Le voyage du Pèlerin
Par John Bunyan
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À propos de ce livre électronique
John Bunyan
John Bunyan (1628–1688) was a Reformed Baptist preacher in the Church of England. He is most famous for his celebrated Pilgrim's Progress, which he penned in prison. Bunyan was author of nearly sixty other books and tracts, including The Holy War and Grace Abounding to the Chief of Sinners.
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Aperçu du livre
Le voyage du Pèlerin - John Bunyan
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Courriel : theotex@gmail.com
Table des matières
Préface
Conversion du Chrétien
Le Bourbier du Découragement
Le Sage mondain — La loi
Sinaï – L’Evangéliste
La porte étroite – L’Interprète
Continuation – Passion et patience – Un héros Chrétien
Le fardeau tombe – Les trois hommes endormis – Le coteau des difficultés
Sommeil – Le Timide et le Défiant – Le palais plein de beauté
Agréable réception du Chrétien dans ce palais
Suite – Entretien religieux
Curiosités du lieu – Départ
Combat avec Apollyon dans la vallée d’Humilité – Victoire
La vallée de l’ombre de la mort
Le Fidèle
La volupté – Le premier Adam – Moïse
Suite du récit du Fidèle – La Honte
Le Chrétien de paroles
Entretien sur l’œuvre de la grâce dans le cœur de l’homme
Nouvelle rencontre avec Évangéliste – Encouragements et prédictions
La Foire de la vanité
Procès et heureuse fin du Fidèle
L’Espérant – Intérêt personnel
L’Ami du monde, l’Ami de l’argent et le Rapace
Le coteau du Gain – Démas – Beau paysage
Le château du Doute et le géant Désespoir
Continuation – Heureuse délivrance
Les aimables collines – Aveugles – Enfer – Illumination
L’Ignorant – Un apostat – Le Faible en la foi
Continuation
Un Maure vêtu de blanc – L’Athée – Le terroir enchanté
Histoire de la conversion de l’Espérant
Autre entretien avec l’Ignorant – Justification par la foi en Jésus
Conversation sur la crainte de Dieu et ceux qui abandonnent la foi
Belle contrée, avant–goûts du ciel – Passage du grand fleuve
Entrée dans les cieux
Conclusion
Références bibliques
PRÉFACE
Le lecteur français qui prend connaissance du Voyage du Pèlerin, de son contenu et de son histoire, se trouve confronté à une énigme. Il se demande comment un livre religieux du dix-septième siècle, écrit dans un style quasi-enfantin, a pu bénéficier d’un succès continu et universel, au point qu’on ne compte plus le nombre de ses éditions et de ses réimpressions. L’ouvrage de John BUNYAN constitue en effet un véritable phénomène de la littérature anglaise, d’une magnitude comparable à la production de la Bible King James elle-même. Aussi fut-il rapidement traduit dans les principales langues européennes, du moins sa première partie, parue en 1678 et bien connue dans nos églises évangéliques. Elle rapporte les aventures d’un personnage, CHRÉTIEN, que l’auteur voit pérégriner en songe, de la cité de Destruction jusqu’à la Jérusalem céleste. Toujours sous le prétexte du rêve, la seconde partie (1684) poursuit par les tribulations de CHRÉTIENNE (ou CHRISTIANA), la femme de Chrétien, et de ses enfants. Ce second volume est généralement inconnu des évangéliques français parce qu’il n’a pas bénéficié comme le premier d’une série de réimpressions successives, malgré qu’en 1855 le libraire-éditeur J.-P. MICHAUD, de Neuchâtel, en avait livré une version tout à fait correcte.
