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Colette Au Pays Des Maures
Colette Au Pays Des Maures
Colette Au Pays Des Maures
Livre électronique279 pages4 heures

Colette Au Pays Des Maures

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À propos de ce livre électronique

Colette sennuyait mourir dans sa maison de De Panne, perdue sur les ctes de la Flandre Occidentale.

Elle ne supportait plus la couleur du ciel gris, la monotonie des plages ni celle de son mnage.

Luttant contre une maladie pernicieuse, son chappatoire fut les rencontres sur les rseaux sociaux.

Parmi les nombreux correspondants, un personnage capta son attention aprs quelques changes demails.

Malgr lopposition de son mari, elle cda linvitation de cet inconnu qui rveilla en elle lenvie de traverser lcran de son ordinateur pour venir le rejoindre sur un autre continent.

Une aventure qui allait dpasser tragiquement son imagination.
LangueFrançais
Date de sortie11 oct. 2012
ISBN9781477234549
Colette Au Pays Des Maures
Auteur

Mohammed Essaadi

Mohammed Essaadi est ingénieur, diplômé de l'Ecole d’Électricité Industrielle de Paris, Charliat. Il est licencié en sciences économiques de la faculté Hassan II à Casablanca. Il a entrepris des études supérieures grâce aux bourses du Ministère des Travaux Publics du Maroc et de la Coopération Technique de la France.  Il a été affecté à l'Office National de l'Électricité, l'ONE, dans le département de l'électrification rurale. Puis il a dirigé les Services des Relations Commerciales avant de rejoindre la Direction générale en tant que cadre supérieur. Il est marié et père de deux enfants. Il vit à Casablanca, au Maroc. Il est l'auteur des livres suivants. "Jeunesse Spoliée" publié par Bénévent-France en 2009; "Colette Au Pays des Maures", édité par Authorhouse en 2012; "Les Larmes du Rêve", publié par Authorhouse en 2013. Il écrit des poèmes en anglais dans: snapcafe.wikispaces.com/page/history/essaadi Auteur à suivre via le lien: http://www.facebook.com/pages/Mohammed-Essaadi/190417324416850

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    Aperçu du livre

    Colette Au Pays Des Maures - Mohammed Essaadi

    © 2012 by Mohammed Essaadi. All rights reserved.

    No part of this book may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted by any means without the written permission of the author.

    Published by AuthorHouse 11/16/2012

    ISBN: 978-1-4772-3483-9 (hc)

    ISBN: 978-1-4772-3482-2 (sc)

    ISBN: 978-1-4772-3454-9 (e)

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    Contents

    TOURMENTE SUR LA MER DU NORD

    ÂME EN ÉMOI

    CŒUR VAGABOND

    EXIL INTERIEUR

    DELIRIUM

    COLETTE AU PAYS DES MAURES

    FRENESIE DU DEPAYSEMENT

    REMINESCENCES TROUBLANTES

    REVES ET ILLUSIONS

    RECONCILIATION AVEC LE PASSE

    FETE NATIONALE

    DELIVRANCE

    TOURMENTE SUR LA MER DU NORD

    Minuit passé. De violents orages suivis de pluies de grêlons venaient de semer la terreur sur la Flandre Occidentale et en particulier sur le village belge de De Panne, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Dunkerque.

    Furieuse, la Mer du Nord débordait les immenses plages pour venir brouter largement sur le continent. Des bruits incessants de vagues martelaient la côte au milieu d’un concert de grondement de tonnerre et de mugissement de vents violents.

    Des éclairs fendillaient le ciel, le déchiraient en zigzags éblouissants et venaient jaillir au sol en gerbes de métal d’argent.

    Cette nuit, le bourg de De Panne et ses environs avaient payé le prix fort. Toits arrachés, caves inondées, arbres déracinés, terres boueuses couvrant champs et chaussées, coupures de courant intermittentes.

    Terrés dans leurs tanières, les habitants de De Panne s’attendaient aux foudres incendiaires et au déluge de fin du monde. Aux malédictions célestes prédites dans les saintes écritures.

