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Généalogie d'un régiment: le 31ème régiment d'infanterie 1610-1940
Généalogie d'un régiment: le 31ème régiment d'infanterie 1610-1940
Généalogie d'un régiment: le 31ème régiment d'infanterie 1610-1940
Livre électronique434 pages3 heures

Généalogie d'un régiment: le 31ème régiment d'infanterie 1610-1940

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À propos de ce livre électronique

Descendant des Régiments de Gentilshommes du début du 17ème siècle, le 31ème Régiment d'Infanterie a, de 1610 à 1940, traversé presque tous les conflits auxquels la France a participé, en Europe (France, Hollande, Belgique, Allemagne, Italie, Suisse), à St Domingue, en Afrique du Nord (conquête de l'Algérie), en Crimée ... et pendant les guerres de 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1940.
Dans cet ouvrage, le lecteur découvrira non seulement ces conflits décrits parfois au jour le jour, mais aussi l'organisation et la vie d'un Régiment de l'Infanterie française pendant plus de trois siècles.
LangueFrançais
Date de sortie1 nov. 2016
ISBN9782322141050
Généalogie d'un régiment: le 31ème régiment d'infanterie 1610-1940
Auteur

André-Pierre Chavatte

André-Pierre Chavatte, après plusieurs ouvrages sur l'histoire locale de la Dordogne et en particulier sur le Mussidanais et la commune de Douzillac, entreprend dans "Généalogie d'un Régiment:: le 31ème Régiment d'Infanterie 1610-1940" de mettre à disposition du lecteur les écrits du Capitaine Edmond Victor Ferry, d'après un manuscrit datant de 1902 de ce militaire devenu Général de Division (à titre provisoire) pendant la première guerre mondiale.

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    Aperçu du livre

    Généalogie d'un régiment - André-Pierre Chavatte

    Table des matières.

    Avant-propos

    Edmond Ferry (1861-1936)

    Avant-propos du Capitaine Ferry

    1ère partie.

    Le 31ème Régiment d’Infanterie de 1791 et ses ascendants 1621-1794

    Chapitre I: Les Régiments de Gentilshommes 1621-1762

    Régiment de Castel-Bayard 1621-1631

    Les 2 Régiments de Montausier 1632-1665

    Les 3 Régiments de Crussol-d’Uzès 1665-1702

    Les 2 premiers Régiments de Gondrin 1702-1712

    Le Régiment de la Gervaisais 1712-1734

    Les 2 seconds Régiments de Gondrin 1734-1745

    Le Régiment de Montboissier 1745-1751

    Les 2 Régiments de Joyeuse et Vaubécourt 1751-1762

    Chapitre II: Le Régiment d’Aunis 1762-1791

    Chapitre III: Le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne 1791-1794

    L’organisation au 1er janvier 1791

    Le 1er Bataillon du 31ème

    Le 2ème Bataillon du 31ème

    Les 61ème et 62ème 1/2 Brigades (1ère formation)

    2ème partie.

    La 31ème 1/2 Brigade de Bataille (1ère formation) 1794-1796.

    3ème partie.

    La 31ème 1/2 Brigade de Ligne (2ème formation) 1796-1804.

    Chapitre I: La formation de la 31ème 1/2 Brigade de Ligne février-28 novembre 1796

    Chapitre II: La 31ème 1/2 Brigade à l’Armée de Rhin et Moselle Février 1796-Octobre 1797

    Chapitre III: La 31ème 1/2 Brigade aux Armées d’Allemagne, d’Helvétie et d’Italie Octobre 1797-Octobre 1799

    Chapitre IV: L’organisation de la 31ème 1/2 Brigade à 2 Bataillons (Armée de l’Ouest) et la campagne de St-Domingue

    Chapitre V: La dislocation de la 31ème 1/2 Brigade 1804

    Appendice aux 3 premières parties.

    La vie intérieure du Corps 1621-1804

    4ème partie.