En 1884, le pasteur Alfred PORRET, dans une petite brochure sur la vie de Bunyan, émettait le souhait que se lève enfin un écrivain français qui remplacerait les « malheureuses traductions » existantes par une version complète et rendant la beauté de l’original. On peut regretter que son vœu n’ait pas été exaucé quant à une diffusion plus large de la seconde partie du Pèlerin, mais quant à la qualité de la version française, son jugement paraît trop sévère : le caractère très simple du vocabulaire et des dialogues se retrouve dans notre langue, et les quelques pièces versifiées rendent assez bien la piété qui a inspiré les vers anglais. En réalité, cette traduction donnée par la Société des Livres Religieux de Toulouse (dix-neuvième siècle), la seule répandue dans le public évangélique, n’est que la reprise d’une traduction anonyme, dont la septième édition a été imprimée en 1778 à Rotterdam. Dans la préface de cette dernière, Robert ESTIENNE explique ainsi l’utilité de ce travail : « Au reste il est bon d’avertir qu’on a déjà une traduction française de cet ouvrage, qui a été imprimée en Hollande ; mais comme elle a été faite par un Wallon qui parle Flamand en Français, elle est si mauvaise, qu’on ne peut la lire qu’avec dégoût... » Comme quoi, en matière de traduction, chacun peut toujours trouver de quoi être suffisamment mécontent. Peut-être sa critique s’adressait-elle au pasteur Christophe Matthieu SEILLERN qui avait déjà traduit les deux parties du Voyage du Pèlerin (en 1717 pour la seconde), mais sur la base d’une traduction allemande. En 1992 Madame Renée MÉTIVET-GUILLAUME a fait paraître aux éditions L’Age d’Homme une nouvelle traduction complète, laquelle n’est évidemment pas libre de droits, comme la commune que nous donnons ici.
Pour s’expliquer le paradoxe entre la simplicité du texte et son impact, il ne faut jamais oublier que cette composition ne tire pas son origine d’une allégorie purement imaginaire : Le rêveur fatigué qui se retrouve dans une caverne, et qui va raconter son voyage onirique, c’est Bunyan lui-même, qui a écrit son livre en prison. Il y est resté plus de douze ans, sans autre crime que d’avoir voulu prêcher publiquement l’Evangile ! Il est vrai que simple étameur de fer blanc, sans autre formation que sa lecture assidue de la Bible, Bunyan ne possédait aucun des titres ecclésiastiques exigés à l’époque pour pouvoir adresser un public sur des sujets religieux. Cependant il est impossible d’arrêter une initiative prise par Dieu; semblable aux apôtres du livre des Actes, aux instruments de réveil de toutes les époques, Bunyan a clairement été une telle initiative de Dieu.
Elargi de prison, il recommence à prêcher, et les foules accourent. Une anecdote bien connue rapporte que le célébrissime docteur en théologie John Owen vint lui aussi entendre Bunyan. Au roi Charles II qui s’étonnait qu’un érudit aussi instruit aille s’asseoir aux pieds d’un pauvre étameur, Owen répondit : « Que votre Majesté veuille agréer ma pensée : s’il m’était donné de pouvoir remuer le cœur des auditeurs comme le fait cet étameur-là, je donnerais joyeusement en échange toute ma science. »
Si Bunyan ne se préoccupe pas de théologie (nous ne trouvons dans son allégorie aucun débat sur la prédestination, sur l’assurance du salut, ou sur le retour de Jésus-Christ...), en revanche chacune de ses lignes ou presque porte l’empreinte d’une pensée biblique. Un tel style puritain par excellence, et pourtant sans lourdeur, ne pouvait que faire les délices de Charles Haddon SPURGEON. Le fameux prédicateur témoigne dans ses mémoires avoir lu le Voyage du Pèlerin au moins une fois par an, et il estimait dépasser les cent lectures avant sa mort.
Aujourd’hui, dans un environnement culturel surchargé d’effets spéciaux, de graphismes fantastiques et sophistiqués, l’allégorie trouvera-t-elle encore une place? Oui, parce qu’elle s’adresse à l’esprit plus qu’à l’imagination, et que l’esprit essentiellement caractérise l’humain.
Le non-chrétien qui ouvrant ce livre fera les premiers pas sur l’itinéraire de Bunyan se sentira immanquablement attiré par l’étrangeté du texte, tout comme le premier contact avec l’Evangile fascine par son étrangeté. S’il persévère sur ce chemin, il ne pourra que se reconnaître dans un des multiples personnages qui croisent la route de CHRÉTIEN, que ce soient OBSTINÉ, FACILE, INCONSIDÉRÉ, PARESSEUX, TÉMÉRAIRE. .. il se sentira repris dans sa conscience, parce que pour naïfs que puisse paraître les portraits psychologiques tracés par l’auteur, ils sont aussi impitoyables que la vérité ; témoins par exemple ces saillies d’un tribunal injuste qui condamne à mort FIDÈLE :
AVEUGLE, en qualité de président, parla ainsi : - Je vois clairement que cet homme est un hérétique.
