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Sémira, Monica : Femmes de l'année ?: Marginales - 232
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Sémira, Monica : Femmes de l'année ?: Marginales - 232
Livre électronique123 pages1 heure

Sémira, Monica : Femmes de l'année ?: Marginales - 232

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À propos de ce livre électronique

Découvrez un nouveau numéro en version numérique de la revue littéraire belge Marginales

Que retiendra l’Histoire de cette pénultième année du siècle – et du millénaire – qui s’achève ? On ne le sait, d’autant que rien ne nous assure que l’on écrira encore notre histoire, que des chroniqueurs auront le courage de se pencher sur l’inflation d’informations qui nous caractérise, et qu’ils parviendront à y faire le tri. En ce sens, on pourrait dire que nous vivons la post-histoire de l’humanité, celle où le débordement de textes engendre un tel engorgement que plus personne n’y voit goutte...
Et pourtant, on ne peut pas dire que les papiers n’importent pas de nos jours ! Il suffit de voir quel sort est réservé à ceux qui en sont dépourvus, ou les forêts entières qui n’ont été abattues que pour consigner les ébats de l’homme le plus puissant de la planète avec une jeune stagiaire dans la pièce attenante à son bureau, qui doit son nom à sa forme ovale. D’un côté le manque, de l’autre l’excès. Aurait-elle disposé du document providentiel, la jeune Sémira n’aurait pas fini, étouffée, la tête dans le giron d’un gendarme. Ne serions-nous pas engagés dans une folie immature de ressassement des mêmes faits divers inlassablement martelés, les imprimantes d’ordinateurs n’auraient pas rendu superflue l'édition en bonne et due forme du rapport Starr. Voilà le premier livre parfaitement virtuel : pourquoi le confectionner encore, puisque les journaux l’ont anticipé et que chacun, pourvu de l’installation requise, a pu le glaner sur la toile et se bricoler une brochure personnalisée, ce qui est bien le moins en ce qui concerne des comportements aussi intimes ?

Des écrivains comme Didier Van Cauwelaert ou Caroline Lamarche revisitent à leur manière les sujets brûlants qui ont marqué l’actualité du siècle dernier.

À PROPOS DE LA REVUE

Marginales est une revue belge fondée en 1945 par Albert Ayguesparse, un grand de la littérature belge, poète du réalisme social, romancier (citons notamment Simon-la-Bonté paru en 1965 chez Calmann-Lévy), écrivain engagé entre les deux guerres (proche notamment de Charles Plisnier), fondateur du Front de littérature de gauche (1934-1935). Comment douter, avec un tel fondateur, que Marginales se soit dès l’origine affirmé comme la voix de la littérature belge dans le concert social, la parole d’un esprit collectif qui est le fondement de toute revue littéraire, et particulièrement celle-ci, ce qui l’a conduite à s’ouvrir à des courants très divers et à donner aux auteurs belges la tribune qui leur manquait.
Marginales, c’est d’abord 229 numéros jusqu’à son arrêt en 1991. C’est ensuite sept ans d’interruption et puis la renaissance en 1998 avec le n°230, sorti en pleine affaire Dutroux, dont l’évasion manquée avait bouleversé la Belgique et fourni son premier thème à la revue nouvelle formule. Marginales reprit ainsi son chemin par une publication régulière de 4 numéros par an.

LES AUTEURS

Jacques De Decker, Didier Van Cauwelaert, Pierre Maury, Anne-Marie La Fère, Daniel Simon, Caroline Lamarche, Éric Brogniet, Werner Lambersy , Adolphe Nysenholc, Nadine Monfils, Pascal Vrebos, Carl Norac, Patrick Roegiers, William Cliff, Anne Richter, Serge Meurant, Daniel SoilHenri Ronse, Viatcheslav Glebovitch Kouprianov et Jos De Wit.
LangueFrançais
ÉditeurKer
Date de sortie5 févr. 2018
ISBN9770025293800
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    Aperçu du livre

