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À Moi Pour Toujours
À Moi Pour Toujours
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Livre électronique451 pages6 heures

À Moi Pour Toujours

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À propos de ce livre électronique

La vie de Sarah, une adolescente de 17 ans, est chamboulée lorsque sa mère célibataire est envoyée en prison. Elle est forcée de déménager, laissant derrière elle tout ce qu’elle a connu, y compris son meilleur ami, Sydney. Perdue et amère dans une nouvelle école, son seul objectif est d’économiser de l’argent et de rentrer chez elle. C’est alors qu’elle rencontre Angel Moreno.
Énigmatique mais magnifique, Angel est presque trop beau pour être vrai. Il serait parfait si ce n’était de sa conviction archaïque que les garçons et les filles ne peuvent jamais être "juste des amis." Le problème ? Le meilleur ami de Sarah, Sydney, n’est pas une fille.
Avec leur histoire d’amour inattendue qui s’intensifie et leur fait vivre des expériences aussi nouvelles pour l’un que pour l’autre, combien de temps Sarah pourra-t-elle garder Angel dans le noir au sujet du type qui l’attend à la maison ?
LangueFrançais
Date de sortie13 avr. 2020
ISBN9781071533673
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    Aperçu du livre

    À Moi Pour Toujours - Elizabeth Reyes

    À MOI POUR TOUJOURS

    Premier tome de la série Les frères Moreno

    Elizabeth Reyes

    Je dédie ce livre à ma merveilleuse famille pour l’amour et le soutien qu’elle me montre, et pour supporter de me voir assise devant mon ordinateur, en train d’écrire, pendant des jours et des nuits qui n’en finissent plus. Un merci spécial à tous les amis et autres membres de la famille qui écoutent mes radotages, et à ceux qui ont lu le livre dans son intégralité et qui ont fourni d’excellents commentaires.

    Table des matières

    Prologue

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    Chapitre 26

    Chapitre 27

    Chapitre 28

    Chapitre 29

    Chapitre 30

    Épilogue

    Remerciements

    À propos de l’auteure

    PROLOGUE

    Sarah avait l’impression de ne plus sentir ses membres. Ça ne pouvait pas arriver. Elle serra le téléphone, ses jointures devenant blanches. Le nœud dans sa gorge était insupportable.

    ― Sarah, es-tu toujours là ?

    ― Ah hein, répondit-elle dans un gémissement à peine audible.

    ― Je sais que c’est difficile, trésor, mais ce n’est pas la fin du monde. Nous en avons déjà discuté, et tu savais que c’était une possibilité. J’ai essayé, Sarah. J’ai vraiment essayé, mais il n’y a aucun moyen de faire autrement. Nous avons passé toutes les autres options en revue, mais elles présentent un trop grand risque. C’est pour le mieux.

    ― Mais, ma dernière année d’études secondaires...

    Sarah sentit la colère monter et des larmes lui brûler les yeux. Elle était prête à exploser – à péter les plombs. Puis elle entendit sa mère parler de nouveau, elle aussi d’une voix étranglée.

    ― Je sais, chérie. Je suis tellement désolée. J’ai vraiment foiré cette fois-ci.

    À l’autre bout du fil, sa mère prit une longue respiration tremblotante qui brisa le cœur de Sarah. Elle voulait être avec elle pour l’étreindre et la réconforter.

    ― C’est bon, maman. Ça ira.

    Sa mère s’éclaircit la gorge et baissa la voix. Elle reprit la parole d’un ton déterminé.

    ― Je vais me reprendre, c’est promis. D’accord ?

    ― D’accord.

    ― J’ai déjà appelé tante Norma. Elle et oncle Alfred seront là ce week-end. Ils veulent nous aider à faire nos bagages pour que toi et moi puissions passer du temps ensemble. Ensuite, lundi, je dois comparaître devant le tribunal.

    ― Lundi ? répéta Sarah en haletant.

    ― Oui, bébé, lundi.

    Sarah couvrit la moitié de son visage de sa main libre et secoua la tête. Ne voulant pas que sa mère se sente encore plus mal, elle réprima un sanglot.

    ― Ok, maman, ça va aller, murmura-t-elle.

    ― Je vais être ici pendant un bon moment, trésor, alors ne m’attends pas. Nous en parlerons davantage demain.

    Sarah raccrocha et regarda son meilleur ami, Sydney, qui était resté assis à côté d’elle sur le lit pendant toute la conversation téléphonique. Sydney la dévisagea avec inquiétude.

