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L’été du renouveau: Tome 1
L’été du renouveau: Tome 1
L’été du renouveau: Tome 1
Livre électronique244 pages3 heures

L’été du renouveau: Tome 1

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À propos de ce livre électronique

La vie de Marjolaine, une petite fille de huit ans, va basculer au cours d'un été imprévisible.

Marjolaine est une fillette de huit ans qui a un problème relationnel avec sa maman. Elle grandit à Mazerolles, un charmant petit village situé à proximité de Mont-de-Marsan.
Durant sa scolarité, Marjolaine s’attache bien vite à son institutrice, Emilie Berthomieu ; celle-ci jouera un rôle important dans son existence.
De nature sensible, l’état physique de la petite fille se fragilise. Et c’est au cours de l’été que le destin s’accélère : un évènement imprévisible vient bouleverser le cours des choses.
Cela permettra-t-il à la maman de Marjolaine d’ouvrir son cœur ?
Serait-ce enfin l’été du renouveau ?

Découvrez, dans un roman touchant, le récit d'une fillette au destin mouvementé qui va s'ouvrir au monde qui l'entoure et, peut-être, à sa mère.

EXTRAIT

Le mois de Mai était achevé, le temps passait vite ; Marjolaine avait déjà subi trois séances de dialyses qui s’étaient assez bien déroulées. Comme convenu avec Emilie Berthomieu, la fillette se reposait à la maison au lendemain de la dialyse ; cependant, Stan allait bientôt repartir pour son travail et il redoutait ce moment. Le compagnon de Yolande pensait avant tout à Marjolaine et à ses problèmes de santé. Toutefois il était rassuré sur un point important : Romy se chargeait de conduire sa nièce à Sainte Anne, à la date prévue pour sa dialyse.
Quelques jours avant son départ pour la Hongrie, Stan et Romy avaient accompagné Marjolaine à Sainte Anne. La fillette était aux anges : sa marraine se trouvait à ses côtés ! Cerise sur le gâteau : Lison travaillait de nuit, et ainsi les deux jeunes femmes avaient pu échanger ensemble. Ce soir-là, Romy avait remarqué l’attirance réciproque existant entre Lison et Stan. Tout au fond d’elle-même la marraine de Marjolaine s’en réjouissait : Stan méritait le bonheur et il envisageait de quitter Yolande. Romy songeait « Quelle différence avec ma sœur, toujours sur la défensive, sans cesse de mauvaise humeur. Et surtout elle n’aime pas sa fille ; Lison est tout le contraire : charmante, douce et manifestant de la compassion envers les patients, en particulier pour les enfants. D’ailleurs Marjolaine m’a confié que cette infirmière lui fait des bisous et des câlins. Mon Dieu, cette gosse en a tellement besoin !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née en 1950 à Toussieu (Rhône), célibataire, Jeannine Pagnoud est retraitée depuis 2010 de la profession de secrétaire commerciale au sein d’une société de la banlieue lyonnaise. Elle se consacre entièrement à l’écriture à laquelle elle voue une véritable passion.
Ses romans se situent n’importe où, n’importe quand, selon le plaisir et l’inspiration du moment.
LangueFrançais
Date de sortie31 janv. 2019
ISBN9782851135179
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    Aperçu du livre

    L’été du renouveau - Jeannine Pagnoud

    Première partie

    Emilie Berthomieu était institutrice à l’école primaire de Mazerolles depuis une vingtaine d’années. Chargée d’une classe de Cm1/Cm2, l’enseignante connaissait parfaitement ses élèves, mais aussi la plupart des familles de la commune. Il est vrai que ce village des Landes comprenant à peine 800 habitants conservait et entretenait une véritable qualité des relations humaines. Les gens respectaient encore certaines valeurs et y attachaient de l’importance.

    À 10 minutes de Mont-de-Marsan, Mazerolles était une commune rurale où il faisait bon vivre. Les voisins se rendaient service mutuellement et cette coutume se perpétuait depuis toujours. En fait, l’esprit des gens de la terre prenait ici toute sa dimension, à l’inverse des citadins enfermés dans leurs appartements.

