Dysfférent: Roman jeunesse
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À propos de ce livre électronique
Quelle étrange idée d’appeler un enfant Charlemagne ! Sans cet étrange prénom, Charly en est sûr, il serait un enfant comme les autres… à quelques adjectifs près. On le dit en effet trop distrait, dissipé, dispersé, voire discourtois, au grand dam des adultes qui l’entourent. Et cela lui vaut souvent les moqueries de ses camarades.
Charlemagne est dyslexique, dysorthographique et dyspraxique. Mais qui a dit que les enfants multi-dys étaient bons à rien ? Tout le monde a un talent qui ne demande qu’à être révélé. C’est peut-être une chance d’être différent !
Plongez-vous sans plus attendre ce roman jeunesse et découvrez le quotidien de Charly, un enfant (presque) comme les autres !
EXTRAIT
Il m’arrive d’être nostalgique de l’école primaire. J’étais comme les autres… enfin, c’est ainsi que je me sentais. On jouait tous ensemble, j’avais les mêmes activités que ceux de ma classe, même si j’avais parfois du mal à comprendre, ce qui exaspérait Madame Chamy, ma professeur en CM1 et en CM2 ! Je me suis arraché les cheveux sur les tables de multiplication. Impossible de les retenir. J’y ai pourtant passé des heures. Les triangles ? Ils m’agressaient avec leurs trois côtés et leurs angles pointus. Les opérations ? Une horreur ! Quand on me demandait de trouver à quelle heure le train A rejoignait le train B, j’avais oublié l’horaire du premier en lisant celui du second. « Avec toi, on risque l’accident ferroviaire » vociférait toujours Madame Chamy. Au début, je n’avais pas compris, et je suis sûr que les autres non plus, même s’ils riaient. Comprendre que la maîtresse se moquait de moi était suffisant pour provoquer leur hilarité. Ce n’est que le jour où Clément a ouvert le dictionnaire à la page 354, celle avec les mots en « f » (comme ferroviaire), que j’ai enfin saisi.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Ce récit positif ouvre des pistes diverses : l'écoute de son enfant bien sûr afin de bien cerner ses spécificités, mais aussi la mise en place d'aides avec des stratégies adaptées et la possibilité de constituer un dossier afin de bénéficier d'une aide de vie à l'école. -M. Utésa, Nouveautés Jeunesses
À PROPOS DE L'AUTEUR
Fanny Vandermeersch est née en 1985 dans le nord de la France. Elle enseigne le français dans un collège et ne se promène jamais sans un livre dans son sac. Lectrice passionnée – elle anime le blog de chroniques littéraires Les billets de Fanny –, elle a décidé de passer de l’autre côté de la page en publiant au Muscadier Phobie puis Dysfférent, ses deux premiers romans pour ados.
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Aperçu du livre
Dysfférent - Fanny Vandermeersch
L’auteur
« Charles, magne ! »
Je laisse échapper un soupir avant de prendre la direction de la salle de sport. Autour de moi, les rires fusent. « Laisse-les dire, ne montre pas que cela t’affecte et ils arrêteront » me rabâche ma mère. Sauf que ça dure depuis bientôt six mois et qu’ils ne semblent pas s’en lasser. En même temps, je ne peux pas leur en vouloir, tout est de la faute de papa. C’est lui qui voulait un prénom de roi. Il aurait pu choisir Louis, Henri ou un autre en i, plus passe-partout, au lieu de ce prénom ridicule. Mais non. Maman dit en levant les yeux au ciel qu’il n’a pas la lumière à tous les étages. Je n’ai jamais compris ce que cela voulait dire mais, de toute évidence, il ne fait pas très clair dans ses étages à elle non plus, car elle a accepté.
C’est une fois arrivé au collège, il y a quelques mois – je suis en sixième –, que j’ai compris qu’un lien existe entre le prénom qu’on porte à notre naissance et notre personnalité. Jamais je n’y aurais songé avant. C’est vrai, que pouvais-je avoir en commun avec un homme qui fut roi et empereur au ixe siècle après Jésus Christ ? J’ai compris grâce à ce jeu de mots stupide mais ô combien révélateur : je dois sans cesse me magner – me dépêcher.
Je suis continuellement en retard, plus encore que le petit lapin blanc dans Alice au pays des merveilles. Dans tous les domaines. À chaque fois qu’il faut faire quelque chose, je termine bon dernier. Voire je ne termine pas du tout. Et c’est toujours comme ça. Déjà petit, je mettais de longues minutes à me préparer avant de sortir : impossible d’enfiler ma chaussette du premier coup. Il fallait – et c’est encore le cas – que mon pied frappe une fois ou deux dans le vide, comme s’il visait un ennemi invisible. « Tu n’es pas assez discipliné, Charlemagne, concentre-toi ! » me disait-on à chaque fois.
Bref.
Charlemagne, c’est moi.
— Allez mon gars, enfile ta tenue, me souffle Monsieur Dumont, le professeur de sport, en me tapant dans le dos.
— Il veut que tu mettes tes vêtements de sport, ajoute une voix doucereuse derrière moi.
Je tourne la tête et aperçois Angéline. Je pourrais lui dire que j’ai compris, que je ne suis pas stupide, mais que je n’ai pas envie de me retrouver avec les autres dans les vestiaires ni même ailleurs. Sauf que tout ce qui sort de la bouche d’Angéline me ravit. Je regarde ses longs cheveux blonds, ses fines lèvres rouges sucrées, son teint d’albâtre… jusqu’à ce que Ringo arrive et me pousse sans ménagement pour accaparer son attention. Je me dirige lentement vers les vestiaires, entendant les pouffements d’Angéline. Que peut-elle trouver à un naze pareil ?
Je me rends compte que la théorie sur les prénoms fonctionne aussi pour Angéline. À qui pourrait appartenir une telle beauté, une telle gentillesse, une telle élégance si ce n’est à un ange ? Et, en ce qui concerne cet idiot de Ringo, il est proche de Dingo, le prénom d’un chien un peu fou dans un dessin animé. L’ange Angéline, Ringo le Dingo. Pas besoin d’être intelligent pour comprendre qu’ils n’ont rien à faire ensemble.
« Sois moins distrait, Charlemagne ! » commande une dernière fois mon prof, qui me ramène aussitôt à la réalité.
Distrait. Le numéro 1 des qualificatifs qui me sont attribués. Il y en a eu d’autres comme : dissipé, non discipliné, dispersé, disjoncté, discoureur – parce que j’oublie parfois ce que je raconte et pars sur autre chose –, discourtois… Voyez un peu le tableau. Un jour, maman m’a emmené dans un cabinet pour faire des tests de toutes sortes et d’autres mots sont apparus, avec le même préfixe : dyslexique avec une légère dyspraxie et une dysorthographie. « Dys » qui se prononce comme « dix ». Pile poil la moyenne, jamais plus.