    La Légion de l’Orne (n°60) et le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne 1816-1901

    Chapitre I: La Légion de l’Orne (n°60) Mars 1816- Décembre 1820

    Chapitre II: Le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne de 1820 à 1840. La campagne d’Espagne (1823)

    Chapitre III: Le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne de 1840 à 1848. Les campagnes d’Afrique

    Chapitre IV: Le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne de 1848 à 1870. La campagne de Crimée 1855-1856

    Chapitre V: Le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne et le 31ème Régiment de Marche 1870-1871

    Chapitre VI: Le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne 1872-1901

    Le 31ème Régiment d’Infanterie pendant la 1ère Guerre Mondiale 1914-1918

    Le 31ème Régiment d’Infanterie pendant la 2ème Guerre Mondiale 1939-1940

    La bibliographie du Capitaine Ferry.

    Remerciements.

    Avant-propos

    Un de mes amis m’a apporté récemment un document intitulé « Les quatre 31ème d’Infanterie de Ligne » constitué de deux volumes manuscrits écrits en 1902 par le Capitaine Edmond Ferry et comprenant environ un milliers de pages.

    J’ai entrepris des recherches sur cet officier, notamment pour retrouver ses éventuels descendants afin de les aviser de l’existence de ce document. Il ne semble pas qu’Edmond Ferry ait eu une quelqconque descendance, bien qu’il se soit marié à Paris en 1903.

    Considérant que les écrits du Capitaine Ferry pouvaient intéresser des amateurs d’histoire militaire, j’ai décidé de les retranscrire fidèlement, en les organisant chronologiquement et en y ajoutant quelques documents ou photos, et de les faire paraître avant de confier les manuscrits à un organisme (musée militaire ou Service Historique de la Défense) qui pourra les conserver et les mettre à la disposition des personnes effectuant de recherches sur l’histoire de ces « 31ème d’Infanterie de Ligne ».

    André-Pierre Chavatte

    Edmond Ferry (1861-1936).

    Edmond Victor Ferry vient au monde le 22 avril 1861 au n° 21 des Trottoirs Stanislas à Nancy. Il est le fils de Thomas Adolphe Ferry, alors âgé de 36 ans, pharmacien, et de Claire Elodie Blaise, âgée de 31 ans.

    Il s’engage le 5 novembre 1881. (Compris sur la liste de recrutement de la classe 1881 de la subdivision de Tours).

    Le 24 octobre 1882, il contacte un engagement spécial pour l’Ecole Spéciale Militaire où il entre comme élève le 30 octobre (Promotion des Pavillons-Noirs), il est élève de 1ère classe le 20 mars 1883, Caporal le 28 août de la même année. Il est nommé Sergent-fourrier le 3 novembre 1883.

    Il sort de l’Ecole Spéciale Militaire avec le grade de Sous-Lieutenant et est affecté au 5ème Régiment de Chasseurs à pied à Remiremont, le 1er octobre 1884.

    En 1886, il suit les cours de l’école régionale de tir de la Vallonne (n°1 de sortie et 1er prix d’ensemble).

    Il est muté au même grade au 21ème Bataillon de Chasseurs à pied à Montbéliard, le 19 novembre 1887, puis de nouveau au 5ème Bataillon de Chasseurs à pied comme Lieutenant le 26 décembre 1887.

    Du 1er novembre 1889 au 3 novembre 1891, il suit les cours de l’Ecole Supérieure de Guerre et obtient le brevet d’Etat-Major avec la mention « Très bien » (Il sort 3ème de sa promotion)

    La 15ème promotion de l’Ecole Supérieure de Guerre. Le Lieutenant Edmond Ferry est le 5ème au 3ème rang en partant de la gauche.

    Il passe à l’Etat-Major de l’Armée en temps que stagiaire le 11 novembre 1891 et y est encore lorsqu’il est nommé Capitaine, le 29 décembre 1892.

    Le 25 octobre 1893, il passe au 82ème Régiment d’Infanterie à Montargis et sert dans ce Régiment jusqu’au 29 juillet 1896, date à laquelle il rejoint l’Etat-Major du 12ème Corps d’Armée à Limoges (HC). Il est ensuite à la disposition du Ministre des Colonies pour servir au Soudan le 4 novembre 1898 où il sert du 13 novembre 1898 au 30 décembre 1899.

