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Romantic Christ: Lamentations
Romantic Christ: Lamentations
Romantic Christ: Lamentations
Livre électronique428 pages6 heures

Romantic Christ: Lamentations

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À propos de ce livre électronique

Dans ce tome 3, Nicole-Thérèse ROLAND évoque toujours Jésus de Nazareth qui arrive à un moment clé de sa vie. De nombreux complots, des émeutes, des interrogatoires sans fin ponctuent ses séjours à Jérusalem; la défiance et la délation s'installent en Galilée.
Les textes des évangiles, des psaumes et des prophètes sont toujours cités, dans ce roman dont les personnages ont une psychologie sciemment moderne.
L'auteur a forcé certains traits ou termes pour qu'ils soient immédiatement appréhendés par le public d'aujourd'hui.

Sous une rédaction simple et facile à lire, se cache une foule d'informations historiques, sociales, politiques, religieuses ou géographiques.
Enfin, les situations, les descriptions architecturales et les anecdotes rapportées se situent entre 150 avant et 70 après Jésus Christ
LangueFrançais
Date de sortie3 nov. 2020
ISBN9782322246335
Romantic Christ: Lamentations
Auteur

Nicole Thérèse Roland

Après une conversion aussi soudaine qu'imprévue en 1993, Nicole Thérèse ROLAND entreprend des recherches sur la vie de Jésus de Nazareth pour mieux le connaitre. Cela représente trente années de travail, accompagnées de recherches, facilitées par ses diplômes universitaires, deux années d'étude de l'hébreu et de nombreux déplacements en Israël. Ce labeur trouve son aboutissement dans une thèse. Ensuite dans l'écriture d'un roman sorti en trois tomes en 2022 et 2023 sous le titre Jésus de Nazareth. Nicole Thérèse Roland est titulaire d'une Maîtrise de Lettres Classiques, et d'un Doctorat canonique de Philosophie.

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    Aperçu du livre

    Romantic Christ - Nicole Thérèse Roland

    Le Tonneau de la haine.

    « Le démon fait des trous secrets à ces abîmes,

    Par où fuiraient mille ans de sueur et d’efforts,

    Quand même elle [la haine] saurait ranimer ses victimes,

    Et pour les pressurer ressusciter leurs corps. »

    Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.

    Table des matières

    Chapitre 1

    1-I - J’ai fixé les mesures.

    1-II - Sept merveilles. Et combien d’horreurs ?

    1 – III – Des gémissements ineffables.

    1-III / 9 - J’ouvre une source abondante.

    Chapitre 2

    2 – I – Suis-je la mer ou le Dragon … ?

    2 -I / 8 – Il me tira des grandes eaux.

    2-II – Rome qui t’a vu naître et que ton cœur adore.

    2-III – Purifier la conscience des œuvres mortes.

    2- III / 10 – Transfiguration.

    Chapitre 3

    3 – I – Ombre et lumière de Salem.

    3 - II – les eaux de Siloé coulent lentement.

    3 - III – Les prémices de l’abomination.

    3 - III / 8 – Dès l’aurore, il retourna au temple.

    3 -III / 16 – A qui vais-je comparer cette génération ?

    CHAPITRE 1

    J’ai fixé les mesures

    1 / I

    1

    D'un geste de la main, Simon le Zélé fit comprendre à Mathieu qu'il voulait parler : - Je sais depuis peu que Jacob Benjudas a partie liée avec les moines de l’Alliance. … Simon rentra la tête entre les épaules et eut un frisson ; il reprit plus sombre : - Les choses sont allées très loin. Un jeune garçon est mort dans mes bras en plein guet-apens ! Il essuya une larme avec la manche de sa tunique.

    - Comment ? Demanda Jean, en passant le bras autour de son épaule.

    - Ah ! par le glaive. Pauvre gosseLe Zélé n’arriva pas à raconter l’échauffourée avec Barrabas, tant il était conscient que ses amis étaient à mille lieues du sicaire. Cette certitude le mit plus mal à l’aise, encore.

    Thomas, sachant que son ami n’était pas bien depuis quelque temps, dit avec une sorte de fatalisme : - C’est pas bon.

    -Pourquoi ! sursauta le Zélé. - Il y a un nouveau grand Maître de l’Alliance. C’est peut-être la Providence ! Certains moines sont allés apostropher le grand prêtre dans le temple. Cela montre leur détermination.

    - Ouais, j'ai entendu çà. Répondit Thomas mi-figue, mi-raisin.

    - Quoi Ouais ?

    Pierre et André se regardèrent en souriant : sous l'effet de la colère, le Zélé avait parfois des mimiques comiques.

