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Vengeances en Creuse: Polar
Vengeances en Creuse: Polar
Vengeances en Creuse: Polar
Livre électronique175 pages1 heure

Vengeances en Creuse: Polar

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À propos de ce livre électronique

Dans un milieu rural hostile, l'inspecteur Castellon essaie de faire progresser son enquête au sujet d'une paysan assassiné.

Un paysan est retrouvé assassiné dans un bois. Lorsque l’inspecteur Castellon prend en charge le dossier, un suspect est déjà inculpé, c’est André Roure, un jeune Réunionnais. Le policier s’interroge sur cette conclusion aussi rapide avec une culpabilité qui arrange tout le monde. L’enquête progressera de rebondissement en rebondissement dans un milieu hostile, peu ouvert à la confidence.Un retour dans la Creuse des années soixante qui hésite entre progrès et conservatisme. Les foires rythment la vie rurale, les réseaux publics d’eau potable ne desservent pas encore toute la population, les tracteurs et les diverses machines agricoles modernes apparaissent aux côtés des chevaux et des boeufs.

Afin de réduire les effets de l’exode rural qui saigne les campagnes, les autorités font appel à des enfants originaires de l’île de la Réunion.

Afin de réduire les effets de l’exode rural qui saigne les campagnes, les autorités font appel à des enfants originaires de l’île de la Réunion. L'auteur du crime est-il bien le jeune Réunionnais inculpé ?

EXTRAIT

Le rapport du médecin légiste et le PV des constatations de la scène du crime n’apportaient pas beaucoup d’informations, du fait qu’un violent orage avait éclaté avant l’arrivée des spécialistes, emportant toutes les traces et les indices. La victime avait été retrouvée couchée sur le ventre avec une large plaie dans l’abdomen, le poignet droit cassé et une fracture à l’arrière du crâne. Le rapport du médecin légiste mentionnait que la blessure dans le bas-ventre avait provoqué la mort en vidant la victime de son sang. Pour l’arme, le rapport d’autopsie émettait l’hypothèse d’une hache ou d’un coupe-coupe. L’heure du crime était estimée au milieu de l’après-midi, aux alentours de 15 ou 16 heures.
Ce jour-là, Maxime Ténégrier travaillait dans ce bosquet depuis 14 h 30 afin de préparer une coupe de sapins prévue dans les jours suivants.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques Jung est retraité d’une carrière dans la fonction publique au service de la défense du consommateur, il a également exercé les activités de correspondant de presse et de chroniqueur radio. L’auteur a déjà publié un roman historique « La Brême d’Or » sur l’histoire tourmentée d’une famille en Moselle. Ce roman figurait dans la première sélection du Goncourt lorrain 2013 (prix Erckmann-Chatrian). Il vit à Saint-Gély-du-Fesc (34).
LangueFrançais
Date de sortie4 avr. 2019
ISBN9791035304492
Vengeances en Creuse: Polar

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    Aperçu du livre

    Vengeances en Creuse - Jacques Jung

    VENGEANCES

    EN CREUSE

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © 2016 – Geste éditions – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    www.gesteditions.com

    Jacques JUNG

    VENGEANCES

    EN CREUSE

    Avant-propos

    La décennie des années soixante est souvent magnifiée par ceux qui ne l’ont pas connue et regrettée par certains nostalgiques. Ébranlée par la guerre d’Algérie, la France connaît un développement économique sans précédent, avec une industrie consommatrice de main-d’œuvre. L’exode des jeunes saigne les départements ruraux comme la Creuse où ces nouvelles générations rêvent de confort moderne et de distractions citadines.

    À La Réunion, nombreux sont les enfants que leurs familles pauvres peinent à nourrir, et les autorités éprouvent des difficultés pour assu­rer leur enseignement. La solution envisagée est alors de les soustraire de leur environnement afin de les scolariser tout en repeuplant certaines campagnes de la métropole. Une idée généreuse au départ dont la mise en application va parfois se traduire par des souffrances et des drames.

    1 615 enfants seront ainsi exilés entre 1963 et 1982.