    Il rejoint le 31ème Régiment d’Infanterie à Paris, le 7 août 1900, avant d’être nommé Chef de Bataillon au 84ème Régiment d’Infanterie le 13 juillet 1902.

    C’est devant ce 84ème Régiment d’Infanterie que le Chef de Bataillon Ferry reçoit, des mains du Colonel de Percin, commandant le Régiment, les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur, le 14 juillet 1904 (décret du 12 juillet 1904). Edmond Ferry s’est marié le 13 janvier 1903, à Paris (il est alors domicilié à Avesnes), avec Louise Léonie Lévrier. Il a reçu, pour ce mariage, l’autorisation, le 22 octobre 1902, du Général commandant le 1er Corps d’Armée. Les 4 témoins à ce mariage sont aussi militaires : Paul Henrys, Capitaine d’Etat-Major, Chevalier de la Légion d’Honneur, Louis Tissier, Capitaine d’Etat-Major, Chevalier de la Légion d’Honneur, Sam de Golbéry, Capitaine d’Infanterie, Chevalier de la Légion d’Honneur, Félix de Pardieu, Capitaine d’Etat-Major.

    Il est promu au grade de Lieutenant-Colonel, le 28 juin 1907, il est affecté au 103ème Régiment d’Infanterie à Paris, Régiment dont il reçoit le commandement après sa promotion au grade de Colonel, le 27 mars 1911.

    En 1913, il est nommé commandant en second de l’Ecole Supérieure de Guerre.

    Le 4 juillet 1914, il est promu Général de Brigade. Le 1er août 1914, il commande les subdivisions de Neufchâteau et de Troyes et le commandement de la 22ème Brigade d’Infanterie, à la tête de laquelle il est mobilisé le 2 août.

    Le 30 septembre 1914, il est nommé à la tête de la 11ème Division d’Infanterie dite « Division de Fer ».

    Par arrêté ministériel du 3 janvier 1915, il est élevé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur

    Le 18 février 1915, il est nommé Général de Division à titre provisoire, pour la durée de la guerre.

    Entrefilet paru dans « Le Journal » du samedi 20 février 1915.

    Alors qu’il est sur l’Yser, dans la nuit du 13 au 14 avril 1915, survient, comme il le racontera en 1930 dans un article de la Revue des Vivants¹, un évènement lourd de conséquences :

    « Les choses allaient ainsi, lorsque dans la nuit du 13 au 14 avril, survient à notre 4ème Bataillon de Chasseurs à pied (zone de Langemark), un évènement gros de conséquences : celui de l’avis de la première attaque allemande par les gaz. Un déserteur allemand, Auguste Jaeger, du 234ème Régiment d’Infanterie de réserve (51ème Division du 26ème Corps d’Armée de réserve), s’est rendu à nos Chasseurs et a immédiatement été interrogé par notre officier interprète Guth. … il fit des révélations que nous reproduisons textuellement, vu leur importance : « Une attaque prochaine est préparé contre les tranchées françaises. A cet effet, sont disposées dans les tranchées de 1ère ligne, 4 batteries de 20 bouteilles chacune de gaz asphyxiant par Compagnie. Chaque batterie est servie par 5 hommes. A un signal convenu, 3 fusées rouges lancées par l’Artillerie, les bouteilles sont débouchées et le gaz s’échappant est poussé par un vent favorablevers les tranchées françaises. Ce gaz doit asphyxier les hommes occupant ces tranchées et permettra aux Allemands de les occuper, sans subir de pertes. Pour éviter d’être intoxiquer à leur tour, chaque homme possède un paquet d’étoupe imbibé d’oxygène » (premier embryon des masques, que le déserteur remet à notre interprète).

