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Manuel clinique de psychanalyse
Manuel clinique de psychanalyse
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Livre électronique344 pages3 heures

Manuel clinique de psychanalyse

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À propos de ce livre électronique

Ce Manuel de psychanalyse est destiné aux cliniciens, aux professionnels amenés à travailler en partenariat avec le psychanalyste et aux étudiants. Il propose une direction clinique de conduite de la cure psychothérapeutique et psychanalytique.
Comment opère le psychanalyste : avec quels repères, quelle méthode, quelles techniques ? Comment considère-t-il le symptôme et à quelle sémiologie se réfère-t-il ? Quel est le champ opératoire de la psychanalyse et comment ce dernier s’articule aux champs médical et social ? C’est pour répondre à ces questions et pour soutenir le statut scientifique de la psychanalyse qu’est proposé aujourd’hui ce Manuel clinique qui s’appuie sur le désir du psychanalyste, sa clinique et sa théorie.
S’efforçant de vouloir transmettre ce qui constitue la formation du psychanalyste et ce qui guide ce dernier dans la conduite des cures, les auteurs de l’ouvrage ont tenu à rendre compte de leur clinique quotidienne, actuelle et vivante, et à faire la démonstration de la fraîcheur et de la pertinence de l’enseignement freudo-lacanien, actualisé au regard de notre époque.
L’ouvrage est aussi une invitation faite aux psychanalystes : celle d’un travail commun, critique et constructif pour faire vivre la psychanalyse en France et dans le monde, et pour l’ajuster au singulier. Que le lecteur puisse s’approprier ce document et en devenir un partenaire, en faisant part de ses remarques pour l’enrichir en vue des futures éditions.


À PROPOS DES AUTEURS

Les auteurs de ce manuel, psychothérapeutes et psychanalystes, sont membres du Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital. Le RPH-École de psychanalyse est né de l’expérience du psychanalyste Fernando de Amorim commencée en 1991 dans le service de médecine interne de l’Hôpital Avicenne (AP-HP). L’École poursuit trois visées : l’accueil et l’écoute de personnes en souffrance psychique,  et organique ; la formation clinique et théorique nécessaire à occuper la position de psychothérapeute et de psychanalyste ; la mise en place d’une réflexion et d’une articulation concrète entre le champ médical et le champ psychanalytique. Le RPH dispose d’un Service d’Écoute Téléphonique d’Urgence (SETU ? - 7j/7 - 24h/24) et ses membres participent au dispositif de la Consultation Publique de Psychanalyse (CPP).

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie12 juil. 2023
ISBN9782384546398
Manuel clinique de psychanalyse

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    Aperçu du livre

    Manuel clinique de psychanalyse - Collectif

    Introduction

    Ce manuel est le fruit de huit années d’un travail intense. Nous avons essayé d’y mettre, de façon exhaustive, l’état de notre conception de la psychopathologie, de la clinique psychanalytique et de la formation des psychanalystes. L’ensemble du manuel a été conçu collectivement, rédigé, relu et validé de même.

    C’est à partir de l’expérience clinique quotidienne de l’ensemble des membres qui participent au RPH-École de psychanalyse qu’est né le désir d’en formaliser les lignes directrices sous la forme de ce manuel. Le projet nous a poussés à revenir, dans un premier temps, sur la formation du psychanalyste et les dispositifs propres à notre École pour en délimiter les contours et faire cette proposition de réunir les professionnels autour d’un projet à la fois commun et ambitieux : le projet d’une clinique du partenariat au service de la logique du soin psychique, corporel et organique.

    Le désir de ce manuel est de témoigner et de rendre compte d’un travail et d’une élaboration de plus de 20 ans engagés par un psychanalyste, Fernando de Amorim, pour proposer un modèle rigoureux de notre pratique clinique et de nos repérages sémiologiques s’appuyant sur un modèle métapsychologique. Un tel manuel psychanalytique n’a encore jamais été proposé. Nous nous adressons grâce à lui à la communauté psychanalytique freudo-lacanienne et lui proposons d’entamer un dialogue fécond sur les fondements de notre approche théorico-clinique. Les lecteurs de Sigmund Freud et de Jacques Lacan trouveront dans cet ouvrage des conceptions qui leur seront familières. Ils y trouveront également des propositions conceptuelles tout à fait nouvelles.