    Thomas, en s'adossant à un tronc d’arbre pour allonger ses jambes, expliqua : - Tu as vu la garde du temple, des fous ! Le Malkut…Il donna une claque sur l'épaule de Pierre qu'il prenait toujours comme interlocuteur …est le chef de la garde. Pierre acquiesça en chassant une araignée qui entreprenait sa sandale.

    -Il a jeté un moine contre un mur du parvis des Etrangers. Sa tête a éclaté ! Alors, tu penses comme les moines vont changer les choses.

    -Thomas, tu exagères ! Tu ne vois pas plus loin que ....

    - Dis que je ne vois pas plus loin que ma boutique de potier…

    -Ah ! Calmez-vous. André avait toujours l'art d'apaiser son monde ; il se l’imposait, d’ailleurs. - Je le prépare le poisson.

    -Je t'aide. Jean se leva et le suivit.

    -Excuse-moi, Thomas, je m'emporte facilement. Lâcha le Zélé en mâchant une fève. Mais, il repartit de plus belle : - Ceux de l’Alliance représentent le sacerdoce, cela compte pour le peuple. Il ne faudrait pas que les sicaires soient maîtres de la révolte. Ce sont des…

    -Des charognards ! Dis-le, Zélé. Maugréa Thomas avec un air désabusé.

    Le Zélé contrarié devint plus vif : -Ne voyez-vous pas qu’il y a une convergence de force exceptionnelle ?

    Nathanaël s’immisça dans la conversation, avec son doigté habituel : -Zélé, je suis souvent à Jérusalem et j'ai déjà vu ce Barabbas. Ce n’est pas un homme de Dieu.

    Philippe acquiesça de la tête, et Thomas fut lapidaire : -Je suis d'accord.

    Pierre relança la conversation : - Si le Zélé fréquente ces gens, il faut qu’il leur parle du Seigneur ! Certains viennent de Tyr, de Sidon ou de Damas pour le voir ! Il faut leur faire comprendre que c'est lui qui peut changer les choses.

    -Exact ! Le Zélé avait presque hurlé, tant Pierre venait d’exprimer son ressenti.

    - Je ne suis absolument pas d'accord. Déclara une voix d'un ton sec. Chacun se tourna vers l'Iscariote un peu en retrait ; un silence glacial régna un court instant : -Jésus, reprit ce dernier…

    Le Seigneur. Ici, on l'appelle Seigneur. Pierre n'avait pas parlé, il avait quasiment aboyé. André qui passait à proximité avec le fenouil leva les yeux au ciel : décidément son frère ne changerait jamais.

    L'Iscariote reprit sur un ton plus neutre : - Le Seigneur a rencontré des notables du sanhédrin. Il leur a fait une forte impression. Avec leur soutien, nous pourrions avoir une place de choix à Jérusalem et prendre d'autant plus facilement le pouvoir. Mais négocier avec une bande de malpropres, certainement pas.

    Thomas retint le Zélé par la manche, ce fut Pierre qui parla :

    Nous qu'est-ce qu'on est, hein ? Des paysans, des artisans ...

    -Des collecteurs d'impôts ! lança Mathieu avec un sourire malin pour détendre l'atmosphère.

    Ah ! J'en ai assez, lança Pierre, d'entendre qu'il faut prendre des places ! ... Il resta interloqué : - Eh ! Le Seigneur est là ! Et ce filou de Jean le monopolise ! Il se précipita vers la route.

    Mathieu était soucieux. Il avait vu le regard que l’Iscariote avait jeté à Pierre ; un regard de mépris comme il avait vu de la haine à l’encontre de Jacques Zébédée.

    Il sursauta en entendant : - Je l'ai vu aussi. Il serra le bras de son ami et dit : -Ce Nathanaël qui ne parle pas, mais remarque tout !

    2

    Abraham Sarraf sortit de la grande bibliothèque de Césarée. Il scruta le ciel : des oiseaux à la large envergure plongeaient de très haut vers d'invisibles proies. Le spectacle de la nature le ravissait toujours.

    Son jeune secrétaire et élève avait pris de l'avance pour atteindre le loueur d'ânes qui se trouvait au carrefour de la route de la Mer et de la Tour Straton. A son habitude, il réfléchissait : - Il avait pu parler au roi Antipas et ce dernier l'avait écouté. Ce n’était pas de l'indifférence qu'il avait vue dans ses yeux, mais une véritable inquiétude où semblaient entrelacés la peur des gouffres et la hantise du sommet : - Cet homme porte en lui-même le vertige de la roche Tarpéienne …! Il se surprit à parler à haute voix. Un peu gêné, il regarda alentours : il était seul. Il continua son monologue intérieur, étonné de voir la mer si loin, comme réfugiée derrière une bande de sable fin : -N’était-elle pas plus proche de la route, cet été ? Plus calme aussi. Il haussa les épaules et reprit le cours de ses pensées : -En réalité, il n'arrivait pas à entrer en communication intérieure avec ce petit roi tourmenté…Non il n'y arrivait pas ! Et cela le tourmentait lui-même.