    Le Général Ferry, informe immédiatement les troupes placées sous ses ordres, le GQG, et les Divisions anglaises et canadiennes, des dangers de cette « arme nouvelle ». Non seulement, le GQG, qui était au courant, n’a pas jugé utile d’en informer les Généraux et pense que les gaz sont une fausse rumeur, mais en plus, il reproche au Général Ferry d’avoir informé les Anglais et les Canadiens, un divisionnaire n’ayant pas à communiquer directement avec les troupes alliées.

    Dans son article, Ferry n’est pas tendre avec son ex-hiérarchie : « inertie, caporalisme, schémas, interdiction de prendre des initiatives, crainte de perdre un pouce de terrain, défense de faire d’une première ligne un organe de renseignements et de surveillance donnant plus de sécurité aux troupes en même temps que plus de sécurité de manœuvres et ce superbe dédain pour les Divisionnaires, principalement pour celui de la 11ème Division, qui, une fois de plus, avec sa croyance ingénue en des attaques par gaz, encombre tout le monde de sa personne. …

    Ce 22 avril, vers 17 heures, un épais nuage de vapeurs lourdes d’un vert jaunâtre, sortait des tranchées allemandes entre Bixchotte et Langemark …. Toute la 87ème Division territoriale fut atteinte … On a évalué à 40000 hommes (18000 Français, 21000 Anglais) les pertes éprouvées … on prit par contre toutes les mesures pour étouffer, c’est-à-dire pour cacher au public, cette douloureuse mésaventure et ses tristes résultats…. ».

    Comme on le voit, le Général Ferry, 15 années après les faits, n’a pas pardonné à sa hiérarchie, au minimum leur manque de discernement, leurs mensonges après que les faits aient été avérés et leur lâcheté confinant à la forfaiture dans la gestion de cette affaire.

    Mis en congé de disponibilité le 10 avril 1916 jusqu’au 2 avril 1917, il devient à cette date adjoint au commandant de la 9ème Région Militaire.

    Le 2 août 1917, il est nommé commandant de la 7ème Région Militaire et mis en disponibilité le 9 septembre suivant.

    Le 12 décembre1917, sa nomination provisoire au grade de Général de Division ayant été rapportée, il redevient Général de Brigade et est placé dans la section de réserve le 17 décembre 1917.

    Il décède le 31 juillet 1936 et est inhumé au cimetière Montparnasse.

    Il était titulaire de la Médaille Commémorative de la Grande Guerre, de la Médaille Interalliée de la Victoire. Il était aussi Officier de l’Ordre du Nicham el Anouar (Tunisie) et Commandeur de l’Ordre Royal de Léopold (Belgique).

    Edmond Ferry, écrivain.

    Le 9 février 1898, le Capitaine Edmond Ferry reçoit une lettre de félicitations du Ministère pour un « travail d’études ». Mention en est portée sur les états de service du Capitaine, sans autre indication. On peut penser qu’il s’agit d’une étude à caractère purement militaire.

    S’il était avant tout un militaire, Edmond Victor Ferry a aussi fait paraître des articles et des ouvrages, publiés ou non (le document ci-après, datant de 1902, que le Capitaine Ferry intitule « Les quatre 31ème régiments d’Infanterie » n’a jamais été publié).

    Nous avons vu ci-dessus des extraits de l’article paru dans la « Revue des Vivants » de 1930.

    En 1905, paraît, à la librairie Armand Colin, « La France en Afrique », récit en 2 parties, la 1ère traitant de Bonaparte et le monde musulman, du Soudan français, de la conquête du Nil et de l’action civilisatrice de la France, la 2ème, rédigée comme un récit de voyage d’exploration, de l’Atlantique au Niger, et le Niger et les plaines du Nord.

    En 1905, paraît aussi, aux éditions Chapelot, « Un règlement moderne, essai sur le règlement de manœuvres de l’Infanterie du 3 décembre 1904 » (→ pages).

    Toujours la même année, aux éditions Comité du Maroc, est publié « La réorganisation marocaine » (→ pages).

    En 1906, Ferry publie, sous le pseudonyme de Pierre Dornin, « Ames soudanaises », un roman se déroulant en Afrique. 1907 : « de Moukden à Nancy » (→ pages), une étude sur la guerre russo-japonaise (1904-1905) et une tactique qui ne serait pas applicable à la France.

