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Du sang sur les crocs - Tome 2: Fantasy
Du sang sur les crocs - Tome 2: Fantasy
Du sang sur les crocs - Tome 2: Fantasy
Livre électronique392 pages5 heures

Du sang sur les crocs - Tome 2: Fantasy

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À propos de ce livre électronique

Une nouvelle série de crimes menace à nouveau le secret des vampires...

Washington, 2017.
Quelques mois après l'arrestation du Buveur, une nouvelle série de meurtres s'abat sur la ville. L'existence des vampires, secret bien gardé depuis des siècles, risque à nouveau d'être révélée. Les similitudes entre les modes opératoires des deux meurtriers sont-elles dues au hasard ? Et si les deux séries de meurtres étaient liées ? Isabelle, William et Jeremy mènent l'enquête, tandis que les mailles du filet se resserrent autour d'eux... Et alors que chacun lutte contre ses propres démons, Jeremy découvre de nouveaux indices concernant une vieille affaire qui ne fera que précipiter les choses. Entre doutes, non-dits, mensonges et culpabilité, rien n’est encore gagné…

Plongez-vous sans plus attendre dans le deuxième tome d'une série fantastique où vampires et humains se font face dans une lutte sans merci.

EXTRAIT

Cela faisait maintenant plusieurs jours que Walter Kennett patientait. Plusieurs jours qu’il s’était réveillé, enchaîné à un lit trop blanc dans des draps trop froids. Vêtu d’une monstrueuse chemise d’hôpital verdâtre. Il s’était rarement senti aussi peu présentable.
Le médecin, un certain Samuel, lui avait rappelé ce qu’il s’était passé. Après avoir été capturé par le Clan, il avait servi d’appât pour attirer le Buveur. Mais celui-ci s’était montré encore plus fort que ne l’avaient imaginé les vampires, et avait manqué le tuer. Il était resté plusieurs mois dans le coma avant de reprendre connaissance.
Le traqueur, malgré la colère qui l’envahissait, en avait presque été impressionné. L’utiliser comme appât avait fonctionné. Pour autant, ces monstres avaient bien failli le faire tuer. Cela ne l’avait pas surpris. Il savait depuis longtemps ce qu’étaient les vampires : des monstres sans scrupules assoiffés de sang.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

À propos du tome 1 :

"Un livre palpitant qui mélange policier, mystère et fantastique. Je n’avais encore jamais vu ce mélange et je n’ai absolument pas été déçue! Cette œuvre remplie de suspens s’est facilement trouvé une belle place en haut de ma liste de livres préférés!" - Merveille Collections sur Booknode

"Un excellent thriller vampirique rondement mené , très bien écrit par une jeune auteur de 17 ans ! Je l'ai dévoré ! A quand la suite ?" - Vlv49 sur Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie le Vaillant est une jeune étudiante angevine. Passionnée d’écriture, elle jongle quotidiennement entre ses études et les histoires qu’elle aime inventer. À dix-sept ans, alors qu’elle publie le premier tome de sa série Du sang sur les crocs sur la plateforme Wattpad, elle voit son rêve de se faire éditer se réaliser. Aujourd’hui âgée de dix-huit ans, elle sort le second tome de la série.
LangueFrançais
Date de sortie13 janv. 2020
ISBN9782374642765
Du sang sur les crocs - Tome 2: Fantasy

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    Aperçu du livre

    Du sang sur les crocs - Tome 2 - Marie Le Vaillant

    cover.jpg

    Du sang

    sur les crocs

    Tome 2

    Marie le Vaillant

    Pour Camille.

    Pour Clément.

    À notre trio de choc.

    01 ~ William Peterson

    « Le grand retour du terroriste du Fashion Center

    Il y a trois ans, un agent du FBI se retournait contre notre nation et posait une bombe au Fashion Center at Pentagon City. Plusieurs victimes étaient à déplorer, sans compter les dégâts matériels occasionnés. William Peterson, l’agent responsable de l’attentat, disparut alors pendant presque trois ans sans laisser de traces.