    Jamais la Flandre Occidentale n’avait connu une telle calamité.

    Tout l’après-midi et une grande partie de la nuit, Colette resta dans sa chambre à coucher, rivée au lit, en face de la cheminée consumant son bois jusqu’aux cendres.

    Incapable de bouger, la femme voguait entre jour et nuit.

    De temps à autre arrachée à la torpeur par des brûlures insupportables torturant les articulations de ses membres.

    Mais, lorsque les vents cessèrent au milieu de la nuit et que la pluie ne battit plus les volets, elle fit l’effort de quitter son paillasson pour aller ouvrir la fenêtre et jeter un coup d’œil au dehors, pour mesurer les dégâts causés à la propriété.

    Au jardin, peu de casse. La porte restait encore en place. La haie tenait bon, ne montra point de faiblesse. Le prunier avait résisté aux intempéries malgré une perte substantielle de fruits dispersés au sol.

    Le peuplier sortit indemne tandis que le chêne, exposé côté ouest, se rompit à sa base démolissant un pan de mur de la clôture et encombrant la ruelle de toute sa masse.

    Hervé avait quitté la maison en voiture, au début de l’après-midi, par un temps splendide. Pas le moindre nuage à l’horizon.

    Il devait passer par Furnes pour rendre visite au vieux prêtre malade qui l’avait baptisé, avant de rejoindre le restaurant Les Iris à Dixmude sur l’Yser pour fêter l’anniversaire d’un ancien collègue de travail.

    L’homme quitta difficilement la maison, préférant rester auprès de sa femme souffrante. Mais Colette insista pour qu’il sorte enfin de son trou. Aller changer d’air et passer quelques moments agréables avec ses anciens camarades.

    Elle ne supportait plus voir Hervé accroché à ses jupons, hiver comme été, incapable d’entreprendre quelque chose qui puisse lui apporter quelque distraction. Et elle se demandait parfois si son mariage n’était pas tout simplement une longue et pénible carrière sans espoir de promotion.

    Il lui arrivait de souhaiter la mort à elle si Dieu Le Juste tienne à prolonger la vie d’Hervé au-delà des limites du supportable.

    Depuis son départ à la retraite, l’ancien instituteur de De Panne s’était retiré du monde. Préférant roder sur les plages solitaires ou cultiver avec acharnement son petit bout de jardin.

    Il refusait d’accompagner Colette à Gand, Anvers ou Bruxelles pour faire des achats, déjeuner dans un restaurant chic, voir du monde et se faire voir. Lécher les vitrines des magasins n’était point son fort.

    Hervé naquit à Zeebrügge où son père possédait une ferme et des terres agricoles héritées de ses grands-parents.

    Pour lui, Ostende était le Paris de la Belgique. Au-delà de ce monde familier, il se sentait perdu.

    De caractère ombrageux et solitaire, le jeune homme était attiré autrefois par la nature sauvage. À bicyclette, il faisait des kilomètres pour rejoindre Breskens en Hollande et marcher à pied, poussant sa bécane le long de l’immense embouchure de l’Escaut. Il adorait regarder les oiseaux de mer, mouettes, goélands et cormorans et assister au coucher de soleil embrasant ciel et mer. Des fois, il pédalait vers le sud, du côté de Nieuport, pour s’isoler dans la vallée de l’Yser, se perdant dans les bois et les buissons.

    S’asseyant sur les berges de la rivière, il restait des heures entières à contempler le courant des eaux et à méditer sur la signification de sa présence sur terre.

    Si Hervé s’attachait de toutes ses ventouses au sol de la Flandre Occidentale, Colette trouvait la région monotonement plate, sans passion ni romance. Avec des côtes sauvages, parcourues de courants dangereux et balayée toute l’année par des vents violents.

    Hervé accompagnait rarement Colette à Liège où elle allait rendre visite à sa fille Estelle et jeter un coup d’œil nostalgique sur la maison qui la vit naître. Un appartement situé au troisième étage d’un ancien immeuble restauré, situé non loin des vestiges de la cathédrale Saint-Lambert, détruite par les révolutionnaires Liégeois à l’époque de la Révolution Française.