    A ce moment-là, une nuée de petits moineaux s'abattit sur la route, et s’ébattit bruyamment sur de la paille et des grains, qui avaient dû tomber d'une voiture chargée d'orge ou de blé.

    Il fit un détour pour ne pas les déranger. Soudain, voyant de loin Timothée au milieu de deux grands ânes aux oreilles bien droites, il lui fit un signe, serra un peu la ceinture de son manteau marron, et accéléra le pas.

    - Cher Timothée, je n'avais pas vu que tu avais tant d'avance.

    Timothée se contenta de sourire, il connaissait si bien le vieux maître et ses moments de flânerie. Le jeune homme, originaire de Lystre, étudiait à la bibliothèque de Césarée des textes hellénistiques comme la Septante, les apocalypses et les livres sibyllins écrits par les juifs d'Alexandrie. Il était l’élève d'Abraham, et le suivait lors de certains déplacements : -N'est-ce pas le propre de l’homme sage que de connaître le monde, lui avait dit le vieil homme…

    Ils s’engagèrent sur la voie Straton, en appréciant la luminosité de l'air, créée par la rencontre paradoxale du froid hivernal et d'un soleil resplendissant. Ils arrivèrent rapidement à Césarée Maritime et, aux abords du forum, et s’étonnèrent de l’affluence malgré l'heure matinale ; plusieurs gros navires de commerce ayant accosté.

    Le forum faisait face aux docks et descendait, par un léger plan incliné, jusqu'aux portes monumentales du port. Cette configuration facilitait les échanges entre les importateurs, les grossistes et détaillants. Ce matin-là, il y avait un va-et-vient incessant où ânes, mulets et hommes tiraient, poussaient, en ponctuant leurs efforts de cris et de bruits divers.

    - Que le Très Haut nous pardonne cette agitation ! Cher Timothée, pendant que tu fais les courses, je vais aller à la synagogue.

    Timothée avait déjà mis pied à terre : -Combien, mon brave, pour garder les ânes.

    - Deux ânes, deux as, dit le commerçant grec avec un fort accent galiléen.

    Puis, voyant Abraham descendre de sa monture, il alla l'aider :

    - Timothée, prends soin de notre bourse quand même.

    - Ne t’inquiète pas, Maître. Puis-je te laisser seul ?

    - Va, mon garçon ! Ai-je l’air d’avoir besoin de quoi que ce soit ?

    Abraham fit un geste de la main et regarda partir Timothée avec son gros panier à l'épaule. La scène le fit sourire : le jeune homme n'était pas grand mais solide, c’était un garçon sérieux.

    Il s'engagea sur le forum Straton qui était le plus célèbre et le plus beau du pays. C’était une immense place minérale carrée, entourée d'arcades, dont le sol était dallé de petites pierres de couleurs. Le marché, le premier et le quatrième jour de la semaine, occupait quasiment toute l’esplanade en plein air ; les arcades avec leur forêt de colonnes blanches étaient réservées aux artisans.

    Au fond, faisant face à l'entrée du port, se dressait la basilique monumentale avec son fronton triangulaire : on y trouvait le tribunal, mais aussi le Sénat de la ville ; ses larges escaliers, flanqués de statues, étaient noirs de monde.

    En pénétrant sous les arcades nord, Abraham flâna quelques instants devant les verriers et les artisans du cuivre : -Même des chandeliers à sept branches ! Que ne vend-on pas ici ! grommela-t-il.

    Il s’arrêta, ensuite, devant un bijoutier : les bagues, colliers, boucles d'oreilles et autres, exposés en grand nombre ; il maugréa - Nous sommes grecs, il n'y a plus de doute ! Puis, son attention fut attirée par une collection de pierres semi-précieuses.

    - N'est-ce pas beau, Rabbi ? Toutes ont une signification ... En écoutant le petit marchand, qui s'appliquait à vanter les vertus de sa marchandise, il se pencha vers une grosse pierre bleue et eut soudain la vision d'un regard effaré et vide ; un regard mort. Il eut un tel sursaut que le marchand resta coi : - Cela va-t-il, rabbi ?

    - Oh, je suis âgé. Tout va bien, merci. dit-il rassurant et un peu gêné ; en réalité, il était mal à l’aise de l’impression qu’il venait d’avoir.