    Notre lecture psychanalytique est freudo-lacanienne, enrichie par les apports théoriques d’Amorim. Celui-ci nous invite à nous appuyer sur une métaphore maritime et à imaginer l’inconscient comme un océan et la psychanalyse comme une traversée. Cette métaphore est au cœur de cet ouvrage et de nombreux termes tirés du vocabulaire des navigateurs sont utilisés ici dans une conception psychanalytique. Ils sont explicités dans le corps du texte et définis dans un lexique en fin d’ouvrage. Nous nous inscrivons parallèlement dans la lignée de la psychiatrie franco-allemande classique.

    Ce manuel s’adresse également aux étudiants en psychologie, en médecine ou dans d’autres disciplines qui y trouveront une proposition concrète relative à la formation des psychanalystes. Ils y rencontreront de nombreuses illustrations cliniques afin d’éclairer les conceptions nouvelles que nous proposons.

    Il est aussi une réponse aux critiques nombreuses de la psychanalyse provenant du champ médical, neuroscientifique, des différents courants de la psychologie et des psychothérapies brèves, qui se targuent d’être les représentants d’approches rigoureuses et scientifiques.

    Ce manuel constitue, enfin, une proposition concrète pour établir une psychanalyse scientifique. Nous pensons que la psychanalyse mérite d’avoir le statut de science. Pour cela, nous proposons des concepts articulés à des pratiques rigoureuses. Le lecteur trouvera dans ce manuel des repérages clairs concernant le déroulement d’une cure : la distinction entre psychothérapie et psychanalyse ; la façon de les mener selon la structure psychique de l’être ; la prise en compte dans la stratégie clinique des maladies organiques et des symptômes corporels et psychiques.

    Parce que nous considérons la clinique psychanalytique quotidienne comme notre première source d’enseignement, nous avons choisi d’illustrer notre propos, pour chaque partie de ce manuel, de vignettes cliniques. Aucune théorisation ne saurait tenir la route sans l’épreuve de la clinique. De même, la conduite des cures nécessite des points de repères théoriques fondamentaux. L’un ne va pas sans l’autre. C’est grâce à une solide articulation théorico-clinique, fruit de l’étude minutieuse de l’histoire des concepts et de leur actualisation, appuyée par la clinique, que la psychanalyse restera vivante.

    Nous espérons que cet ouvrage trouvera place dans l’espace public et constituera un support afin d’échanger de façon constructive avec l’ensemble des acteurs œuvrant dans le soin psychique ainsi qu’avec les décideurs des politiques de santé publique. Nous pensons que les propositions concrètes que nous faisons dans ce manuel pourraient légitimement retenir leur attention.

    PARTIE 1

    LE RPH

    ÉCOLE DE PSYCHANALYSE

    I.La formation du psychanalyste

    Dans la lignée de l’enseignement de Freud et de Lacan, la formation du psychanalyste au Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital-École de psychanalyse (RPH) est directement articulée à sa psychanalyse personnelle. Quels que soient son âge, son niveau d’études ou son statut social, la cure personnelle du clinicien constitue certainement l’élément le plus important de la formation psychanalytique. C’est en apprenant sur ses symptômes, ses empêchements et ses résistances, puis en les dénouant pour que se dévoile son désir, que le clinicien peut gagner une autorité de transfert* auprès de ceux dont il assure la conduite de la cure.

    C’est également une expérience qui lui permet, lorsqu’il débute son activité clinique, de pouvoir s’appuyer sur ce qu’il aura perçu de la technique à travers sa cure. Au fil du temps, il pourra ensuite construire son propre style tout en affinant son usage de la méthode et des techniques psychanalytiques.

