MAUVAIS ESPRIT
Le roman satirique sur l’Éducation nationale, le pédagogisme et la formation des maîtres est presque un genre en soi, comme en témoignent de Pierre Jourde ou de Patrice Jean. Jérémie raconte l’histoire d’un professeur de littérature débutant, candide, passionné, philosophe, un peu perché, et surtout incapable de se plier aux méthodes d’enseignement absurdes en vigueur au sein de l’EN (ici rebaptisée ou ) : l’approche horizontale, la lecture active, le travail en groupe, la toutes ces calembredaines venues des sciences de l’éducation, qu’on lui a apprises à l’Espe, l’École supérieure du professorat et de l’éducation. Si l’on y ajoute la façon qu’a Théophile de parler naturellement un français quasi médiéval, on devine quels ennuis l’attendent avec ses tuteurs, inspecteurs et directeurs, chargés de le ramener à la stricte observance de la religion pédagogiste… Mais le Diable en personne intervient alors dans l’aventure, pour l’aider à mettre ces fâcheux en déroute ! Si le sujet n’est pas spécialement original, la manière l’est : Delsart raconte l’épopée de son héros sur un ton de comédie picaresque, dans une langue soutenue et anachronique à dessein, pleine de de de et autres Un pied de nez au jargon laborieux des pédagogistes comme à l’oralité flasque en vigueur aujourd’hui : de la tenue, de la clarté, de la fantaisie, que diable ! Longuet par moments, le roman aurait mérité quelques coupes, mais son jeune et grinçant auteur ne manque assurément ni de talent, ni de culot.