    Il pressa le pas, sortit des arcades, longea la basilique pour rejoindre les rues blanches qui montaient en pente douce ; il jeta un regard sans intérêt au Temple d'Auguste surplombant la ville. Soudain, un bruit confus, des pas de course, et des interpellations l’inquiétèrent : -Serait-ce une émeute ? Oui, il avait bien entendu parler de rixes, en revenant de Babylone, entre grecs et juifs à Césarée ! Cela venait de la petite place de la synagogue ! Il s’arrêta, étonné de sentir ses jambes trembler. -Qu'allait-il faire ? Pouvait-il se sauver, fuir devant la réalité des hommes lui qui vouait sa vie à... Non ! Il fallait qu’il y aille ! Il pressa le pas, le dos voûté en s’appuyant fortement sur sa canne pour monter plus vite. Quand il déboucha sur la petite place carrée, il resta interloqué : une foule d'une centaine de personnes entourait deux jeunes gens debout sur le rebord de la fontaine ronde, qui trônait au centre de la place.

    L'un était blond, les cheveux ondulés et courts ; c'est lui qui haranguait la foule ; l'autre brun, le cheveu lisse coupé carré, avec une carnation très pâle, se baissait de temps à autre pour répondre aux sollicitations des uns et des autres.

    D’où il était, il ne pouvait entendre ce que le jeune homme blond disait ; il se rapprocha, mais fut arrêté par la foule compacte.

    -Mon brave. Il s'adressa à un homme d'âge moyen, qui se mettait sur la pointe des pieds pour mieux voir. Il remarqua des phylactères à ses poignets : il devait donc sortir de la synagogue.

    -Incroyable, hein ! Lui dit simplement l'homme.

    Est-ce une élection… ?

    -Une élection ! S’écria une femme qui devait arriver du marché.

    - Que dis-tu, vieillard ! Depuis ce matin, ils ont guéri cinq personnes !

    -Comment donc ? Répliqua Abraham sidéré.

    -Guérir, reprit la femme en parlant fort, par des pouvoirs ! J'ai entendu le blond dire : Au nom de...je ne sais qui, je te guéris ! Ah ! et le vieux Sinoë a été guéri comme ça !

    - Qu'est-ce qu'il avait ce Sinoë ? Demanda le vieux maître perplexe.

    Ce fut l'homme qui répondit sur un ton plus sobre, qu’il apprécia : - Sinoë est un notable. Ses serviteurs depuis trente ans le portent en chaise à la synagogue, et ce Philippe l'a guéri ! Sinoë marche ! N’est-ce pas incroyable ?

    - Peux-tu me faire avancer pour que j'écoute mieux ?

    L'homme hésita, puis voyant la mise correcte du vieil homme, se présenta : - Je suis Daniel Benlevi. Viens.

    Après quelques pas bousculés, Abraham réussit finalement à entendre quelques brides de la harangue et resta pétrifié.

    - Nous qui sommes ici, Philippe et Nathanaël de Bethsaïde, ne sommes rien ! Nous parlons et agissons par l'autorité de notre Seigneur Jésus de Nazareth !

    -Où peut-on le voir ? Oui, où peut-on le rencontrer ? Et qui est-il ? Criait la foule.

    Philippe continua : - Il guérit les malades, purifie les lépreux, ressuscite les morts ! Il vient pour annoncer la bonne nouvelle, le royaume ! A ceux qui le reçoivent, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu… !

    Soudain l’ambiance changea : - Ordre du préfet, ordre du préfet !

    Après un instant d’incertitude, tout le monde comprit que la garde romaine venait d'arriver sur la place. Celui qui menait l'escouade criait en fendant la foule : - Pas de regroupement public non autorisé !

    - Nous sommes devant la synagogue ! Lança la femme à la voix forte.

    -Ouais ! On peut quand même se rencontrer devant notre synagogue ! Rajouta un grand homme encore revêtu de son tablier de ferronnier, qui se jeta en avant pour faire face aux soldats. Il y eut un début de bousculade et des insultes fusèrent. Nathanaël, toujours sur son rebord de fontaine, constatant que les soldats romains mettaient la main à l’épée, sauta dans la foule et en trois coups d’épaule se plaça entre le ferronnier et le romain : - Arrêtez ! Mon Seigneur, Jésus de Nazareth, guérit-il pour que vous vous entretuiez ? Est-ce cela ?

    Philippe toujours perché exhorta lui aussi la foule au calme. Nathanaël lut le soulagement dans les yeux du jeune soldat romain, qui reprit : - Qui est le responsable de la synagogue ?

    On entendit alors à l'autre bout de la place un : - Il est là !

    Sinoë prit les choses en main : - Soldat, je suis Sinoë Porphyre, un des plus gros armateurs de cette ville ...

    -Corneille, soldat du prétoire.

    - Soldat Corneille, notre attroupement n'est pas séditieux. C'est moi que tu as dû voir en audience chez le Préfet Pilate porté par mes serviteurs car mes jambes étaient paralysées ! Eh bien je suis guéri ! Regarde !

    Corneille regarda, sans avoir l'air de comprendre, un Sinoë montrant ses jambes et tapant des pieds.