    Sémira, Monica - Collectif

    Éditorial

    Jacques De Decker

    Que retiendra l’Histoire de cette pénultième année du siècle – et du millénaire – qui s’achève ? On ne le sait, d’autant que rien ne nous assure que l’on écrira encore notre histoire, que des chroniqueurs auront le courage de se pencher sur l’inflation d’informations qui nous caractérise, et qu’ils parviendront à y faire le tri. En ce sens, on pourrait dire que nous vivons la post-histoire de l’humanité, celle où le débordement de textes engendre un tel engorgement que plus personne n’y voit goutte…

    Et pourtant, on ne peut pas dire que les papiers n’importent pas de nos jours ! Il suffit de voir quel sort est réservé à ceux qui en sont dépourvus, ou les forêts entières qui n’ont été abattues que pour consigner les ébats de l’homme le plus puissant de la planète avec une jeune stagiaire dans la pièce attenante à son bureau, qui doit son nom à sa forme ovale. D’un côté le manque, de l’autre l’excès. Aurait-elle disposé du document providentiel, la jeune Sémira n’aurait pas fini, étouffée, la tête dans le giron d’un gendarme. Ne serions-nous pas engagés dans une folie immature de ressassement des mêmes faits divers inlassablement martelés, les imprimantes d’ordinateurs n’auraient pas rendu superflue l’édition en bonne et due forme du rapport Starr. Voilà le premier livre parfaitement virtuel : pourquoi le confectionner encore, puisque les journaux l’ont anticipé et que chacun, pourvu de l’installation requise, a pu le glaner sur la toile et se bricoler une brochure personnalisée, ce qui est bien le moins en ce qui concerne des comportements aussi intimes ?

    Une différence, parmi d’autres, entre les deux faits : dans un cas, il y a eu mort de femme, et, quelques heures plus tard, démission de ministre ; dans l’autre, il n’y eut tout au plus que petite mort et refus de démission de président des États qui, pour le coup, se trouvèrent fort désunis. Ce n’est qu’un des aspects de ces deux « affaires » très contrastées : d’une part la tragédie, de l’autre la comédie, ou plus précisément le vaudeville. Mais à chaque fois, une femme est au centre de l’événement.

    Une femme dont on connaît le nom, mais dont on ne cite bientôt plus que le prénom. Comme si, peu à peu, on se dégageait de la loi du père, détentrice du nom, et que ne demeurait que l’appellation enfantine, affectueuse, mais un peu paternaliste, si l’on peut dire. Comme si nous étions tous les pères de Sémira et de Monica. En un sens, oui, puisqu’elles sont les filles de leur époque. On sait deux-trois choses d’elles, mais ces caractéristiques servent tout juste à leur donner un peu de relief dans la fresque, en fait on se moque de ce qu’elles peuvent avoir de singulier. On ne veut pas savoir. Elles sont le corps du délit, rien de plus. Délit d’adultère, surtout de parjure, pour ce qui est de Monica ; délit de séjour inautorisé sur un territoire, pour ce qui concerne Sémira. Mais leur existence, à peine profilée, peut provoquer un séisme politique. À l’échelle belge, le ministre de l’Intérieur qui se démit parce qu’il avait entendu une foule le traiter d’assassin était un ténor de première force ; il trébucha néanmoins sur le cadavre d’une jeune Africaine dénuée de tout.

    À l’échelle internationale, alors là, la disproportion a pris des dimensions hallucinantes : une tache de sperme sur une robe bleue, et le sort du monde pourrait en être changé. Cela relègue le nez de Cléopâtre au magasin des accessoires périmés. Au petit jeu des pyramides dressées sur leur pointe, des souris engendrant les montagnes, les records ont été battus. Plus que jamais, il valait mieux prendre le parti d’en rire plutôt que celui d’en pleurer. C’est ce qui s’est fait d’ailleurs : William Clinton, président de la nation la plus puissante de la terre au détour du millénaire, et au moment où son pays était plus que jamais l’arbitre du monde et en détenait le leadership incontesté, restera dans les mémoires comme le protagoniste navrant d’une multitude de plaisanteries salaces.

