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L'été du renouveau: Tome 2
L'été du renouveau: Tome 2
L'été du renouveau: Tome 2
Livre électronique383 pages5 heures

L'été du renouveau: Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Suite aux récentes révélations, la vie de Marjolaine a bien changé...

Marjolaine est une fillette de huit ans qui a un problème relationnel avec sa maman. Elle grandit à Mazerolles, un charmant petit village situé à proximité de Mont-de-Marsan.
Durant sa scolarité, Marjolaine s’attache bien vite à son institutrice, Emilie Berthomieu ; celle-ci jouera un rôle important dans son existence.
De nature sensible, l’état physique de la petite fille se fragilise. Et c’est au cours de l’été que le destin s’accélère : un évènement imprévisible vient bouleverser le cours des choses.
Cela permettra-t-il à la maman de Marjolaine d’ouvrir son cœur ?
Serait-ce enfin l’été du renouveau ?

Découvrez sans plus attendre le second tome du récit de la vie de Marjolaine, une fillette au destin mouvementé.

EXTRAIT

L’après-midi tirait à sa fin ; installé sur le canapé, Stan observait sa compagne. La jeune femme sortait sur le balcon à intervalles réguliers pour fumer une cigarette ; très nerveuse elle jeta le paquet vide à la poubelle.
— Tu fumes beaucoup trop, fais attention.
— Fous-moi la paix, non mais de quoi je me mêle ? Occupe-toi de tes affaires, ça vaudra mieux !
Stan ne fit aucun commentaire, ne voulant pas augmenter l’agressivité de sa compagne ; de plus, ce lundi soir était particulier : en effet il conduisait Marjolaine à l’hôpital Sainte-Anne où l’on allait mettre en place sa première dialyse rénale. Bien sûr, au fond de lui le compagnon de Yolande éprouvait une certaine angoisse, mais en même temps son cœur battait plus vite en songeant à Lison. Il allait la revoir et cette perspective le réjouissait : cette jeune femme l’attirait, il devait bien le reconnaître. Stan avait cru remarquer qu’il ne lui était pas indifférent et ça lui procurait de la douceur dans son quotidien ; et puis Lison s’attachait à Marjolaine en lui apportant la tendresse qui lui manquait tellement.
Oui vraiment il s’agissait d’une belle rencontre : Dieu avait placé Lison sur son chemin au moment le plus important et Stan n’en doutait pas ; jetant un coup d’œil sur sa montre il constata que l’heure avait tourné très vite.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née en 1950 à Toussieu (Rhône), célibataire, Jeannine Pagnoud est retraitée depuis 2010 de la profession de secrétaire commerciale au sein d’une société de la banlieue lyonnaise. Elle se consacre entièrement à l’écriture à laquelle elle voue une véritable passion. Ses romans se situent n’importe où, n’importe quand, selon le plaisir et l’inspiration du moment.
LangueFrançais
Date de sortie12 mars 2019
ISBN9782378778057
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    Aperçu du livre

    L'été du renouveau - Jeannine Pagnoud

    1

    L’après-midi tirait à sa fin ; installé sur le canapé, Stan observait sa compagne. La jeune femme sortait sur le balcon à intervalles réguliers pour fumer une cigarette ; très nerveuse elle jeta le paquet vide à la poubelle.

    — Tu fumes beaucoup trop, fais attention.

    — Fous-moi la paix, non mais de quoi je me mêle ? Occupe-toi de tes affaires, ça vaudra mieux !

    Stan ne fit aucun commentaire, ne voulant pas augmenter l’agressivité de sa compagne ; de plus, ce lundi soir était particulier : en effet il conduisait Marjolaine à l’hôpital Sainte-Anne où l’on allait mettre en place sa première dialyse rénale. Bien sûr, au fond de lui le compagnon de Yolande éprouvait une certaine angoisse, mais en même temps son cœur battait plus vite en songeant à Lison. Il allait la revoir et cette perspective le réjouissait : cette jeune femme l’attirait, il devait bien le reconnaître. Stan avait cru remarquer qu’il ne lui était pas indifférent et ça lui procurait de la douceur dans son quotidien ; et puis Lison s’attachait à Marjolaine en lui apportant la tendresse qui lui manquait tellement.