    - Si tu es un notable de la ville, tu sais que le préfet vous a demandé de responsabiliser vos communautés, et…

    - Tu as raison, soldat ! Je suis Benbassan, le hazzan de la synagogue. Lança en arrivant un vénérable vieillard essoufflé.

    -Ah, Benbassan ! s’écria Sinoë. - Fais rentrer ceux qui le souhaitent dans la synagogue. Puis, se tournant vers Nathanaël : - Acceptez-vous mon humble hospitalité ? Sur la réponse positive des deux amis, il hurla à qui voulait l'entendre.

    - J'invite tout le monde chez moi !

    La foule commença à se disperser au bon moment ; car Flavius et une trentaine de soldats arrivaient en trombe sur la place.

    - Corneille au rapport ! Cria le décurion essoufflé.

    - Fausse alerte. Un simple regroupement.

    -J'aime mieux ça ! Une rixe jour de marché avec des centaines de marins dans le port, j’aurais pas aimé ! Vous pouvez reprendre votre ronde. Ah, Corneille !

    -Oui, décurion !

    - Tu es invité à la soirée que nous donnons en l'honneur de Rufus. Tu sais qu'il a reçu des mains du préfet l'insigne de l’aigle d'or.

    - C'est un honneur, décurion !

    - A la 11ème heure à la taverne du port ! Nous fêterons la vie comme disent nos soi-disant amis, les grecs !

    Un instant pantois, tant cette invitation était un honneur pour lui, Corneille se raidit un peu. Puis, en voulant rassembler ses hommes, son regard tomba sur un beau vieillard aux cheveux blancs, perdu dans ses rêves : - Vieillard, tu trembles sur ta canne. Veux-tu qu'on te raccompagne.

    - Non, jeune homme. Je vais suivre ! Et Abraham partit dans la direction où il avait vu disparaître Sinoë, Philippe et Nathanaël.

    Corneille, un peu étonné d'être appelé jeune homme, alors qu'il était en uniforme, le regarda s'éloigner, puis lança avec une autorité un peu forcée : -Rassemblement, garde à vous, en ordre de marche ! La petite troupe s'ébranla. Le jeune homme arpenterait une partie de la journée les rues blanches de Césarée qui, du Temple d'Auguste, descendaient parallèlement les unes aux autres vers la mer.

    Trois heures plus tard : - As-tu pensé, Maître, quelle inquiétude a été la mienne ? Je t'ai cherché à la synagogue, personne ! Sur le forum, personne ! On me parle de romains attaquant des ...

    - Me querellerais-tu, cher Timothée ?

    - Non, Maître ! Nous ne serons jamais au Mont Carmel, aujourd'hui !

    - Mais, oui ! Retrouver mon bien aimé Josse sera une fête. Il va se réjouir des nouvelles que je lui apporte.

    Ils restèrent soudain interloqués : -Alors, vous les reprenez ces ânes ou pas, c'est l'heure de ma pause. En plus, le temps est dépassé, vous me devez un as de plus ! Et c'est rien !

    La mauvaise humeur du commerçant n’entama pas l’enthousiasme d’Abraham : - Paie donc Timothée et allons-y. Ainsi, les ânes blancs aux oreilles bien droites, chargés des deux hommes et de gros paniers, prirent la route du Carmel.

    3

    Amina avançait sur le grand perron du palais de Tibériade avec angoisse. Elle fit son plus beau sourire à un jeune homme aux cheveux longs, tellement bien habillé et parfumé ! Puis, elle accéléra le pas ne voulant pas perdre de vue Magdalaine.

    Elle était magnifique, ce soir, Magdalaine, dans sa robe de soie rouge gansée d'or et ses longues tresses noires qui tombaient jusqu'à la taille ! Elle sourit en voyant son amie venir vers elle d'un pas aérien.

    -Amina ! Regarde, c'est le célèbre Prince Agrippa !

    -Où ?

    -Là, enfin ! Le très bel homme aux cheveux courts coiffés à la romaine !

    - Le brun à la tunique argentée ? dit Amina, en montrant du menton un groupe de jeunes gens, qui pénétrait dans la salle où devait avoir lieu le banquet.

    - Oui, je me demande qui pourrait me le présenter ?

    - Marie, n'est-ce pas dangereux ? Souviens-toi…

    Magdalaine haussa les épaules et lança ses longues tresses en arrière : - Amina, je ne veux plus parler de cette aventure sordide ! Tu es pleutre, voilà ! Nous sommes invitées pour connaître le meilleur monde.

    -Ah, Amina ! Cette dernière sursauta en entendant son nom.

    -Amina ! Répéta le jeune homme aux cheveux longs qu'elle venait de croiser : - C'est donc ton nom ! Amina toute droite rougit brusquement, en répondant : - Oui, je suis Amina.

