chapitre, nous souhaitons avoir dégagé l’importance, pour l’éducateur physique, de cerner sa philosophie afin qu’il puisse assurer davantage sa responsabilité dans le développement global des élèves qui lui sont confiés.

    EXERCICE

    Choisissez trois de vos valeurs PROFESSIONNELLES parmi les suivantes.

    QUOI RETENIR

    L’enseignant doit avant tout connaître ses motivations intérieures et les ajuster au monde extérieur en fonction des besoins de ses élèves et de son milieu de travail.

    Les valeurs d’un enseignant sont souvent à l’origine de certains choix, de certaines interventions, mais il doit d’abord en prendre conscience pour reconnaître leur rôle.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    BEHETS, D. et L. VERGAUWEN (2004). « Value orientations of elementary and secondary physical education teachers in Flanders », Research Quarterly For Exercise and Sport, 75 (2), p. 156-164.

    FAMOSE, J.-P. (2001). La motivation en éducation physique et en sport, Paris, Armand Colin.

    GIRARD, S., R. CHOUINARD et J. ST-AMAND (2015). « Climat motivationnel et buts de maîtrise en éducation physique : rôle modérateur du sexe et du sentiment de compétence », Revue phénEPS/PHEnex Journal, 7 (1), p. 1-20.

    MONFETTE, O., J. GRENIER et C. GOSSELIN (2015). « Influence des stages sur le sentiment d’efficacité personnelle de stagiaires en enseignement de l’éducation physique et à la santé », Carrefour de l’éducation, 2 (40), p. 139-153.

    MORIN, E. (2000). Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Paris, Seuil.

    RÉFÉRENCES

    BANDURA, A. (2007). Auto-efficacité : le sentiment d’efficacité personnelle, Bruxelles, De Boeck.

    BANVILLE, D., Y. GENET-VOLET et P. DESROSIERS (2001). « Analyse des valeurs véhiculées dans le programme d’études d’éducation physique au secondaire au Québec », Science & Motricité, 42, p. 37-46.

    BOYNTON, M. et C. BOYNTON (2009). Prévenir et régler les problèmes de discipline, Montréal, Chenelière Éducation.

    GILLESPIE, L.B. (2011). « Exploring the How and Why of value orientations in physical education teacher education », Australian Journal of Teacher Education, 36 (9), p. 58-74.

    MARTENS, R. (2012). Successful Coaching, 4e éd., Windsor, Human Kinetics.

    MORENCY, L. et C. BORDELEAU (2012). « Philosophie de l’entraîneur », dans L. Morency et C. Bordeleau (dir.), Le manuel de l’entraîneur sportif, Montréal, Québec/Amérique, p. 25-32.

    PASCO, D. (2009). « Les orientations de valeur en EPS », Revue EPS, 335, p. 26-28.

    PASCO, D. et C.D. ENNIS (2009). « Les orientations de valeur des enseignants. Une revue de question en éducation physique », Science & Motricité, 1 (66), p. 85-112.

    PASCO, D., G. KERMARREC et J.-Y. GUINARD (2008). « Les orientations de valeur des enseignants d’éducation physique. Influence du sexe, de l’âge et de l’ancienneté », STAPS, 81, p. 89-105.

    SMITH, R.E. et F.L. SMOLL (2002). Way to Go, Coach ! A Scientifically-proven Approach to Coaching Effectiveness, 2e éd., Palo Alto, Warde Publishers Inc.

    1 Les mots en gras dans le texte sont défi dans le glossaire à la fin de l’ouvrage.

    CHAPITRE 2

    L’éthique et l’enseignement en éducation physique

    Linda Morency et Claude Bordeleau

    Le professionnalisme se réfère à un état ou à une attitude qu’une personne a développés au cours d’un processus de socialisation professionnelle et qui fait en sorte qu’elle adhère aux normes communes partagées par le groupe de professionnelles ou de professionnels. En conséquence, on s’attend d’un maître qu’il fasse preuve de professionnalisme, c’est-à-dire qu’il respecte dans sa pratique la procédure et les normes partagées dans sa profession (Bourdoncle, 1991).

    Ministère de l’Éducation du Québec, 2001, p. 131.