    Oui vraiment il s’agissait d’une belle rencontre : Dieu avait placé Lison sur son chemin au moment le plus important et Stan n’en doutait pas ; jetant un coup d’œil sur sa montre il constata que l’heure avait tourné très vite. Quittant le canapé, le compagnon de Yolande se rendit dans la chambre de Marjolaine. Installée à son bureau, elle dessinait ; prenant place à ses côtés, Stan lui parla d’une voix douce.

    — Il est presque dix-sept heures, « ma princesse ». Il ne faut pas tarder si on ne veut pas arriver en retard.

    Poussant un soupir la fillette rangea son dessin et répondit :

    — Oui, je sais. Maman a préparé mes affaires. Puis elle ajouta en souriant :

    — Chic, Lison va s’occuper de moi, je suis drôlement contente !

    — Tu l’aimes bien, n’est-ce pas ?

    — Oh oui, et elle aussi. Allez on y va, Stan ?

    — OK Si tu es prête, nous partons.

    Quand ils sortirent de la chambre, Yolande s’approcha de sa fille.

    — Viens, que je te fasse un bisou, Marjolaine.

    Surprise la fillette l’embrassa.

    — Au revoir maman.

    — Allez va, tout se passera bien je sais que tu es courageuse. Donc tu vas passer la nuit à Sainte-Anne et Stan ira te chercher demain matin.

    Marjolaine sortit la première ; avant de fermer la porte, Stan se retourna.

    L’espace d’un instant, il aperçut des larmes dans les yeux de sa compagne, mais il songea : « j’ai sans doute rêvé… »

    Nous étions en fin de journée et de nombreuses personnes rentraient chez elles, aussi la circulation était dense et il fallait être patient. Peu avant d’arriver à Mont-de-Marsan, il y eut un embouteillage et un bouchon se forma. Derrière son volant, Stan pesta.

    — Et flûte, zut, si ça continue nous allons être en retard !

    Marjolaine éclata de rire.

    — Oh Stan tu as dit : « et flûte, zut ! » Mais on est partis en avance, heureusement !

    Cette réflexion eut pour effet de détendre un peu le compagnon de Yolande.

    — C’est vrai, tu as raison ma chérie.

    Enfin la circulation retrouva son cours normal. La nuit tombait peu à peu quand ils arrivèrent à l’hôpital Sainte Anne. Le parking étant encore bien encombré, Stan rangea son véhicule dans une rue adjacente.

    Il s’exclama :

    — Terminus, tout le monde descend !

    Puis il ouvrit la portière arrière et Marjolaine sortit de la voiture.

    — Viens, « ma princesse », on y va.

    Tout en marchant, la fillette saisit la main de Stan ; à mesure qu’ils approchaient de l’entrée, Marjolaine lui serra la main plus fortement.

    Elle ne parlait pas, mais par ce geste l’enfant lui communiquait son angoisse. Une fois de plus Stan songea « cette gosse me donne encore une leçon de courage. Seigneur, protégez-là ! »

    Alors, ralentissant l’allure, il se pencha et la prit dans ses bras.

    — N’aie pas peur, « ma poupée », ça va bien se passer. Tu n’auras pas mal, et puis n’oublies pas : Lison sera là !

    Il la couvrit de baisers et sentit sa tension retomber.

    — Oui, t’as raison Stan.

    À présent la nuit était complètement tombée. Le compagnon de Yolande se dirigea vers l’accueil ; il apposa simplement sa signature sur un document administratif. Ensuite, tous deux empruntèrent l’ascenseur jusqu’au deuxième étage. Les femmes de service distribuaient les plateaux-repas et il régnait une certaine agitation ; c’était aussi le moment des visites : les gens allaient et venaient.

    Soudain Marjolaine s’écria :

    — C’est ma chambre : le numéro 12 !

    Au même moment, Lison apparut au bout du couloir ; un sourire illumina son visage et ouvrant les bras la jeune femme appela sa petite patiente.

    — Coucou Marjolaine, viens vite dans mes bras, ma jolie poupée !

    Lison serra la fillette tout contre elle durant de longues minutes. Enfin relâchant son étreinte l’infirmière s’approcha du compagnon de Yolande.