    ― Elle plaide coupable et elle va faire au moins trois ans. Je dois aller vivre avec ma tante Norma en Californie.

    Sydney garda une expression résolue, mais Sarah tomba dans ses bras en pleurant.

    CHAPITRE 1

    UN MOIS PLUS TARD

    École secondaire La Jolla, Californie

    Même si elle se tenait au milieu d’un couloir animé d’élèves bruyants qui passaient à côté d’elle à la hâte, Sarah se sentait complètement seule. Un mois, c’était bien peu pour la préparer à fréquenter une nouvelle école, se faire de nouveaux amis, une nouvelle vie.

    Bon Dieu que Sydney lui manquait. Ce n’était pas du tout comme ça qu’elle avait imaginé que se déroulerait la première journée de sa dernière année d’études secondaires. Elle avait tellement de projets à son ancienne école, et maintenant elle était plantée là, totalement perdue.

    Serrant son sac à dos dans sa main, elle s’éloigna dans une direction au hasard. Elle voulait échapper à l’embouteillage humain. Où diable était Valérie, sa cousine ? Elle avait dit le hall de l’entrée principale, juste à l’extérieur du bureau du conseiller d’orientation, non ?

    Elles avaient été déposées ensemble par sa tante, mais Sarah devait se rendre au bureau du conseiller. Étant donné qu’elle s’était inscrite tardivement, son horaire de cours n’était pas arrivé par la poste comme celui de Valérie. Elles avaient à peine mis les pieds dans l’école que déjà Valérie avait commencé à socialiser, lui promettant qu’elle l’attendrait lorsqu’elle sortirait du bureau.

    La cloche sonna, et Sarah tenta de ne pas paniquer. Elle jeta un coup d’œil à son horaire, mais cela ne l’aida pas à savoir où son premier cours avait lieu. Elle recula lentement, jusqu’à ce que son dos se retrouve contre un mur. Valérie l’avait-elle réellement abandonnée ? Non, elle ne ferait pas ça. Elle regarda quelques-uns des visages autour d’elle, se demandant s’il ne serait pas plus simple de s’enquérir auprès de l’un d’eux afin d’obtenir les directions pour se rendre à sa classe.

    Un couinement strident attira son attention et elle se tourna vers l’entrée principale, apercevant une fille dont les bras étaient enroulés autour d’un des garçons qui venaient d’entrer. Sarah leva les yeux au ciel. Elle avait toujours détesté ce genre de filles. Le mec était visiblement un membre d’une équipe sportive car il arborait une veste avec le logo de l’école, et ses deux copains aussi.

    Décidant qu’elle devait se débrouiller seule, elle revint vers le bureau et fronça les sourcils en réalisant que pendant tout ce temps-là, un plan de l’école était affiché juste à l’extérieur du secrétariat. Quelques gamins se tenaient devant, examinant leur horaire et levant ensuite les yeux vers le schéma. Apparemment, elle n’était pas la seule élève qui était nouvelle dans cette école – une bien mince consolation. Elle jeta un coup d’œil à la ronde pour repérer Valérie, se sentant plus qu’un peu contrariée.

    Des éclats de rire masculins retentirent juste derrière elle. Elle se retourna et aperçut les mêmes sportifs sans cervelle qu’elle avait vus entrer plus tôt, flanqués d’une poignée d’autres mecs qui faisaient les andouilles. Le type de grande taille qui avait été accueilli à la porte par la fille à la voix suraiguë souriait quand leurs yeux se rencontrèrent. Le sourire sur son visage sembla se dissoudre lentement. Sarah demeura figée, les lèvres entrouvertes. Pendant un instant, elle pensa qu’il allait peut-être dire quelque chose, mais c’est alors qu’elle entendit Valérie.

    ― Te voilà !

    Sarah sortit de son hébétude et regarda sa cousine, qui lui avait déjà pris son horaire des mains, sourire malicieusement.

    ― Nous avons deux cours ensemble !

    ― Ah bon ?

    Les joues de Sarah étaient encore chaudes, mais elle s’empressa de marcher aux côtés de Valérie, extrêmement reconnaissante que celle-ci soit arrivée juste au bon moment.

    Sa cousine lui parla des cours jusqu’à ce qu’elles se soient suffisamment éloignées et qu’elles aient tourné le coin de l’édifice.

    ― Oh mon Dieu, Sarah, est-ce que tu sais qui te regardait comme ça ?

    Surprise, et ne sachant pas pourquoi, Sarah prétendit ne pas comprendre.

    ― Non. Qui ?

    Valérie haleta d’excitation.