    CIBLES

    Savoir reconnaître des comportements éthiques d’un enseignant en éducation physique.

    Percevoir des attitudes éthiques à l’égard des élèves et des membres du personnel.

    Réaliser l’importance d’avoir une gestion de classe avec peu de règles.

    QUESTIONS CLÉS

    Qu’implique un comportement responsable d’un enseignant en éducation physique ?

    Sur le plan éthique, quel est le principal objectif d’un enseignant ?

    À quelle occasion l’éducateur physique peut-il demander de l’information sur un élève à un autre membre du personnel ?

    L’enseignant en éducation physique doit intervenir de façon responsable auprès de ses élèves et établir le lien de confiance nécessaire à la réussite de leur développement physique, intellectuel, psychologique et social. Aussi, un comportement responsable implique d’être en mesure de justifier et d’expliquer ses actions tant auprès de ses élèves, des parents et de la direction que de ses pairs (Paquay, 2012 ; St-Vincent, 2017). Le choix de ses décisions et de ses interventions repose sur une analyse et une compréhension de la situation qui tiennent compte de ses valeurs et de celles véhiculées par l’école dans l’accomplissement de son travail (Prairat, 2013). En fait, son principal objectif est de faire évoluer positivement tous ses élèves en les aidant à atteindre leurs buts. Il considère également les particularités et les besoins de chacun de ses élèves au lieu d’essayer de les amener au même endroit de la même façon (Vinet, 2012). L’attitude éthique d’un enseignant en éducation physique est essentielle tant envers ses élèves qu’envers tous les membres du personnel de l’école.

    L’enseignant en éducation physique doit intervenir de façon responsable auprès de ses élèves et établir le lien de confiance nécessaire à la réussite de leur développement physique, intellectuel, psychologique et social.

    1. Le comportement éthique envers les élèves

    L’éthique professionnelle exige de l’enseignant qu’il puisse créer un climat de confiance avec ses élèves et un milieu de vie où il est agréable de venir apprendre. En effet, il est responsable de placer ses élèves dans des conditions qui vont favoriser l’acquisition des différents apprentissages visés, et ce, de façon sécuritaire (Bélair, 2012). Afin d’avoir un comportement éthique à l’égard de ses élèves, l’enseignant en éducation physique et à la santé (EPS) doit posséder plusieurs caractéristiques, comme être équitable, démontrer du respect, adapter ses décisions à l’égard des élèves avec des besoins particuliers, ne pas être rancunier, adopter la confidentialité en tout temps et encadrer les élèves avec peu de règles (Ministère de l’Éducation du Québec [MEQ], 2001 ; Portelance, 2008).

    L’enseignant en EPS doit tout mettre en œuvre pour favoriser le développement intégral de tous ses élèves et pas seulement celui de quelques-uns.

    1.1. L’équité

    L’enseignant en EPS intervient auprès de ses élèves pour leur bien, peu importe les sentiments ou impressions qu’il entretient à l’égard de certains élèves ou de la situation. Il doit tout mettre en œuvre pour favoriser le développement intégral de tous ses élèves et pas seulement celui de quelques-uns (Portelance, 2008). Il doit également réussir à faire abstraction de ses émotions et réagir avec un maximum d’objectivité en gardant en tête qu’il est avant tout là pour eux. Par exemple, un éducateur physique ne peut intervenir différemment à l’égard des filles et des garçons seulement parce qu’il entretient le préjugé que ces derniers sont, entre autres, plus habiles sur le plan moteur que les filles… (Louveau, 2012) En tout temps, il se doit d’offrir un cadre d’enseignement équitable à tous ses élèves.