    La cure personnelle ne suffit pas à elle seule à former un psychanalyste. Elle est accompagnée d’une formation clinique et théorique solide dispensée au sein de l’École. L’alliance entre cure personnelle et enseignements favorise la prise en compte par le clinicien de ses propres résistances qui entravent sa pratique et son autorité* clinique. Par cette alliance, le clinicien surmonte ses résistances, mais surtout évite de s’y enliser, c’est l’éthique de la castration*.

    La formation du psychanalyste au RPH-École de psychanalyse se structure autour du désir. Elle met en exergue le rapport éthique que le clinicien entretient avec son propre désir, en un exercice quotidien de son rapport à la castration*.

    I.1Présentation de l’École

    Né en 1997, le RPH-École de psychanalyse est une association de psychanalyse – loi 1901 – qui regroupe des psychanalystes, psychothérapeutes, psychologues, étudiants en psychologie ou psychiatrie, mais aussi des médecins à Paris et sa région. C’est un lieu de formation clinique et théorique pour ceux qui souhaitent occuper la position de psychothérapeute et de psychanalyste.

    Ce lieu s’articule autour de trois pôles :

    –la formation clinique,

    –la formation théorique,

    –la représentation de la psychanalyse au niveau de la Cité.

    Le RPH-École de psychanalyse s’origine de l’expérience d’Amorim, psychanalyste qui, depuis 1981, a mis en place une clinique spécifique à l’hôpital avec des patients atteints de maladies organiques et de souffrances corporelles ou psychiques. Le RPH effectue son travail dans la lignée de Freud, Lacan et quelques autres.

    Le RPH-École de psychanalyse poursuit trois grands objectifs :

    –l’accueil et l’écoute de personnes en souffrance psychique, corporelle et organique ;

    –la formation clinique et théorique nécessaire pour occuper la position de psychothérapeute ou psychanalyste ;

    –la mise en place d’une réflexion et d’une articulation concrète entre le champ médical et le champ psychanalytique.

    Ainsi, le RPH-École de psychanalyse, d’une part, reçoit ceux qui souhaitent rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste ; d’autre part, et dans une visée de transmission, soutient le désir de celui (étudiant ou non) qui souhaite devenir psychothérapeute, voire psychanalyste.

    Dans notre association, nous travaillons en coopération théorique et clinique avec le corps médical, paramédical et social, ce que nous avons appelé la clinique du partenariat (Cf. Partie 1. II – La clinique du partenariat).

    Pour la formation clinique, l’École a mis en place le Service d’Écoute Téléphonique d’Urgence (SETU ?) et la Consultation Publique de Psychanalyse (CPP) pour ceux qui souffrent psychiquement, corporellement ou organiquement. Le RPH poursuit ainsi la visée freudienne de ne pas séparer psychanalyse et social tout en formant les étudiants et jeunes diplômés à la clinique psychanalytique. Il leur offre la possibilité d’occuper la position de psychothérapeute ou de supposé-psychanalyste au sein de la CPP. Cette pratique est encadrée par une supervision* individuelle et une supervision de groupe afin que le clinicien y expose ses difficultés et ses questions nées de la rencontre clinique. Cette dernière confronte très tôt le clinicien à son propre désir et au transfert : comment recevoir un patient ? Comment manier le transfert ? Comment conduire la cure ? Au contraire d’un isolement et d’une solitude inhérents à l’exercice, le clinicien dispose de différents lieux pour rendre compte des difficultés et impasses de la clinique qui mettent à l’épreuve le désir du psychanalyste*. C’est pourquoi cette formation s’associe à une étude théorique soutenue au cours de laquelle les œuvres et textes fondamentaux de la psychanalyse sont travaillés en groupe, accompagnée de la participation à des enseignements obligatoires, y compris des réunions cliniques.

    De plus, l’École propose une réflexion et une articulation concrète entre le champ médical et le champ psychanalytique. Ces engagements permettent un travail de recherche et d’expérimentation s’accompagnant de propositions théoriques, cliniques et politiques.