    — Bonsoir, Stan, je suis très heureuse de vous revoir. Évidemment je préférerais que ce soit dans un lieu différent.

    — Bonsoir Lison ; moi aussi j’ai grand plaisir à vous rencontrer.

    — Parfait ; vous êtes arrivés un peu en avance. Venez.

    Puis elle poussa la porte de la chambre, suivie de Stan et Marjolaine. Une machine équipée d’écrans et d’autres appareils était disposée à proximité du lit.

    — Installe-toi, « ma poupée ». Retire tes vêtements et enfile cette chemise ; ensuite tu t’allonges sur le lit.

    Comme d’habitude la petite fille s’exécutait sans faire de commentaires. Stan se tenait un peu en retrait tout en observant Marjolaine et les gestes de l’infirmière. Cette dernière lui demanda de sortir, le temps d’installer Marjolaine.

    Le compagnon de Yolande s’approcha du lit et dit :

    — À tout de suite « ma princesse », je reviens !

    Dans le couloir de nombreuses personnes se croisaient : c’était le moment des visites et celui du repas. Tout cela créait pas mal de mouvement ; l’espace d’un instant, il songea « tous ces gens viennent voir, qui un proche, qui un ami. Ils ne se doutent peut-être pas combien leur venue est importante pour le patient hospitalisé….. » La porte de la chambre s’ouvrit, interrompant ses réflexions.

    — Vous pouvez rentrer, j’en ai terminé.

    — Merci, Lison.

    Le compagnon de Yolande prit place près du lit de Marjolaine.

    — T’as vu, Stan, c’est une grosse machine avec des tuyaux et des écrans ; ça tient de la place !

    — Tu as raison, ma chérie. Tu sais quoi ? J’ai apporté ton livre et tout à l’heure, avant que tu dormes je t’en lirai quelques pages.

    — Oh oui, Stan. Je veux bien !

    L’infirmière procédait aux derniers branchements et elle dit :

    — Voilà, tout est prêt ; on mettra cette « grosse machine » en route à vingt heures. En attendant, je t’allume la télé ?

    — Oui, merci Lison.

    Ensuite la jeune femme quitta la pièce, suivie de Stan. Il proposa :

    — Puis-je vous offrir un café ?

    — Volontiers ; il y a un distributeur de boissons à l’étage.

    Tous deux se trouvaient devant l’appareil et le compagnon de Yolande demanda :

    — Vous prenez un café, Lison ?

    — Non, à la réflexion j’en ai déjà beaucoup trop bu. Je préfère un chocolat.

    La jeune femme devinait l’angoisse de Stan et elle le rassura sans plus attendre.

    — Ne vous inquiétez pas. Marjolaine n’aura pas mal ; de plus, la dialyse va se dérouler pendant son sommeil. Ainsi elle ne se rendra compte de rien.

    — Je serai là. Comme vous pouvez vous en douter, une surveillance régulière est exercée.

    Stan soupira.

    — Merci, Lison. Je suis inquiet : Marjolaine n’a que huit ans ! Dites-moi, combien de temps dure la dialyse ?

    — En règle générale c’est entre trois et cinq heures. Donc cela débute à vingt heures et s’achèvera vers une heure du matin. Il y aura trois séances par semaine, et bien entendu Une visite chez le néphrologue, Monsieur Clavel sera prévue.

    toutes les six semaines. Voilà, j’ai résumé les points importants.

    — Et je vous en suis très reconnaissant. À présent je me sens un peu apaisé.

    Il se tut avant d’ajouter :

    — Votre présence m’est bénéfique, Lison. J’aimerais beaucoup vous revoir, mais à l’extérieur.

    La réponse jaillit immédiatement.

    — Moi aussi, Stan.

    — Accepteriez-vous une invitation à déjeuner au restaurant, un jour où vous serez de repos ?

    — Oui avec plaisir. Cette semaine je fais les nuits, ici dans le service ; ensuite j’aurai des jours de repos.

    — Parfait. Seulement je connais assez mal Mont-de-Marsan et vous laisse le choix du lieu.

    — Eh bien, on peut aller déjeuner au « Petit Goulu » ; ce restaurant est à dix minutes de Sainte Anne. Il est ouvert le dimanche et les prix sont tout à fait abordables. J’y vais parfois avec des collègues et nous n’avons jamais été déçus.

