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L’alphabet des anges: Prix du Roman des Romands 2016
L’alphabet des anges: Prix du Roman des Romands 2016
L’alphabet des anges: Prix du Roman des Romands 2016
Livre électronique101 pages1 heure

L’alphabet des anges: Prix du Roman des Romands 2016

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À propos de ce livre électronique

Un récit poétique aux allures de conte

« Les cheveux bouclés d'Aneth en plein dans mon paysage, la vue écrasée par son odeur, j'étais émue à en mourir, émerveillée par sa force vive qui, je le sentis à cet instant comme jamais, résisterait à tout épreuve. Elle avait beau être bâtarde, borgne, trop intelligence ou en salopette, elle pouvait devenir aveugle ou poisson-lune, Aneth résisterait, et avec elle, sa liberté ; il y avait sous sa chevelure feuillue et insoumise tant de poésie désarmante, prête à s'engager et à supporter, prête surtout à aimer. »

Une fillette prénommée Aneth dont la mère, Soledad, a voulu avorter avec des aiguilles, est restée accrochée. La voilà borgne mais surdouée pour le dessin et le bonheur.

Un court récit où la tendresse et la poésie revendiquent le droit de changer nos destinées

EXTRAIT

J’étais couchée sur le sol. Un sage a dit une fois qu’à terre, l’homme est beau. A quoi je ressemblais dans cette position de feuille d’automne ? J’étais tombée et je pensais à cette icône de l’ange déchu qui, enfant, ornait mon mur blanc. Je me revis dans cette chambre de petite fille heureuse qui ne voulait rien d’autre que le soleil des matins sur ses cheveux blonds, l’architecture des fleurs de laurier dans les yeux, et la contemplation des autres, avec leur sourire et leur plis de peau. Mes jours étaient suspendus à la lessive blanche de vent, et attendaient sur leur pincette, à mi-hauteur du ciel, l’heure de goûter le soir.

CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE

- « L’alphabet des anges raconte un drame, celui d'une enfant qui perd la vue et de sa mère qui ne sait que faire pour la soulager, mais laisse le premier rôle à la poésie, au verbe, à l'émerveillement. Un récit poétique, qui prend parfois des allures de conte. » - Radio Télévision suisse

- « L’Alphabet des anges se lit comme une fable végétale. Une fable à la géographie floue, qui se déroule dans l’après-guerre, un manifeste pour le droit à l’avortement ». - Le livre sur les quais

- « Ode à la liberté et à la poésie de la vie, L’alphabet des anges est un conte initiatique foudroyant qui vaut bien Le prophète, Le petit prince ou Le pèlerin de Compostelle. » -L’Hebdo

A PROPOS DE L’AUTEUR

Née en 1987, Xochitl Borel, musicienne et voyageuse anarchiste, publie son premier roman, dans la collection Alcantara. Son roman L'alphabet des anges a reçu le prix Lettres-Frontière 2015 et le prix Roman des Romands 2016.
LangueFrançais
Date de sortie27 oct. 2015
ISBN9782881089190
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    Aperçu du livre

    L’alphabet des anges - Blaise Hofmann

    La collection Alcantara est consacrée aux premiers romans. Elle est dirigée par Xochitl Borel et Noémi Schaub.

    PRÉFACE

    « Adéquat » est le pire mot de la langue française, c’est pourquoi le premier roman de Xochitl Borel est une ode à la vie instinctive, un réquisitoire contre la grisaille des distances intellectuelles : « il faut que vous compreniez au moins ça, que ça sert à rien une intelligence, si elle permet pas d’être heureux ».

    C’est Soledad, la narratrice, qui le dit, une femme qui, par soucis d’adéquation, a troqué sa robe à fleur d’enfant contre un tailleur de dame, et son innocence contre de bonnes notes, des mentions, des distinctions. L’étudiante en droit, devenue « une tête », a failli perdre le goût du bonheur. Un goût de bonbon au miel, selon elle.

    Dans un contexte où les mères sont mortes ou très malades, les pères insensibles ou incestueux, où les ventres se tricotent comme des mensonges ou des secrets de famille, il faut revenir à quelque chose de plus simple.

    L’Alphabet des anges n’est donc pas né par la tête mais par le ventre. C’est un roman arrondi, humide, avec des rires en cascade et des torrents de larmes. On se livre, on s’arrose de sel jusqu’à s’aveugler, on s’apprivoise, et les rires se suspendent comme des guirlandes. La femme stérile par accident comprend soudain celle enceinte par miracle ; le cérébral s’éprend de l’instinctive ; la fleur de peau pardonne au bloc de marbre. Les mondes convergent. Le psychologue de la petite enfance envoie valser ses postulats épistémologiques pour gagner la complicité d’une fillette ; la maladie autorise le sévère à ouvrir une lucarne de tendresse ; l’arrogante affronte ses propres démons, montre à nouveau du doigt un vol d’oiseau. Et les familles se recomposent.

    Le seul personnage qui n’entre jamais en adéquation, qui ne « fait jamais le nécessaire », est une gamine de six ans, la véritable héroïne du roman : « il y avait sous sa chevelure feuillue et insoumise tant de poésie désarmante, prête à s’engager et à supporter, prête surtout à aimer ».

