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La vie devant eux: Roman pour ados
La vie devant eux: Roman pour ados
La vie devant eux: Roman pour ados
Livre électronique140 pages1 heure

La vie devant eux: Roman pour ados

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À propos de ce livre électronique

Les élèves du lycée de Gerson s'apprêtent à commencer une partie de Cluedo pas comme les autres...

Madame Pérot, professeur de mathématiques, est victime d'un grave accident à la sortie du lycée de Gerson, qui la laisse entre la vie et la mort : les tuyaux de freins de sa voiture ont été sectionnés. Une enquête commence au lycée. En effet, le « crime » s'est déroulé sur le parking de l'établissement et il y a de fortes chances pour qu'il ait été commis par un élève. Car Madame Pérot a la réputation d'être aussi douce qu'une harpie. Justement, Natacha n'avait-elle pas dit qu'elle « ferait payer » à son professeur la mauvaise note qu'elle lui a attribuée ? Ou bien est-ce Marlène, qui avait confié à ses amies Ambre et Juliette qu'elle voulait se venger ? Les interrogatoires se succèdent et la suspicion se répand dans la classe de seconde de Madame Pérot. Pendant ce temps, des amitiés se lient et se dénouent. Élisa et Adélaïde, les élèves modèles de bonne famille, sortent de leur cocon pour se rapprocher de leurs camarades. Parmi eux, Gaëtan, Jonathan et Mounir qui viennent du quartier sensible du Vieux-Four. Adélaïde va ouvrir les yeux sur ce monde et sortir de sa zone de confort : elle se rend compte que la vie de Gaëtan n'est pas facile, surtout avec une mère négligente et des petits frère et sœur dont il doit s'occuper...

Un roman pour ados au suspense haletant ! |Age conseilé : 13 ans et plus

EXTRAIT

Banal. Mais encore ? Pas grand-chose de plus. Pas grand-chose de moins, non plus. C’est donc dans le lycée de Gerson que madame Pérot enseigne. La salle des professeurs sent vaguement le tabac froid : l’odeur pénètre par la fenêtre entrouverte sur le préau devenu la zone fumeurs et s’immisce de manière diffuse dans la salle réservée aux enseignants. Quelques citations de bon goût se partagent les murs avec un décor d’un style plus douteux. Ainsi, les feuilles A4 jaunies sont-elles la principale décoration. La Déclaration des Droits de l’Homme a été amputée d’un petit coin de papier, une façon d’annoncer qu’ici, il arrive parfois que les droits des enseignants soient légèrement grignotés : sachez que le vocabulaire des élèves ne manquera pas d’atteindre vos libertés fondamentales !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Blandine Gérard travaille aujourd’hui comme éducatrice dans un cercle thérapeutique à Tournai. Passionnée par les gens et leur caractère, elle aime (toujours autant !) croquer le monde qui l'entoure. Écrire lui permet de canaliser les idées qui fourmillent dans sa tête. La vie devant eux est son troisième roman pour ados, après Dans l'ombre de ma sœur (Alice Jeunesse) et Une mère quelque part (Editions du Jasmin).
LangueFrançais
Date de sortie13 févr. 2015
ISBN9782511031155
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    Aperçu du livre

    La vie devant eux - Blandine Gérard

    PREMIÈRE PARTIE

    CHAPITRE 1

    LÀ OÙ L’ON S’ENNUIE

    Banal. Mais encore ? Pas grand-chose de plus. Pas grand-chose de moins, non plus. C’est donc dans le lycée de Gerson que madame Pérot enseigne. La salle des professeurs sent vaguement le tabac froid : l’odeur pénètre par la fenêtre entrouverte sur le préau devenu la zone fumeurs et s’immisce de manière diffuse dans la salle réservée aux enseignants. Quelques citations de bon goût se partagent les murs avec un décor d’un style plus douteux. Ainsi, les feuilles A4 jaunies sont-elles la principale décoration. La Déclaration des Droits de l’Homme a été amputée d’un petit coin de papier, une façon d’annoncer qu’ici, il arrive parfois que les droits des enseignants soient légèrement grignotés : sachez que le vocabulaire des élèves ne manquera pas d’atteindre vos libertés fondamentales !