    Tout joyeux Stan s’exclama :

    — Va pour « Le petit Goulu » ! Je vous laisse le soin de réserver pour dimanche prochain ?

    — Entendu, pas de problème ; bon à présent on retourne auprès de Marjolaine.

    Soudain le compagnon de Yolande saisit les mains de la jeune femme et les porta à ses lèvres.

    Demeurée seule dans l’appartement tandis que Stan se trouvait à l’hôpital aux côtés de Marjolaine, Yolande se sentait mal dans sa peau. Elle appela sa copine de toujours.

    — Bonsoir Gaby, pardon de téléphoner aussi tard, mais je flippe, tu sais.

    — Que se passe-t-il, ma yoyo ? Ta voix tremble, je crois savoir pourquoi tu es comme ça : ta fille est à Sainte Anne et va subir sa première dialyse. C’est ça ?

    Alors, à l’autre bout du fil, Yolande éclata en sanglots. Très surprise par cette réaction, Gaby ne trouva rien à dire sur le moment, mais elle se reprit très vite.

    — Calme-toi, yoyo. Ne t’angoisse pas trop pour Marjolaine ; tu sais ils font des dialyses à des enfants beaucoup plus jeunes. Dominique me l’a confirmé.

    — Alors pas de panique.

    — Oui, t’as raison. Seulement s’il arrive quelque chose à Marjolaine ils vont tous me tomber dessus. Stan le premier, mais aussi ma mère, Romy et Sylvain, sans compter cette enseignante, Mademoiselle Berthomieu. Elle ne peut pas m’encadrer et moi non plus d’ailleurs. De toute manière c’est une vieille fille aigrie et jalouse, forcément.

    — Voyons, arrête, yoyo ! Tout se passera bien pour Marjolaine, tu verras. Il faut te dire ceci : ta fille est malade et on la soigne, d’accord ?

    — Oui, tu as raison, Gaby. Dis-moi, on pourrait sortir toutes les deux un de ces soirs, histoire de se changer les idées ?

    — Pourquoi pas ? On verra, je te passerai un coup de fil. Embrasse Marjolaine bien fort de ma part.

    — Entendu. À bientôt, Gaby.

    En raccrochant, la copine de Yolande se sentait irritée et elle songeait : « Tout de même, yoyo exagère. Elle ne verse pas de larmes sincères venues d'un cœur de maman, comme on pourrait s’y attendre. Non, en fait ce qui la préoccupe c’est plutôt la réaction de ses proches. Stan, Charlotte, Romy et Sylvain la connaissent bien et savent qu’elle joue la comédie. Mon Dieu, yoyo n’aime pas sa fille et ça ne changera pas. » Gaby se souvenait très bien : yoyo vivait une relation tumultueuse avec Tony Gallino. Elle l’aimait éperdument, c’était un amour fou. Mais Gaby l’avait mise en garde : Tony était loin d’éprouver les mêmes sentiments à l’égard de sa maîtresse ; il s’agissait d’un bellâtre qui plaisait aux femmes. Et d’ailleurs il en usait et en abusait, collectionnant les conquêtes.

    Avec Yolande Tony n’avait eu aucun mal pour la séduire ; à l’époque elle recherchait désespérément un homme qui comblerait le vide instauré après le départ brutal de son papa

    Alors Yolande était tombée dans les bras de Tony ; ils avaient vécu ensemble pendant quelques mois. Au début il s’agissait d’un amour sans nuages, mais au fil du temps, le compagnon de Yolande s’absentait de plus en plus souvent. Oh, bien sûr il prétextait des chantiers se trouvant à l’autre bout de la France, mais en fait son travail lui fournissait d’excellents alibis. Gaby avait de sérieux doutes, cependant elle se gardait bien d’aborder le sujet avec sa copine. Très amoureuse de son bel italien yoyo ne l’aurait même pas écoutée.