    ― C’était Angel Moreno ! Tu ne t’en souviens pas ? Je t’ai parlé de lui et de ses frères.

    ― Non, mentit Sarah.

    Bien sûr qu’elle se souvenait de lui. C’était en partie pour cette raison qu’elle avait eu du mal à respirer quand elle l’avait reconnu.

    La cloche sonna une autre fois.

    ― Oh merde. Valérie regarda sa montre. Premier jour d’école, et nous allons être à la traîne !

    Elle attrapa le bras de Sarah, et elles se mirent à courir vers leur première classe.

    DEUX SEMAINES PLUS TARD

    Angel contourna l’édifice des sciences à grandes enjambées rapides. Son estomac se contracta lorsque la cloche sonna. Il était encore en retard à l’entraînement, et il savait que son coach ne serait pas content. C’était la deuxième fois cette semaine, mais il avait dû rester après les cours pour obtenir un devoir qui lui vaudrait des points supplémentaires. Il était en train de foirer le cours d’espagnol niveau II. Encore. Espagnol ! Ses parents possédaient un restaurant mexicain, bon sang. Il prenait ce cours uniquement parce qu’il avait besoin de deux ans de cours de langue étrangère s’il voulait avoir la moindre chance d’être admis dans un programme de quatre ans à l’université. Et à présent, ça pourrait lui coûter du temps sur le terrain.

    Apparemment, il était seulement doué pour les jurons, et le professeur appelait son espagnol du spanglish. Il n’y avait cependant pas moyen pour lui de s’en sortir. S’il ne restait pas après le cours pour avoir le travail qui lui donnerait des points en sus, il ne pourrait pas compenser pour les résultats décevants qu’il avait obtenus lors des interrogations. Et si ses résultats ne s’amélioraient pas, il n’aurait pas les notes pour jouer dans l’équipe. Ne pas montrer d’amélioration signifiait aussi rester après l’école pour du tutorat. Il avait envie de gémir rien que d’y penser.

    Il entra dans la salle de musculation juste au moment où les autres commençaient les échauffements. L’entraîneur lui jeta à peine un regard et lui indiqua les gradins à l’extérieur, sous le soleil brûlant.

    ― Vingt, dit-il. Presto.

    Courir les gradins était le pire des exercices d’échauffement. Alors qu’il piquait un sprint vers les estrades, il entendit Dana l’interpeler depuis la piste où les cheerleaders étaient en train de s’échauffer.

    ― Encore les gradins, Angel ?

    Il opina, regardant à peine dans sa direction. Quelques-unes des autres filles se mirent à rire et à le siffler elles aussi. Les fossettes d’Angel apparurent comme d’habitude, bien que son sourire soit tout sauf sincère. Il y avait longtemps que les sifflets avaient cessé de le rendre mal à l’aise, surtout de la part de ce groupe de filles.

    À dix-sept ans, Angel faisait déjà un mètre quatre-vingt-dix, et il suivait les traces de ses deux frères aînés. Bien qu’il ait été plaisant pour lui d’être l’objet d’une admiration immédiate dès son entrée à l’école secondaire, il y avait des moments où il n’appréciait pas devoir se montrer à la hauteur du legs de ses frères. Il avait la beauté, la charpente, la popularité mais, malheureusement, pas les notes.

    Il se renfrogna à la pensée que ses deux frères aînés bénéficiaient de bourses sportives qui couvraient tous leurs frais universitaires, alors qu’il avait du mal à rester éligible pour jouer au football au secondaire. C’était embarrassant, mais il n’allait pas abandonner. Comme son père et récemment son frère le plus vieux, Sal, disaient toujours : « L’échec n’est pas une option. »

    Perdu dans ses pensées, et toujours irrité contre lui-même, Angel courait lentement et rêveusement vers le haut des gradins pour la quatrième ou cinquième fois – il avait perdu le compte. La sueur ruisselait sur son visage, et il luttait pour maintenir une respiration régulière. Il pouvait habituellement garder un rythme constant, mais pas aujourd’hui. Quelqu’un le dépassa en courant, mais d’un peu trop près. Surpris, il faillit perdre l’équilibre. Il se rattrapa, et il était sur le point de passer un savon au type qui l’avait presque télescopé, lorsqu’il l’entendit présenter des excuses et réalisa que ce n’était pas à un mec qu’il avait affaire, mais à une nana.

    ― Je suis désolée. Est-ce que je t’ai heurté ?

    ― Non, ça va.

    Angel se pencha, les mains sur ses genoux, essayant de reprendre son souffle.