    L’enseignant en EPS qui adopte un comportement éthique évite d’avoir des préférés ou des rejets (Morency, 1993). Il détermine ses règles de fonctionnement en n’excluant personne sur la base autant du genre, de l’orientation sexuelle, de la religion et des antécédents familiaux que sur les habiletés motrices. L’exemple suivant montre une attitude à ne pas avoir : l’éducateur physique donne comme consigne que les élèves ne doivent pas dépasser la personne en avant d’eux dans l’exécution d’un parcours d’habiletés individuelles, sauf Sophie parce qu’elle ne va pas assez vite avec son surplus de poids. De même, l’enseignant se doit d’adopter des règles équitables pour tous ses élèves. Par exemple, depuis quelques mois, l’enseignant a beaucoup de difficulté à obtenir la collaboration de Charles, qui n’en fait qu’à sa tête. Cependant, sur le plan des habiletés motrices, Charles obtient les meilleurs résultats de son groupe. Dans ce cas, l’enseignant ne peut diminuer subjectivement la note d’évaluation de Charles au moment du bulletin uniquement parce que ce dernier ne collabore pas. Il ne doit non plus permettre à certains qui appliquent la plupart du temps les règles d’avoir une chance de plus de déroger à l’une d’elles sous prétexte, justement, que d’habitude, ces élèves les respectent.

    Les choix d’évaluation de l’enseignant doivent donc être justes et équitables et répondre aux exigences du programme de formation du ministère (MEQ, 2001).

    L’enseignant évite les critères qui reposent sur une appréciation subjective et qui laissent place à l’interprétation de la part des élèves et des parents.

    Les choix d’évaluation de l’enseignant doivent donc être justes et équitables et répondre aux exigences du programme de formation du ministère (MEQ, 2001). L’enseignant évite les critères qui reposent sur une appréciation subjective et qui laissent place à l’interprétation de la part des élèves et des parents. De plus, tout au long de l’année, l’enseignant prend l’habitude d’avoir des traces en prenant régulièrement des notes ; en voici quelques exemples :

    Mathieu a eu une altercation avec Serge. Ces derniers doivent remettre une fiche de réflexion sur leur comportement et la faire signer par les parents pour le prochain cours.

    Marie n’a pas son costume, pour la troisième fois.

    Mario a grandement amélioré son comportement.

    Noémie participe davantage.

    Luc est arrivé en retard.

    Le groupe de secondaire 3b est rendu au 6e éducatif, celui du 3c est au 8e éducatif.

    Le 1er éducatif en 4e année est trop facile.

    Cette habitude de travail aide grandement l’éducateur physique quand il doit justifier certaines de ses interventions.

    1.2. Le respect

    On s’attend de l’enseignant qu’il respecte l’élève dans la collectivité, c’est-à-dire qu’il prenne en considération les particularités de chacun de ses élèves et leurs besoins individuels en même temps que le groupe apprend à vivre ensemble et à se respecter mutuellement (Gohier, 2007). Pour cela, l’éducateur physique leur transmet des règles de bon fonctionnement claires et précises afin d’éviter une interprétation erronée de leur part. Ces règles sont avant tout émises pour favoriser une dynamique de groupe harmonieuse. Il en va de même pour les élèves qui doivent apprendre à respecter l’enseignant, la direction, l’environnement, le matériel mis à leur disposition, etc. (Prairat, 2013). L’application de ce concept requiert beaucoup de jugement et de maturité de la part de l’enseignant, parce que les événements ne sont pas toujours limpides. On s’attend donc de ce dernier qu’il soit en mesure de se remettre en question par la pratique réflexive, qu’il prenne le temps d’analyser les pour et les contre (Paquay et Wagner, 2012).