    Aujourd’hui réapparu, l’agent félon ne semble étonnamment pas le moins du monde inquiété par la police. Que fait la justice ? Peterson travaille de nouveau pour le FBI. Suite à sa réintégration il y a quelques mois, les services de police ont tout fait pour étouffer l’affaire. Le silence et les mensonges n’ont que trop duré. Les États-Unis d’Amérique ont le droit de savoir que le responsable de l’attentat qui a marqué notre nation fait de nouveau parti du FBI, sans que justice ne soit rendue pour les victimes. »

    La respiration hachée, William jeta presque le journal sur la table face à lui.

    — Par les Lois Sanglantes, c’est impossible…

    Ses mains tremblaient. Il ferma les yeux, accablé. Les vampires avaient pourtant étouffé l’affaire. Son retour n’était connu que d’un petit cercle de personnes qui avaient toutes pour ordre de garder le silence. Même l’interview qu’Isabelle avait faite quelques mois plus tôt, et où elle admettait qu’il était de retour au FBI, avait été oubliée. Et pourtant, cette journaliste avait tout découvert. L’article était dans tous les bureaux de tabac, mais aussi en ligne sur internet. Dans quelques heures, si ce n’était déjà fait, tout le pays serait au courant.

    Le vampire avala sa salive avec difficulté. Il avait conscience de tout ce que ça risquait d’impliquer. Et si le FBI devait finalement le renvoyer ? Et le remettre aux mains de la justice, pour un crime qu’il n’avait pas commis ?

    Il sentit la peur s’insinuer en lui, froide et amère. Il s’était battu pour regagner sa place, s’était donné tant de mal pour se faire accepter dans l’unité d’Isabelle Taylor. Le fait que leur équipe soit parvenue à arrêter le Buveur grâce à lui, du moins aux yeux du monde, avait joué en sa faveur. Malgré cela, et malgré le fait qu’Isabelle semblait l’apprécier, Magaly était restée froide pendant longtemps. Quant à Cole, l’Écossais ne semblait toujours pas le porter dans son cœur. Mais ils avaient appris à travailler ensemble. William avait fini par s’intégrer. Il avait repris son travail qu’il affectionnait tant, s’était fait des amis, avait retrouvé son meilleur ami, Jeremy Sullivan.

    Cet article, ce simple bout de papier qui ne restait que de l’encre noire sur une feuille blanche, pouvait-il tout détruire ? Alors que lui-même avait mis des mois à reconstruire sa vie ?

    — C’est un vrai cauchemar, bougonna-t-il en serrant les dents.

    — Allons bon, quoi encore ? Quelqu’un t’a traité de vieux ? Jeremy te cache quelque chose ? Isabelle t’a viré ? ricana Kara, sa sœur adoptive, en faisant irruption dans son salon.

    Will lui lança un regard abattu, pas le moins du monde surpris de la voir arriver. Ces dernières semaines, le grand jeu de sa sœur était de s’introduire chez lui sans qu’il s’en rende compte. Sa sœur ne ressemblait absolument pas à Ralph. De ce qu’en savait William, elle avait hérité des taches de rousseur de sa mère, décédée à sa naissance. Elle avait les mêmes cheveux crépus, le même enthousiasme permanent.

    — Tu ne me demandes pas comment je suis entrée ?

    — Par la porte, maugréa William.

    Sa sœur leva les yeux au ciel.

    — Évidemment, par la porte. Mais tu ne m’as pas entendue arriver. Alors, devine, comment j’ai fait ?

    — Kara, ce n’est vraiment pas le moment.

    — Qu’est-ce que c’est ?

    Le regard de la jeune femme se posa sur le journal et le vampire tressaillit.

    — La fin de ma carrière, gémit-il en laissant retomber le journal sur la table.

    Sa sœur s’en empara, repoussant ses cheveux roux derrière ses oreilles. Elle parcourut rapidement les lignes du regard.

    — Par les Lois Sanglantes, lâcha-t-elle, je croyais que Papa avait étouffé l’affaire.

    Ralph Warren, le père adoptif de Will et biologique de Kara, avait en effet fait en sorte que tous oublient cette affaire.

    — Il l’a fait, dit William, lugubre. Quelqu’un l’a déterrée.

    Il fallait qu’il contacte Isabelle Taylor, sa supérieure au FBI. Et Ralph qui était aussi le chef du clan des vampires.

