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Les 6 doigts de la main - 1: Épisode 1
Les 6 doigts de la main - 1: Épisode 1
Les 6 doigts de la main - 1: Épisode 1
Livre électronique293 pages4 heures

Les 6 doigts de la main - 1: Épisode 1

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À propos de ce livre électronique

Alie, Léa, Marie-Zoé (Mazo pour les intimes), Beverly, Solal et Louis.
Six amis unis comme les doigts de la main, inséparables.
Six amis qui se disent toujours tout.
Vraiment tout ?...
Alie désespère à l'idée d'être la seule à ne pas avoir encore ses règles… Pour une fille populaire comme elle, c'est la honte !
Léa voit ses parents se séparer et sa vie de famille voler en éclats.
Mazo n'en a plus que pour Louna, cette nouvelle amie prête à tout pour intégrer la bande.
Beverly a tellement peur d'échouer à ses examens qu'elle pense à tricher (mais chut !).
Solal prend plaisir à défier l'autorité et il a beaucoup d'imagination… au diable les conséquences !
Louis rêve secrètement de coucher (enfin !) avec une fille avant la fin des classes.
Non, cette année, pour eux, rien ne sera plus pareil.
A quinze ans, la vie tout entière peut changer.
Ou pas…
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie15 févr. 2017
ISBN9782896626717
Les 6 doigts de la main - 1: Épisode 1
Auteur

Sophie Laroche

Née en 1970, Sophie Laroche a grandi au bord de la mer, à Wimereux, dans le Pas-de-Calais. Après des années de journalisme, elle se consacre à l’écriture pour la jeunesse, la rédaction d’articles comme pigiste pour un magazine féminin et les rencontres dans les écoles. C’est indéniable, Sophie Laroche sait écrire pour la jeunesse. N’hésitant aucunement à aborder des thèmes graves, elle n’a cependant pas besoin d’être moralisatrice, les légèretés et gravités de ses romans suffiront à ce que le message soit compris par les jeunes lecteurs. La plume de Sophie Laroche est une vraie découverte.

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    Aperçu du livre

    Les 6 doigts de la main - 1 - Sophie Laroche

    plus.

    Léa et Alie franchissent l’enceinte de l’école ensemble. Ce n’est pas le fruit du hasard, ni la manifestation d’une totale communion d’âmes, non : elles se sont juste donné rendez-vous à l’arrêt de bus, à cinq minutes de là, afin de vérifier réciproquement leur look. Cheveux lissés mais pas trop, maquillage léger (Oui maman, c’est bon !) mais pas trop, vêtements nouveaux mais pas trop… ce n’est quand même que la rentrée en troisième.

    — Dernière année du collège ! chantent les deux amies en chœur.

    Ça fait tellement longtemps qu’elles attendent ce moment ! Dans la cour, elles zigzaguent d’un groupe d’élèves à l’autre, à la recherche de leurs amis, et finissent par trouver Beverly, les yeux rivés sur le panneau d’affichage.

    — C’est la catastrophe ! annonce-t-elle d’emblée, sans même un bonjour. Mazo n’est pas dans notre classe !

    — Comment ça, Mazo n’est pas dans notre classe ? lance une voix masculine derrière elles.

    Sorti de nulle part, Solal vient de les rejoindre. Même si jamais, au grand jamais, elles ne seront amoureuses de lui parce que c’est leur ami-un-point-c’est-tout, Alie et Léa ne peuvent s’empêcher de penser que, bronzé, il est encore plus beau que d’habitude. Même quand il fronce les sourcils. Il n’y a que Beverly qui ne remarque pas ces détails-là.

    — Mais pourquoi ? Pourquoi ils nous l’ont enlevée ? répète-t-elle.

    Pas parce qu’elle se plaint, non. Seulement parce qu’elle a besoin de comprendre.

    Les joues en feu, les cheveux hirsutes, voilà justement Mazo qui fonce sur le quatuor.

    — J’ai bien cru que j’arriverais jamais ! Ma mère ne retrouvait plus ses clés de voiture, puis a décidé qu’elle était en retard et m’a laissée place Navarin. J’ai dû faire tout le chemin en courant ! On dirait qu’elle a oublié que Boulogne-sur-Mer est une ville en côtes !

    — T’inquiète, Mazo, t’es pas en retard, la rassure Léa.

    — Mais t’es pas dans notre classe…, tient à signaler Beverly.

    — Quoi ? On est séparés ? panique Mazo.