    ― Tu es sûr que tu vas bien ? demanda-t-elle à nouveau.

    Il leva les yeux vers elle pour la première fois, respirant toujours avec peine. Le soleil était directement derrière elle. Angel plissa les yeux et distingua une silhouette menue. Elle bougea légèrement, bloquant momentanément le soleil. La première chose qu’il remarqua fut ses yeux. Ils étaient d’un vert clair exceptionnel. Un contraste saisissant avec ses traits sombres. Elle le regardait fixement, immobile elle aussi, soufflant comme un bœuf.

    Ses cheveux étaient relevés en une queue de cheval, à l’exception de quelques mèches rendues humides par sa transpiration, qui collaient aux côtés de son visage et à son front. Angel n’arrivait pas à mettre un nom sur ce visage, et en fut déconcerté. Il pensait connaître tout le monde à l’école. Mais il y avait quelque chose de familier chez elle ; il ne pouvait tout simplement pas mettre le doigt dessus.

    ― Oui, ça va, dit-il.

    ― Parfait, alors.

    Elle entreprit de démêler le fil de son écouteur. Apparemment, elle l’avait enlevé de son oreille quand elle s’était arrêtée pour vérifier son état. Elle ne lui sourit pas et ne lui posa pas d’autres questions, semblant impatiente de poursuivre son chemin. Il la regarda remettre l’écouteur dans son oreille et se préparer à reprendre sa course.

    Le cœur battant la chamade et les paumes moites de sueur, il se surprit à balbutier :

    ― Alors, tu aimes courir ?

    Stupide, stupide, stupide.

    Elle se retourna et le regarda sans répondre. Peut-être qu’elle ne l’avait pas entendu – c’est ce qu’il espérait.

    ― Je suis Angel. Comment t’appelles-tu ?

    ― Sarah.

    Il parvint seulement à sourire alors que son nom s’enregistrait dans son esprit.

    ― Eh bien, bonne séance d’entraînement, dit-elle avant de reprendre sa course.

    Il la regarda traverser les gradins dans un sprint. De loin, elle avait l’air très svelte, avec peu ou pas de courbes. Puis ça le frappa – la fille qui semblait perdue le premier jour d’école. C’est là qu’il avait vu ces yeux. Il les avait remarqués, même à ce moment-là. Il se souvenait d’avoir été médusé, mais il ne l’avait pas revue depuis, et il avait presque oublié cet épisode. Presque. Il recommença à courir les gradins, et ses pensées revinrent à ses résultats scolaires. Allait-il vraiment avoir besoin de l’aide d’un tuteur ? Il secoua la tête avec dégoût et reprit sa cadence.

    ***

    Sarah reprit sa course, résolument concentrée. Elle avait l’impression qu’il l’observait toujours, et qu’elle allait mourir d’embarras si elle tombait ou trébuchait. Les papillons dans son estomac étaient hors de contrôle. Comment avait-elle pu manquer de le renverser ? De toutes les personnes, il fallait que ce soit lui. Elle aurait dû être moins laconique, mais elle était à court de mots, de pensées – comme le premier jour d’école, quand il l’avait surprise en train de le fixer, la bouche grande ouverte, comme une idiote. Depuis lors, elle avait évité de se retrouver face à face avec lui. Chaque fois qu’elle avait cru l’apercevoir, elle s’était enfuie dans la direction opposée.

    Ses jambes avaient presque cédé lorsqu’elle s’était rendu compte que c’était lui qu’elle avait tamponné. Maudits soient-ils, lui et son sourire. Bien que convaincue qu’il ne se souvenait probablement pas d’elle, elle n’avait pas voulu prendre le risque de se ridiculiser à nouveau.

    Sarah était au courant de tout ce qui concernait les fabuleux frères Moreno. Valérie avait vécu ici toute sa vie, et elle avait fréquenté l’école primaire et secondaire avec eux. Étant donné qu’elle avait le béguin pour Alex, un des frères plus âgés d’Angel, elle en parlait tout le temps à Sarah.

    Sarah se remémora la première fois où elle avait vu Angel, deux étés plus tôt. Sa mère et elle étaient venues rendre visite à tante Norma, la sœur de sa mère et la belle-mère de Valérie. Celle-ci avait emmené Sarah à une fête sur la plage.

    C’était une fête qui durait toute la journée, mais Valérie, qui avait des complexes physiques, avait décidé qu’elles se pointeraient plus tard, une fois la baignade terminée. Elles étaient arrivées alors que tout le monde traînait autour des feux de camp et écoutait de la musique. Sarah n’avait jamais vraiment saisi tout ce que Valérie lui avait dit à propos d’Angel et de ses frères. À l’entendre les décrire, on aurait pensé qu’elle parlait de stars de cinéma super canons.