    Il était hors de question qu’une journaliste un peu trop zélée détruise tout ce qu’il était parvenu à reconstruire.

    Après l’attentat dont il avait dû endosser la responsabilité, pour permettre aux vampires de garder leur existence secrète, il avait passé deux ans et demi à se cacher. Coupé du monde, il s’était interdit de regarder en arrière, persuadé que tout était fini. Que son existence auprès des humains n’était plus qu’un lointain souvenir. Et puis le Buveur avait fait son apparition. Le vampire renégat, assoiffé de sang, aveuglé par un puissant désir de vengeance, assassinait des humains innocents. Il voulait ainsi mettre la main sur Walter Kennett, un traqueur, mi-humain mi-vampire, qui avait tué son père. Pour assouvir sa vengeance, le Buveur avait détruit des dizaines de vies. Et il avait mis en péril le secret qui entourait l’existence des vampires.

    Une fois de plus, William avait dû agir. Il était retourné au FBI. Parmi les humains. Et, une fois de plus, il s’était attaché à eux. Et, une fois de plus, il risquait de tout perdre.

    — Je dois y aller, lança le vampire en se levant brusquement, sous le regard inquiet de sa sœur.

    — File, répondit-elle. Je fermerai derrière toi. Je peux faire autre chose ?

    — Préviens Jeremy, je m’occupe d’appeler Ralph et Isabelle.

    Sur ces mots, William saisit veste et clés et se précipita dans sa voiture.

    Il n’était allé que quelques fois chez Isabelle, mais il connaissait le chemin par cœur. Il aurait pu l’effectuer les yeux fermés. Il avait toujours eu un bon sens de l’orientation.

    Conduisant d’une main, William composa nerveusement le numéro de Ralph sur son téléphone. Il répondit presque immédiatement.

    — J’ai vu, affirma son chef dès qu’il décrocha.

    — Bon sang, comment cette journaliste a-t-elle pu en apprendre autant ? pesta William.

    — Va savoir, soupira Ralph. Ce n’est pas tant cette journaliste, le problème, que ce qu’elle vient de déclencher. Les autres vont flairer le scoop du siècle…

    — Qu’est-ce que tu comptes faire ?

    — On est en train d’y réfléchir. On va arranger ça, fiston, promit-il en raccrochant subitement.

    William vira à droite en grimaçant. Si même Ralph ne savait pas comment arranger les choses, c’était vraiment mal parti…

    Ralph Warren, chef du clan des vampires depuis le meurtre de son prédécesseur, Miller, était comme un père pour lui. Après sa transformation, alors qu’il n’était qu’un enfant, il l’avait recueilli. Il avait appris à William à maîtriser sa soif de sang, lui avait appris à accepter ce qu’il était devenu et à survivre. Même s’ils ne s’entendaient pas toujours sur tout, William savait qu’il pouvait compter sur lui.

    Le vampire se gara devant chez Isabelle et sortit à toute allure de la voiture, régulant in extremis sa vitesse pour ne pas dépasser les limites humaines. Il pouvait se déplacer des centaines de fois plus vite que n’importe quel humain, aussi devait-il prendre garde à ce que personne ne le découvre. De même, son ouïe était bien plus développée, tout comme sa vue et son odorat. Il était aussi plus fort et plus endurant. Seul bémol, il devait se nourrir de sang humain. Mais à cela aussi, il était habitué depuis bien longtemps.

    La porte n’était pas fermée, aussi entra-t-il à toute volée.

    — Isabelle, est-ce que vous avez vu…

    Il s’interrompit net en apercevant sa supérieure attablée avec Tommy Curt, le mufle qui lui servait de fiancé. Tous deux le regardaient avec stupéfaction et le vampire esquissa une grimace, soudain mal à l’aise.

    — Hum, désolé, j’aurais peut-être dû frapper, marmonna-t-il en détournant les yeux, repoussant l’étrange émotion qui s’emparait de lui.

    Jeremy aurait dit que c’était de la jalousie. Mais son équipier avait totalement tort. Il était passé à autre chose.

    — Peut-être, oui, confirma froidement Isabelle Taylor en le fusillant du regard.