    Parfois, quand Emilie Berthomieu songeait à cet aspect des choses, elle se disait : « J’ai vraiment beaucoup de chance de vivre ici, au cœur de ce village. Et puis l’Aquitaine est une si belle région ! Originaire du Puy-de-Dôme, aînée d’une fratrie de 6 enfants, Émilie avait su très tôt ce qu’elle ferait plus tard. Studieuse, bonne élève elle obtenait toujours d’excellentes notes et consacrait beaucoup de temps à la lecture. Son jeu favori consistait à « faire la classe » aux poupées de ses sœurs.

    Après les avoir alignées sur un banc, Émilie interprétait le rôle de la « maîtresse ». Elle avait donc suivi une scolarité sans problème, puis ce fut l’École Normale ; ensuite, son diplôme d’enseignante en poche, Émilie avait effectué de nombreux remplacements, parfois assez éloignés de sa famille. Enfin, sa nomination à Mazerolles devint effective à la rentrée scolaire de 1960. Émilie s’était adaptée très rapidement dans ce petit village à caractère rural ; la population l’avait accueillie avec simplicité et cordialité. L’enseignante qui adorait les enfants demeurait célibataire : était-ce par choix ou bien cette solitude était-elle subie ? Nul ne le savait, de nature discrète Émilie ne faisait aucune confidence sur sa vie privée. Autrefois dans la ferme familiale elle s’occupait de ses frères et sœurs avec tendresse mais aussi avec fermeté. Émilie connaissait bien les enfants et sa propre expérience lui avait facilité l’apprentissage de son métier. Lorsqu’elle prit sa fonction en Septembre 1960, Émilie éprouva un grand enthousiasme. Oui, elle avait trouvé sa voie : l’enseignement allait lui procurer de grandes et belles joies, c’était une certitude. Émilie savait nouer des relations cordiales et la jeune femme fut rapidement invitée à la table du maire de Mazerolles. Mais l’enseignante fréquentait également le curé et pratiquait régulièrement ; ainsi Émilie fut adoptée par la majorité des villageois.

    Avec ses élèves, elle fit preuve de fermeté dès le début, mais avec discernement. Quand il s’agissait de récompenser un enfant qui avait rendu un excellent devoir, l’enseignante lui attribuait la note correspondante.

    En revanche si l’un des élèves faisait du chahut dans la classe ou n’apprenait pas ses leçons, elle le réprimandait. Sous ses abords charmants et sympathiques, Émilie possédait une certaine autorité dont elle se servait à bon escient. Aussi sa classe obtenait-elle de très bons résultats avant l’entrée au collège ; l’enseignante, ouverte au dialogue recevait volontiers les parents d’élèves. Lorsqu’un problème survenait, après en avoir discuté chacun trouvait une solution afin d’y remédier au mieux. En ce beau mois de Mai 1988, cela faisait presque 28 ans que Mademoiselle Berthomieu exerçait à Mazerolles ; au cours de ces années, elle n’avait jamais rencontré d’obstacle majeur.

    On pouvait qualifier Emilie Berthomieu de « belle femme ». Elle avait une certaine classe ; de grande taille, assez corpulente, toujours coiffée d’un chignon, l’enseignante ne passait pas inaperçue. Chez elle, on remarquait tout d’abord son air avenant et son sourire.

    Au fil du temps, il lui arrivait parfois de revoir d’anciens élèves : c’était alors un moment de joie partagée. Émilie s’intéressait à leur vie et au métier qu’ils exerçaient. La quasi-majorité des garçons continuaient l’exploitation familiale : le travail de la terre se perpétuait de père en fils. Il s’agissait d’une tradition en quelque sorte. Quant aux filles, la plupart étaient parties à Mont-de-Marsan, la ville voisine ; ainsi elles avaient plus de chance pour trouver un travail. Emilie Berthomieu se montrait ravie, elle savait que plusieurs jeunes filles enseignaient, soit dans le public ou bien le privé. D’autres avaient choisi cette noble profession : devenir médecin pour soulager et soigner ses semblables. Parmi ses anciennes élèves, l’une d’entre elles qui était journaliste se consacrait à l’écriture. Et d’ailleurs, un éditeur l’avait publiée à trois reprises. Tout ceci représentait une grande satisfaction pour l’enseignante, qui en éprouvait une fierté bien légitime.