    Valérie l’avait poussée du doigt quand il était arrivé avec ses amis.

    ― Le voilà. C’est le petit frère d’Alex.

    Sarah avait levé les yeux juste à temps pour le voir dans toute sa splendeur. Il était tout sauf petit, même à l’époque. Comme dans un film au ralenti, ses amis et lui s’étaient déplacés vers un groupe de filles qui attendaient en souriant avidement. Angel portait un short en jean et un débardeur qui montrait ses muscles. Sarah n’avait jamais vu un sourire aussi beau que le sien. Ses fossettes étaient renversantes. Elle avait vu une des filles lui sauter dans les bras et l’étreindre, puis jeter un coup d’œil à la ronde avec désinvolture pour s’assurer que tout le monde les regardait.

    ― Est-ce que c’est sa petite amie ? avait-elle demandé à Valérie.

    Sa cousine s’était empressée de soupirer.

    ― C’est ce qu’elle souhaiterait. C’est Dana, celle dont je t’ai parlé. Elle passe son temps à se jeter sur lui, et elle tente de convaincre tous ceux qui veulent bien l’écouter qu’ils sont ensemble tous les deux. Tout le monde sait qu’il n’a jamais eu de petite amie. Pourquoi en aurait-il une alors qu’il peut avoir toutes les nanas qu’il veut, quand il le veut ?

    Sarah se rappelait avoir passé ce jour-là à l’observer en fantasmant. C’était tout ce qu’elle pouvait faire. Les filles avec lesquelles il se tenait semblaient avoir tellement d’expérience et de légèreté autour de lui et de ses amis. Elles riaient, parfois un peu exagérément, mais au moins elles pouvaient tenir une conversation dans son voisinage. Elle avait à peine été capable de respirer, le premier jour d’école, quand il l’avait regardée. Et maintenant elle l’avait presque assommé. Si son souvenir d’elle se résumait à la bécasse aux yeux de merlan frit du premier jour, à présent il aurait un autre souvenir d’elle se comportant comme une idiote. Elle était un cas désespéré.

    Rien de tout ça n’avait d’importance, de toute façon. Se faire des amis n’était pas à son ordre du jour. Elle n’avait pas l’intention de rester assez longtemps pour ça.

    Elle prit de la vitesse et essaya de le chasser de ses pensées. Elle se rappela l’anniversaire de Sydney. C’était ce week-end, et il fallait qu’elle lui envoie le cadeau par courriel sans tarder. Elle avait monté un diaporama avec des images de leurs bons moments, accompagné de toutes les chansons qui avaient une signification particulière seulement pour eux deux. Elle savait que Sydney l’apprécierait beaucoup plus que n’importe quel présent acheté en magasin.

    Sans Sydney, elle ne savait pas comment elle aurait passé à travers la dernière année, et elle voulait lui montrer son appréciation. Il comptait énormément pour elle. Ils avaient vécu tellement de choses au fil des ans, l’année dernière surtout, lorsque le cauchemar avec sa mère avait commencé.

    Quand Sarah avait été contrainte de déménager chez sa tante en Californie, elle et Sydney s’étaient fait la promesse de toujours demeurer en contact. Jusqu’à présent, ils avaient échangé des courriels, et comme les parents de Sydney lui avaient offert de lui procurer un téléphone portable disposant de minutes illimitées, ils pouvaient se parler tous les jours. Peu importe la distance, Sarah était déterminée à toujours garder Sydney et sa famille dans sa vie.

    Tante Norma n’était pas au courant des projets de Sarah. Elle aurait dix-huit ans en janvier, et une fois majeure, personne, pas même sa mère, ne pourrait l’empêcher de retourner en Arizona. Elle économiserait suffisamment d’argent pour pouvoir payer les parents de Sydney afin qu’ils la laissent rester avec eux. Elle avait déjà plusieurs prospects qui avaient besoin de ses services de baby-sitter, et entre ça et l’école, il n’y avait pas de place pour une vie sociale.

    Sarah était impatiente de mettre son plan à exécution. Elle souriait rien que d’y penser. Au prochain semestre, elle allait courir pour son équipe d’athlétisme locale à Flagstaff High, où elle se sentait chez elle, et sa vie reprendrait son cours normal.