    Hervé trouvait Liège un monde impie, sortilège et puérile. Et un gouffre sans fond pour dépenser de l’argent.

    Et quand il s’y rendait, la ville se résumait pour lui en la Place Saint-Paul. Pour se réfugier dans l’immense cathédrale gothique afin de s’y purifier à l’eau bénite, s’agenouiller sous la Sainte Vierge et assister à quelque messe. Et puis déposer son obole non sans regret avant de sortir sur le parvis pour contempler longuement la flèche de l’église, si haute qu’elle semblait toucher le ciel.

    Aller flâner du côté du Théâtre Royal et de l’Opéra

    Royal de Wallonie, visiter le musée d’art wallon ou bien s’installer sur la terrasse de l’un des nombreux cafés-bars pour siroter un verre de Martini ou un pastis, l’ennuyait à mourir.

    Découvrir le port continental de Liège, l’un des plus importants d’Europe, relié par un réseau de rivières et de canaux à Rotterdam, Zeebrügge et Dunkerque, ne lui disait rien.

    Quand il s’aventurait plus loin, c’était pour descendre la rue Léopold jusqu’aux quais de la Meuse avant de retourner à l’intérieur du Saint-Paul respirer l’air de la prière, méditer sur les absents et penser à l’au-delà.

    Plutôt vivre l’ambiance spirituelle de la cathédrale que d’accompagner Colette chez Estelle, résidant dans un studio mal famé situé rue des Eglantines, au nord du parc des Oblats.

    Estelle rompit avec son père dès l’âge de quatorze ans. Elle quitta le lycée et le foyer familial de De Panne pour aller se dissoudre incognito entre Liège et les villes allemandes du Bassin Nord de la Ruhr. Aidée dans son aventure par sa maîtrise parfaite des trois langues, française, néerlandaise et allemande.

    Elle refusait de rester aux côtés d’un père inquisiteur et bigot jusqu’aux bouts des ongles. Contrôlant son emploi du temps, écoutant ses communications téléphoniques, la privant d’argent de poche sous prétexte de l’empêcher de le dépenser dans des maisons de mauvaise fréquentation.

    Hervé haïssait sa fille vagabonde, devenue mère célibataire à l’âge de dix-sept ans pour mener ensuite une vie de débauche à Cologne, Essen, Dortmund et Amsterdam. Avant de se réinstaller à Liège où elle trouva logement et emploi dans un bar bien fréquenté situé sur les quais de la Meuse.

    Colette resta en contact étroit avec sa fille. Elle suivit ses traces partout où elle allait, soutenant Estelle du mieux qu’elle pouvait.

    Parfois, au bord de la détresse, la mère pensait quitter Hervé pour sa morale austère, son avarice légendaire et sa dureté avec sa fille.

    Mais une fois cette vague d’adversité passée, elle revenait sur sa décision pour composer avec le destin, inhibant sa frustration.

    Se rappelant les conseils de sa défunte mère qu’un couple se compose de deux êtres différents, de caractères souvent contradictoires et que chacun doit faire l’effort pour aller à l’encontre de l’autre.

    Et si Hervé transpirait l’encens des églises, ce n’était pas à elle de le convertir aux parfums du Printemps parisien et au monde du Théâtre et de l’Opéra de Liège et de Bruxelles.

    Penchée sur la fenêtre de la chambre à coucher, le buste fouetté par le vent, Colette s’étonna de se voir transportée dans un passé proche et lointain.

    Surprise, elle constata ne plus sentir la douleur dans ses articulations. La céphalée qui la martyrisait depuis plus d’une semaine, disparut à son tour.

    L’horloge murale sonna minuit depuis longtemps et Hervé ne donna pas signe de vie. Aucun appel téléphonique.