PERFIDE dit : – Qu’on ôte cet homme de dessus la terre !
– Oui, s’écria MÉCHANT, car je ne puis plus le voir.
VOLUPTUEUX s’écria qu’il n’avait jamais pu le souffrir.
– Ni moi, répondit MORT-VIVANT, car il a toujours condamné toutes mes actions.
– Qu’on le pende ! s’écria HOMME DE COU RAIDE.
– C’est un homme plein d’orgueil, ajouta ORGUEILLEUX.
Or si le non-chrétien résout d’être honnête avec lui-même, il conviendra que la haine qui aujourd’hui se manifeste de plus en plus ouvertement contre tout ce qui porte le nom de chrétien, est aussi injustifiée et perverse que celle qui a cherché et obtenu la mort de Jésus-Christ. Enfin, s’il suit jusqu’au bout les pérégrinations de CHRÉTIEN, il en viendra à comprendre le dessein de Dieu, qui a toujours été, non d’abandonner les hommes à leur perdition naturelle, mais au contraire de les sauver souverainement et glorieusement. Puissent-ils être nombreux les lecteurs qui ne s’arrêteront pas ainsi à l’enveloppe du texte, mais qui atteindront le but pour lequel il a été écrit : la vie éternelle en Jésus-Christ !
Quant au déjà-chrétien, le plaisir qu’il prendra à lire ou relire le Voyage se passe d’explications, puisque pour lui toutes les images y sont transparentes, dans l’allégorie il reconnaît sa propre expérience :
« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir vu se réaliser pour eux les promesses, mais après en avoir de loin aperçu et salué la réalisation, et avoir confessé qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Car ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils soupirent après leur patrie. Et, si c’eût été de celle qu’ils avaient quittée qu’ils faisaient mention, ils auraient eu le temps d’y retourner ; mais on voit bien que c’en est une meilleure qu’ils désirent, je veux dire la patrie céleste ; c’est pourquoi Dieu n’a point honte, en ce qui les concerne, d’être appelé leur Dieu, car Il leur a préparé une ville. » (Hébreux.11.13-16)
Phoenix, 29 septembre 2011
C.R.
M’ÉTANT ENDORMI, JE VIS EN SONGE...
I.
CONVERSION DU CHRÉTIEN
FACILE ET OBSTINÉ — CONVERSION D’UNE ÂME VRAIMENT RÉVEILLÉE — FAUSSE
CONVERSION D’UNE ÂME QUI NE SE REPOSE PAS SOLIDEMENT SUR CHRIST.
Comme je voyageais par le désert, j’arrivai dans un lieu où il y avait une caverne. Je m’y couchai pour prendre un peu de repos, et, m’étant endormi, je vis en songe un homme vêtu d’habits sales et déchirés Esa.64.6. Il était debout [tout prêt à agir, sorti du sommeil de la sécurité] et tournant le dos à sa propre maison Luc.9.62; 14.26-27. Il avait un livre à la main, et il était chargé d’un pesant fardeau Psa.38.5-6 ; Je vis ensuite qu’il ouvrit le livre et qu’il y lisait.
Bientôt il se mit à pleurer et à trembler, de sorte qu’étant tout effrayé, il s’écria d’un ton triste et plaintif : « Que faut-il que je fasse ? » Actes.16.30.
Dans cet état il retourna chez lui, et se contraignit, aussi longtemps qu’il lui fut possible, devant sa femme et ses enfants, de peur qu’ils ne s’aperçussent de son angoisse. Mais comme sa tristesse augmentait de plus en plus 2Cor.7.10. Il ne put se contenir longtemps ; ainsi il leur découvrit bientôt ce qu’il avait sur le cœur et leur dit :
– Ma chère femme, et vous, mes chers enfants, que je suis misérable et que je suis à plaindre ! Je suis perdu, et le pesant fardeau qui m’accable est la cause de ma perte. J’ai d’ailleurs un avertissement certain que cette ville où nous habitons va être embrasée par le feu du ciel 2Pi.3.7,10-11 ; et que les uns et les autres, moi, et vous, ma chère femme, et vous, mes chers enfants, nous serons misérablement enveloppés tous ensemble dans cet épouvantable embrasement, si nous ne trouvons un asile pour nous mettre à couvert ; or, jusqu’ici je n’en vois aucun.