    Les casiers alignés sont marqués du nom de leur propriétaire ainsi que de la matière qu’il dispense. Tables et chaises sont disposées dans un alignement parfait, signe du passage récent des dames d’ouvrage. Madame Pérot ne travaille pas au célèbre Henri-IV à Paris, mais pas dans une zone d’éducation prioritaire non plus, bien que le quartier du Vieux-Four ne soit pas très loin. Quelques gamins de ce lieu malfamé fréquentent le lycée. Il paraît que ce sont les meilleurs de ce quartier dont Gerson a hérité. Le professeur se demande bien ce qu’il doit rester dans leur établissement de secteur. Faut-il véritablement s’acharner à instruire des jeunes qui ne le souhaitent pas plus que de se casser une jambe ? Et nous arrivons au cœur du problème : faut-il les lui refiler en cours ?

    L’enseignante songe que Jules Ferry a rendu l’école obligatoire et que les élèves l’ont rendue insupportable.

    Dans un coin de la salle des profs, elle termine de corriger les devoirs de mathématiques de la classe de Seconde en option scientifique. Ils sont l’élite de la nation, destinés à faire quelque chose de leur cerveau et, accessoirement, à passer en Première scientifique.

    Madame Pérot pense, corrige, s’ennuie, mais ne rêvasse pas. Elle ne rêve plus depuis longtemps !

    Pourquoi Marlène souligne-t-elle trois fois son titre en rose et l’encadre-t-elle de deux petites fleurs violettes, alors qu’elle n’a jamais le temps de finir son examen ? Pour atténuer les souffrances du professeur qui le corrige.

    Pourquoi Natacha écrit-elle que la courbe « tangue » vers l’infini ? Pour mettre un peu de poésie dans les mathématiques.

    Pourquoi Gaëtan a-t-il appris à compter ? Pour surveiller sa montre et signaler la fin du cours.

    Pourquoi ces élèves-là sont-ils incapables de résoudre une équation d’une telle simplicité ? Parce qu’ils ne sont pas à leur place.

    Pourquoi madame Pérot s’efforce-t-elle de donner une réponse à tout ? Parce que son cynisme et ses répliques cinglantes sont les deux brassards qui l’empêchent de couler dans le profond océan d’ignorance où elle patauge.

    Le faible niveau des copies la renvoie à la médiocrité de sa fonction. Ce qui est présenté comme le plus beau métier du monde est, pour elle, un échec professionnel. Plutôt que se l’avouer, madame Pérot préfère pester contre ses étudiants qui ne collent pas à l’image qu’elle s’était figuré de « petits Descartes » curieux d’apprendre. Les meilleurs de ses élèves ont un prénom et des notes ; les autres sont un nom sur une liste d’appel, des parasites perturbant son cours. De là à penser qu’ils ont une vie… Ces préoccupations sont à mille lieues de l’enseignante. Le professeur de mathématiques ne fait pas partie de ces femmes qui s’encombrent de scrupules. Elle n’est pas du genre à prendre en considération les états d’âme de ses élèves, ces jeunes gens si différents de ce qu’elle a été à leur âge. Véritable génie des mathématiques, elle aurait pu réinventer l’algèbre et trôner parmi les plus grands : Einstein, Curry, Pasteur. Mais elle est issue d’un milieu où l’on ne proposait que d’être institutrice ou secrétaire aux jeunes filles les plus brillantes.

    Soudain, la cloche hurle son appel au labeur et, avec l’enthousiasme d’un mineur de fond dont la pause s’achève, elle range ses copies et se lève. Droite comme un I, dépassant son public de casiers ordonnés, elle se dirige vers la classe de Seconde 3. Elle a des copies à rendre.

    CHAPITRE 2

    LÀ OÙ L’ON VIT

    Le regard désabusé de madame Pérot parcourt la classe. Il y a tant de choses qu’elle aurait pu faire, bien plus grandes que zigzaguer entre les sacs mal rangés de gamins impolis et sans talent. Tels des animaux pris dans un filet, ils attendent dans l’espoir d’être libérés, les yeux ronds, ou bien mi-clos pour ceux qui n’ont plus d’espoir.