    — TU es séparée, précise Beverly, le cœur serré.

    — Même pas un de vous cinq dans ma classe ? gémit Mazo. Comment je vais faire ? Je vais mourir !

    Coup d’œil à droite, sifflement discret mais admiratif à gauche, Louis semble traverser les groupes d’élèves comme un amateur de sport qui déambule dans un magasin d’articles à l’effigie de son équipe favorite : il ne sait pas encore comment ni pour combien, mais il sait qu’il va consommer. Il n’est pas stressé, lui, même s’il a officiellement deux minutes de retard. Il savoure. Il imagine. Il salive déjà. Louis a des projets pour cette année. Et, contrairement à ses camarades, ils n’ont rien à voir avec le brevet.

    Il s’est juré de ne pas entrer puceau au lycée. De toute façon, il faut bien qu’il trouve une solution contre son acné, autant opter pour la plus naturelle : il paraît que ça aide !

    Vite mis au courant de la situation, il est bien d’accord avec ses amis : Mazo dans une autre classe, c’est vraiment une mauvaise nouvelle. Une autre manifestation du manque de bon sens des profs, forcément ! Jamais aucun n’a eu à se plaindre de leur comportement en cours. Bien sûr, il leur est arrivé de bavarder et de se faire prendre. Mais en général, ils savent rester discrets. Ils sont assis côte à côte depuis trois ans, et jamais ils n’ont copié les uns sur les autres. (Beverly et Louis transmettent aux autres les réponses aux devoirs de maths via leur groupe secret sur Facebook, mais ce n’est pas de la tricherie, c’est du travail d’équipe. En échange, Léa lit les livres imposés en français, et leur en fait un résumé précis et détaillé.)

    Non, aucun doute : ils sont victimes d’une catastrophe inexpliquée, comme les dérèglements climatiques. Mais en pire.

    Certains (les parents, les profs, les conseillers pédagogiques) affirmeront qu’une amitié peut survivre à la séparation géographique. Surtout si cette dernière n’est que de quelques salles de classe, un étage au plus, et dure maximum cinquante-cinq minutes - les amis ayant l’occasion de se croiser entre les cours. Ceux qui tiennent ce discours ne connaissent pas Alie, Beverly, Mazo, Léa, Solal et Louis. Ces amis-là sont unis comme les doigts de la main.

    Même si Alie porte le prénom d’une reine, cela ne signifie pas qu’elle gouverne la bande. De chef, dans ce groupe, il n’y en a pas. Alie indique juste la tendance. C’est elle qui innove et rayonne. Mais ce matin, son rayonnement est moins intense. Assise sur la cuvette des toilettes, pantalon en accordéon, elle est en proie au plus noir désespoir. Toujours rien. Elle y avait pourtant cru, cette fois : douleurs au bas-ventre, poitrine lourde (du moins, il lui a semblé !). Eh bien non ! Alie n’a toujours pas eu ses premières règles. À quatorze ans, c’est la honte. Elle qui se sent déjà si… si… si femme. Oui, c’est ça. La preuve : elle se maquille sans jamais rater son trait d’eyeliner et se déhanche sur des talons de sept centimètres avec élégance. (Elle pourrait tenter un nouveau record et franchir la barre des dix centimètres sans problème ; c’est sa mère qui ne veut pas. Elle comprend rien à la mode, celle-là…).

    Dépitée, Alie croise ses bras contre son ventre, sent ses seins qui se déposent sur ses avant-bras. Elle n’a pas une poitrine de fillette, bien au contraire ! Elle est rebondie et fière. Tout comme ses fesses. Ni trop grosses ni trop plates. Alie est une jolie fille, elle le sait, et compte bien en profiter (sans en abuser). Elle a remarqué que les regards des garçons s’attardaient souvent sur elle, mais elle est d’avis qu’on ne tombe pas amoureux en jugeant seulement l’apparence. La preuve, elle a tous les attributs extérieurs d’une vraie jeune femme (pilosité comprise, et partout où il faut !), mais sa machine interne ne s’est toujours pas mise en marche. Stop ! Il faut qu’elle arrête tout de suite l’autoflagellation et qu’elle sorte de la cabine des toilettes vite fait. Parce qu’elle est une vraie battante… et parce qu’une paire de pieds impatients trépigne derrière la porte depuis quelques minutes.

    — Enfin ! s’exclame l’élève à l’envie pressante.

    — Ce n’est pas ma faute, j’ai mes trucs…, improvise Alie.