Ce discours surprit au dernier point toute sa famille 1Cor.2.14 ; non pas qu’elle y ajoutât foi, mais parce qu’on s’imagina que cet homme avait le cerveau troublé, et qu’il s’était mis des pensées creuses dans l’esprit. Toutefois, dans l’espérance que son cerveau pourrait se remettre par le repos, parce que la nuit approchait, ils se hâtèrent de le mettre au lit.
Mais, au lieu de dormir, il ne fit, presque toute la nuit, que soupirer et verser des larmes. Quand le matin fut venu, ils voulurent savoir comment il se portait. Il leur dit que son état allait de mal en pis, et leur réitéra encore ce qu’il avait dit la première fois. Mais, bien loin de faire quelque impression sur eux, cela ne servit qu’à les irriter. Il s’imaginèrent même qu’ils pourraient le faire changer en usant de rigueur ; de sorte qu’ils commencèrent à le mépriser et à le quereller ; puis ils l’abandonnèrent à lui-même sans se mettre plus en peine de lui Mat. 10.34-39.
CHRÉTIEN S’OUVRE DE SA TRISTESSE DEVANT SA FEMME ET SES ENFANTS.. ...
Aussi s’enferma-t-il dans sa chambre afin de prier pour eux comme aussi pour déplorer sa propre misère. Quelquefois il allait se promener seul dans la campagne, tantôt lisant, tantôt priant, et c’est ainsi qu’il passait la plus grande partie de son temps.
Il arrivait aussi qu’en allant par la campagne, les yeux fixés, selon sa coutume, sur son livre, il était extrêmement en peine, et j’entendis qu’en lisant il s’écria tout haut comme auparavant : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? ».
Je remarquai d’ailleurs qu’il tournait les yeux, tantôt d’un côté tantôt de l’autre, comme un homme qui cherche à s’enfuir ; cependant il ne quittait point la place, parce qu’apparemment il ne savait où aller.
Dans ce moment, je vis un homme, dont le nom était ÉVANGÉLISTE, qui s’approcha de lui et qui lui demanda pourquoi il poussait des cris si lamentables.
– Monsieur, lui répondit-il, je vois par le livre que j’ai entre les mains que je suis condamné à la mort, et qu’ensuite je dois comparaître en jugement Héb.9.27. Je ne saurais me résoudre à la première, et ne suis nullement préparé au dernier Ezé.22.14.
ÉVANGÉLISTE : – Comment ne pouvez-vous pas vous résoudre à la mort, puisque cette vie est mêlée de tant de maux?
CHRÉTIEN : – C’est que je crains que le fardeau que je porte ne me fasse enfoncer plus bas que le sépulcre, et ne me précipite jusqu’au fond des enfers. Or, Monsieur, si je ne suis pas seulement en état de souffrir la prison, combien moins pourrais-je soutenir le jugement et en subir l’exécution ? Voilà ce qui me fait pousser tant de gémissements.
ÉVANGÉLISTE : – Si tel est votre état, pourquoi en demeurez-vous là?
– Hélas ! répondit le Chrétien, je ne sais où aller.
Là-dessus l’Évangéliste lui donna un rouleau de parchemin où étaient écrites ces paroles : « Fuyez la colère à venir » Mat.3.7. Le chrétien lut ce rouleau, et aussitôt il demanda à l’Évangéliste, en le regardant tristement : – Où est-ce donc qu’il faut fuir?
Alors l’Évangéliste étendant la main, lui dit : – Voyez-vous bien, de ce côté là, une petite porte étroite ? Mat.7.13.
Cet homme lui répondit : – Non.
L’Évangéliste lui dit : – Ne voyez-vous pas, du moins, une lumière brillante au milieu de l’obscurité ?
– Il me semble, répliqua-t-il, que je la vois.
– Eh bien ! dit l’Évangéliste, attachez uniquement les yeux sur cette lumière Psa.119.105, marchez droit vers elle, et alors vous verrez bientôt la porte étroite. Quand vous heurterez, on vous dira ce que vous aurez à faire.
Alors le Chrétien se mit à courir. Mais il n’était pas encore fort éloigné de la porte de sa maison, que sa femme et ses enfants lui crièrent qu’il revint sur ses pas. Mais lui, sans se retourner, se boucha aussitôt les oreilles en s’écriant : La vie, la vie, la vie éternelle ! Mat.16.26. Et sans se retourner, il se hâtait de traverser la plaine.