    Les notes vont tomber.

    Elle cherche vainement dans leur regard vitreux une étincelle d’intelligence, qu’elle ne perçoit pas. Vraiment, aucun d’entre eux ne lui ressemble. Sans pitié, elle égrène la liste des élèves : un nom, une note et sa petite opinion personnelle…

    — Manuela, 8,5. Toujours en quête du minimum. Seulement, cette fois, on est en dessous. Eh oui, quand on ne fait rien, ça ne tombe pas tout seul ! Jonathan, 12. Il y a une amélioration, il va falloir la maintenir. Natacha, sans surprise, 6. Rien retenu du cours, rien appris et rien compris. C’est ça le problème maintenant : on fait passer n’importe quel élève dans les meilleures filières et on se retrouve avec des gamins qui, en plus d’un niveau largement insuffisant, ignorent le sens du mot travail.

    — Elle me le paiera, murmure Natacha à sa voisine.

    À seize ans, elle fait partie des plus âgés de sa classe et n’est pas du genre à se laisser ridiculiser en public. Ce style de remarques, la moitié de la classe y a eu droit. Cependant, Natacha, elle, ne laissera pas passer. La vengeance est un plat qui se mange froid. Sa voisine Manuela, une très jolie Brésilienne, lui fait un clin d’œil qui signifie : « oui, tu auras ta revanche ». Elles se comprennent sans se parler.

    — Gaëtan, 4. Je m’économise la fatigue de commenter. Mounir, 4,5. À la hauteur de mes espérances. Marlène, alors là, je ne sais plus quoi dire. Après votre amélioration du mois de janvier, vous revenez avec un devoir incohérent et fouillis au possible. 3 points. Et encore, j’ai dû les chercher. Tout est faux, même la date ; ça fait deux mois qu’on est en 2014 !

    Marlène ne dit pas un mot, elle se contente de fixer sa copie avec rage.

    — Élisa, 13. C’est un devoir correct. Adélaïde, 17. Comme quoi ce devoir était faisable !

    — Surtout avec un père architecte, commente Marlène.

    — N’ajoutez pas la mesquinerie à votre médiocrité, répond madame Pérot. Et prenez votre livre page 129, exercice cinq.

    Adélaïde est toute rouge. Elle cherche son livre avec maladresse. Encore une remarque de Marlène ; tout le monde a ri. Son amie Élisa pose la main sur son épaule.

    — Tu t’en fous de ce qu’elle dit, la rassure-t-elle.

    Adélaïde ne s’en moque pas du tout, justement. Et, en plus, elle n’avait pas besoin que cette sorcière de Pérot prenne sa défense. Elle aurait aimé trouver toute seule quelque chose à répondre. Ou, au moins, elle aurait aimé que sa maudite peau de rousse ne vire pas pivoine, comme à chaque remarque. Sa timidité maladive la dévore ; elle voudrait pleurer. À presque quinze ans, pleurer en classe pour une petite remarque moqueuse… quelle honte !

    — Manuela, vous me faites la correction de l’exercice.

    La voix de madame Pérot interrompt les chuchotements. Manuela se dirige vers le tableau et les garçons du fond de la classe commencent à ricaner. Gaëtan laisse échapper un petit sifflement. L’allure de la jeune fille sème le trouble chez ses camarades mâles. Elle est peu vêtue : mini-jupes et mini-shorts se succèdent, en été comme en hiver. Elle aime être jugée sur ses apparences trompeuses. Manuela n’est pas un objet ; le désir est son jouet.

    Évidemment, ce n’est pas du goût de tout le monde. Madame Pérot la fusille du regard à chaque cours. Elle lui sauterait bien à la gorge si l’Éducation nationale ne le lui interdisait pas. De toute façon, que ce soit la blonde Natacha ou la brune Manuela, elle ne supporte aucune de ces deux jolies demoiselles. Elles seraient sûrement moins mauvaises en maths si elles passaient dans leur cahier d’exercices la moitié du temps qu’elles consacrent à leur

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