    En 1932, il fait paraître « Des champs de bataille au désarmement » chez Louis Quérelle, éditeur. A remarquer sous le nom de l’auteur, la mention « Division de fer » faisant référence à la 11ème Division d’Infanterie.

    Le Général Edmond FERRY.


    ¹ La « Revue des Vivants, organe de la génération de la guerre », est une revue littéraire publiée entre 1927 et 1935, sous la direction de Henry de Jouvenel et Henry Malherbe. Parmi les contributeurs à cette revue, on trouve René Cassin, Roland Dorgelès, Jean Giono, Pierre Mac Orlan, Henry de Montherlant, Paul Nizan, Paul Valéry, et bien d’autres dont Edmond Ferry.

    Avant-propos du Capitaine Ferry.

    1793-1796-1815 marquent trois époques de rupture partielle ou complète des liens généalogiques dans l’histoire des Corps d’Infanterie.

    Les anciens Régiments de la Monarchie qui, depuis leur création avaient subi de nombreuses transformations, licenciements, dédoublements, augmentations ou diminutions de nombre de leurs bataillons, avaient tous échangé en 1762 contre des noms de provinces les noms de gentilshommes que beaucoup d’entre eux portaient encore et, en 1791, ils n’étaient plus désignés que par des numéros d’ordre.

    En 1793-94, leurs bataillons furent dispersés pour être amalgamés chacun avec deux bataillons de volontaires et former ainsi les demi-Brigades de bataille dites « de première formation ».

    Juque là, il est possible de suivre les différents Corps primitifs, ou, du moins, les fractions de ces Corps. Mais en 1796, nouvelle et plus complète transformation : les demi-Brigades de bataille, dont l’existence n’avait eu qu’une durée éphémère, sont elles-mêmes fondues sans aucune préoccupation de leur origine ou de leurs numéros en de nouvelle demi-Brigades de ligne, dites de 2ème formation, Corps qui reçurent des numéros par voie de tirage au sort . Ces demi-Brigades de 1796 furent les glorieuses légions de la République et devinrent en 1803 les immortels régiments du Premier Empire.

    En 1815, après Waterloo, la rupture des liens devint entière. L’Armée impériale dont on veut détruire l’esprit, est licenciée. Des Légions départementales sont créées. Les cadres de chacune d’elles sont pris dans l’ensemble de tous les anciens Corps, aussi bien que parmi les émigrés. Leurs hommes sont, en principe, recrutés dans la région même du stationnement de chaque légion ; Chacun sert dans son département d’origine et les quelques vieux militaires des régiments impériaux que l’on conserve n’échappent pas à cette loi de dispersion.

    Les légions ne présentent donc, soit comme officiers, soit comme hommes de troupe, aucun groupement qui permette de les rattacher plus particulièrement à tel ou tel des anciens Corps licenciés.²

    Les légions, une fois organisée, la tradition reprend, cette fois ininterrompue jusqu’en nos jours.³

    Vers 1820, elles deviennent, par simple changement de noms, les régiments qui sont encore ceux d’aujourd’hui.

    Dans ces conditions, peut-on prendre pour guide, dans l’étude de l’histoire d’un Corps, sa généalogie descendante ou ascendante ? Pour nous en rendre compte, appliquons au 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne, les données qui précèdent.

    L’ascendance du Corps qui prit en 1791 le n° 31 peut être aisément établie. Le régiment nommé « Aunis » en 1762, est le dernier de toute une longue lignée de Corps dits de « Gentilhommes », parce qu’ils portaient le nom de leurs chefs et dont le premier fut celui de « Castel Bayard » (1621). En 1775, « Aunis », qui compte 4 bataillons est dédoublé : ses bataillons impairs (1 et 3) forment un régiment qui garde son nom, devient 31ème en 1791 et concourt à former en 1794, les 61ème et 62ème demi-Brigades de première formation. Versées elles-mêmes en 1796 dans la 76ème de 2ème formation, cette 76ème se trouve ainsi par le fait de circonstances fortuites, recueillir tout le 31ème mais non tout « Aunis ». En effet les bataillons de numéros pairs (2 et 4) constitués en 1775 en régiment de « Bassigny » (32ème en 1791), sont affectés, aux termes du décret de la Convention du 12 août 1793 aux 63ème et 64ème demi-Brigades de 1ère formation, qui sont finalement incorporées le 21 novembre 1796 dans la 81ème de 2ème formation. Cette 81ème reçoit donc, également fortuitement, tout le 32ème, ancien « Bassigny », c’est-à-dire la seconde moitié d’ »Aunis ».

