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Quand je vis
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Livre électronique99 pages33 minutes

Quand je vis

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À propos de ce livre électronique

23h52, un homme gît sur le sol, entre la vie et la mort. Sa fille est auprès de lui. Elle attend les secours. Son petit-fils dort. Des voix traversent la nuit : la fille, le père, le pompier, l’agente de sécurité, la médecin accompagnent cette vie qui bascule. Elles racontent ce cœur qui s’épuise. Elles cherchent leur propre souffle à travers le combat de cet homme, père, grand-père, humain. Quand je vis est un théâtre de la mort et de la vie, une poésie pleine de suspense, un livre aux pages nerveuses qui défient le temps.
LangueFrançais
Date de sortie4 sept. 2023
ISBN9782897129361
Quand je vis
Auteur

Ouanessa Younsi

Née en 1984, Ouanessa Younsi est poète, autrice et médecin psychiatre. Elle a publié cinq recueils de poésie chez Mémoire d’encrier : Prendre langue, Emprunter aux oiseaux, Métissée, Nous ne sommes pas des fées (coécrit avec Louise Dupré) et Quand je vis. Elle a également codirigé le livre collectif Femmes rapaillées. Elle a aussi publié un essai qui retrace son parcours comme soignante : Soigner, aimer, maintenant disponible dans la collection de poche Legba.

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    Quand je vis - Ouanessa Younsi

    23 H 52

    La fille

    Comment te le dire

    Sans perturber ta mort ?

    Hala Mohammad

    Existes-tu, es-tu un mot ?

    peut-être la peur

    quand tu entends

    un cri très bas

    une mouche dans la nuit

    Ouanessa, Ouanessa

    ton père hurle à petite voix

    qu’il ne peut plus respirer

    ton père qui est Dieu ou le Diable

    selon le jour pair ou impair

    l’horaire de tes larmes

    endormie tu ne comprends pas

    que le trépas pénètre

    ton père

    tu songes mon fils

    un enfant ignore

    le prénom de sa mère

    personne ne chuchote

    quand tu rêves

    tu comprends que la terre

    se détache du ciel

    que ton père périra chez toi

    il n’a pas d’autre

    demeure

    lui, l’immigrant

    étranger partout

    et en lui-même

    tu te précipites vers le regret

    ton père étouffe, mendie

    l’air, une promesse

    il se noie dans sa peau

    tu lui tiens le cœur

    il ressemble à ta grand-mère

    quelques minutes avant le noir

    son visage

    esclave du sang

    tu répètes je suis là

    mince squelette

    devant la fin

    au 911 tu prends un ton de médecin

    cela te rassure

    l’orgueil

    le répartiteur parle ta langue

    priorise l’ambulance

    et demande si ton père est

    bleu

    bleu ?

    tu ne sais pas

    les Arabes ne deviennent pas tout à fait

    bleus

    tu résumes, il est en train de mourir

    sans connaître la teinte exacte

    du départ

    tu raccroches, serres les doigts de Dieu

    aimer devient une paume

    ton père ne parvient plus à épeler

    le monde

    il respire mal, mal

    tu lui fais le bouche-à-bouche

    à ton père

    à ton père

    tu ne peux le laisser crever

    sans combattre

    dans l’armée des vivants

    les pompiers

    ces Dieux anciens

    débarquent

    tu leur racontes l’histoire de ton père

    en commençant par la fin

    ils lui prodiguent de l’oxygène

    appellent les ambulanciers

    un 10, non un 18

    les chiffres, refrains des mourants

    les ambulanciers arrivent

    d’autres Dieux

    dans le chantier du vent

    débute une chorégraphie du soin

    au rythme de la détresse

    tu ne danses pas

    alternes entre sang-froid et pleurs

    en toi un sorcier cisèle des fils

    les recolle

    tu voudrais te transformer en fée

    ton père est un corps

    un vrai

    une chair en dehors de la peau

    l’ambulance éclaire la lune

    ton fils aime les sirènes

    du camion de pompier

    il ignore que la faucheuse

    cambriole son grand-père

    converti en tuyaux

    en passé

    les ambulanciers récitent

    une prière que tu connais

    Ventolin, nitro

    tu n’as jamais apprécié ces termes

    cette nuit tu les chéris

    comme des miracles

    une bombe crache tic tac

    dans la cage thoracique de ton père

    est-ce lui ? flasque, un calmar

    sur une civière

    oui, c’est ton père

    qui lutte pour la vie

    admirable

    celle où on demeure

    le père de quelqu’un

    tu remercies

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