    Et puis, tous les éléments s’étaient enchaînés très rapidement. Depuis deux mois Tony partait pendant une semaine entière : un chantier important se mettait en place et son chef requérait sa présence. Yolande avait des problèmes pour le joindre au téléphone ; c’est durant cette période qu’elle ressentit des nausées matinales ainsi que des malaises. Elle en fit part à sa copine et Gaby comprit aussitôt : Yolande était enceinte mais elle refusait cela et niait l’évidence. Un jour, Tony cessa d’écrire et de téléphoner : de toute évidence son choix était fait. Il quittait sa maîtresse mais agissant lâchement, ce séducteur n’avait pas eu le courage de lui parler en face. Désemparée, Yolande se trouva prise au piège ; le médecin qu’elle consulta lui confirma sa grossesse. Seulement, il était trop tard pour envisager une IVG. Et c’est à partir de là que Yolande se mit à haïr Tony d’une manière absolue ; malheureusement cette haine elle la nourrissait également pour l’enfant en gestation.

    Ensuite, pendant sa grossesse Yolande ne cessait de maudire son compagnon, le qualifiant « d’ignoble personnage » et lui souhaitant le plus de mal possible. Parfois cette violence effrayait Gaby mais elle s’inquiétait surtout pour le bébé que portait sa copine, car Gaby ressentait déjà le rejet de cet enfant non désiré. En fait Yolande lui en voulait déjà avant sa venue au monde ; oh, certes elle avait essayé de tempérer un peu toute cette colère, mais en pure perte. Gaby redoutait le moment de la naissance, et l’avenir allait lui donner raison, hélas… « Mon Dieu, Marjolaine est une petite fille adorable qui aime sa maman. Quoi de plus normal ? Cette gosse souffre terriblement : Yolande ne lui manifeste que de l’indifférence ; rien ni personne ne pourra lui ôter cette haine implacable enfouie au fond de son cœur ».

    Soudain, Gaby parla tout haut : « Je suis pratiquement sûre d’une chose : Yolande aime toujours Tony Gallino, son bel italien. Où est-il à présent ? J’ai essayé de le rechercher sur Internet, mais en vain. Quel gâchis ! Après tout, cet homme serait peut-être heureux d’apprendre qu’il est le papa de Marjolaine ? Mais comment faire ? Laissons agir le destin, sait-on jamais. En tout cas je le souhaite de tout cœur, surtout pour Marjolaine qui est malade, et mérite de connaître l’amour de ses parents, comme cela doit être. Oui vraiment, yoyo a un cœur de pierre, et au fond je la plains.

    2

    Le mois de Mai était achevé, le temps passait vite ; Marjolaine avait déjà subi trois séances de dialyses qui s’étaient assez bien déroulées. Comme convenu avec Emilie Berthomieu, la fillette se reposait à la maison au lendemain de la dialyse ; cependant, Stan allait bientôt repartir pour son travail et il redoutait ce moment. Le compagnon de Yolande pensait avant tout à Marjolaine et à ses problèmes de santé. Toutefois il était rassuré sur un point important : Romy se chargeait de conduire sa nièce à Sainte Anne, à la date prévue pour sa dialyse.

    Quelques jours avant son départ pour la Hongrie, Stan et Romy avaient accompagné Marjolaine à Sainte Anne. La fillette était aux anges : sa marraine se trouvait à ses côtés ! Cerise sur le gâteau : Lison travaillait de nuit, et ainsi les deux jeunes femmes avaient pu échanger ensemble. Ce soir-là, Romy avait remarqué l’attirance réciproque existant entre Lison et Stan. Tout au fond d’elle-même la marraine de Marjolaine s’en réjouissait : Stan méritait le bonheur et il envisageait de quitter Yolande. Romy songeait « Quelle différence avec ma sœur, toujours sur la défensive, sans cesse de mauvaise humeur. Et surtout elle n’aime pas sa fille ; Lison est tout le contraire : charmante, douce et manifestant de la compassion envers les patients, en particulier pour les enfants. D’ailleurs Marjolaine m’a confié que cette infirmière lui fait des bisous et des câlins. Mon Dieu, cette gosse en a tellement besoin !

    — Alors oui, je bénis le Seigneur d’avoir favorisé cette rencontre qui sera très bénéfique pour Marjolaine, j’en suis persuadée.

    Le dimanche précédant le départ de Stan pour la Hongrie, et Lison ayant réservé une table « Au Petit Goulu », tous deux se retrouvèrent sur place peu avant midi. Il faisait un temps radieux et l’été arrivait dans quelques jours ; d’un commun accord ils firent le choix de déjeuner en terrasse. De nombreuses familles s’installaient peu à peu autour d’eux. En effet, ce restaurant ouvert le dimanche pratiquait une cuisine traditionnelle, simple mais savoureuse et les tarifs étaient très raisonnables.