    Quand les petites filles font du piano ou du violon, Aneth souffle dans une trompette, en salopette. Alimentée autant par la pulsion de vie que l’instinct de survie, c’est un fort caractère qui ne se laisse enfermer ni par ses handicaps, ni par les contraintes d’une école normative qui se moque des étrangetés – oreilles atrophiées ou yeux crevés – et distribue hâtivement des étiquettes : haut potentiel, caractéristiques autistiques, intelligence précoce, etc.

    Réticente à la soustraction, au solfège et à l’orthographe, Aneth s’invente une langue : « l’alphabet, mais sans l’orthographe. Juste le mouvement des lettres ». Elle développe un humour premier degré, des jeux de mots au pied de la lettre. Elle s’accroche à la vie, évolue au rythme des plantes, naturellement, avec des airs de petit animal, à l’image de Basilic, son alter ego, un chien borgne comme elle qui mordrait aussi volontiers les mollets des hommes pressés.

    Il faut aussi lire L’Alphabet des anges comme un poème en prose. Des phrases courtes, simples et sans crainte de la répétition. Un rythme organique, sans rien de trop. Xochitl Borel ne se regarde pas écrire ; elle parle l’enfant, cette poésie « en attente de presque rien » qui tord les normes de l’alphabet selon la fantaisie des anges. On reprend alors aux origines de la langue, on réapprend à lire, écrire, et voilà le résultat : « un jour en fil de coton, les nuages en couverture d’horizon ».

    C’est un poème en prose, mais aussi en couleur, dans lequel les personnages luttent contre le blanc, celui des murs des hôpitaux, des uniformes de médecins, des senteurs d’éther et des chiffons de cuisine. On y ajoute alors beaucoup de rouge, de l’embarras sur un visage ou du sang. Beaucoup de bleu aussi, pour les bonnes choses, du bleu lavande sur la robe de l’enfance et le costume de l’amour naissant, le bleu des vers de Paul Verlaine, Victor Hugo et Arthur Rimbaud que la belle-mère lit à Soledad. On ne connaîtra pas la couleur des mots de Jean Cocteau, Jean de La Fontaine, Jules Verne, Jules Renard, Chateaubriand et Colette, qui s’invitent aussi dans la prose de Xochitl Borel.

    Seulement voilà, même les couleurs ont une fin. Déjà borgne, Aneth doit se préparer à l’obscurité : rétinite, ou « pupille folle », selon un jargon médical fantaisiste. La réaction d’Aneth est rassurante : « comment je verrai la lune ? ». On comprend qu’elle saura – dix ans plus jeune que Rimbaud – se faire voyante : « il fallait voir maintenant, mais autrement. A la manière des plantes : apprendre que la lumière n’a pas besoin qu’on la regarde pour qu’on la vive ». Elle ne réinventera pas la couleur des voyelles, mais celles des sons : « quand la fourchette elle tombe, c’est pareil que si je vois du bleu gris ; les pages que tu tournes de ton livre, beige. Et tu vois, ma trompette, quand je lui fais parler éléphant, le son, il est pareil au gris de leur peau, il a plus rien à voir avec le jaune de l’instrument ».

    Les dialogues d’Aneth sont instinctifs, comme de la musique à l’oreille, sans les cours de solfège de Madame Jaccard.

    L’Alphabet des anges se lit enfin comme une fable végétale. Une fable à la géographie floue, qui se déroule dans l’après-guerre, un manifeste pour le droit à l’avortement et la Baie des Cochons pour seuls ancrages précis.

    Comme les fables, ce roman doit se lire à haute voix : « c’est beau les mots écrits, mais c’est encore plus merveilleux quand on les dit ». Se lire dans l’herbe, ou avec le bruit des vagues, à marée montante, la houle du sud, quelques étoiles, la pleine lune.

    Avec Xochitl Borel, et dès l’épigramme, le livre retrouve son essence organique. Les pages que vous tenez entre les mains sont les miraculées d’un arbre à terre. Et les personnages qui les peuplent, au mieux, des végétaux. Ils ont des yeux de marronnier, en forme de figue fraîche, « la peau comme les frênes, très pâle et légèrement veinée ».

    Si l’amour s’envole comme une hirondelle, la plupart du temps, il s’épanouit comme une plante : « j’oubliais que les amours sont végétales ; que comme les plantes, elles se suffisent d’un rien. Donnez-leur de l’eau et de la lumière, et qu’on les laisse tranquilles, c’est cela qu’elles demandent ».

    Soledad, c’est la solitude, bien sûr, mais c’est aussi le soleil, une lumière essentielle, c’est surtout le sol sur lequel germe les jeunes pousses. Le ventre portant est alors une grosse courge, et l’enfant qui naît porte naturellement le nom d’une plante : « sans eau, une plante d’Aneth n’est rien, mais qu’importe, puisque tu la peux encore, l’eau, puisque tu gardes tes larmes ».

    Reste la morale de cette fable végétale ; on la trouve dans la bouche d’une grand-mère toute habillée de laine et de chansons : « c’est pas difficile, regarde les plantes, un peu d’air, de lumière, de l’eau, et elles te font des fleurs belles à mourir, et rien que ça, ce simple iris jaune et bleu, cette beauté gratuite, en face de toi, ça me rend heureuse moi, parce que c’est le plus beau des cadeaux ».

    Blaise Hofmann

    Les animaux c’est l’oral, les

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