    L’homme résistait à toute modernité. Réfractaire à tout gadget électronique. Il refusait de manipuler le portable que Colette lui offrit à l’un de ses derniers anniversaires, prétendant que l’objet était une invention du diable.

    Une trouvaille malsaine venant troubler l’esprit de l’homme.

    Dans la rue, les enfants, les femmes et les hommes marchant à grandes enjambées, parlaient à haute voix comme des forcenés, la main portée à l’oreille.

    Les mêmes scénarii dans les autobus et dans le métro. Des personnes des deux sexes braillaient, en public, des banalités à faire rougir et d’autres propos délirants. Sans aucune gêne.

    « Il est difficile de faire apprendre à un vieux singe à danser ! » se répétait Colette comme pour justifier le comportement absurde de son mari.

    Hervé ne donnant aucun signe de vie, la femme soupçonna un accident de la circulation, un embourbement dans les boues des champs délavés par les pluies ou une noyade dans l’Yser en crue.

    L’homme pourrait bien s’égarer en route.

    L’autre jour, en allant pour affaire urgente à Thourout, il se fourvoya dans les méandres du Lys du côté de Petegem.

    Si l’homme jouissait d’une mémoire passable le jour, il était incapable de se faire des repères géographiques sûrs, une fois la nuit tombée. Même en terre familière.

    Plus d’une fois, il erra la nuit sur des routes inconnues, l’éloignant du foyer familial. Plus d’une fois, il fut ramené au logis par un individu rencontré en bord de route.

    Inquiète, Colette ne cessa d’appeler Les Iris mais personne ne répondait au bout du fil. Elle ne résista plus à la pensée d’aller le chercher. À pied et dans le noir s’il le fallait!

    Au début de leur mariage, ils avaient fait le chemin de Dixmude à pied pour aller dîner chez des amis et revenir à De Panne après minuit. À travers champs pour raccourcir le chemin.

    À l’époque, Colette dirigeait le commando. Hervé suivait comme un « deuxième classe ». Il ne pouvait rien refuser à sa femme, belle et charmante et en plus du marché dix-sept ans plus jeune que lui.

    Cette nuit, elle prit la ferme décision de le rejoindre.

    Jamais elle ne se sentit en aussi bonne forme. Elle prendrait les raccourcis habituels pour gagner du temps.

    Et, sans plus attendre, elle enfila ses bottes, vêtit son imperméable capitonné, prit une torche et quitta la maison.

    La route était déserte, parsemée de flaques d’eau et par endroits, barrée d’arbres arrachés au sol.

    Le miroitement argenté des nappes guidait ses pas et l’encourageait à accélérer le rythme de la marche.

    De gros nuages détachés, défilaient au-dessus de sa tête, jouant à cache-cache avec la pleine lune aux contours irisés.

    Colette sentit une énergie de première jeunesse la propulser en avant, oubliant l’inflammation de ses articulations qui l’avaient clouée au lit pendant les deux dernières semaines.

    Devant le défi à lever, elle sentit ses menottes renforcées, ses jarrets raffermis, son corps transmuté dans celui de la jeune femme de vingt ans qu’elle était. Une harmonie physique et mentale procurant une énergie qui l’étonna.

    Depuis sa tendre jeunesse, elle avait appris de prendre le temps de soigner son corps par de l’exercice physique et par la pratique du yoga. Depuis son jeune âge, elle veillait à son apparence extérieure en adoucissant la peau de crèmes antirides et en la stimulant par une nourriture saine et variée.

    Avant l’âge de la retraite, elle avait quitté volontairement la bibliothèque de la commune de De Panne pour se consacrer à l’écriture de romans-fictions, de pièces de théâtre et de poésie.

    Son premier roman consacré à la condition féminine en Flandre Occidentale, trouva un écho favorable au-delà du village et jusqu’à Liège.

    Colette marchait droit devant elle. Quittant de temps à autre la route ondoyante pour prendre les raccourcis.

    Un vent froid soufflait par intermittence sur les champs, hantés de cris d’oiseaux invisibles et d’ombres aveugles, vagabondes.