    Tommy bondit littéralement de sa chaise. Son visage avait viré au rouge boursouflé. Il avait les cheveux plus courts que la dernière fois que Will l’avait vu, si bien qu’au lieu de boucler sur la nuque, ils donnaient l’impression de se dresser sur sa tête.

    — Qu’est-ce qu’il fiche là, lui ? s’étrangla-t-il en se tournant vers Isabelle, qui grimaça. Tu sais à quel point je déteste que tu doives travailler avec ce… ce…

    La fureur l’empêchait de trouver ses mots, et William le fixait, nonchalamment appuyé au mur. Il était ridicule, à hurler ainsi.

    — Et tu l’as ramené ici ! continua-t-il d’éructer.

    — Elle n’y est pour rien ! ne put s’empêcher de s’interposer le vampire.

    Il plissa les yeux et regarda le malotru qui ne cessait de hurler sur Isabelle. Plus grand qu’elle, il la dominait d’une demi-tête. Pourtant, William savait que, contrairement à Tommy, elle savait se battre. Elle était mince, mais plutôt athlétique, et la queue-de-cheval qu’elle portait si souvent lui donnait l’air plus sévère. Elle avait baissé les yeux, mais William percevait la colère qui l’habitait dans sa posture crispée. Le sang du vampire ne fit qu’un tour. Il se contint avec difficulté. Sans réfléchir, il se planta devant l’humain et tira une petite fiole de sa poche, qu’il déboucha sous son nez. Une fumée blanchâtre s’en échappa, flottant tout autour de Tommy, qui s’était tu.

    — Écoute-moi bien, espèce de mufle malodorant, articula William. Tu vas oublier ce qu’il vient de se passer et partir faire un tour au pays des rêves, c’est clair ? Et quand tu te réveilleras, pouf ! Je ne serai jamais venu. Et – le vampire se rapprocha encore de sa proie en baissant la voix – la prochaine fois que tu parles comme ça à Isabelle, je te démolis.

    William s’écarta calmement de lui et observa la fumée faire effet. L’homme s’écroula sans un mot, endormi. Un sourire satisfait aux lèvres, le vampire se tourna vers Isabelle qui le fixait, estomaquée, l’air horrifié. Il leva les yeux au ciel. À croire qu’il venait de commettre un crime !

    — Qu… qu’est-ce que vous lui avez fait ? questionna-t-elle d’une voix étranglée.

    Il roula des yeux, exaspéré.

    — Il est mort, lâcha-t-il d’un ton détaché, très amusé.

    Isabelle blêmit et, aussitôt pris de remords, le vampire se vit obligé de démentir. Sa supérieure le fusilla du regard et il gloussa.

    — Non, mais vous vous rendez compte de ce que vous faites ? s’emporta-t-elle, si soudainement que le vampire sursautât. Vous ne pouvez pas endormir les gens ainsi à votre guise, juste parce que ça vous arrange ! Vous êtes juste…

    — Vous m’engueulerez plus tard, l’interrompit-il. On a d’autres problèmes.

    Il lui tendit le journal qu’elle lui arracha presque des mains. Au fur et à mesure de sa lecture, son visage se décomposa. L’agente semblait avoir totalement oublié son fiancé inconscient, lorsqu’elle ordonna à William :

    — Prévenez le reste de l’équipe. Je veux tout le monde au poste dans une demi-heure.

    02 ~ Isabelle Taylor

    — Alors, qu’est-ce qu’on a ?

    Cole et Magaly levèrent la tête à l’arrivée d’Isabelle et William. Penchés sur l’ordinateur de la benjamine de l’équipe, ils écumaient les réseaux sociaux. Jeremy, perché sur son bureau – Isabelle ne l’avait que rarement vu installé sur la chaise – regardait fixement l’article du journal.

    L’agente jeta un bref coup d’œil circulaire. Magaly, Cole, Jeremy, William. Son équipe. Elle était brusquement montée en grade après le meurtre de Doug Rolls, leur ancien chef d’équipe. Assassiné par le Buveur. Ça n’avait pas été simple. Cela faisait plusieurs mois, à présent, mais elle ne s’y habituait pas. Doug leur manquait à tous, bien qu’ils n’en parlaient que rarement. Isabelle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il s’en serait mieux sorti qu’elle. Ils avaient tous deux une façon très différente de s’y prendre, et l’agente ne pouvait se départir de l’idée que celle de Doug convenait mieux aux autres.

