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Nous ne sommes pas des fées
Nous ne sommes pas des fées
Nous ne sommes pas des fées
Livre électronique105 pages32 minutes

Nous ne sommes pas des fées

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À propos de ce livre électronique

Deux femmes s’écrivent. Ouanessa Younsi, née d’une mère québécoise et d’un père algérien, représente la nouvelle génération de poètes québécoises. Louise Dupré, marquée par le bouillonnement de la Révolution tranquille, est l’autrice d’une œuvre considérable. Les deux se racontent. "Nous ne sommes pas des fées" met en dialogue deux générations et expériences. Chemins d’amitié et de poésie entre femmes.
LangueFrançais
Date de sortie21 févr. 2022
ISBN9782897128326
Nous ne sommes pas des fées
Auteur

Ouanessa Younsi

Née en 1984, Ouanessa Younsi est poète, autrice et médecin psychiatre. Elle a publié cinq recueils de poésie chez Mémoire d’encrier : Prendre langue, Emprunter aux oiseaux, Métissée, Nous ne sommes pas des fées (coécrit avec Louise Dupré) et Quand je vis. Elle a également codirigé le livre collectif Femmes rapaillées. Elle a aussi publié un essai qui retrace son parcours comme soignante : Soigner, aimer, maintenant disponible dans la collection de poche Legba.

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    Aperçu du livre

    Nous ne sommes pas des fées - Ouanessa Younsi

    Vivre ?

    Est-ce parler du cœur ?

    Martine Audet

    Nous venons d’une enfance

    que nous ressuscitons ensemble

    le temps d’un thé

    ou d’une promenade

    quand la mémoire

    se dérobe à ses images

    ne laisse qu’un cerne

    à la surface des yeux

    un noir aussi rouge

    qu’une mère

    que nous confions

    aux mots

    nous n’avons pas fini

    de colorier

    la mort

    d’épeler l’espérance

    avec des fautes

    écrire est ce visage

    qui nous lie

    et nous délivre

    de nos vieilles promesses

    écrire est une audace

    de l’amitié

    chaque fois que la nuit

    veut nous coudre

    les paupières

    et nous trouvons la force

    d’affronter

    les vents coupables

    qui versent leurs seaux

    de cendres

    sur nos têtes

    nous cherchons

    le vrai nom

    de la peur

    comme deux femmes

    qui n’ont rien à perdre

    scrutent

    avec amour

    la détresse

    jusqu’à la joie

    les souvenirs sont comme des cartes postales,

    sans date,

    que l’on change capricieusement de lieu.

    Silvina Ocampo

    C’est une ville fantôme, l’enfance. Je n’en garde qu’un tatouage au creux de la paume, une constellation de lignes inextricables, quelques photos dans un album. Les années m’ont filé entre les doigts. On a vendu la maison, l’église a donné sa vierge, l’école est devenue un collège, et je me suis habituée à regarder droit devant. Je me rappelle la femme de Loth. Une vieille mémoire surgit au détour du sommeil, le cœur se met à cogner dans sa cage, et il me vient des mots d’une autre langue, catéchisme, confession, communion. La nuit ouvre alors ses fenêtres, les morts se lèvent dans leur voix. Ils me racontent leurs histoires. Il était une fois une vie où habitait une petite fille brune avec une mère, un père, des grands-parents. Et une tante, dont elle avait très peur.

    Je la contemple, cette ville. La secoue tel un globe de neige. Flocons du souvenir : la cour d’école, les ballons défonçant les murs, les cloches. Innocence tachée de bruits. Petits doigts tenant le monde. Certains sont sous terre. D’autres continuent à caresser. Les épées poussent sous les têtes : on voudrait le nier. Je ressuscite la petite fille brune. Me demande ce qui, en la plus grande, subsiste d’elle. J’écoute l’outre-langue. Qu’avaient été ses décennies ? Combien de mots avait-elle posés sur le papier pour nous délivrer du mal ? Je marche avec toi dans les rues du passé, là où exister deviendra écrire. C’est modeste, une vie. Promettre : on reviendra, dans vingt ans. Ajuster au temps : on reviendra, dans dix ans. Souhaiter, oui, retrouver cette ville fantôme où nous sommes toujours. Angoisser : lorsque je serai démente, j’oublierai mon enfance. Et je t’oublierai.

    Souvenirs qui virevoltent sous mon crâne comme une nuée de papillons surpris par le froid. C’est sans commencement ni fin,

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