    1.3. Les élèves avec des besoins particuliers

    On s’attend également à ce que l’enseignant puisse s’adapter à différentes situations problématiques et qu’il les gère de façon professionnelle et efficace. Par exemple, deux élèves ont une altercation parce que l’un d’eux n’a pas appliqué la règle du jeu, ou encore Alexandre manifeste son insatisfaction en tenant des propos déplacés envers l’enseignant, tout en ajoutant qu’il ne veut plus participer à l’activité proposée en blasphémant en direction de l’éducateur physique. Dans ces situations, l’enseignant peut se sentir perturbé et ses valeurs personnelles peuvent être mises à rude épreuve. Dans ces cas de figure, le défi est d’amener les élèves à réfléchir sur leurs actions et les aider à trouver eux-mêmes une solution acceptable au problème dans lequel ils ont été impliqués (Vinet, 2012). L’enseignant en EPS réalise alors beaucoup plus un travail d’accompagnement et de guide auprès de ses élèves en mettant de côté ses perceptions et en étant ouvert à leurs problématiques. Sa capacité d’accueil doit être sans reproche, il n’y a pas de place au jugement ou à tout autre comportement négatif (Prairat, 2013). Par la suite, il décide du comportement le plus éthique à adopter. Ainsi, lors de l’altercation entre deux élèves et dans le cas de celui qui a été impoli, l’éducateur physique peut choisir d’appliquer la règle de l’école, mais avant, il a pris le temps d’écouter les versions des personnes impliquées. Pour faire suite à l’incident, l’éducateur physique peut faire sa propre réflexion et constater que la façon dont il a présenté l’activité a tout simplement favorisé la désorganisation des élèves et qu’il est, en quelque sorte, à la source du problème, ou encore, qu’il n’a pas été assez alerte pour réagir aux premiers signaux d’un comportement inapproprié. Il peut alors dire aux élèves qu’il a fait une erreur, mais il ne peut accepter qu’ils règlent leur problème en se battant, et qu’au prochain cours, il va corriger la situation. Par contre, si l’enseignant n’est pas à la source de ce conflit, il doit entreprendre des démarches pour résoudre le problème.

    La capacité d’accueil de l’enseignant doit être sans reproche, il n’y a pas de place au jugement ou à tout autre comportement négatif.

    1.4. Sans rancune

    À chaque début de période, l’éducateur physique se doit de remettre les compteurs à zéro en évitant d’entretenir des rancunes en réponse à un comportement inapproprié d’un élève lors d’une séance précédente. Il doit avoir une attitude d’ouverture et ainsi favoriser une meilleure attitude du jeune pour la séance du jour. Si dès le début du cours, l’élève a l’impression que l’enseignant entretient un a priori négatif à son égard, cela peut faire en sorte qu’il décide d’avoir un comportement dérangeant. Dans le cas où l’élève adopterait sans raison apparente un comportement inacceptable, il est préférable pour l’enseignant, avant de réagir avec trop d’émotions négatives, d’attendre que chacun se soit calmé. À la suite de cette accalmie, l’enseignant doit prendre encore une fois le temps d’écouter la version de l’élève et d’essayer de comprendre pourquoi il agit de cette façon : peut-être qu’il n’aime pas l’éducation physique, peut-être qu’il a des problèmes personnels, etc. La préoccupation de l’enseignant est de trouver une solution qui aide l’élève à grandir dans cette situation (Prairat, 2013). Il faut se rappeler que dès que l’enseignant réagit pour arrêter une situation désagréable, il doit être conscient que cela correspond également au commencement de la réflexion sur la façon dont il va réintégrer les jeunes fautifs.

    1.5. La confidentialité

    En tout temps, l’éducateur physique doit respecter la confidentialité des informations transmises par un élève et éviter de parler de ce dernier en présence d’une tierce personne ; par exemple, il ne doit pas exprimer des opinions au sujet d’un élève dans la salle du personnel (Lafortune et al., 2008). Quand l’enseignant a besoin d’acquérir des informations sur un de ses élèves auprès d’un membre du personnel de l’école, c’est uniquement dans le but de mieux comprendre la situation du jeune afin d’intervenir plus efficacement. Il est impératif que la collecte d’informations se fasse dans un environnement privé. Pour Prairat (2009), le jeune doit se sentir en sécurité psychologique en tout temps. Par exemple, il est important pour l’enseignant de savoir que les parents de Marc viennent de divorcer. Il peut ainsi être plus compréhensif et accepter qu’il ne soit pas toujours au meilleur de sa forme.

    En tout temps, l’éducateur physique doit respecter la confidentialité des informations transmises par un élève et évite de parler de ce dernier en présence d’une tierce personne ; par exemple, il ne doit pas exprimer des opinions au sujet d’un élève dans la salle du personnel.

    Parfois, c’est l’élève qui désire se confier ; il doit alors se sentir en sécurité et en confiance en tout temps quand il est en présence de l’enseignant (Desaulniers, 2012). Toutefois, dans le cas où la sécurité de l’élève peut être mise en doute, l’éducateur physique peut consulter la direction sur la meilleure façon d’intervenir, ou encore, il peut demander à l’élève s’il l’autorise à faire des démarches. Ce pourrait être le cas, par exemple, si un élève lui confie qu’il a été victime d’abus sexuels à la maison et qu’il n’en peut plus.