    Stan regardait Lison avec intensité, et on pouvait parler de ferveur. Pour cette rencontre la jeune femme avait opté pour une tenue classique, mais néanmoins décontractée qui la mettait en valeur. De taille moyenne, brune coiffée d’une longue natte, Lison possède de magnifiques yeux verts. La jeune infirmière ne porte aucun bijou ; elle est légèrement maquillée. Avec son visage doux et avenant, Lison inspire confiance et considère son métier d’infirmière comme un véritable sacerdoce. La jeune femme avait revêtu une robe de couleur rouge avec des sandales assorties. Très détendu, Stan s’exclama :

    — Quelle délicieuse apparition, voici un petit chaperon rouge ! Bienvenue à vous. Puis il ajouta :

    — On pourrait se tutoyer, ce serait sympa ?

    — OK, tu as raison, Stan ; je suis ravie de partager ce repas avec toi.

    — Moi aussi. Tu sais quoi, j’ai pensé à ce moment durant toute la semaine : je me sens bien en ta compagnie.

    La jeune femme l’observait tout en songeant « Il a l’air heureux, cet homme ne dissimule pas ses sentiments, et puis c’est un joli garçon : Stan possède un charme particulier qui doit plaire aux femmes…. »

    Peu à peu les clients du « Petit Goulu » prenaient place et la terrasse était déjà bien occupée. Un garçon s’approcha de la table et leur proposa un apéritif. Stan se tourna vers Lison.

    — Volontiers, une fois n’est pas coutume.

    — C’est vrai ; nous prendrons deux apéritifs maison, je vous prie.

    — Entendu, je vous les apporte tout de suite.

    Lison avait les yeux pétillants et un beau sourire éclairait son visage. Elle semblait très détendue et contente de se trouver là. Ils trinquèrent tous les deux et Stan porta un toast.

    — Je lève mon verre à toi, Lison, à ta grâce à ton sourire et à ta gentillesse.

    Touchée par ces propos, la jeune femme dit simplement :

    — À nous, Stan.

    Au cours du repas elle questionna le jeune photographe.

    — Donc, si je me souviens bien, tu pars en Hongrie dans quelques jours ?

    — C’est ça. Je quitte la France le 20 Juin avec mon équipe habituelle de journalistes ; comme prévu, ce sera Romy, la marraine de Marjolaine qui la conduira à Sainte-Anne. Tu la connais, je crois ?

    — Oui, on a eu l’occasion de discuter et je la trouve fort sympathique. Elle a des enfants ?

    — Eh non, hélas. Romy a déjà fait trois fausses couches et a des problèmes pour mener une grossesse à son terme ; d’ailleurs, avec son mari Sylvain ils envisagent sérieusement l’adoption. Romy adore Marjolaine et dès que son travail le lui permet, elle s’occupe de sa filleule. De son côté, ma « petite princesse » lui voue une très grande affection.

    — En effet, je l’ai remarqué lors du séjour que Marjolaine a fait ici, pour son bilan.

    Lison se tut et Stan lui sut gré pour sa discrétion : elle n’avait fait aucune allusion au sujet de Yolande. Le déjeuner touchait à sa fin et la jeune femme prit la parole :

    — C’était simple et délicieux, comme d’habitude. Avec les collègues de travail, on vient ici depuis de nombreuses années et nous n’avons jamais été déçus.

    Stan confirma :

    — C’est vrai et je reviendrai bien volontiers.

    Après le dessert, Lison proposa :

    — Si tu veux, on peut aller au jardin public, histoire de se dégourdir les jambes ; il y a un joli kiosque à musique, tu verras.

    — OK, allons-y !

    Sous le soleil radieux, des promeneurs flânaient dans les allées. Bien arboré, le lieu était agrémenté de parterres fleuris très agréables à contempler.

    Stan observa :

    — Ces couleurs multiples forment un ensemble harmonieux et ce jardin est parfaitement entretenu.