    Elle leva les yeux de ses pieds en descendant les gradins et aperçut Jesse Strickland qui l’attendait en bas, les bras croisés, souriant d’une oreille à l’autre. Bon Dieu, quoi maintenant ? Elle lutta contre l’envie de rouler les yeux. Alors qu’elle atteignait le bas des estrades, Jesse se planta devant elle, bloquant délibérément son chemin. Il tendit la main pour retirer un écouteur de son oreille, mais elle stoppa son geste et le fit elle-même.

    ― Tu sais quel jour c’est aujourd’hui ? demanda-t-il avec un sourire arrogant.

    ― Nan.

    Il la dévisagea avec incrédulité.

    ― Valérie ne te l’a pas dit ?

    Sarah secoua la tête, pas le moindrement intéressée. Elle avait de plus en plus chaud, et transpirait déjà. Elle savait qu’elle serait bientôt trempée si elle ne recommençait pas à courir.

    ― Est-ce que ça va prendre toute la journée ? dit-elle. Je suis au milieu de ma course, figure-toi.

    ― C’est mon anniversaire. Il ouvrit les bras. Je suis ici pour collecter.

    Sarah rétrécit les yeux et recula.

    ― Collecter quoi ?

    Il s’avança en souriant de plus belle.

    ― Eh bien, puisque nous sommes à l’école, je me contenterai d’un câlin pour l’instant.

    Il se pencha et commença à mettre ses bras autour de sa taille minuscule.

    Sarah lui jeta un regard mauvais en le repoussant.

    ― Je ne te dois rien !

    Clairement amusé, Jesse leva un sourcil et avança vers elle, l’étreignant de force.

    ― Oh, allez, Sarah, on a déjà fait tellement plus que ça avant, qu’est-ce qu’un petit câlin maintenant ?

    ― C’était il y a longtemps, et c’était une erreur. Alors reviens-en !

    Elle se débattit pour dénouer ses mains qu’il avait jointes ensemble derrière sa taille. Elle le sentit faire pression de tout son poids pour la pousser contre la clôture. Et juste comme ça, le poids disparut. Il fallut un moment à Sarah pour comprendre ce qui s’était passé, puis elle réalisa que quelqu’un l’avait libérée de l’étreinte forcée de Jesse, et elle vit ce dernier s’écraser violemment contre le côté des gradins.

    Ses jambes devinrent toutes molles. Elle saisit la clôture d’une main pour se maintenir debout, et porta l’autre à sa poitrine, sentant le bruit sourd de son cœur contre celle-ci. Son sauveur était Angel.

    CHAPITRE 2

    ― T’as un problème, connard ? demanda Angel, son visage à quelques centimètres de celui de Jesse, son avant-bras contre son cou.

    Le visage de Jesse s’empourpra alors qu’il luttait pour faire sortir les mots.

    ― Je-je... je ne faisais que m’amuser un peu avec elle.

    Angel se tourna vers Sarah sans relâcher son emprise sur Jesse. Elle se tenait là, les yeux écarquillés, une main sur sa poitrine.

    ― Est-ce que ça va ?

    Elle hocha la tête.

    ― Ouais.

    Angel reporta son attention sur le visage de Jesse, qui était maintenant d’une jolie nuance de cramoisi. Il le poussa encore une fois contre les gradins, lui cognant la tête contre le revêtement en bois.

    ― Apprends quelques putains de bonnes manières, gronda-t-il.

    Relâché, Jesse tomba sur un genou, toussant et essayant de retrouver son souffle. Angel se tourna de nouveau vers Sarah et fit quelques pas dans sa direction. Elle tenait toujours une main sur sa poitrine, et fixait Jesse qui s’était relevé et continuait à tousser. Elle regarda finalement Angel, avec ces yeux qui commençaient à le hanter.

    Il était déterminé à être plus bavard avec elle.

    ― Es-tu sûre que tu vas bien ? demanda-t-il, réprimant l’envie d’écarter une mèche de cheveux de son visage.

    Elle lui sourit pour la première fois.

    ― Oui, merci, répondit-elle. Tu n’avais pas à faire ça. Il était juste un peu insistant. J’aurais pu l’envoyer sur les roses.

    Elle se redressa, portant une main à sa taille.

    ― Ouais, peut-être que tu aurais pu. Je n’ai simplement pas de patience avec les idiots.

    Quelques personnes avaient remarqué la bagarre et ralenti en passant, mais pas en nombre suffisant pour attirer l’attention des enseignants.

    Sarah se retourna une fois de plus pour regarder Jesse s’éloigner en grognant, profondément embarrassé. Il continuait de tousser en frottant sa gorge.