    Peu de temps après le meurtre de Doug, alors qu’ils tentaient vainement d’arrêter le Buveur, William Peterson avait réapparu. Ancien agent du FBI, autrefois considéré comme l’un des meilleurs, mais accusé de trahison. Il avait passé un marché, et obtenu une réduction de peine en échange de son aide sur l’affaire.

    Mais là encore, rien ne s’était passé comme prévu. Isabelle avait découvert que William n’était pas humain. C’était un vampire, une de ces créatures se nourrissant de sang humain dans les contes pour enfants. Parce que oui, les vampires existaient. Et William n’était pas là pour les aider à arrêter le Buveur, au contraire : il était chargé de les conduire sur de fausses pistes, pour laisser au Clan le temps de capturer le Buveur – qui était aussi un vampire.

    Toutes ses certitudes avaient été ébranlées. Les vampires se nourrissaient de sang humain, possédaient des capacités surhumaines et étaient pratiquement invincibles. Isabelle avait fini par l’accepter et maîtriser sa peur, mais encore aujourd’hui, elle était toujours un peu mal à l’aise. Pas avec William, qu’elle avait appris à connaître et à apprécier, mais avec les autres vampires.

    Elle n’était pas la seule à être au courant. Jeremy Sullivan, le meilleur ami de William, était parvenu à tout découvrir. Et ce n’était pas tout. Abandonné à la naissance, Jeremy n’avait jamais tenté de savoir qui étaient réellement ses parents. Il avait récemment découvert qu’il n’était pas humain : fils de deux traqueurs, mi-humains mi-vampires, il en était donc un aussi.

    Au début glaciale, la relation entre les deux hommes s’en était rapidement trouvée améliorée – bien que William continuait de se plaindre de la distance que Jeremy instaurait entre eux. Mais, comme l’avait remarqué Isabelle, le vampire adorait se plaindre.

    — Oh, mais ferme-là un peu, tu veux ? grogna Cole en fusillant William du regard, et Isabelle retint un soupir.

    Tous deux se disputaient constamment. Ils ne se détestaient plus autant qu’au début, ce qui était un soulagement pour tout le monde, mais ils n’en restaient pas moins insupportables.

    — Ce n’est pas à toi que je parle, rétorqua William en haussant le ton.

    — Tu parles tout seul !

    — N’importe quoi ! Jerem, dis-lui que je ne parle pas tout…

    Un coup d’œil vers son ami fit réaliser au vampire qu’en réalité, si, il parlait tout seul. Isabelle retint un sourire amusé. Elle ne comprendrait sans doute jamais leur fonctionnement à tous deux. Ils étaient proches, certes, mais ne se faisaient pas de cadeaux. William était un peu trop égoïste, parlait énormément de lui-même, aimait être au centre de l’attention et adorait qu’on l’écoute. Au contraire, Jeremy était distant, plutôt taciturne et ne se mettait jamais en avant. Et lorsque William se lançait dans une de ses fameuses diatribes sur lui-même, Jeremy n’écoutait généralement que d’une oreille distraite. Comment deux personnes si radicalement différentes pouvaient-elles être si liées ? Isabelle devait bien admettre que ça l’intriguait. Pour autant, elle avait rapidement remarqué que si l’un avait un problème, l’autre intervenait aussitôt. Enfin, si William avait un problème, Jeremy intervenait aussitôt. Sullivan avait plutôt tendance à garder ses problèmes pour lui-même – elle avait eu droit à plusieurs heures de monologue outré du vampire, qui prétendait qu’autrefois, Jeremy n’était pas comme ça. Les années les avaient changés tous les deux, et ils réapprenaient lentement à compter l’un sur l’autre.

    — Andrea Foster, marmonna soudain Jeremy pour lui-même.

    Coupés dans leur élan, Cole et William cessèrent leur dispute pour se tourner vers lui.

    — Hein ? fit le vampire, pas toujours aussi distingué que le crût autrefois Isabelle.