Ses voisins étant sortis pour les voir, les uns se moquaient de lui, les autres le menaçaient ; quelques-uns lui criaient qu’il rebroussât chemin. Il en eut même deux qui entreprirent de le poursuivre et de le ramener de force dans sa maison. Le premier se nommait OBSTINÉ, et l’autre FACILE ; et bien que cet homme eût beaucoup d’avance sur eux, ils ne se rebutèrent point, et firent tant qu’ils l’atteignirent.
Alors il leur dit : – Mes chers voisins, pourquoi me poursuivez-vous?
– C’est, répondirent-ils, pour vous persuader de revenir sur vos pas avec nous.
– Mais, répliqua le voyageur, c’est impossible. Vous demeurez dans la ville de CORRUPTION, où je suis né aussi bien que vous Rom.5.12, et si vous y mourez, vous serez tôt ou tard précipités plus bas que le sépulcre, dans une étang ardent de feu et de soufre. Prenez donc courage, mes chers voisins, et faites plutôt le voyage avec moi.
OBSTINÉ : – Comment! avec vous? Abandonner tous nos amis et renoncer à tous nos plaisirs !
CHRÉTIEN : – Oui, sans doute, parce que rien de ce que vous laisserez n’est à comparer à la moindre partie de ce que je cherche, et si vous voulez venir avec moi et m’accompagner jusqu’au bout, vous aurez les même avantages, car le pays où je vais est un pays de richesse et d’abondance. Hâtez-vous donc, et vous éprouverez la vérité de ce que je vous dis.
OBSTINÉ : – Qu’est-ce donc que vous cherchez, et qui vous oblige à renoncer à tout pour l’obtenir ?
CHRÉTIEN : – Je cherche un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, et qui est dans les cieux pour ceux qui le recherchent avec soin et avec persévérance. Lisez, si vous voulez, toutes ces choses dans mon livre.
OBSTINÉ : – Bagatelles ! bagatelles ! Voulez-vous rebrousser chemin avec nous ou ne le voulez-vous pas ?
CHRÉTIEN : – Non, non ; je n’en ferai rien. J’ai mis une fois la main à la charrue : malheur à moi si je regarde en arrière !
OBSTINÉ : – Venez donc, mon voisin FACILE ; retournons-nous-en et laissons-le aller. Il y a certaines têtes qui se croient plus sages que les autres, et qui, ayant une fois conçu quelque chose dans leur imagination, suivent opiniâtrement leur idée et s’imaginent être infaillibles.
FACILE : – Ne regardez pas ces choses avec tant d’indifférence ; car si ce que CHRÉTIEN nous dit est véritable, les choses qu’il cherche sont préférables à celles auxquelles nous nous attachons, et je sens quelque penchant à le suivre.
OBSTINÉ : – Oui ! encore d’autres fous ! Croyez-moi, retournons-nous-en. Tout ceci n’est point sage, et les lumières d’une saine raison doivent nous conduire à tout autre chose. Qui sait où cet écervelé pourra vous mener ? Rebroussez, rebroussez chemin, et soyez sage une bonne fois.
CHRÉTIEN : – Joignez-vous plutôt à moi, voisin FACILE ; car tous les biens dont je vous ai parlé nous attendent, et d’autres plus excellents encore. Si vous ne voulez pas me croire, lisez ce livre et vous connaîtrez la vérité : tout ce qui y est contenu est confirmé et scellé avec le sang de Celui qui l’a fait Héb.9.17,21.
FACILE : – Eh bien ! voisin OBSTINÉ, je suis résolu à m’en aller avec le Chrétien et à éprouver le même sort que lui.
OBSTINÉ : – Mais, mon cher ami, savez-vous bien le chemin de ce lieu tant désiré ?
CHRÉTIEN : – Un nommé ÉVANGÉLISTE m’a ordonné de gagner une petite porte qui est là devant nous, où l’on nous enseignera le chemin qui doit nous conduire plus loin.
FACILE : – Allons donc, mon cher compagnon, allons !
C’est ainsi qu’ils continuèrent ensemble leur chemin.
– Pour moi, dit l’Obstiné, je retourne dans ma maison, et je ne veux point être le compagnon de