    ― Il va s’en tirer.

    Elle haussa les épaules, et ils se dirigèrent lentement vers le gymnase.

    Marchant si près, côte à côte, Angel fut distrait lorsque leurs mains se touchèrent pendant juste une seconde. Il repensa à sa réaction à la vue de Jesse sur Sarah. C’était typique de sa part de vouloir apporter son aide, mais il en avait fait un peu trop. Il aurait pu tout bonnement repousser Jesse, au lieu de quoi il avait vraiment voulu le voir souffrir.

    Il dévisagea Sarah, rétrécissant les yeux.

    ― Est-ce un de tes amis ?

    Sarah lui jeta un coup d’œil, mais détourna rapidement le regard.

    ― Ce n’est pas comme ça que je le décrirais.

    Angel serra la mâchoire et regarda droit devant lui.

    ― Qu’est-ce que ça veut dire ?

    L’attention de Sarah convergea vers les pom-pom girls, qui étaient maintenant en train de les observer, Dana plus que les autres. Angel ne les voyait pas ; il avait les yeux rivés sur elle à présent.

    Elle finit par revenir à lui.

    ― Nous avons passé du temps ensemble une fois, il y a longtemps.

    Passé du temps ensemble ?

    ― Tu es sortie avec lui ?

    ― Pas exactement.

    Elle parlait sans le regarder dans les yeux, et la frustration d’Angel s’aggravait de seconde en seconde. Jesse était l’un des plus gros abrutis qu’il connaissait. Il ne pouvait pas imaginer que Sarah fût impliquée avec lui de quelque façon que ce soit.

    Ils parvinrent au gymnase avant qu’il ne puisse pousser plus loin son interrogatoire, et elle le regarda longuement. Elle posa une main sur son bras, et tous les poils sur son corps se mirent au garde-à-vous.

    ― Merci encore pour ce que tu as fait là-bas.

    Angel ne pouvait pas s’empêcher de contempler ses yeux.

    ― À un de ces quatre.

    Elle retira sa main de son bras et commença à s’éloigner.

    Quoi ? C’est tout ? Il était hors de question qu’il la laisse partir si vite. Il saisit sa main alors qu’elle se détournait de lui. Elle était douce et petite dans sa grosse paluche vigoureuse. Son cœur s’emballa.

    Sarah se tourna pour le dévisager. Il essaya de se concentrer sur autre chose que ses yeux, mais c’était impossible.

    ― Tu vas au match vendredi ?

    Elle l’étudia un moment, puis s’éclaircit la gorge.

    ― Je ne peux pas. Je travaille.

    Quelques garçons tournèrent le coin et se dirigèrent vers eux. Elle tira sa main, mais il la tenait fermement. Il jeta un coup d’œil aux gars, puis revint à elle.

    ― Tu travailles, hein ? Jusqu’à quelle heure ?

    ― Je ne sais pas encore. Je fais du baby-sitting, alors ça dépend de l’heure à laquelle les parents rentrent à la maison.

    Elle tira encore sa main, cette fois juste assez fort pour qu’Angel la lâche, et reprit sa marche.

    Angel fronça les sourcils.

    ― Eh bien, il y a une fête après. Peut-être que tu pourrais y aller, s’ils rentrent tôt ?

    Elle était à l’entrée des vestiaires lorsqu’elle se retourna vers lui.

    ― Peut-être.

    Elle lui fit un signe de la main et disparut derrière la porte.

    Angel resta planté là, fixant la porte du vestiaire. C’était ridicule. Pourquoi était-il si maladroit tout à coup ? Puis il comprit la raison de sa balourdise. En fait, il n’avait jamais demandé à une fille de sortir avec lui. L’ironie de la chose le fit rire. Lors des fêtes et des danses, il se contentait toujours de passer du temps avec une nana, puis d’aller se garer quelque part avec elle pour finir la soirée en beauté. Même s’il avait été intime avec plusieurs filles, il n’avait jamais eu envie de proposer à l’une ou l’autre d’entre elles de sortir avec lui. Et maintenant qu’il essayait de le faire, il était complètement nul.

    ***

    Sarah était assise sur son lit, les yeux rivés sur le téléphone. Elle était à la maison depuis quelques heures déjà et n’avait raconté sa journée à personne. Elle était impatiente de parler à Sydney. Elle lui avait déjà laissé deux messages, et il ne l’avait toujours pas rappelée. Elle jeta un coup d’œil à l’horloge. Elle espérait qu’il appelle avant 19h. C’était à cette heure-là que sa mère appelait les mercredis, et elles n’avaient qu’une petite quinzaine de minutes pour se parler. Sarah sursauta lorsque le téléphone sonna. Elle s’en empara et l’ouvrit.