    - Moi, c'est Jacim pour te servir. Puis-je t'inviter ?

    Je suis avec

    Elle fut interrompue par Magdalaine : - Bien sûr, tu peux l’inviter ! Puis, se tournant vers Amina : - Ne sommes-nous pas venues pour nous amuser ? Elle s'éloigna en faisant valser sa robe de soie.

    Amina, les mains jointes, devant le jeune homme, ne savait plus quoi faire : il était bien beau ce jeune homme avec son visage fin, ses yeux noirs et sérieux, et ses longs cheveux frisés. Il lui tendit finalement la main, elle y déposa délicatement la sienne. Elle resta interloquée quand il murmura : - Je viens de découvrir quelque chose de merveilleux ! Veux-tu le voir ?

    - Quoi donc ?

    - Viens. Insista-t-il en l'attirant délicatement vers un grand escalier. - Attend-moi là. Elle le vit se précipiter vers un buffet surchargé et revenir avec deux coupes : - Tiens. Elle est en or. Il ne nous reste plus qu’à trouver du vin. Suis-moi.

    Les deux jeunes gens gravirent de larges escaliers, passèrent sous une des nombreuses alcôves qui menaient à une salle monumentale dont le fond n'était qu'une immense baie s'ouvrant sur les terrasses tombant vers le lac.

    - Viens voir !

    Amina s’avança et poussa une exclamation en découvrant les jardins de Tibériade, où une centaine de torchères éclairaient la nuit ainsi que les statues grecques plongées dans la vision des eaux du lac endormi.

    -Que c'est beau !

    - N'est-ce pas ? Comme cela, d'ailleurs … ajouta-t-il en touchant le tissu de la robe bleue de la jeune fille.

    - Oh… Amina baissa les yeux et rajouta : - Ce n'est pas la mienne, elle est à Magdalaine. Je ne suis pas si riche. Mon père est artisan, il a un peu d'argent. Elle resta pensive, et ajouta en sentant le regard du jeune homme fixé sur elle : - N'est-elle pas plus jolie que moi ?

    -Qui ? Celle qui t'a prêté la robe ? Elle est surtout plus riche. Amina resta les yeux baissés en acquiesçant. Le jeune homme rajouta : - Elle est moins douce aussi.

    Puis, les deux jeunes gens sursautèrent à une interpellation :

    Jacim en bonne compagnie, la soirée est-elle bonne ? Suis-je un hôte de qualité ?

    - Dois-je répondre, prince Agrippa. Tout cela est splendide.

    - Je vous laisse, la reine, ma sœur m'attend !

    Amina regarda Agrippa s'éloigner : il était plus petit que Jacim, plus musclé et plus nerveux aussi.

    - Il te plaît ?

    Elle sursauta presque : - Non ! Mon amie voudrait lui être présentée.

    Jacim sourit en répondant : - Je pense que ce n'est pas une bonne idée.

    - Non ? Ajouta Amina qui ne comprenait pas l’attitude désinvolte de Magdalaine, après ce qui s’était passé chez le fermier général.

    - Non. Lui confirma simplement Jacim, puis voyant des invités envahir la terrasse : - Descendons veux-tu ?

    Amina hésita, regarda le lac obscur et pourtant ruisselant de lumière ; puis accepta en hochant la tête. Les deux jeunes gens main dans la main descendirent les escaliers de marbres blancs bordés de jasmin et de tamaris qui s’arrêtaient à quelques pas à peine du lac.

    4

    Hérodiade parlait du roi Philippe : - Est-il là ?

    Non. Répondit Agrippa se dirigeant vers une desserte contenant une myriade de flacons et de bouteilles. Il se servit un liquide presque violet, c'était la grande mode.

    -Sers-moi la même chose. Demanda Hérodiade.

    - Voici, un violet avec pétales… Le prince s'assied au pied du divan où sa sœur était allongée.

    Celle-ci prit le temps de le dévisager : certes, physiquement, il ne se ressemblait pas : elle avait la stature et la chevelure rousse de sa grand-mère Marianne ; lui le nez légèrement busqué et la musculature de leur grand-père Hérode le Grand. Elle haussa les épaules au souvenir du vieux tyran : Agrippa avait la même ambition vorace.

    - Tu parles trop, Agrippa. Lui dit-elle soudain.

    Ce dernier frotta son menton imberbe. Il vivait à la romaine depuis fort longtemps, et prit un air inspiré qui la fit rire : - Je sais mon frère ! Tu es rusé, intelligent, tu as des soutiens et peur de rien…

    - Permets-moi de rajouter etc.… ! N'est-ce pas digne de mon rang de solliciter un poste de gouverneur !

    - Etait-il nécessaire de faire assassiner le vieux Miron ?