    Avertissement

    Ce roman est une pure fiction : le crime ainsi que l’enquête policière qui y sont relatés n’ont jamais existé et toute ressemblance avec la réalité ou avec des personnes vivantes ou ayant vécu serait pure coïncidence et totalement fortuite.

    Il n’existe aucun lien entre les lieux et les événements décrits.

    Le récit sur la vie quotidienne d’André Roure s’inspire de témoignages d’enfants réunionnais déplacés en métropole, témoignages mentionnés dans la bibliographie en fin d’ouvrage.

    Jeudi 4 septembre 1969

    L’inspecteur Diégo Castellon était un flic bien noté. Âgé de 39 ans, il avait beaucoup de charme avec son physique méditerranéen typé, son mètre quatre-vingt et son visage qui rappelait celui du chanteur Mick Jagger. À la PJ de Limoges où il était affecté depuis douze ans, ses supérieurs lui attribuaient toujours les enquêtes les plus délicates.

    Fils unique, né dans un petit village andalou des environs d’Albacete, Diégo était arrivé à l’âge de 2 ans à Clermont-Ferrand, où son père venait d’être embauché chez Michelin. Après des études secondaires au lycée Blaise-Pascal, il entama un DEUG de droit avant d’entrer dans la police en septembre 1952. Affecté à Troyes, il rencontra Henriette, ouvrière dans la bonneterie. Le couple resta sans enfant et s’installa à Limoges en 1957 à la suite d’une demande de mutation formulée par Diégo qui souhaitait se rapprocher de ses parents. À peine arrivés, ils firent construire une petite villa à Panazol, dans la proche banlieue de Limoges. L’inspecteur recherchait avant tout la stabilité, il préféra se fixer dans une ville, au détriment de sa carrière. Toujours sans enfant, Henriette ne s’adapta pas à la région. Pour tromper l’ennui, elle devint serveuse dans un restaurant, mais rapidement elle s’enferma dans une longue dépression. Petit à petit, les horaires de travail décalés éloignèrent les époux qui vécurent chacun des aventures sans lendemain. Le divorce fut prononcé au mois de juillet 1969 et la maison de Panazol vendue rapidement. Henriette retourna à Troyes et Diégo s’installa dans un appartement vieillot du centre-ville de Limoges, boulevard Gambetta.

    L’inspecteur Castellon n’était donc pas au mieux de sa forme ce jeudi matin 4 septembre 1969, lorsque son chef, le commissaire Peuleux, entra dans son bureau, un volumineux dossier sous le bras. Comme il était court sur pattes, le dossier n’en paraissait que plus imposant. Depuis son passage au grade de commissaire, Peuleux avait tendance à s’encroûter, son visage s’épaississait, son tour de taille s’arrondissait au même rythme que sa trouille, à tel point qu’on le surnommait « le petit père peureux ». Diégo Castellon ne se doutait pas encore que l’enquête qui allait lui être attribuée ce jour-là resterait le seul véritable échec de toute sa carrière.

    — Bonjour, inspecteur, vos vacances se sont-elles bien passées ?

    — Bof ! Je suis resté ici pour régler des formalités à la suite de mon divorce.

    — Eh bien, voilà qui tombe bien mon ami, vous allez voyager un peu !

    Il posa le pavé sur le bureau et tapota dessus avec son index :

    — J’ai là un dossier qui devrait vous intéresser, il s’agit d’un crime dans la Creuse. Les gendarmes ont arrêté un suspect : il est passé aux aveux pendant sa garde à vue, mais il s’est ensuite rétracté devant le juge d’instruction. Comme ils manquent de preuves, ils nous demandent de compléter l’instruction. Un petit tour à la campagne vous fera le plus grand bien et vous fera un peu oublier vos ennuis conjugaux.

    — Je vais regarder ça. Je dois laisser tomber le reste des affaires en cours, je suppose ?

    — Oui, je vais les répartir entre vos col­lègues, un crime c’est plus important. Ce sera rapide, l’affaire est a priori bouclée, il ne s’agit que d’apporter un complément d’information. Vous reviendrez me voir après avoir pris connaissance du dossier.