    1.6. Le peu de règles

    Il est toujours préférable d’avoir peu de règles de fonctionnement, mais de bien tenir celles établies (Boynton et Boynton, 2009). Cependant, deux critères représentent des incontournables, soit la sécurité des élèves et le respect de soi et des autres (Prairat, 2013). Trop souvent, l’éducateur physique planifie plusieurs règles auxquelles les élèves doivent obtempérer tout au long de l’année : par exemple, on ne parle pas en même temps que moi, on ne bouscule pas un ami, au début du cours on s’assoit en silence à sa place, etc. Toutefois, au fil des semaines, l’éducateur physique constate la lourdeur de faire respecter l’ensemble de ses règles et il en met quelques-unes de côté. À partir de ce moment-là, les élèves peuvent en conclure qu’en insistant un peu plus, ils vont pouvoir faire ce qu’ils veulent, ce qui a souvent comme conséquence de fragiliser l’autorité de l’enseignant.

    L’avantage d’établir peu de règles est d’offrir à l’enseignant plus de marge de manœuvre pour traiter certaines situations délicates sans avoir à enfreindre ses propres règles.

    Par exemple, avec l’enfant ayant un déficit de l’attention avec hyperactivité, l’enseignant doit accepter qu’il bouge un peu plus qu’un autre pendant les explications au tableau. Sinon, le jeune va se retrouver constamment en situation de punition et ce type d’élève a particulièrement besoin d’avoir une dépense d’énergie physique. Il importe donc de considérer les besoins particuliers de certains élèves ou de certains groupes (St-Vincent, 2017).

    L’avantage d’établir peu de règles est d’offrir à l’enseignant plus de marge de manœuvre pour traiter certaines situations délicates sans avoir à enfreindre ses propres règles. Cela lui permet également d’avoir la possibilité d’adopter une approche individualisée, surtout avec les groupes où il y a plusieurs élèves avec des troubles du comportement.

    2. Le comportement éthique envers les autres membres du personnel

    On s’attend de l’éducateur physique qu’il mette en pratique ce qu’il enseigne à ses élèves, c’est-à-dire le respect de ses collègues et de leur intégrité. Il évite de colporter des informations fausses ou qui les fragilisent (St-Vincent, 2017). S’il y a présence de conflit ou de divergence d’opinions avec un collègue, il est préférable de rencontrer le collègue en privé pour résoudre le problème au lieu d’en parler avec une autre personne qui n’est pas concernée. Cette approche n’est pas toujours facile à adopter, mais elle est plus productive et ce comportement est plus éthique professionnellement.

    L’enseignant en EPS qui évolue dans une école fait régulièrement face à des opinions, à des valeurs différentes des siennes (St-Vincent, 2017). Dans ce contexte, on s’attend de l’enseignant en EPS qu’il respecte ses engagements et adopte des comportements responsables. Il ne doit pas oublier qu’à partir du moment où il s’engage à appliquer une règle de fonctionnement établie par l’ensemble du personnel, il est inapproprié de ne pas la faire respecter parce qu’il n’y adhère pas (Piché, 2012). Par exemple, si l’on demande à tout le personnel de l’école de ne pas accepter qu’un élève s’exprime avec des mots vulgaires, tous doivent le faire. Si pour certains, cela n’est pas important, l’éducateur physique se doit de respecter la consigne, peu importe s’il trouve l’incident mineur. Il est toujours plus facile de faire perdre une mauvaise habitude à un jeune quand tout le monde va dans le même sens.

    QUOI RETENIR

    L’enseignant se doit d’afficher des règles qui sont claires et comprises par les élèves.

    Il doit avoir peu de règles, mais les faire respecter.

    Il ne doit pas garder de rancune à l’égard de l’élève qui n’a pas adopté un comportement adéquat au cours précédent.

    Il doit arrimer ses interventions avec celles du personnel de l’école.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    AUDRIEU, B. (2012). « La fin du fair-play ? », Revue EPS, 350, p. 13-14.

    BARKER, D.M., N. BARKER-RUCHTI et U. PÜHSE (2013). « Constructive readings of interactive episodes : Examining ethics in physical education from a social constructionist perspective », Sport, Education and Society, 18 (4), p. 511-526.