    Soudain, sa tête se mit à grouiller de visions fantasmagoriques. Elle lutta contre ses perceptions, refusant leurs suggestions.

    Se jugeant impulsive, non réfléchie et aventurière, elle se réprimanda dans son silence intérieur.

    « Pourquoi ai-je quitté la maison la nuit ? J’aurai dû patienter jusqu’au lever du jour. Aventurière je suis, je le resterai toute ma vie ! »

    Elle se mit à presser le pas puis à courir. Un instant, elle crut s’être fourvoyée.

    La lune ne perçait qu’un bref moment pour disparaître.

    Soudain, elle eut l’impression de marcher sur un sol marécageux et elle ne tarda pas à s’engluer dans la boue jusqu’aux genoux.

    « L’Yser avait débordé cette nuit, se dit-elle. Charriant terre, roches et troncs d’arbres. Je suis du mauvais côté. Je dois changer de direction. Aller plutôt vers le sud. »

    Dans sa folle marche sur Dixmude, elle déboucha soudainement sur la bourgade, reconnue à son clocher.

    Mais, au fur et à mesure qu’elle s’en approchait, elle n’en croyait pas ses yeux. La région était dévastée, frappée de désolation. Immeubles affaissés, maisons éventrées, toits emportés, rues ensevelies sous la boue. Comme après le passage d’un ouragan suivi d’une secousse tellurienne.

    Village désert, balayé par l’épouvante. Aucune trace de vie humaine ou animale.

    Paniquée, Colette se mit à courir dans tous les sens et à crier. Appelant Hervé de toute la puissance de son gosier.

    Arraché au sommeil par des appels de détresse, Hervé quitta sa couche au rez-de-chaussée pour aller au secours de sa femme alitée au premier étage.

    -Qu’est-ce qui t’arrive Colette ? Tu m’as fait peur !

    -Rien de grave. Un simple cauchemar. Je t’avais perdu et je suis allée à ta recherche en pleine nuit. J’étais prise de panique. Quelle heure est-il ?

    -Quatre heures du matin. Hier, tu as dormi tard. À cause de tes rhumatismes. Je pense que tu aies quitté l’hôpital un peu trop tôt. Tu aurais dû y rester au moins une autre semaine.

    -S’il te plaît, ne me rappelle pas la maladie. Des crises qui vont et qui reviennent. Je me portais comme un charme pendant les six derniers mois. Et puis tout à coup, plouf !

    -Je peux t’aider ?

    -Je me prends en charge, merci. Toi aussi, tu as tes faiblesses.

    Nous n’attendons plus rien des médecins. Ils sont tous des charlatans. Ils ne savent pas écouter. Ils prétendent mieux savoir que le patient.

    Les uns vous conseillent de ne plus prendre de médicaments, les autres vous en bourrent jusqu’à vous dérater et vous empoisonner. Ils essayent sur vous tout ce que l’industrie pharmaceutique leur propose généreusement par l’intermédiaire des soi-disant conseillers médicaux. Ces derniers sont reçus dans les cabinets des toubibs en priorité et à bras ouverts. Et ils se permettent de rester une éternité à « galimacer » avec les docteurs qui ne réservent au malade pas plus de cinq minutes.

    L’industrie pharmaceutique pourrit les médecins. Leur offrant voyages et stages à l’étranger pour récompenser l’écoulement de leurs poisons dans nos veines. Ils nous traitent de cobayes.

    -Je ne te comprends pas Colette. Tu me cherches dans tes rêves comme tu dis et tu me repousses quand je suis à tes cotés. Reviens à Dieu le Sauveur, le Miséricordieux !

    -Tu vas me parler encore du combat que Dieu et Satan se livrent dans les âmes. Peux-tu me dire où sont passées les soi-disant valeurs chrétiennes dont tu me rabattes les oreilles ? Tu ne voleras pas. Tu ne tueras pas.

    L’argent corrompt tout le monde, religieux et athées, philosophes et politiciens. Il guide nos actes du matin au soir.