    ― Hé !

    ― Lynni ?

    Sydney l’appelait toujours par son deuxième prénom. Il disait qu’elle n’avait tout simplement pas l’air d’une Sarah.

    ― Oui, c’est moi.

    ― Le ton de ta voix est différent, dit-il.

    ― Non, je suis juste contente de t’entendre. Elle était presque prise de vertige. Écoute, je mourais d’impatience de te parler. Tu ne devineras jamais ce qui est arrivé aujourd’hui.

    ― Vraiment ? Raconte-moi.

    Cher Sydney, il avait l’air aussi excité qu’elle.

    Elle s’installa confortablement sur le lit.

    ― Ok, tu te rappelles que je t’ai parlé d’Angel ?

    ― Tu veux dire le Angel ?

    Elle s’empressa de lui raconter son après-midi. Quand elle mentionna la fête, Sydney lui demanda si elle avait l’intention d’y aller.

    ― Non, je ne peux pas. Je travaille.

    ― Est-ce que tu plaisantes, Lynni ? C’est ta chance de t’amuser un peu. Tu ne peux pas la laisser passer !

    ― Je me suis déjà engagée à faire du baby-sitting. Et les Salcido paient vraiment bien. En plus je ne connais personne à part Valérie.

    ― Et Angel, lui rappela Sydney.

    Sarah sourit. Bon Dieu, elle aurait tant voulu que Syd soit là. S’il l’accompagnait, tout serait tellement parfait.

    ― Tu ne comprends pas. J’ai vu les filles avec qui il traîne. Elles sont tellement sophistiquées, populaires, et friquées.

    Elle se leva avec le téléphone contre son oreille et alla se placer devant le miroir. Elle mit sa main sur sa taille et fit un grand sourire, battant des cils comme les filles qu’elle avait vues rôder autour d’Angel, et se sentit immédiatement stupide. Ses seins avaient pris un peu de volume, ce qui la rendait plus sexy, mais elle ne se trouvait pas aussi bien roulée que ces autres filles. Elle regarda ses vêtements moins qu’attrayants et grimaça. Angel ne pourrait absolument pas s’intéresser à ça.

    ― On s’en fiche ! Laisse-moi te dire un truc, Lynni. Je suis étonné que tu aies encore une si faible estime de toi-même. Je peux te garantir que ce mec serait ravi d’avoir la chance d’être avec toi. Et puis quoi s’il est M. Populaire et qu’il joue au foot ? T’es-tu regardée dans le miroir récemment ?

    ― Oui ! C’est ce que je fais en ce moment. Si seulement tu étais ici pour voir le genre de filles avec qui il sort d’habitude, tu saurais de quoi je parle.

    ― Je n’ai pas besoin de les voir. Je t’ai vue, toi.

    Sarah poussa un soupir et se laissa tomber sur son lit.

    ― Quelle importance de toute façon ? Ce n’est pas comme si j’allais m’éterniser ici. Tu te souviens ?

    ― Tu le fais encore.

    Elle pouvait entendre l’agacement dans la voix de Sydney.

    ― Je fais quoi ?

    Elle savait exactement ce qu’il voulait dire.

    Avant qu’elle quitte l’Arizona, les parents de Sydney lui avaient offert de rester avec eux afin qu’elle puisse terminer sa dernière année de secondaire là-bas, mais sa mère avait refusé. Elle insistait pour que Sarah soit avec sa famille. Sarah avait argué que la famille de Sydney était davantage comme sa famille que tante Norma. Elles ne rendaient visite à tante Norma qu’une ou deux fois par année. Et elle se sentait tellement proche des parents de Sydney. Toutes ces soirées et ces jours de vacance où sa mère devait bosser, ils l’avaient accueillie volontiers comme une des leurs.

    Elle avait été tellement dévastée par le refus de sa mère qu’elle s’était juré de ne jamais quitter sa chambre chez tante Norma, sauf pour aller à l’école. C’est ainsi qu’elle avait passé les premières semaines en Californie, avant le début des classes, à s’apitoyer sur elle-même. Sydney lui avait fait promettre de tirer le meilleur parti de ses circonstances. Il détestait l’idée qu’elle soit seule et malheureuse là-bas.

    ― Tu te rappelles ? avait-il dit. Tu aimes l’océan, Lynni. Tu

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