    Tout allait pour le mieux, mais depuis quelque temps, l’enseignante était préoccupée au sujet de l’une de ses élèves : Marjolaine Boyer. Âgée de 8 ans, la fillette de faible constitution avait une santé fragile ; elle s’absentait souvent en raison de fréquentes angines. Cependant, le comportement de Marjolaine lui faisait poser de multiples questions : loin d’être épanouie, l’enfant semblait triste. Pendant les récréations, elle ne participait à aucun jeu, demeurant éloignée de ses camarades, elle restait appuyée contre le mur. Mademoiselle Berthomieu lui demandait pourquoi elle s’isolait ainsi ; à chaque fois, la fillette esquivait ses questions, arguant du fait de sa fatigue. Émilie soupira ; depuis ses débuts dans son métier d’enseignante, elle s’efforçait toujours d’apporter son aide à un enfant en difficulté. Elle savait seulement que Yolande Boyer, la maman de Marjolaine élevait sa fille toute seule. Depuis environ deux ans, un homme partageait le quotidien de cette jeune femme. Il s’agissait d’un citoyen russe, Stanislas Bokonoff, exerçant la profession de journaliste. L’enseignante l’avait rencontré quelquefois, lorsqu’il venait chercher Marjolaine, à la sortie de l’école. Et d’ailleurs, la fillette montrait sa joie en l’apercevant : elle se précipitait au-devant de lui, et il l’embrassait avec tendresse. Une véritable métamorphose s’opérait alors sur Marjolaine ; elle souriait et brusquement devenait volubile, rompant le silence dans lequel la fillette se renfermait. En revanche lorsque c’était Madame Boyer qui attendait sa fille, après la classe, Emilie Berthomieu remarquait la tristesse, voire une certaine angoisse apparaître sur le visage de Marjolaine. Un soir d’automne, l’enseignante qui tenait la main de la fillette, ressentit le tremblement qui l’avait envahie, quand sa maman s’approcha. Manifestement, un réel problème relationnel existait entre Yolande Boyer et sa fille, Marjolaine.

    Mademoiselle Berthomieu distribua les cahiers en achevant son commentaire des notes attribuées aux quatre meilleurs élèves.

    — Jérôme Pasquier : 8. Tu n’as pas fait beaucoup d’efforts, il faut travailler sérieusement ! Norbert Balit : 12. C’est bien mais tu peux encore améliorer ta moyenne ! Manon Liébar : 15. Tu as fait preuve d’imagination ; ce résultat est correct par rapport au mois dernier. Et enfin Marjolaine Boyer : 18. Bravo, tous mes compliments ! Tu as largement mérité cette bonne note. Non seulement ton histoire est captivante, mais tu as soigné l’orthographe. Je suis fière de toi, continue.

    La fillette rougit après ces propos encourageants. Jérôme leva le doigt.

    — Oui, je t’écoute, Jérôme.

    — Je voulais dire que Marjolaine est super en français, et puis elle écrit si bien, plus tard elle peut devenir journaliste.

    L’enseignante sourit.

    — Pourquoi pas ? En tout cas, je lui souhaite sincèrement de réussir. Dis-moi : comment te sens-tu aujourd’hui ?

    — J’ai un peu moins mal à la gorge mais je suis fatiguée. J’ai tout le temps sommeil.

    En observant ses yeux cernés et sa petite mine, Emilie Berthomieu songea « De toute évidence, Marjolaine a un problème de santé que sa maman néglige. » Elle soupira.