    Si nous considérons, au contraire, les demi-Brigades nommées 31ème , mêmes difficultés. Leurs origines sont multiples, leur existence tout à coup interrompue, leur numéro sans rapport avec ce qui les précède ou ce qui les suit, et leur descendance imprécise.

    La 31ème de bataille (1ère formation) est constituée le 22 septembre 1794 avec un bataillon du 16ème régiment d’Infanterie (ancien Agenois) et 2 bataillons de volontaires d’Ille et Vilaine. Elle disparaît en 1796 dans la 42ème de ligne (2ème formation).

    La 31ème de ligne (2ème formation) est formée le 16 février 1796 des 1ère et 109ème de bataille (1ère formation) auxquelles s’adjoint le 28 novembre suivant le 2ème bataillon de la 4èmedemi-Brigade de même espèce. Presqu’entièrement détruite par la fièvre jaune à St Domingue, elle a des débris versés à leur rentrée en France, dans d’autres Corps (7ème Régiment d’Infanterie de Ligne) et le n° 31 reste vacant pendant tout l’Empire. Il ne réapparaît d’une façon définitive qu’en 1820, lorsque la légion de l’Orne (n°60) créée en 1815, devient le 31ème régiment d’Infanterie actuel.

    Il ne semble guère possible d’établir , pour la période précédant 1815, une filiation à la fois complète, claire et logique. Pour avoir la descendance d’ « Aunis », il faudrait étudier à la fois « Aunis » et « Bassigny », le 31ème et le 32ème, les 61ème, 62ème et 64ème demi-Brigades de 1ère formation, les 76ème et 81ème de 2ème formation … etc.

    Que l’on veuille, au contraire, procéder par ascendance, il faudrait, puisque le n° 31 n’existe pas sous le Premier Empire, faire ce compromis de prendre comme point de départ le 7ème régiment, où ont été versés en 1804-1805 les débris de la 31ème de St Domingue et, alors, étudier les très nombreux Corps d’où est sorti ce 7ème régiment : fractions de demi-Brigades, bataillons de volontaires ou d’anciens régiments… etc. On serait ainsi entraîné dans un dédale d’inextricables complications où se perdraient toute idée de tradition et tout sentiment d’unité et de simplicité. Si, malgré tout, on parvenait à débrouiller ces illusoires attaches généalogiques, on se trouverait ensuite arrêté par l’infranchissable fossé qu’ont creusé le licenciement et la nouvelle constitution de l’Armée en 1815.

    Aussi, les noms des victoires inscrites sur le drapeau actuel se rapportent-ils à l’histoire à l’histoire du numéro seul. Valmy appartient au 31ème de 1792, Biberach et St Domingue à la 31ème demi-Brigade de 1796, Collo (1843) au régiment actuel.

    C’est qu’en effet, s’il n’existe pas entre les régiments d’Infanterie d’aujourd’hui et les Corps d’autrefois des liens effectifs et pour ainsi dire tangibles de parenté continue, il en est d’autres, d’ordre tout aussi important, sortes de liens moraux, qui se trouvent résumés par le numéro même du régiment.

    Que l'un quelconque des officiers ou soldats du 31ème régiment d'Infanterie de 1901 se trouve subitement transporté par effet d'imagination dans l'un des camps d'autrefois, camps de la Monarchie, de la Révolution ou de l'Empire, n'ira-t-il pas instinctivement, sans la moindre hésitation, vers le Corps, demi-Brigade ou régiment dont le drapeau portera le n° 31? Ne considèrera-t-il pas ce Corps comme le sien, sans s'arrêter à des questions de généalogie compliquées et presque impossibles?