    I.2Organisation de l’École

    La clinique et l’étude théorique au sein du RPH-École de psychanalyse, alliées à l’expérience du SETU ? et de la CPP, permettent de dégager des choix d’organisation concrets. Ceux-ci visent à élaborer la scientificité de la psychanalyse en mettant à l’épreuve une méthode qui lui est propre.

    Les propositions qui suivent correspondent à des avancées techniques³ ou à des précisions quant à la formation du psychanalyste ; elles ont pour vocation d’être expérimentées et discutées par des cliniciens du monde entier :

    –La cure du psychanalyste est sans fin tout au long de son exercice professionnel. Cette exigence est une réponse concrète au principal écueil que rencontrent la psychanalyse et sa transmission depuis son origine : le renforcement du Moi* du psychanalyste qui contamine la cure des patients et des psychanalysants, jusqu’à la psychanalyse elle-même. Cette proposition souligne l’engagement et la responsabilité éthiques du clinicien. La fonction de psychanalyste est une position et non une place (Cf. Partie 2 – I.3 – Les positions transférentielles du clinicien).

    À partir de la passe lacanienne, le RPH-École de psychanalyse propose d’autres conditions pour attester de la position de psychanalyste :

    –D’une part, le témoignage de sortie de cure d’un psychanalysant est ce qui pourra déterminer la position de psychanalyste du clinicien qui a conduit cette cure. Lors d’une réunion où sont présents les membres cliniciens du RPH ainsi qu’au moins deux psychanalystes invités de différentes Écoles de psychanalyse, le supposé-psychanalyste présente un écrit retraçant les moments cruciaux de la cure du psychanalysant. Cet écrit s’accompagne du témoignage oral du supposé-psychanalyste qui argumente s’il y a sortie de psychanalyse*. Si les cliniciens repèrent, après examen, les différents éléments attestant la sortie de la cure, le supposé-psychanalyste est reconnu comme psychanalyste de cette cure-là. Ainsi, le psychanalyste au RPH ne s’autorise pas uniquement de lui-même ni de quelques autres, mais surtout du grand Autre barré* (Ⱥ). C’est ce que nous nommons la passe externe.

    –D’autre part, le témoignage de sortie de cure d’un être, par ailleurs clinicien, pourra déterminer non pas sa position de psychanalyste, mais celle de sujet. Celui qui témoigne adresse aux cliniciens membres de l’École un écrit retraçant les moments cruciaux de sa cure. Lors d’une réunion, il sera invité à répondre aux questions que son texte aura soulevées, et transmettra ainsi ce qu’il aura appris de sa psychanalyse et de ses effets. Après examen et discussion, si les éléments nécessaires ont été repérés, l’être sera reconnu en position de sujet. C’est ce que nous nommons la passe interne.

    –Qu’il soit étudiant ou jeune diplômé, la pratique clinique libérale du membre de l’École est vivement encouragée. Cette proposition, facilitée par la possibilité d’exercer au sein de la Consultation Publique de Psychanalyse, vise à former le clinicien en le confrontant au plus tôt au Réel de la clinique. Cela favorise l’engagement du clinicien avec son désir, quel que soit son âge ou son diplôme.

    –L’articulation de la formation clinique et théorique du RPH à la recherche, notamment universitaire, nourrit la dimension scientifique de la psychanalyse, au lieu de théorisations qui ne sont pas articulées au Réel de l’expérience. Pousser au plus loin les champs de son savoir fait partie intégrante de la formation du psychanalyste et concourt à construire sa position éthique. En effet, la position de chercheur est indissociable de la position du psychanalyste et constitue le seul rempart dans la lutte des passions humaines dont il doit se tenir éloigné.

    –Le membre clinicien est en cure et en supervision* ou en contrôle* au sein de l’École. Cette proposition permet la cohérence dans la formation et favorise le repérage et la levée des résistances du psychanalyste. Elle rend possible l’évitement des positions de clivage et d’isolation qui nourrissent les résistances et, inévitablement, nuisent à la conduite de la cure. Si le clinicien conduit la cure avec son style, il le développe selon un socle commun, des références partagées au sein de l’École.