    — Bien, à présent rangez vos cahiers et notez pour demain : interrogation écrite sur l’histoire de France, période de la Renaissance. À présent, vous pouvez sortir et sans bruit, je vous prie !

    Marjolaine ferma son cartable, et l’enseignante remarqua une nouvelle fois combien ses gestes étaient lents… À son tour, la fillette sortit de la classe et attendit l’arrivée de Madame Pasquier. Au-dehors, le soleil généreux de Mai réchauffait l’atmosphère ; le mois d’Avril avait été froid et pluvieux, aussi le ciel dégagé et la chaleur du printemps mettaient-ils de la gaieté dans l’air. Les passants se saluaient plus volontiers et les vêtements légers faisaient leur apparition. Fabienne Pasquier arriva sur les lieux peu après seize heures trente ; voisine de la famille depuis deux ans, elle appréciait tout particulièrement Marjolaine pour sa gentillesse et sa maturité d’esprit. Emilie Berthomieu salua Madame Pasquier et lui remit le pli destiné à la maman de la fillette.

    — Vous serez bien aimable de le remettre à Madame Boyer ?

    — Entendu, ce sera fait ; allez on y va, ma puce. En cours de route, Marjolaine raconta sa matinée, et surtout elle fit mention de son excellente note obtenue à son devoir de français.

    — Tous mes compliments ! 18 est une très bonne note, c’est ta maman qui va être contente. Tout en devisant, elles parvinrent à destination et Fabienne Pasquier sonna chez ses voisins.

    — Bonsoir, Yolande, excusez-moi pour le dérangement, mais Mademoiselle Berthomieu m’a donné ce mot pour vous.

    — Entrez Fabienne, je vous en prie. Désirez-vous prendre quelque chose ?

    — Non merci, je me sauve car Patrick va bientôt rentrer. Bonne soirée !

    Intriguée par le contenu de cette missive, Yolande déchira fébrilement l’enveloppe.

    L’étonnement se lut sur son visage et après avoir parcouru rapidement les quelques lignes, elle questionna sa fille sans ménagement.

    — Que se passe-t-il à l’école ? Pourquoi ta maîtresse veut-elle me rencontrer ? Tu as fait une grosse bêtise, allons réponds vite !

    Tassée sur sa chaise l’enfant sursauta en murmurant d’une petite voix mal assurée :

    — Je sais pas, maman je te jure ! Mademoiselle Berthomieu n’a rien dit.

    — Bon, on verra. En plus, elle me convoque un vendredi soir et Stan rentre dans la soirée, ah vraiment ça tombe mal. Enfin, j’espère que tu ne mens pas sinon tu te souviendras de la punition, fais-moi confiance.

    Soudain, Marjolaine s’exclama :

    — J’ai eu 18 en français, maman, et même que la maîtresse m’a félicitée.

    Yolande haussa les épaules et dit :

    — Peut-être mais pour les maths tu es loin de la moyenne !

    Le repas fut rapidement expédié, et la soirée s’acheva. Souffrant toujours de la gorge, Marjolaine fut soulagée lorsque sa maman l’envoya au lit.

    — N’oublie pas de te brosser les dents avant de te coucher.

    — Oui, bonsoir maman répondit la fillette tout en s’approchant.

    Mais la jeune femme ne l’embrassa pas, et lui tourna le dos… Alors, tristement Marjolaine monta lentement l’escalier…

    Pour la troisième fois en une demi-heure Yolande, Boyer consulta sa montre ; assise dans le couloir de l’école en compagnie de Marjolaine, elle attendait. Exaspérée, elle dit à voix haute :

    — Me convoquer un vendredi soir, c’est aberrant ! Je me demande quelle est cette urgence ? Stan va rentrer et rien n’est prêt je n’ai pas eu le temps de faire les courses.

    Sagement installée près de sa maman, Marjolaine apprenait sa leçon d’histoire. Tout à coup, la porte s’ouvrit et Mademoiselle Berthomieu fit entrer Yolande dans son bureau.

    — Marjolaine reste ici, s’il te plaît. Je dois parler avec ta maman.