    Jeremy releva la tête pour le regarder, pensif. William était un peu plus grand que lui, et le vampire inclina la tête pour croiser son regard. Si les yeux de Jeremy étaient d’un bleu si profond qu’il en était parfois difficile à soutenir, ceux de Will étaient sombres, presque noirs.

    — Andrea Foster, répéta-t-il. C’était… ?

    William plissa les yeux, tandis qu’Isabelle fronçait les sourcils. Ça aussi, ça l’intriguait. Tous deux avaient une étrange façon de communiquer en ne finissant jamais leurs phrases.

    — Oui, c’était elle, fit le vampire. Pourquoi ?

    — C’est elle qui a écrit l’article.

    — Tu ne crois quand même pas que… ? s’étrangla William.

    Autour d’eux, Isabelle et les autres échangeaient des regards perplexes.

    — Bien sûr que non, réfuta Jeremy en levant les yeux au ciel.

    — Si on vous dérange, dites-le ! s’agaça Cole. Vous ne pouvez pas parler normalement ?

    — La journaliste qui a écrit l’article, Andrea Foster, passait systématiquement des marchés avec Bloom, l’ancien directeur, expliqua William en l’ignorant. C’était gagnant-gagnant : elle ne publiait rien de compromettant sur nous, mais gagnait l’exclusivité sur certaines de nos affaires.

    — Vous pouvez la contacter ? questionna Isabelle.

    — Bloom le peut, corrigea Jeremy. Je peux lui demander de venir.

    Isabelle haussa un sourcil. Il avait vraiment le numéro privé de l’ancien directeur du FBI ?

    — Avant d’être directeur, c’était lui qui dirigeait notre équipe, expliqua William devant son air surpris.

    Elle hocha la tête. Malgré ses longs monologues sur ses propres problèmes, le vampire était parfois étonnement attentif. Il devinait toujours lorsque quelque chose la rendait perplexe.

    En réalité, William éveillait toujours des sentiments contradictoires en elle. Surtout depuis qu’il l’avait embrassée, quelques mois auparavant. Elle l’avait repoussé, bien entendu, d’autant plus qu’elle était fiancée à Tommy. Malgré tout, lorsque le vampire lui adressait ses fameux clins d’œil et remarques à la limite de la drague, elle ne pouvait s’empêcher d’être troublée. Inconsciemment, elle dressait une liste des différences entre Tommy et lui. Et elle était longue.

    — Dis-lui de passer au plus vite, décida-t-elle.

    ***

    Dany Bloom, que personne n’appelait jamais par son prénom pour une raison que tous avaient oubliée, avait vieilli depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Ses cheveux châtains avaient viré au gris et quelques rides étaient apparues sur son visage. Son air sec et revêche, en revanche, était toujours le même.

    — Merci d’avoir accepté de venir, le salua Isabelle.

    Il répondit d’un grognement inaudible, le regard fixé sur William. Isabelle pinça les lèvres, vaguement agacée d’être ainsi ignorée.

    — Même en le sachant, j’ai du mal à y croire, maugréa-t-il, à personne en particulier.

    William recula involontairement d’un pas. Sentant son malaise, Jeremy s’avança.

    — Bloom, le salua-t-il avec son calme habituel. Comment vont les enfants ?

    L’ancien directeur reporta son attention sur Sullivan et saisit la main qu’il lui tendait en lui rendant son sourire. En fait, Isabelle ne se souvenait pas l’avoir jamais vu aussi chaleureux.

    — Oh, le plancher de la salle à manger est à refaire et la cheminée crache de la fumée partout dans le salon.

    Les deux hommes échangèrent un coup d’œil amusé. Isabelle profita de l’accalmie pour reprendre les choses en main.

    — Vous avez lu l’article ?

    — On est à Washington, observa Bloom. Aucun secret ne dure bien longtemps.

    — L’affaire avait été étouffée, protesta William. Comment Foster a-t-elle pu savoir ?

    — Elle le savait depuis longtemps. Elle n’était pas censée en faire un article, en revanche.

    — Vous aviez passé un marché avec elle ? s’étonna Magaly.

    — Tu sais pourquoi elle l’a rompu ? intervint Jeremy.

    Isabelle battit des paupières. Pourquoi n’avait-il prévenu personne ? Il aurait dû en référer au FBI, avant de passer un marché avec cette journaliste.