    Le numéro du régiment est un symbole simple et nullement illusoire. Il synthétise tous les efforts que l'on demande au soldat, tout le dévouement qu'il doit à son Pays. On l'invoque au nom de l'esprit de Corps quand il faut assujettir des hommes à la dure vie militaire. On le jette encore comme un appel à l'honneur et au courage quand, dans la crise de la bataille, il faut entraîner les troupes pour un suprême effort.

    Le vrai lien entre les Corps d'aujourd'hui et d'hier, celui que tous comprennent, semble donc être le numéro. C'est l'histoire de ce 31ème que nous écrirons. Nous trouvons dans ce que nous avons dit précédemment, l'ordre même que nous avons à prendre pour notre exposé. Cet ordre sera le suivant:

    1ère partie: Le 31ème régiment d'Infanterie de 1791 et ses ascendants (1621-1794).

    2ème partie: La 31ème 1/2 Brigade de bataille (1ère formation) (1794-1796).

    3ème partie: La 31 ème 1/2 Brigade de ligne (2ème formation) (1796-1804).

    4ème partie: Le 31ème Régiment d'Infanterie de Ligne de 1820 et la Légion de l'Orne (1816-1901).

    Dans chacune de ces partie qui marqueront autant de grandes périodes de l'organisation de l'Infanterie française, nous nous attacherons à rechercher tout ce qui peut aider à la filiation et à la tradition; en outre, comme en même temps que la constitution d'ensemble du Corps, se transformaient les conditions d'existence et de carrière des individualités, officiers ou soldats qui le composaient, nous ferons suivre les trois premières parties qui sont à ce dernier point les plus intéressantes, d'un appendice où nous noterons les évolutions successives de ces conditions.

    L'histoire proprement dite des « Quatre Trente et Unième d'Infanterie de Ligne » ainsi définie, nous l'appuierons en reproduisant en annexe autant de documents originaux que possible. Nous pensons ainsi pouvoir donner au lecteur cette sensation indéfinissable de l'époque et des transitions, que nous avons éprouvée en compulsant les nombreux cartons et registres des Archives de la Guerre, de la Marine et de la Bibliothèque Nationale, comme si nous avions vécu, d'une façon effective dans leurs rangs mêmes,la vie des différents moments des Corps de n° 31.

    Nous croyons qu'à côté des combats, marches et bivouacs de guerre qui constituent la phase active de la vie régimentaire, celle où se montrent et portent leurs fruits les plus hautes qualités de l'esprit et du coeur de l'homme, cette reproduction de documents de l'époque nous permettra de montrer ce qui en est, pour ainsi dire, la phase d'attente et de préparation, celle du temps de paix où se forment cet esprit et ce coeur, où s'entraîne le Corps pour être prêt à l'accomplissement des tâches difficiles. Ainsi nous pourrons suivre les évolutions successives de l'organisation, placer les régiments dans le milieu même où ils ont existé, analyser les conditions de la vie du soldat et de l'officier dans ce milieu, les sentiments, les idées, les mobiles auxquels ils obéissaient, retrouver en un mot la tradition de son éducation intellectuelle et morale, comme on a cherché celle de ses procédés de combat.

    Nous voudrions en effet que notre livre fut assez complet pour être à la fois celui de l'officier et du soldat. « Les historiens, dit le Colonel Ardant du Picq, exposent bien d'une façon générale l'action des Corps de troupes. Mais, son action en son détail e l'action individuelle du soldat dans leurs récits comme dans la réalité, restent enveloppés d'un nuage de poudre.... »⁴.

    Et, du reste, la gloire d'un Corps se trouve-t-elle diminuée si, au lieu d'avoir l'heureuse fortune de prendre une part effective à quelque retentissante victoire, il s'est dépensé en de longues marches, en de nombreux petits combats, souvent ignorés?