    –Les réunions cliniques font partie de la formation du clinicien ; outre les séminaires, supervisions*, groupes d’études et colloques, il y présente régulièrement un cas clinique. En étudiant collégialement les retranscriptions des interventions du clinicien dans la cure d’un patient ou d’un psychanalysant, ces réunions permettent à tous les membres d’apprendre mutuellement de leurs erreurs. Celui qui conduit la cure prend en compte les remarques techniques et cliniques afin de réorienter, le cas échéant, la conduite de la cure.

    –Dès le début de son apprentissage, le clinicien est vivement sollicité à intervenir aux colloques du RPH ou d’autres associations ainsi qu’à l’université. Ces moments publics où il témoigne de son travail et de sa clinique l’amènent à quitter ses inhibitions, le poussent à s’engager davantage dans son travail et lui apprennent la rigueur, la concision et la précision du travail scientifique.

    Soulignons ici que le désir de l’analyste ou encore le passage à l’analyste, au cœur des procédures de passe d’autres Écoles lacaniennes, sont pour nous insuffisants pour s’autoriser psychanalyste. C’est aussi pour cela que nous distinguons le désir du psychanalyste* de la position de psychanalyste, et celle-ci de la position de sujet*. Nous assumons le choix de ne pas organiser notre École selon les modèles classiques issus de l’héritage freudo-lacanien, mais considérons offrir une proposition nouvelle, face aux impasses et écueils des procédures en vigueur, pour la formation du psychanalyste.

    Cette organisation favorise la formation du psychanalyste en l’articulant davantage avec ce qui en constitue l’ossature : la psychanalyse personnelle. Celle-ci constitue le pivot autour duquel s’organise le fonctionnement du RPH ; en évitant les stases libidinales institutionnelles, en désamorçant les résistances des cliniciens et en leur facilitant la possibilité de traiter leurs symptômes sur le divan. L’organisation de l’École permet au clinicien de construire son rapport éthique à son désir. Ce faisant, elle évite certains biais imaginaires et consolide la formation du psychanalyste dans la voie de la rigueur et de l’exigence.

    I.3Enseignement

    L’enseignement au sein de l’École se distingue par la part qu’il confère à l’expérience ; la psychanalyse personnelle s’articule alors aux dispositifs cliniques SETU ? et CPP. Les enseignements oraux sont dispensés par des psychanalystes qui pratiquent au quotidien et qui continuent d’occuper régulièrement la position de psychanalysant : groupes d’études, réunions cliniques, séminaires, supervisions* individuelles et de groupe, colloques.

    Les différentes avancées théoriques sont donc éprouvées au jour le jour par l’ensemble des cliniciens qui font usage de l’enseignement de Freud et de Lacan, de la cartographie et des différentes techniques actualisées. Se faisant les témoins de la pertinence et de la validité théorique de l’enseignement dispensé, ils participent activement à sa construction. Chacun des membres peut également faire la proposition de réunion de travail ou de la constitution d’un groupe sur un thème de recherche qu’il souhaite développer. Il s’agit ainsi de lutter contre des formes d’institutionnalisation rigides susceptibles de gangréner, d’étouffer et de saturer le désir. Une école de psychanalyse n’est pas exempte de ces phénomènes.

    Les réunions cliniques sont enregistrées, retranscrites puis publiées dans le Bulletin de l’École. Par cette précaution scientifique, cet enseignement peut être objectivement critiqué par les membres cliniciens.

    Ainsi, il est possible de retirer quelques enseignements de l’ensemble des propositions de formation que le RPH expérimente depuis 24 ans. Il apparaît, dès lors que l’on examine la situation professionnelle des cliniciens de l’École, que l’expérimentation fonctionne. En effet, l’exigence, la rigueur et l’expérience que les cliniciens acquièrent dans leur formation leur permettent de vivre de leur clinique.