    Ils marchaient côte à côte et Stan prit Lison par la main, tout naturellement. Au détour d’une allée, ils s’installèrent sur un banc ; Lison tourna la tête et le jeune photographe saisit son visage entre ses mains. Posant ses lèvres sur les siennes, ils échangèrent un long baiser…

    — Je t’aime Lison, et depuis notre première rencontre tu occupes toutes mes pensées.

    — Je t’aime aussi, Stan. Tu es celui que j’espérais depuis toujours ; oui, je te rendrai heureux si tu veux bien partager mon existence.

    — C’est mon vœu le plus cher, mon ange. Demain je pars pour Budapest, tu vas me manquer.

    — Toi aussi. Ton absence va être difficile à supporter. Tu restes combien de temps en Hongrie ?

    — Une quinzaine de jours, mais tu pourras me joindre le soir à mon hôtel : ainsi j’entendrai ta voix. Tiens, voici mon téléphone.

    — Entendu, je t’ai noté le mien. Ainsi nous resterons en contact ; surtout, n’aie aucune crainte au sujet de Marjolaine. Pendant toute la semaine qui arrive, je travaille de nuit à Sainte Anne. Compte sur moi, « ta petite princesse » ne manquera pas de tendresse.

    — Je le sais, et t’en remercie infiniment, Lison.

    Il se tut et ajouta :

    — À mon retour, on se fera un gros câlin, nous deux !

    La jeune infirmière se mit à rire.

    — Mais j’y compte bien, Monsieur Bokonoff !

    Stan précisa :

    — Donc, demain soir ce sera Romy qui conduira Marjolaine à l’hôpital. De toute façon Yolande travaille de nuit au journal, et c’est beaucoup mieux comme ça, surtout pour « ma petite princesse ».

    Stan dit soudain :

    — Je n’aime plus ma compagne, la maman de Marjolaine et j’envisage sérieusement de la quitter. Elle se montre tellement indifférente à l’égard de sa fille ! Oh, bien sûr ça ne se traduit pas avec une violence physique, mais mentale, ce qui est beaucoup plus grave selon moi. Tu sais Lison, j’ai fait des efforts, mais là je ne supporte plus de partager ma vie avec Yolande. Son comportement vis-à-vis de Marjolaine est indigne d’une mère : jamais un câlin, pas la moindre tendresse. Cette gosse en souffre depuis sa petite enfance, car elle aime sa maman, malgré tout. Mon Dieu, heureusement je suis là, tout comme Romy, Sylvain et Charlotte, la grand-mère de « ma puce ».

    Stan s’était exprimé avec une certaine véhémence et Lison l’écoutait attentivement. Il se tut et observa la jeune femme ; le visage grave, elle dit simplement :

    — Je comprends, Stan. À présent je veux te parler des réflexions faites par mes collègues.

    — Plusieurs d’entre elles avaient noté le manque de tendresse exprimé par Marjolaine : cette petite fille recherchait les câlins, c’était évident. Pendant la pause on en parlait ensemble et leur opinion était unanime : privée d’amour maternel, Marjolaine tentait de le trouver ailleurs. Tu sais, la plupart des infirmières sont mamans et ressentent instinctivement ce genre de choses. Mon Dieu, ta « petite princesse » est tellement attachante ! On ne peut pas demeurer insensible devant cette enfant ! En tout cas, je me suis attachée à elle et réciproquement.

    Pour toute réponse, Stan la prit dans ses bras et la serra tout contre lui.

    — Merci à toi de comprendre si bien cette situation particulière, ma chérie. Un jour je te raconterai l’histoire de Yolande, la maman de Marjolaine ; ainsi tu découvriras sa personnalité tellement complexe.

    En ce bel après-midi lumineux, de nombreux promeneurs déambulaient dans les allées du jardin public ; l’été arrivait dans deux jours et une véritable douceur s’installait dans un ciel limpide. Oui vraiment, les beaux jours s’annonçaient et ça se ressentait dans le comportement des gens : ils semblaient beaucoup plus gais et détendus.

    Stan jeta un coup d’œil discret sur sa montre et se leva.

    — Désolé, mon cœur, mais le temps a passé si vite avec toi ! Je vais rentrer car j’ai encore des choses à faire.

    — Tu pars de bonne heure demain matin ?