    Quelques instants plus tard, Monsieur Leroux pénétra dans la pièce.

    — Bonsoir, Madame Boyer, je suis désolé de perturber votre emploi du temps, mais Mademoiselle Berthomieu et moi-même souhaitons vous entretenir au sujet de votre fille Marjolaine. Mademoiselle Berthomieu, je vous laisse la parole.

    — Eh bien voilà : depuis un certain temps j’ai noté un changement important dans le comportement de Marjolaine ; elle est triste, et pendant les récréations, reste seule, appuyée contre un mur. Son travail scolaire commence à se ressentir de cet état de fait ; de plus, elle semble manquer de forces, et se plaint d’une grande fatigue. D’ailleurs, il lui arrive parfois de s’endormir en classe. Bref, votre fille traverse une période délicate et il devient nécessaire de faire le point ensemble.

    Au fur et à mesure que l’enseignante s’exprimait, Yolande déjà assez tendue prit la parole sur un ton agressif.

    — Je ne comprends pas. Que cherchez-vous à insinuer ? Ma fille est bien traitée ! Oui, elle se plaint parfois de maux de gorge et contracte quelques angines ; l’aspirine la soulage bien, donc il n’y a rien de grave. Excusez-moi, je peux fumer ?

    — Non ce n’est pas autorisé. Alors, que comptez-vous faire pour aider Marjolaine, Madame Boyer ?

    Très fébrile, la jeune femme serrait convulsivement les accoudoirs du fauteuil : manifestement, cette entrevue la mettait mal à l’aise. Parler de sa fille l’agaçait, et elle n’avait qu’une hâte : quitter les lieux au plus vite.

    Le directeur reprit :

    — À votre connaissance, existe-t-il un problème particulier au sein de votre couple, susceptible de perturber ainsi Marjolaine ? Pardonnez-moi d’être aussi direct, mais pour le bien de l’enfant, nous avons l’obligation de lui apporter une assistance rapide, aussi bien qu’efficace.

    Le visage fermé, Yolande regarda tour à tour Mademoiselle Berthomieu et Monsieur Leroux. Sa réaction fut violente et inattendue.

    — Je ne tolère pas votre manière de procéder ! Donc selon vous, ma fille serait maltraitée, alors prouvez-le ! Mon compagnon rentre ce soir et viendra vous voir, faites-moi confiance. Enfin, vous me connaissez, Mademoiselle Berthomieu !

    Surprise par cette virulence l’enseignante tenta d’apaiser la jeune femme.

    — Du calme, je vous en prie, Madame Boyer. Tout d’abord, vous n’êtes pas en position d’accusée ; nous désirons simplement comprendre ce qui se passe afin d’apporter le soutien nécessaire au bien-être de votre fille. J’aime beaucoup Marjolaine et je voudrais bien la voir retrouver son sourire ; cela dit, il serait vivement recommandé de la faire examiner, afin de soigner ces maux de gorge qui lui gâchent la vie. Cette démarche est indispensable, alors songez-y.

    — Oh mais je crois comprendre votre intention : alerter une assistante sociale afin de m’enlever ma fille ! Je vous préviens, ça se passera mal. Mon compagnon et moi-même agirons immédiatement. Stanislas a un ami avocat, et nous ferons appel à lui le cas échéant !

    Ensuite, elle se leva, signifiant que l’entretien était terminé. L’enseignante et le directeur se levèrent à leur tour. Monsieur Leroux prit la parole.

    — Nous sommes navrés de votre attitude, Madame Boyer ; soyez assurée que nous n’avons aucun grief contre vous, mais il se trouve que j’ai la responsabilité d’une école primaire dans laquelle se trouve votre fille. Marjolaine n’est pas épanouie, et j’attire votre attention sur ce fait : dans un laps de temps assez proche, il faut que votre fille se comporte normalement comme ses camarades de cm2. Ceci est une priorité. Deuxième élément important : pouvez-vous me donner le nom de votre médecin traitant ?