    Précisons que nombre de membres du RPH ont à peine 30 ans et remarquons qu’ils poursuivent également leurs études universitaires au moins jusqu’au doctorat. Ainsi, la situation professionnelle des membres de l’École illustre suffisamment la justesse de l’enseignement qui y est dispensé et l’examen annuel du fonctionnement de la CPP en révèle toute la pertinence.


    3 Amorim (de), F. (2019). « Propositions », in Brèves 2018/2019, Paris, RPH, 2021, pp. 283-8.

    II.La clinique du partenariat

    La clinique du partenariat est une formulation introduite par Amorim. Elle désigne une clinique organisée autour de la souffrance du patient, de la volonté du médecin de guérir et du désir du psychanalyste*, soutenue par le transfert.

    La clinique du partenariat est une réponse à l’impasse clinique que rencontre le champ médical dès lors qu’est exclue de la logique du soin la question du désir et de la responsabilité de l’être. Elle met en évidence l’articulation nécessaire entre le champ psychanalytique et le champ médico-chirurgical dans le traitement des symptômes psychiques, corporels et organiques.

    II.1Les différents champs opératoires

    II.1.1Le champ opératoire en psychanalyse

    Le champ opératoire est un terme issu du vocabulaire chirurgical que Amorim emprunte pour délimiter, dans la clinique psychanalytique, le champ des interventions du psychanalyste. C’est au clinicien qu’il revient d’installer ce champ, de s’y limiter et d’être attentif à en éviter la contamination.

    Le champ opératoire psychanalytique est celui d’une clinique avec transfert orientée par les associations libres*. C’est une clinique de l’objet a*. Pour l’installer, le clinicien part de la souffrance produite par le symptôme, de la présence des affects et de l’ignorance, et s’appuie sur le transfert qui pourra naître et être nourri au fur et à mesure des consultations⁴.

    Il est nécessaire que le psychanalyste puisse supporter d’occuper la position d’objet a*. Selon l’expérience et la proposition d’Amorim, occuper cette position exige que la psychanalyse du psychanalyste soit poursuivie tant qu’il exerce. De plus, pour protéger ce champ et s’y limiter, il est nécessaire que le psychanalyste n’occupe pas d’autres positions, par exemple qu’il ne délivre pas d’ordonnance, même s’il a une formation de psychiatre.

    II.1.2La collaboration nécessaire entre professionnels de différents champs opératoires

    Chaque professionnel du domaine médico-social a son propre champ d’intervention. Les médecins soignent l’organisme malade. Lorsqu’ils sont cliniciens, ils peuvent également reconnaître la dimension de l’être, à savoir ses affects, ses fantasmes, son désir, mais n’ont pas les instruments pour opérer dans ce champ-là. C’est pour cette raison qu’il importe que les médecins puissent lier leur travail à celui du psychanalyste en utilisant l’autorité du transfert* pour inviter le patient à associer à la thérapeutique médico-chirurgicale la clinique psychanalytique, et cela dès la première consultation.

    La clinique du partenariat vise à ce que chaque professionnel puisse travailler dans son champ opératoire : pour que le médecin soigne l’organisme, que le chirurgien opère, que le psychothérapeute ou le psychanalyste conduisent la cure.

    Vignette n° 1

    La nécessaire clinique du partenariat

    Madame D. est en psychothérapie depuis cinq mois, au rythme de trois séances par semaine. Elle voit par ailleurs un psychiatre qui lui prescrit un traitement médicamenteux.

    Grâce à sa psychothérapie, la patiente reprend le travail après dix ans d’inactivité. Elle se maintient ainsi en poste pendant deux mois.

    Lors d’une séance, alors qu’elle n’avait pas abordé cette éventualité dans sa cure, elle dit que son psychiatre a accepté de lui prescrire un arrêt maladie. Elle lui a demandé également à être reconnue en tant que travailleur handicapé. J’examine : « Quel est votre handicap ? ». Elle répond : « Mon refus total de

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