    — Oui, un collègue passe me chercher à cinq heures. On doit être à l’aéroport de Pau à sept heures, et il faut faire environ 56 km depuis Mont-de-Marsan.

    — Ah oui, ce n’est pas tout près. Tu vas me manquer, Stan !

    — Toi aussi, mais heureusement il y a le téléphone ; je te recommande de bien veiller sur « ma petite princesse », surtout.

    — N’aie crainte, tu peux me faire confiance.

    — Je sais. Allez, viens vite dans mes bras. Tous deux demeurèrent enlacés durant de longues minutes. Ensuite Stan s’éloigna après avoir échangé un dernier baiser avec la jeune femme. Quelques instants plus tard, en rejoignant le parking à pas lents, Stan songeait « Oh ma Lison, tu me manques déjà ».

    3

    Le soleil brillait dans un ciel limpide ; nous étions à la mi-juin et la grande douceur des températures permettait de porter des tenues légères. C’était mercredi et Marjolaine aurait bien aimé rester encore un peu au lit. En effet, la veille elle avait subi une dialyse et se sentait épuisée.

    Soudain Yolande fit irruption dans la chambre et ouvrit les volets et la fenêtre.

    — Debout, paresseuse il fait beau temps ! Je vais en profiter pour changer les draps et tu vas m’aider. D’abord, descends à la cuisine, ton petit déjeuner est prêt. Ensuite tu feras ta toilette, et ne traînes pas. C’est compris ?

    Obéissante, la fillette sortit du lit avec difficulté. En descendant l’escalier, elle s’agrippa fortement à la rampe : ses jambes étaient flageolantes. Parvenue à la cuisine, Marjolaine prit place devant son bol de cacao ; l’odeur lui soulevait le cœur. Après avoir versé un peu de céréales, elle avala deux ou trois cuillères de ce breuvage, et repoussa le bol assez rapidement. Yolande pénétra dans la pièce en coup de vent. Jetant un coup d’œil sur la cafetière, la jeune femme s’exclama :

    — Oh zut il ne reste presque plus de café, tu le fais, Marjolaine ? Allons bouge-toi un peu !

    Alors, levant ses jolis yeux bleus vers sa maman, l’enfant déclara :

    — J’ai eu la dialyse hier, et je suis bien fatiguée.

    Excédée, Madame Boyer répondit :

    — Oh, tu te plains sans cesse, c’est pénible à la fin ! Tu es malade et on te soigne, alors sois patiente. Prends donc exemple sur ta copine Léa. Elle a de bien meilleures notes que toi et est tout le temps en pleine forme ! Arrête de geindre, une bonne fois pour toutes. Ah, ma pauvre fille, on se demande à qui tu ressembles !

    Les larmes aux yeux, Marjolaine se dirigea vers la salle de bains. S’appuyant sur le rebord du lavabo elle fit sa toilette avec difficulté ; le cœur gros elle pensait toujours à la même chose : « Mais pourquoi maman est si méchante avec moi ? Je l’aime et elle ne m’aime pas… » La fillette achevait tout juste sa toilette quand la voix puissante de Yolande se fit entendre :

    — Tu descends bientôt, ou faut-il que je monte te chercher ? Ma pauvre fille, tu es bien « une tortue » !

    Involontairement, Marjolaine serra les poings : les propos de sa maman lui faisaient du mal, beaucoup de mal… Cependant, la perspective du retour de Stan, prévue pour la mi-juillet adoucissait sa peine. Lorsque le compagnon de Yolande franchissait le seuil de l’appartement, c’était un moment de joie intense pour la fillette. Tout d’abord venaient les câlins, dont Stan n’était pas avare ; la petite fille se blottissait dans ses bras et il la couvrait de baisers. Ensuite, comme une sorte de rituel le jeune photographe pensait toujours à rapporter un jouet ou bien un livre qu’il offrait à Marjolaine. Avec ses collègues journalistes de terrain, Stan parcourait le monde et arrivait toujours à dénicher le présent qu’il destinait à la fillette.

    Bref, Stan aimait tendrement Marjolaine, et c’était réciproque. Au cours d’un repas dominical réunissant Charlotte Boyer, la grand-mère de la fillette, Romy, sa marraine et Sylvain, son époux, la petite

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