    Toute pâle, la jeune femme paraissait subir une très forte pression, et elle répondit très vite :

    — Il s’agit du docteur Claire Boissay en qui j’ai toute confiance. Mais pourquoi voulez-vous la rencontrer ?

    — Ce n’est pas notre intention, en revanche je vous engage à prendre un rendez-vous pour Marjolaine. Après la consultation, je vous demande de bien vouloir nous en informer. Est-ce bien clair, Madame Boyer ?

    Yolande fit quelques pas dans le bureau et lâcha ces quelques mots :

    — Oui, je le ferai.

    Le directeur la raccompagna mais elle refusa d’un ton sec.

    — Non merci, je connais le chemin.

    Parvenue dans le couloir, elle prit sa fille par la main et claqua la porte avec violence.

    Emilie Berthomieu soupira.

    — Que pouvons-nous faire, Monsieur Leroux ? Je sens que cette femme a de sérieuses difficultés, et ne communique pas du tout avec Marjolaine. Je vais vous avouer une pensée qui me perturbe : Madame Boyer n’aime pas sa fille et ne lui prodigue aucune tendresse. Vous allez me juger peut-être un peu trop partiale, mais ayant une longue expérience au contact des enfants, je suis pratiquement certaine de cela, hélas pour cette fillette….

    Le directeur ne répondit pas ; réunissant les pièces du dossier, il les remit à l’enseignante. Quand ils se trouvèrent dans le couloir, Monsieur Leroux dit simplement :

    — Quel gâchis ! Nous assumons un rôle bien ingrat, Mademoiselle Berthomieu ; en tout cas, vous avez carte blanche pour agir : il faut contacter le docteur Boissay dès lundi, et lui exposer ce cas particulier. Je vous charge de cette démarche et vous demande de me tenir informé.

    — Entendu, bonne soirée Monsieur le Directeur.

    2

    Comme à son habitude, Yolande Boyer houspillait sa fille.

    — Dépêche-toi Marjolaine, ce que tu es lente ! Je vais te surnommer « la tortue », c’est tout à fait indiqué pour toi, ma pauvre fille. Ton cartable est prêt au moins ?

    — Oui maman.

    Mais la fillette ne bougeait pas, ce qui agaça Yolande.

    — Pourquoi restes-tu plantée ainsi ? Remue-toi, sinon tu vas être en retard pour l’école !

    Avec une toute petite voix, Marjolaine demanda :

    — Je peux te faire un bisou, maman ?

    — On n’a pas le temps, cesse tes simagrées. Allez, en route !

    Baissant la tête, la fillette saisit son cartable et suivit docilement sa maman.

    En cette journée de mardi, Yolande avait un jour de repos. Standardiste au sein du journal Sud-Ouest, à Mont-de-Marsan, la jeune femme travaillait la nuit, une semaine sur deux. Névrosée en permanence, agressive, elle avait parfois du mal à se maîtriser. En fait, Yolande souffrait de troubles de l’humeur et sa fille en subissait les conséquences. Toujours stressée, elle imposait un rythme de vie effréné à son entourage.

    Dix ans auparavant, la jeune femme avait vécu une relation passionnée avec Tony Gallino « un bel italien ». À l’époque, il travaillait au sein d’une entreprise de travaux publics ; son employeur dirigeait de nombreux chantiers situés dans le grand Sud-Ouest. Tony et ses collègues se trouvaient alors à Dax ; en général, les travaux duraient plusieurs mois, voire parfois un peu plus. À cette époque, Yolande se rendait souvent à Mont-de-Marsan pour rendre visite à sa copine Gaby. Toutes deux étaient très proches et se confiaient leurs petits secrets, en particulier, amoureux ; de deux ans son aînée, Gaby vivait seule dans un studio. La jeune fille, très extravertie avait des mœurs assez libres, acceptant de rencontrer des hommes parfois plus âgés qu’elle.

    De son côté, Yolande venait de traverser une épreuve très douloureuse ; en effet, son papa Alexis victime d’un accident du travail, était décédé après quelques jours

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