    - Qu’est-ce qui t’arrive Colette ? Tu veux rendre le monde entier responsable de tes maux.

    -Je t’ai dit que j’ai eu un cauchemar. À cause de toi. Je suis allée à Dixmude à pied, dans la tempête, pataugeant dans la boue, pour te chercher. J’ai pensé t’avoir perdu. Heureusement que ce n’était qu’un rêve.

    -Tu remplis la tête avec un tas de choses inutiles. Tu entreprends trop de choses à la fois. Repose tes nerfs !

    -Tu vas me sermonner !

    -Je veux t’aider. Tu t’es mis dans la tête d’écrire un second roman après le succès du premier et tu ne parles que de cela.

    La nuit, tu restes penchée sur ton ordinateur pendant des heures sans te rendre compte de ce qui se passe autour de toi. Tu voyages dans les rêves. Avec l’illusion de faire le tour du monde en collectionnant des soi-disant amis sur l’Internet. Tu en as plus de six cents et ils ne te sont d’aucune utilité.

    -Je vois où tu veux en venir. Me reprocher de m’avoir entichée de l’un de mes nombreux amis sortis tout droit du monde magique de l’Internet.

    -Parlons-en alors ! Tu ne cesses de deviser de cet ami virtuel dont tu ne connais même pas la couleur de la peau.

    Depuis ces derniers mois, il est devenu ta coqueluche. Je ne cesse de te mettre en garde contre l’Internet et ses méfaits. Il aliène. Il contribue à la dégradation de ta santé ! Je te sers quelque chose à boire ?

    -Non ! Je ne veux rien ! S’il te plaît, donne-moi le cahier posé sur ma table de chevet. Je veux griffonner quelques lignes au sujet de mon dernier cauchemar avant d’en oublier les détails.

    ÂME EN ÉMOI

    Depuis près d’un an, un psychiatre de la ville d’Ostende suivait Colette pour des troubles psychologiques. Insomnie, anxiété, rêves cauchemardesques nocturnes.

    Le vieux neuropsychiatre gagna vite la confiance de la patiente. Pourtant, tout au début, elle lui reprocha son langage ésotérique dont elle ne saisissait pas l’essence mais qui devait avoir, semblerait-il, quelque rapport avec son état mental.

    « Chaque chose a son contraire, répétait le thérapeute à chaque début de séance de travail. Le jour a pour pendant la nuit, le blanc, le noir, la vie, la mort, le paradis, l’enfer, la santé, la maladie, la lune, le soleil. Une découverte millénaire d’intégration de l’homme à son environnement pour une vie saine et heureuse. Ce que les Chinois appellent le Yin et le Yang.

    Et, chaque chose prise isolément s’ouvre sur une infinité d’interprétations se complétant les unes aux autres sans jamais se recouper ni se rencontrer. Des interprétations contenant toutes des parts de vérité sans jamais atteindre toute la vérité. »

    Et pour être à la portée de sa patiente, le psychologue parlait de son propre champ d’expérience. De ses propres rêves à lui. Des rêves qu’il notait au vif sur un journal qui le suivait depuis une vingtaine d’années. Une méthode expérimentale qui l’aidait à trouver les bouts de fils enchevêtrés de l’énorme écheveau que constitue notre subconscient.

    Il conseilla à Colette de suivre cette méthode qui, à son avis, serait la meilleure clinique pouvant conduire aux causes de sa maladie psychotique.

    Le procédé serait couramment utilisé dans les pays anglo-saxons et aurait donné des résultats probants.

    Colette devait noter toutes les choses vues et entendues au cours de ses rêves. Noter les choses vécues, peur ou joie, tristesse ou extase. Sans oublier de mentionner les détails concernant le monde environnant: lieu, personnages, saison, jour ou nuit, lune ou soleil, beau temps ou pluie, etc.

    Une fois le rêve minutieusement transcrit, Colette devait fermer les yeux pour essayer de revivre le cauchemar. Mais en prenant soin de l’épurer de toute image négative en lui substituant consciemment une image positive.

    Au début, Colette trouva

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