    DESAULNIERS, M.-P. et F. JUTRAS (2012). L’éthique professionnelle en enseignement : fondements et pratiques, Québec, Presses de l’Université du Québec.

    LYNAGH, M., K. CLIFF et P.J. MORGAN (2015). « Attitudes and beliefs of nonspecialist and specialist trainee health and physical education teachers toward obese children : Evidence for Anti-fat bias », Journal of School Health, 85 (9), p. 595-603.

    MEIRIEU, P. (2007). Le choix d’éduquer, 2e éd., Paris, ESF.

    MOREAU, D. (2012). L’éthique professionnelle des enseignants : enjeux, structures et problèmes, Paris, L’Harmattan.

    MORGAN, W. (2018). Ethics in Sport, 3e éd., Windsor, Human Kinetics.

    PERRENOUD, P. (2012). L’organisation du travail, clé de toute pédagogie différenciée, Paris, ESF.

    RÉFÉRENCES

    BÉLAIR, L. (2012). « La formation à la complexité du métier d’enseignant », dans L. Paquay, M. Altet, É. Charlier et P. Perrenoud (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, De Boeck.

    BOURDONCLE, R. (1991). « La professionnalisation des enseignants : analyses sociologiques anglaises et américaines », Revue française de pédagogie, 94, p. 73-91.

    BOYNTON, M. et C. BOYNTON (2009). Prévenir et régler les problèmes de discipline, Montréal, Chenelière Éducation.

    DESAULNIERS, M.-P. (2012). « La responsabilité professionnelle des enseignants. L’éthique professionnelle : dimension intrinsèque du travail d’enseignant », Apprendre et enseigner aujourd’hui, 2 (1), p. 20-24.

    GOHIER, C. (2007). « Mise à jour d’enjeux éthiques de la profession enseignante au collégial », Pédagogie collégiale, 20 (2), p. 30-35.

    LAFORTUNE, L., S. THIBODEAU, J. TICON et E. WALTHER (2008). « Développer et évaluer la compétence éthique en formation à l’enseignement », dans L. Lafortune, S. Ouellet, C. Lebel et D. Martin (dir.), Réfléchir pour évaluer des compétences professionnelles à l’enseignement : deux regards, l’un québécois et l’autre suisse, Québec, Presses de l’Université du Québec, p. 239-256.

    LOUVEAU, C. (2012). « L’éthique sportive face à la discrimination des femmes », Revue EPS, 350, p. 15-17.

    MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION DU QUÉBEC (MEQ) (2001). La formation à l’enseignement : les orientations, les compétences professionnelles, Québec, Gouvernement du Québec.

    MORENCY, L. (1993). Pygmalion en classe : les enseignants accordent-ils une chance égale d’apprendre à tous leurs élèves ?, Québec, Presses Inter Universitaires.

    PAQUAY, L. (2012). « Continuité et avancées dans la recherche sur la formation des enseignants », dans L. Paquay, M. Altet, É. Charlier et P. Perrenoud (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, 4e éd., Bruxelles, De Boeck, p. 5-26.

    PAQUAY, L. et M.-C. WAGNER (2012). « Compétences professionnelles privilégiées dans les stages et en vidéo-formation », dans L. Paquay, M. Altet, É. Charlier et P. Perrenoud (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, 4e éd., Bruxelles, De Boeck, p. 181-210.

    PICHÉ, R. (2012). « L’éthique en enseignement en formation professionnelle. La pédagogie et l’éthique : pour qui, pour quoi et comment ? », Apprendre et enseigner aujourd’hui, 2 (1), p. 28-30.

    PORTELANCE, L. (2008). « L’évaluation intégrée à la formation par compétences », dans L. Lafortune, S. Ouellet, C. Lebel et D. Martin (dir.), Réfléchir pour évaluer des compétences professionnelles à l’enseignement : deux regards, l’un québécois et l’autre suisse, Québec, Presses de l’Université du Québec, p. 13-34.