    - Tu ne penses pas que c’est moi !

    Le visage d’Hérodiade se ferma : -Cela t’amuse, n’est-ce pas ?

    Tu as réussi à te mettre la ville et mon époux à dos.

    -Bah, il me hait déjà ton mari ! Voilà, je mets quelques pétales dans mon verre et passons à autre chose ! Le prince se leva :

    Que nous reproche le roi Philippe pour ne pas répondre à notre invitation ?

    - Que veux-tu qu'il nous reproche ? D’user des largesses de son cher frère Antipas et de lui porter tort.

    Hérodiade remit de l'ordre dans les plis de sa jupe en voile jaune. Son frère comme bien d'autres admirait depuis toujours sa beauté exceptionnelle.

    - Antipas, reprit-elle soudain, sera de retour aux environs de la nouvelle lune d’Adar.

    - Nous l'accueillerons comme il se doit. J'organiserai ....

    -Non, mon frère. Mon mari arrivera de Babylonie par les routes caravanières de l'intérieur. Elles aboutissent à Machéronte.

    -Ouah ! Aller là-bas en plein Adar, alors qu'ici tout est printanier, comme disent nos amis les romains ! S'enfermer dans cette forteresse infernale !

    Hérodiade en buvant son vin sourit en voyant son frère faire de grands gestes théâtraux ; ce dernier ajouta : - Crois-moi, Hadès, le dieu des enfers, ne doit pas habiter loin de Machéronte. C'est lui que l'on entend quand le vent souffle ! Et ces moines fous, qui vivent enfermés en face, ne sont là que pour lui mener la vie dure ! au moins à Rome ...

    -Agrippa, assieds-toi et arrête de tout tourner en dérision.

    Qu’est-ce qui te tourmente ? Le souvenir de Malatha ?

    Le prince, blessé dans son orgueil d’avoir dû vivre dans la misère et l’isolement, hésita avant de répondre. Enfin, il expliqua : -Mes tourments n’existeront plus quand j’aurai payé mes dettes… Alors j’irai où je veux, et certainement pas à Machéronte pour accueillir cet… !

    -Pauvre frère, viens. Le prince s'assied parterre et mit sa tête sur les genoux de sa sœur.

    Elle lui caressa doucement les cheveux. -Mon petit frère, tu ne prends jamais les choses au sérieux ! Il y a pourtant quelque chose que tu ne sais pas et qui va beaucoup te nuire.

    Agrippa souleva brusquement la tête : - Quoi donc ?

    - Il y a un certain nombre de personnes autour du roi qui l'aiment.

    -Aimer Antipas, ce n'est pas possible !

    - Oui, c'est possible mon frère puisque moi-même je l’aime.

    Agrippa se mit debout, le regard plus dur : - Si tu le dis. En tout cas, que lui coûte de me nommer gouverneur ?

    Voyant sa sœur baisser les yeux, il haussa les épaules avant de reprendre sur le ton de la plaisanterie : - Viens donc présider mon banquet. Tous les princes que j'ai invités, rêvent de t'être présentés !

    - Ne t'ai-je pas dit non, Agrippa ! Ces bellâtres m’agacent !

    5

    Les bras levés et le sourire triomphant, Agrippa rejoignit la table d'honneur qu'il avait quittée quelques instants auparavant et s'allongea sur son lit d’apparat.

    - Amis, princes, futurs rois et futurs gouverneurs, mangeons et buvons ! L'ambition donne soif ! Au milieu des rires et des interjections en tout genre, harpes, cymbales, flûtes et cithare se mirent à jouer.

    -Alors, Eudoxe, prince de Troie, dit-il à son compagnon de droite, comment vont tes dettes à toi ?

    - Bof ! Les Hérode sauront bien m’aider, n’est-ce pas... ?

    Trois heures plus tard la conversation battait son plein et le vin coulait toujours. Si l'immense salle des banquets était encore bondée, beaucoup d'invités étaient disséminés dans les pièces et recoins du palais : on en trouvait partout, affalés dans les escaliers, derrière les rideaux, jusque dans les cuisines …

    - Agrippa, lève-toi ! Le prince avachi sur son lit d'apparat ouvrit les yeux avec difficulté.

    - Crassus, qu'est-ce qu'il y a ? Ah ! En se levant, il eut subitement envie de vomir. Tiens, donne-moi du vin fort que cela passe.

    Il fit la grimace en buvant le breuvage jaune que Crassus lui donna en disant : - Une invitée veut te rencontrer ! Une vraie beauté !

    - Aide-moi à me lever, vieux frère d'orgie, comme dirait notre futur empereur Caligula.

    - Il n'y a que lui pour inventer des folies dignes de ce nom !

    -T’inquiète, dès que mon petit beau-frère me nomme gouverneur, et m’octroie des rentes, on fonce à Rome !