    La découverte d’une nouvelle enquête criminelle passionnait toujours Diégo, il était fait pour ce métier, et celle que venait de lui confier son commissaire lui fit immédiatement oublier tous ses tracas. Cette fois-ci encore plus que d’habitude, il était disposé à se jeter dans le travail, à tourner la page de ses soucis qui le dévoraient. Il ouvrit le classeur avec ­gourmandise.

    La victime se nommait Maxime Ténégrier, il était agriculteur dans les environs de Chénérailles, un chef-lieu de canton de 840 âmes à 18 km de la petite sous-préfecture d’Aubusson. Le cadavre avait été découvert par son fils aîné Gustave le samedi 12 août vers 16 h 30, dans un bosquet des environs de sa ferme. Il avait 46 ans. Originaire de la Corrèze, il avait épousé en 1950 la fille de la maison, Sophie Lagace, du même âge, fille de Léon et Germaine Lagace. De leur union étaient nés deux garçons, Gustave, en 1952, et Antoine, en 1958. En 1961, Maxime Ténégrier avait pris la direction de l’exploitation, lorsque le beau-père avait perdu ses forces et ne pouvait plus travailler.

    Le rapport du médecin légiste et le PV des constatations de la scène du crime n’apportaient pas beaucoup d’informations, du fait qu’un violent orage avait éclaté avant l’arrivée des spécialistes, emportant toutes les traces et les indices. La victime avait été retrouvée couchée sur le ventre avec une large plaie dans l’abdomen, le poignet droit cassé et une fracture à l’arrière du crâne. Le rapport du médecin légiste mentionnait que la blessure dans le bas-ventre avait provoqué la mort en vidant la victime de son sang. Pour l’arme, le rapport d’autopsie émettait l’hypothèse d’une hache ou d’un coupe-coupe. L’heure du crime était estimée au milieu de l’après-midi, aux alentours de 15 ou 16 heures.

    Ce jour-là, Maxime Ténégrier travaillait dans ce bosquet depuis 14 h 30 afin de préparer une coupe de sapins prévue dans les jours suivants.

    Deux gendarmes avaient arrêté un suspect lundi 14 août en milieu de matinée, dans le garage de Montluçon où il travaillait. Les militaires l’avaient transporté immédiatement à la brigade de Chénérailles. Il s’agissait d’André Roure, né le 20 juin 1948 dans le quartier « La Source » à Saint-Denis-de-la-Réunion.

    Les procès-verbaux établis lors de sa garde à vue étaient longs, ils reproduisaient avec précision les déclarations du jeune homme sur sa vie antérieure. D’une extrême pauvreté, la famille Roure vivait avec ses huit enfants dans une case sans confort, sans eau ni électricité, gorgée de boue lors des grosses pluies. Le père, Robert, réparateur de vélos, apportait un maigre salaire et proposait souvent ses services dans les plantations de bananes et de cannes à sucre pour améliorer l’ordinaire. La mère, Francette, brisée par le poids du ménage, limitait l’éducation à d’incessantes réprimandes. Les contraintes quotidiennes laissaient peu de place à l’instruction et les gamins ne se rendaient à l’école que lorsqu’ils en trouvaient le temps et en ressentaient l’envie. Dans l’une de ses déclarations, le jeune homme avait insisté sur la solidité des liens qui unissaient cette famille, liens que les difficultés avaient encore renforcés. « À défaut d’être exprimés, ils n’en étaient pas moins bien réels », avait-il mentionné. Puis tout bascula avec le décès du père, renversé par une voiture.