    — Ah… Excuse-moi ! répond la fille, compatissante. Je comprends.

    Elle comprend, et elle doit être en quatrième, voire même en cinquième ? ! s’insurge intérieurement Alie. C’est pas juste, pas juste…

    L’adolescente rejoint ses amis dans la cour trop petite. Quand elle a débarqué au collège, trois ans plus tôt, avec ses couettes et son gros sac à dos, elle a trouvé l’endroit impressionnant. Mais depuis, elle n’attache plus ses cheveux, a remplacé son sac par un fourre-tout Vanessa Bruno (qui a ruiné sa mère et qui ruine en plus le coude d’Alie mais lui donne un vrai style), et la cour a étrangement rétréci. Alie aimerait partager avec Léa, Mazo et Beverly sa déception de ne pas avoir ses règles. Seulement elle a trop de fierté pour ça. Si elle est anormale, personne ne doit le savoir. Alors elle se tait et écoute avec compassion le récit de Mazo : une véritable épreuve… sa première matinée en classe sans eux.

    Elle est complètement déprimée, Mazo. Cette année de troisième, elle était bien décidée à en profiter à fond, car l’an prochain, avec vingt classes de seconde au lycée, il y a peu de chance qu’ils soient tous ensemble. Elle le sait. Ils le savent tous.

    En plus, elle a peur et un petit crabe lui chatouille le ventre. Pourquoi l’ont-ils changée de classe ?

    Parce que je n’ai pas le même niveau que les autres ? Il lui a semblé, ce matin, repérer les « cas désespérés » de troisième, dans sa classe. La preuve, elle est avec Océane ! Manque de chance, Mazo est tombée sur un des seuls profs qu’elle n’a jamais eus et elle a eu droit au traditionnel : « Marie-Zoé, vraiment ? »

    Sont nuls, ces profs. Parfois, elle aimerait leur répondre : « Non, mes parents m’avaient baptisée Margaux, mais je n’ai pas trouvé ça assez ridicule, j’avais envie qu’on se moque de moi à chaque rentrée, alors j’ai suggéré Marie-Zoé. »

    Heureusement, il y a cette fille qui s’est assise à côté d’elle, Louna. Elle paraît gentille. Oh, elle n’a pas le charisme d’Alie ou le sens de la répartie de Léa, mais elle a le mérite de… d’être là. En plus, elle compatit : elle lui a glissé discrètement que ça devait être difficile pour elle d’être séparée de toute sa bande. Mazo a simplement acquiescé de la tête : elle a pressenti que si elle ouvrait la bouche, elle ouvrirait en même temps les vannes aux larmes.

    — Moi, c’est mon copain Killian qui est resté dans l’autre classe, lui a chuchoté sa voisine tandis que la prof distribuait le plan de cours. Une chance qu’il y a les pauses pour se voir !

    Si Louna retrouve son copain pendant les pauses, Mazo pourra rejoindre sa bande tranquillement sans se sentir coupable d’abandon. Quel soulagement ! (Elle est comme ça, Mazo, elle n’aime pas faire souffrir les gens.) Pas question en effet de l’introduire dans le groupe ; pas sans que les autres lui donnent d’abord leur accord, en tout cas.

    Mazo parle de Louna à sa bande et les voilà tous rassurés : leur copine n’est pas seule en cours. Solal l’entoure d’un bras protecteur et la serre contre lui au point de lui faire perdre l’équilibre. On l’imagine bien, à cet instant, déclarant :

    — Dans notre classe ou pas, ça ne change rien pour nous, on reste amis pour la vie !

    Mais il se tait. Mazo sait déjà tout ça.

    Alors cette fois, ça y est. Ils se séparent. Pour de vrai. Ce ne sont plus des menaces en l’air.

    Léa regarde ses parents assis en face d’elle, sur le canapé familial, raides comme des piquets. Voilà bien longtemps qu’elle ne les avait pas vus ainsi, côte à côte.

    — Ma chérie, que penses-tu de tout ça ? lui demande sa mère.

    Question idiote. Que peut-elle en penser si elle ne sait même pas ce qu’elle ressent ?