    - Ah, merci cher compère, on ne respire pas ici ! Que des paysans ! C'est incroyable ! Lança d'une voix chantante le jeune romain ; et les deux hommes cahin-caha rejoignirent le salon rouge.

    En y pénétrant, Agrippa jeta un coup d’œil circulaire : la pièce était faiblement éclairée mais il repéra très vite ce qui l'intéressait ; il se laissa tomber sur un monceau de cousins multicolores, en lançant : - Quelle est la belle qui veut m'être présentée ?

    -C'est moi, Seigneur. Magdalaine se tenait chancelante devant lui, elle avait trop bu.

    -Seigneur ! Merci, ma belle. Altesse c'est mieux !

    - Pardon altesse, je m'appelle ...

    -Elle s'appelle. Vous entendez, elle veut me dire comment elle s'appelle ! Il ne manque plus que ça ! Les jeunes gens, qui étaient dans la pièce, tous intimes d'Agrippa qui le suivaient dans ces déplacements, se mirent à rire bruyamment. Magdalaine se raidit ; brusquement, la terreur qui l'avait saisie à la gorge devant le vieil Aristidés venait de resurgir.

    - Viens ici !

    Elle ne bougea pas, figée par la peur ; puis elle sentit soudain deux mains aux bagues froides la saisir et la pousser sur les coussins : - Et voilà ! c’était Martias un des mentors d’Agrippa... Agrippa se souleva sur un coude et déchira sa robe ; il la releva brusquement en la montrant à la ronde : - Elle est maigre et elle veut m’être présentée ! Il la jeta brusquement parterre :

    Paysanne ! Il faut connaître les usages avant de vouloir pénétrer ma cour ! Crassus, jette-la dehors !

    Ce dernier releva la jeune fille et la sortit précipitamment du salon : - Petite, va-t’en maintenant…Voyant qu'elle ne bougeait pas en tenant les morceaux de sa robe, le jeune homme, qui était bon et la trouvait bien jolie, enleva sa chemise en lamée blanc et couvrit ses épaules : -Allez ! répéta-t-il, va-t’en, c'est mieux !

    Quand il rentra dans le salon, il entendit quelqu’un crier :

    - C'était une farce, voici ce soir l'heureuse élue !

    Agrippa vit apparaître devant lui une jeune fille blonde bien en chair couverte de voile transparent. - Ah ! - Murmura-t-il sur un ton alangui.

    6

    Magdalaine était sortie du palais : elle avait cherché Amina et ne l’avait pas trouvée. A un moment donné, elle avait cru entendre la voix de Sandor et le rire ironique d'Osias, et se demanda si les deux collecteurs d'impôts n’avaient fait du mal à son amie ! Elle sentit son cœur se serrer, tant l'idée d'être responsable d’une telle chose lui était insupportable.

    Elle se mit à courir, en larmes, avec une envie folle de hurler. Au bout d'un moment, essoufflée par la montée d’une rue à degrés, elle s’arrêta et resta sans bouger, prostrée. Le froid la saisit brusquement comme deux mains glaciales et elle poussa un cri muet en se mordant violemment les lèvres.

    Puis, doucement elle releva la tête et reprit ses esprits : il fallait qu'elle rejoigne la voie du Temple grec, à partir de là elle retrouverait facilement la maison des cousins d’Amina.

    -Qu'allait-elle leur dire ? Comment expliquer qu’Amina n’était pas avec elle ?

    -Mon Dieu ! murmura-t-elle doucement. En voulant prendre une voie plus large, qui surplombait le lac, elle perdit l'équilibre. Deux rues à degrés se croisant sans logique apparente, elle tomba d'une hauteur conséquente, et s’affala parterre, engourdie. En se relevant, elle sentit le sang couler sur ses genoux, et tenta d'en arrêter le flux avec sa robe, puis porta la main brusquement à son front, d’où le sang coulait aussi. Elle s’essuya avec la chemise en lamée et se mit à pleurer bruyamment comme une enfant, à genoux, dans la rue glaciale. Elle pleura longtemps ; ne pas avoir retrouvé Amina la terrorisait. En se relevant, elle ne reconnut pas l'endroit où elle se trouvait, et fut surprise par une pleine lune énorme et pâle, qui semblait la regarder. Ensuite, elle aperçut entre les maisons et les toits qui descendaient vers l'est, le lac luisant sous le reflet lunaire. Elle comprit qu'il lui fallait suivre la rue pour atteindre la voie du Temple. L’avenue était large, éclairée tous les cinquante pas par des torchères et dallée de marbre : ce qui lui permit de les entendre arriver de loin.

    D'abord, un bruit de sabots sur le marbre, plus sonore au fur et à mesure qu'il se rapprochait. Puis, elle

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