    Le second procès-verbal d’audition était consacré à l’arrivée d’André Roure en métropole. Ce dernier avait déclaré :

    « Les services sociaux ont estimé que ma mère ne pourrait plus assurer l’éducation des huit enfants et, un jour de novembre 1963, deux fonctionnaires, un homme et une femme, sont venus nous chercher, mon frère Michel et moi, pour nous envoyer en métropole où nous serions pris en charge par des familles. Nous étions censés revenir à La Réunion chaque année pour les grandes vacances scolaires. L’État devait particulièrement veiller à notre scolarité et, si nous en avions les capacités, faire en sorte qu’on poursuive jusqu’au bac et même à l’Université. Ma mère était tellement impressionnée devant ces personnes élégantes qui employaient des termes qu’elle ne comprenait pas toujours ! Je la vois encore, toute tremblante, en train d’enserrer dans son poing fermé l’élégant stylo à plume tendu par l’homme ; avec beaucoup d’attention, elle l’avait maintenu bien droit au-dessus du formulaire pour tracer maladroitement une croix dans la case indiquée.

    Le gendarme :

    — Ta mère était soulagée, deux bouches en moins à nourrir !

    — Non, pas du tout, elle rêvait d’une vie meilleure pour nous, elle ne pensait pas nous abandonner ; au contraire, elle prenait la bonne décision pour notre avenir, c’était une chance à saisir pour ses enfants. »

    La lecture de ce passage intrigua l’inspecteur. Pourquoi tant de précisions ? Quelle richesse de détails pour des faits qui remontaient à six ans ! Que de sentiments exposés dans cette déclaration ! Des regrets, de l’amour ! Pourquoi raconter tout ça à des gendarmes quand on est soupçonné de meurtre après tant d’années ?

    André Roure avait expliqué ensuite qu’il s’était retrouvé à Guéret après un voyage épuisant, séparé de son frère sans la moindre explication, complètement désorienté, paralysé par le froid à sa descente d’avion, dérouté par le décor lugubre qu’il découvrait par la fenêtre du train tiré par un monstre fumant, un paysage fait d’arbres nus, de brume, d’habitations d’où s’échappaient des halots de fumée. Le voyage se termina à bord d’un autorail aux sièges en Skaï inconfortables.

    Toujours avec force et émotion, il décrivait la manière dont il avait perçu son arrivée dans la famille Ténégrier.

    « Dehors, les gens avaient de la vapeur qui sortait de leur bouche, un grand bonhomme m’attendait à la gare.

    — C’était Maxime Ténégrier. Comment s’est passée cette première rencontre ? avait demandé l’enquêteur.

    — Je m’en souviens parfaitement : lorsque nous sommes montés dans le car, tous les regards se sont tournés vers moi, je revois une femme obèse se redresser sur son siège pour mieux me dévisager. Sans doute parce que je suis noir. Le voyage s’est terminé de nuit, à bord d’une carriole tirée par un cheval. Ses sabots claquaient sur le goudron, sa crinière flottait dans l’air, il soufflait d’énormes bouffées de vapeur, comme une locomotive. Il gelait, je frissonnais, mon nez coulait, mes doigts étaient engourdis, mes oreilles brûlaient. En descendant de la charrette, j’ai glissé, je suis tombé, je n’avais jamais vu de verglas. »

    Muet sur la vie d’André dans la ferme et sur la famille Ténégrier, le rapport de la gendarmerie évoquait en demi-teinte l’ingratitude du jeune homme qui dénigrait le pays et la famille qui avaient eu la bonté de l’accueillir pour lui donner sa chance.

    Le suspect avait été longuement questionné sur ses fugues : pourquoi fuir alors qu’il était accueilli ? Pour aller où ? Pour faire quoi ? Il avait volé de l’argent, un vélo pour se rendre à la gare. Il était devenu violent et dangereux à tel point qu’il avait été interné. Une large place était laissée au rapport de l’administration de la DDASS, dont la conclusion présentait André en individu irresponsable et dangereux, un comportement qui avait justifié son internement à l’hôpital psychiatrique de Saint-Vaury le jeudi 10 décembre 1964. « Rétif à toute vie sociale », indiquait son dossier. Le jeune garçon était aussi présenté comme instable, « une graine de délinquance ». Les enquêteurs avaient saisi la balle au bond et ne l’avaient plus lâché en revenant sans cesse sur ce passé mouvementé pour le pousser à avouer le crime.

    Une seconde famille avait accueilli André

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