    — Elle ne m’a rien dit.

    — Elle n’avait encore jamais rompu un marché, avant, observa le vampire. Tu devrais peut-être l’appeler pour savoir si elle… si elle…

    Bloom avait dardé sur William un regard glacial. Déstabilisé, il s’interrompit. Tout le monde le fixa avec stupéfaction. D’ordinaire, William ne se laissait jamais impressionner. Par personne. Pourtant, le vampire tira machinalement sur les manches du sweat sombre qu’il portait avec nervosité. Isabelle le préférait habillé autrement, estimant que les jeans troués et les sweats à capuche n’étaient guère de son âge, mais le vampire semblait tenir à ce look qui le faisait paraître plus jeune.

    — Bref. Je vais aller m’asseoir là-bas, marmonna le vampire en désignant le poste le plus éloigné possible – celui de Jeremy. Pour voir si je trouve, hum, ce truc…

    — Faudra que vous repassiez plus souvent, gloussa Cole, follement amusé.

    Isabelle soupira. Doug aurait sûrement réussi à les faire s’entendre, lui.

    — Je ne sais pas comment tu fais, souffla l’ancien directeur à Jeremy. J’ai une de ces envies de lui péter les dents…

    — J’en avais envie aussi, admit son ami avec un haussement d’épaules. Mais c’est passé. Il est innocent, Bloom.

    — J’avais compris. Mais tu sais qu’il n’y a pas que ça.

    Jeremy passa une main dans ses cheveux poivre et sel. Taylor retint une grimace inquiète en voyant Cole et Magaly échanger un regard perplexe devant l’assurance de Jeremy. Il n’était pas censé être si certain de l’innocence de William. Et Bloom non plus. Elle se promit d’avoir une petite conversation avec Jeremy à ce sujet. Qu’avait-il bien pu raconter à Bloom pour le convaincre ?

    — On a plus urgent que de régler des comptes vieux de plusieurs années, Bloom, rétorqua Jeremy. Fiche-lui la paix.

    — Plus facile à dire qu’à faire...

    Isabelle leur lança un regard interrogateur, mais Jeremy le fixa durement, et il s’inclina. En grommelant, il composa le numéro de la journaliste sur son portable et enclencha le haut-parleur.

    — Foster, annonça la journaliste en décrochant.

    Sa voix était étrange. Un peu basse, comme mal assurée. Comme si elle redoutait ce qu’allait dire son interlocuteur.

    — C’est Bloom. C’est quoi ce foutoir, avec l’article ? On avait un accord.

    Bien que la colère de l’ancien directeur ne soit pas dirigée contre elle, Isabelle ne put s’empêcher de frissonner. Il était impressionnant. Sous l’effet de la fureur, son regard paraissait plus sombre encore, et ses sourcils froncés renforçaient cette impression.

    La respiration de la journaliste sembla se suspendre un instant. Elle reprit calmement.

    — Oui, je sais, je suis navrée. Je n’ai pas eu trop le choix.

    — Pas le choix ? Vous avez déclenché un joli bordel !

    — C’était un scoop ou mon job. Écoutez, vous n’êtes plus directeur de quoi que ce soit, et votre dernière info n’a certainement pas été à la hauteur de mes attentes. J’ai dû prendre une décision. Décision qui, soit dit au passage, m’a fait toucher une jolie prime – plus que ce que vous ne m’avez jamais fait gagner. Maintenant, vous m’excuserez, mais j’ai à faire.

    Puis, sans prévenir, elle raccrocha. Bloom écarta le téléphone et plissa les yeux, la colère cédant place à une expression d’intense stupéfaction.

    — Vraiment ? lâcha-t-il en regardant l’engin comme s’il risquait de lui exploser à la figure. Comment ose-t-elle ? Sa promotion lui est montée à la tête. On ne peut que limiter les dégâts. En attendant, Peterson ne doit pas sortir d’ici. Il faut qu’il s’expose le moins possible. On doit réagir publiquement ou ça va tourner au cauchemar. Magaly, vérifiez si vous pouvez trouver quelque chose sur internet et…

    — Bloom ! l’interrompit Jeremy, sévère.