    Oh, elle sait certaines choses ! Par exemple qu’elle n’en pouvait plus des cris aigus de sa mère quand ils se disputaient. Elle n’appréciait pas plus les ères glaciaires qui suivaient, ses parents ayant pris la mauvaise habitude de se servir d’elle pour communiquer. « Dis à ta mère que je rentrerai tard ce soir. — Dis à ton père que je m’en fous. »

    Mais elle ignore aussi beaucoup de choses. Est-ce que son père va lui manquer ? (Ils lui ont annoncé qu’elle vivrait avec sa mère.) Est-ce que sa mère va s’effondrer dès que son mari aura fait sa valise pour aller retrouver sa maîtresse ? (Parce que oui, il y a une autre femme dans cette histoire, rien de très original.) Est-ce que ses parents ont vraiment les moyens de divorcer, eux qui se plaignent toujours de ne pouvoir rien faire ? Le ski, ce ne sera pas encore pour cette année. En même temps, aller à la montagne avec monsieur Grincheux et madame Tout-va-mal, ça n’aurait pas été la joie. Comment vont se passer ces deux semaines à « tenir encore », comme l’a dit son père, en attendant que son nouveau logement soit disponible ? Il a ajouté que Léa allait a-do-rer l’endroit, situé au bord de la mer…

    — Vous avez fini ? J’ai du boulot.

    Elle a répondu à leur question par une autre question, mais ils ne se formalisent pas. Eux aussi semblent soulagés de clore le conseil de famille. Une fois de plus, Léa se dit que ç’aurait été sympa d’avoir un grand frère ou une petite sœur pour partager ce chagrin qu’elle sent pointer. Mais elle est fille unique. Ses parents n’ont pas eu le temps d’avoir un deuxième enfant : après sa naissance, ils se sont consacrés de nouveau à fond à leurs métiers (qui ne permettaient pas pour autant de s’offrir des vacances au ski, allez comprendre !) puis quand ils ont changé d’avis, c’est Dame Nature qui n’a plus voulu. Un sujet qui ressortait souvent dans les disputes du couple, d’ailleurs.

    Est-ce que la nouvelle femme de mon père a des enfants ? s’interroge l’adolescente. Ce n’est peut-être pas le moment de poser la question : pas sûr que ses parents apprécient son cynisme.

    Sans demander si elle a le droit ou non, Léa prend l’ordinateur portable familial et part s’enfermer dans sa chambre.

    « Mes parents se séparent », annonce-t-elle sur la page Facebook de leur groupe secret. « Pour de vrai, cette fois », précise-t-elle. « Mon père part vivre avec sa nouvelle copine, il déménage dans deux semaines. »

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    MAZO

    Ma pauvre, ma pauvre ! Tu pleures ?

    BEV

    Tu veux venir dormir à la maison samedi ?

    ALIE

    Je te ramène demain mon petit haut noir, celui que tu aimes tant, avec les paillettes.

    SOLAL

    Ton père va habiter où ?

    LOUIS

    Demande le iPhone dont tu rêves, c’est le moment !

    Le plus récent iPhone, Louis l’a reçu il y a quelque temps déjà. Son père dirige une importante usine de salaison établie dans le port de Boulogne-sur-Mer. Impossible ou presque de déguster du saumon sur le territoire français sans qu’il y ait mis son grain de sel. (Ou alors ce n’est pas du bon !) La société appartenait à son père, mais c’est lui qui lui a donné son essor. Pour cela, pas de recette miracle, juste des heures et des heures de présence, d’étude des cours du prix des poissons, d’écoute des pêcheurs. Monsieur Blondel travaille énormément. C’est un homme simple, qui a décliné à plusieurs reprises les invitations à intégrer les clubs et associations de la ville. C’est le long du port, à discuter avec les femmes qui vendent la pêche du jour, à observer la danse des mouettes, qu’il se sent à l’aise. Seuls signes extérieurs de richesse : une grande maison et une voiture qui en a sous le capot.

    Louis ne reprendra pas l’affaire familiale. Son père a compris depuis longtemps que son aîné n’imprégnerait pas ses mains de l’odeur tenace du poisson. Mais cela ne le chagrine pas. Parce qu’il a eu deux autres fils, et qu’il croit que Louis est capable de faire les études brillantes que lui n’a pas réussies. Médecin ou avocat, il choisira. Son aîné a d’autres projets, mais son père l’ignore. Ils se parlent peu, se voient peu. Le garçon ne lui en veut pas, il apprécie cette liberté. Et puis ce n’est pas comme s’il était abandonné : sa mère est trop complètement dévouée à ses enfants. Elle cuisine, les conduit à leurs activités, rencontre tous les profs au moins deux fois par an, lit tous les livres qu’ils étudient en classe et vérifie régulièrement qu’aucune de leur chaussette n’est trouée. Une vraie desperate housewife ! Elle trouve que son mari gâte

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