    PRAIRAT, E. (2009). « Le minimalisme déontologique : raisons sociologiques et pertinence éthique à l’heure du pluralisme moral », dans F. Jutras et C. Gohier (dir.), Repères pour l’éthique professionnelle des enseignants, Québec, Presses de l’Université du Québec, p. 31-51.

    PRAIRAT, E. (2013). La morale du professeur, Paris, Presses universitaires de France.

    ST-VINCENT, L.-A. (2017). L’agir éthique de la direction d’établissement scolaire : fondements et résolution de problèmes, Québec, Presses de l’Université du Québec.

    VINET, C. (2012). « Les cours d’éthique et de culture religieuse. Posture professionnelle et éducation éthique dans le cours d’éthique et culture religieuse (ECR) au secondaire », Apprendre et enseigner aujourd’hui, 2 (1), p. 40-43.

    CHAPITRE 3

    Le leadership de l’éducateur physique et de l’élève

    Linda Morency, Manon Bordeleau et Claude Bordeleau

    Le leadership, c’est l’art de faire faire à quelqu’un quelque chose que vous voulez voir fait, parce qu’il a envie de le faire.

    Dwight Eisenhower

    Leaders don’t create followers, they create more leaders.

    Tom Peters

    CIBLES

    Faire la distinction entre le leadership administratif et le leadership pédagogique.

    Se familiariser avec trois types de leadership.

    Percevoir des avantages et des inconvénients de certains styles de leadership.

    Expliquer les raisons pour lesquelles un éducateur physique se doit d’adopter différents styles de leadership.

    QUESTIONS CLÉS

    Comment décrire un leader efficace en enseignement de l’éducation physique ?

    Pourquoi est-il essentiel d’exercer un leadership efficace en éducation physique ?

    Quelles actions un enseignant peut-il mettre de l’avant pour améliorer son leadership ?

    Est-il important pour l’éducateur physique d’avoir du leadership auprès du personnel de l’école ?

    Le leader se définit comme étant la personne (éducateur physique) qui exerce une influence sur un groupe (élèves) dans le but de l’aider à progresser à la réalisation d’une tâche (apprentissage). Le leadership peut être de nature positive ou négative. Ce processus d’influence s’opère avec le temps par des attitudes et des actions concrètes faisant en sorte que le groupe accepte ou non que leur enseignant les guide vers des apprentissages tout au long de l’année.

    Le leadership en milieu scolaire est souvent abordé sous l’angle managérial (directeur, directeur adjoint, directeur du personnel, etc.), donc sous l’angle de celui qui exécute des tâches de gestion, le leader administratif. Ce chapitre aborde le leadership de l’enseignant auprès de ses élèves, de ses collègues, puis se clôt avec des pistes pour développer celui des jeunes.

    1. Le leadership pédagogique de l’enseignant en éducation physique

    Au sein d’un groupe, une ou des personnes ressortent parce qu’elles ont une influence plus importante sur les autres et parce qu’elles sont naturellement prédisposées à guider ou mener le groupe : ce sont des leaders. Ces leaders peuvent changer selon la situation qui se présente au groupe. De ce fait, l’influence qu’elles exercent représente la mesure du leadership.

    En enseignement, le titre de « leader » est habituellement octroyé par le groupe d’élèves et non par l’enseignant. En effet, dans une vision plus élargie, si l’éducateur physique souhaite devenir le leader de ses élèves ou auprès des membres de son école, il doit d’abord obtenir leur reconnaissance en étant crédible à leurs yeux. Aussi, le leadership pédagogique s’inspire des notions managériales. Selon Dale Carnegie (1993, p. 213), écrivain et conférencier américain, «  [l]a réussite d’une organisation est due pour 15 % aux compétences techniques et pour 85 % aux compétences humaines, à la personnalité et aux qualités de leader ».

    Si l’éducateur physique souhaite devenir le leader de ses élèves ou auprès des membres de son école, il doit d’abord obtenir leur reconnaissance en étant crédible à leurs yeux.

    Le leader enseignant correspond à une figure d’autorité capable d’inspirer et d’influencer un groupe à aller vers des apprentissages préalablement établis. Certaines caractéristiques sont associées à un leader efficace. En éducation physique, l’enseignant doit accepter le fait qu’il a sous sa responsabilité un groupe d’élèves, ce qui implique

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