    Isabelle, les yeux écarquillés, le regardait donner des ordres à son équipe comme s’il n’était jamais parti à la retraite et qu’il avait toujours travaillé avec eux.

    Bloom lança un regard perplexe à Jeremy, puis se passa une main sur le visage en comprenant.

    — Veuillez me pardonner, soupira-t-il en se tournant vers Isabelle. Les vieilles habitudes ont la vie dure… et la quiétude de la retraite est étonnement épuisante.

    — Ce n’est rien, marmonna-t-elle. Vous avez raison, il faut qu’on fasse une déclaration.

    Elle ne voyait pas l’intérêt de contredire Bloom. D’autant que tout ce qu’il venait de dire était censé. En réalité, ça ne l’aurait pas dérangée qu’il continue. Diriger l’équipe était stressant. Tout reposait constamment sur elle. Elle craignait tellement de ne pas être à la hauteur… Elle se demandait souvent pourquoi c’était elle qui avait été choisie pour reprendre le flambeau, et pas quelqu’un d’autre. Elle n’avait jamais rien demandé. Magaly n’était pas suffisamment présente sur le terrain, et Cole était peut-être trop impétueux, mais pourquoi pas Jeremy ? Il aurait eu l’expérience nécessaire, sans doute plus qu’elle.

    — Non, mais pour qui il se prend, ce type ? s’étrangla Cole, dès que Bloom se fut un peu éloigné. Il déboule comme ça et croit qu’il peut donner des ordres comme s’il était chez lui ?

    03 ~ Isabelle Taylor

    — Agent Bloom ? Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux de vous revoir ! Je ne sais pas ce que vous faites ici, mais vous semblez totalement désœuvré…

    Bloom, que Jeremy raccompagnait à la sortie, se retourna, surprit. Au grand regret d’Isabelle, il avait décidé de rentrer aussitôt après avoir accidentellement donné des ordres à toute son équipe. Elle aurait bien aimé qu’il reste. Puisqu’elle dirigeait cette équipe, Dereck Kinger, l’actuel directeur du FBI, avait décrété qu’elle devait faire elle aussi une déclaration. Et honnêtement, elle aurait été ravie que Bloom lui fasse part de son expérience. Seulement, elle n’avait pas osé demander. Surtout devant les autres. Puisqu’elle était leur chef, ils devaient s’attendre à ce qu’elle ait parfaitement les choses en main. Après tout, c’était son rôle.

    — Je m’apprêtais à rentrer.

    — Je vois. Vous avez lu la presse ? C’est une catastrophe, vous savez !

    Isabelle retint un rire amusé devant l’expression de Kinger. Le directeur du FBI, qui ne se départait jamais de son attitude joviale, souriait tout en ayant l’air d’un chiot à qui l’on venait de donner un coup de pied. Il était plus petit qu’Isabelle, mais la dérision permanente dont il faisait preuve lui conférait une certaine autorité. Comme Jeremy, il était toujours en costume, bien qu’il paraisse moins soigné. Les quelques rides sur son front, son double menton et un léger embonpoint le faisaient paraître plus vieux qu’il ne l’était en réalité. Elle l’aimait bien, mais parfois sa bonne humeur lui tapait sur les nerfs.

    — Oui, j’ai vu. Le FBI est réduit à tenter limiter les dégâts, n’est-ce pas ?

    — Exactement. Vous aviez quelque chose de prévu ?

    Bloom fronça les sourcils. Toujours assis au bureau de Jeremy, mais n’en perdant pas une miette, William éclata de rire.

    — Si vous voulez qu’il reste, Kinger, vous devriez peut-être le lui demander de façon plus explicite, se moqua le vampire.

    Bloom lui jeta un bref regard, et il se tut aussitôt. Cole avait raison, sa manière de faire taire William était déroutante.

    — Exactement ! approuva Dereck.

    — Je suis à la retraite, protesta Bloom. Et je ne crois pas que ce soit vraiment approprié après ce que…

    — En fait, l’interrompit Isabelle, votre aide nous serait sûrement précieuse.

    Elle le fixa avec espoir tout en faisant mentalement la liste des tâches qu’elle pourrait lui confier. À commencer par rédiger cette

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