    On comprendra que la tentation fut grande de se donner ces deux épisodes comme argument de cette troisième livraison de marginales. Curieusement, les écrivains mordirent moins à l’hameçon que les fois précédentes, peut-être parce que la fiction spontanée avait déjà énormément exploité le thème du « Monicagate », et que la nécessité ne s’est pas imposée de changer de registre. Il est encore trop tôt, peut-être, pour que la littérature prenne la distance nécessaire ou élève le débat au-dessus de la ceinture. Quant à la mort de Sémira, cette victime de plus de l’étrange manière dont la Belgique gère sa sécurité, elle a trop marqué les esprits et les sensibilités, est trop empreinte d’ambiguïtés aussi, pour que l’on puisse y réagir autrement que par l’indignation, dont on verra qu’elle caractérise nombre de textes réunis dans ce numéro. Mais on se félicite que quelques auteurs aient pleinement relevé le défi, Didier van Cauwelaert en tête, qui a tenu à jouer le jeu, ce dont nous le remercions particulièrement.

    Mais marginales est une revue à géométrie variable. Si le dossier est moins copieux, les autres sections disposent de plus d’espace, prennent leurs aises, et les inédits peuvent se déployer. C’est le cas cette fois, et cela nous permet de prendre le pouls d’œuvres en cours, tant en français qu’en d’autres langues. Elles valent qu’on s’y attarde : la littérature y est à l’ouvrage, comme une sorte de boussole dans cette époque qui en est tellement dépourvue. Marginales ne veut rien être d’autre qu’une plaque sensible sur laquelle s’impressionnent des images qui nous permettent de voir un peu plus clair dans le réel qui nous cerne et nous laisse si souvent perplexe. Écrire et lire des textes pour mieux lire et écrire le monde, nous n’avons pas d’autre visée.

    Conseil de surveillance

    Didier van Cauwelaert

    Mon Dieu, Messieurs les Archanges et chers confrères,

    Certaines critiques émises à mon égard, concernant deux événements terrestres s’étant produits dans ma juridiction lors du dernier exercice, m’ont conduit à procéder à une simulation inversée desdits événements, qui a permis de dégager les conséquences suivantes :

    1) Concernant l’affaire Monica : lors de la fellation sous référence, la stagiaire de la Maison Blanche s’étouffe en avalant le produit de ses efforts et décède à l’intérieur du Bureau ovale. Dans l’impossibilité matérielle de débloquer sur-le-champ les fonds secrets nécessaires au silence de ses collaborateurs, le président Clinton démissionne. Les élections suivantes voient la défaite de son épouse Hillary et la victoire du procureur Kenneth Starr, qui instaure aux États-Unis un Ordre Nouveau fondé sur les vertus de la prohibition, du protectionnisme ethnique et de l’interdiction du sexe hors mariage. Un an plus tard, la Mafia russe tient les rênes du pays et le président Starr se suicide de deux balles dans la tête.

    2) Concernant l’affaire Sémira : la jeune expulsée sur le point d’être étouffée par le coussin de ses gendarmes réussit à administrer dans les parties génitales de l’un d’eux un violent coup de genou, qui provoque la chute du coussin. Les cris de la jeune fille déclenchent alors une émeute salvatrice, et le gendarme commotionné, admis aux urgences, doit subir l’ablation de ses testicules éclatés, lesquels deviennent aussitôt l’emblème de l’extrême droite qui remporte la victoire aux élections législatives et organise le dépistage systématique des étrangers facultatifs, qui sont dorénavant réexpédiés dans leur pays d’origine sous anesthésie générale.

    L’examen de ces deux hypothèses de travail non retenues, à cause de leurs conséquences à moyen terme, vous convaincra du bien-fondé de ma non-intervention pour infléchir, dans les deux cas, le cours d’un destin que je déplore mais devant lequel j’ai jugé préférable de m’incliner.

    Question de l’Opposition :

    Et la solution de laisser Sémira en liberté clandestine et d’inciter Monica à fermer sa gueule ne vous pas venue à l’esprit ?

    Réponse de l’orateur :

    Je n’ai pas de comptes à rendre aux forces des ténèbres qui ont prouvé, par leur gestion passée, que la tentation libertaire n’est pas un principe de gouvernement supérieur à

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