    La victoire éclatante et féconde que l'histoire générale enregistre, n'est que la conclusion de dures campagnes, d'efforts combinés, dont chaque soldat peut revendiquer une part, qu'il ait travaillé à la gloire commune dans quelque Corps détaché ou qu'il ait été assez favorisé de la fortune pour se trouver au moment opportun sur le théâtre même de l'action décisive.

    « Quand on raisonne en pleine sécurité, après dîner, en plein contentement physique et moral, de la Guerre, du combat, on se sent animé de la plus noble ardeur et on nie le réel. Combien cependant, si on les prend juste à ce moment, seront prêts à jouer leur vie sur l'heure? Mais que ceux-ci soient obligés de marcher des jours, des semaines, pour arriver à l'heure du combat; que le jour du combat, ils attendent des minutes, des heures, le moment de donner, et s'ils sont sincères, ils avoueront combien la fatigue physique et l'angoisse qui précède l'action les auront moralement atténués; combien moins aptes ils sont que trente jours avant, au sortir de table, à un mouvement généreux! »

    C'est cela qui fait la guerre et que doit montrer l'histoire d'un Corps. L'oeuvre serait belle qui pourrait donner la mesure de ce qu'une campagne exige de la part de tous, des humbles commes des grands, d'énergie, de patiente endurance, d'oubli de soi-même, et qui ferait revivre les actions des héros les plus obscures, que ces héros aient mérité ce titre, dans les champs où se cueillent les lauriers ou dans ceux où ne croissent que des fleurs de deuil et de douleur.


    ² Nous n’ignorons pas que quelques auteurs, des plus autorisés et parmi eux, le Général Susane, ont admis que certains éléments des régiments impériaux, et en particuliers les Conseils d’Administration, avaient été incorporés tels quels dans les légions et qu’il était ainsi possible d’établir une filiation naturelles entre celles-ci et ceux-là. Les documents que nous aurons à examiner au cours de ce qui suit montrent qu’on ne peut se rallier à cette hypothèse.

    ³ Ferry écrit ce document vers 1902-1903.

    ⁴ Colonel Ardant du Picq. « Etudes sur le combat ». Librairie Hachette. 1880.

    ⁵ idem

    1ère partie.

    Le 31ème Régiment d’Infanterie de 1791 et ses ascendants 1621-1794

    Chapitre 1er

    Les Régiments de Gentilshommes 1621-1762

    Drapeau d’ordonnance des Régiments de Castel-Bayard à Aunis.

    Baron de Castel-Bayard : 7 juillet 1621

    Baron de Montausier (Hector de Ste Maure) : 1er janvier 1632

    Marquis puis Duc de Montausier (Charles de Ste Maure, frère du précédent) : 7 août 1635

    Comte de Crussol (Emmanuel puis Duc d’Uzès, gendre du précédent) : 16 octobre 1665

    Marquis de Crussol (Louis, puis Duc d’Uzès, fils du précédent) : 24 avril 1687

    de Crussol (Jean Charles, puis Duc d’Uzès, fils du précédent) : 31 juillet 1693

    de Gondrin (Antoine Louis de Pardaillan, Marquis puis Duc d’Antin, gendre du précédent) : 3 décembre 1702

    Marquis de Gondrin(Louis de Pardaillan d’Antin, fils du précédent) : 19 décembre 1703

    de la Gervaisais (Auguste Nicolas Magon) : 26 juillet 1712

    Marquis de Gondrin (Louis de Pardaillan, Duc d’Antin, fils du précédent Marquis de Gondrin) : 10 mars 1734

    Marquis de Gondrin (Louis de Pardaillan, Duc d’Antin, fils du précédent) : 6 mars 1743

    Vicomte de Montboissier (Charles Henri Philippe) : 1er décembre 1745

    Marquis de Joyeuse (Jean Armand) : 27 février 1751

    Marquis de Vaubécourt (Jean Charles de Nettancourt Haussonville) : 15 juillet 1755

    Comte de Jumilhac (Pierre Marie Chapelle) : 1er décembre 1762

    Régiment d’Aunis : 10 décembre 1762

    Le Régiment de Castel-Bayard. 1621-1631.

    En tête de la longue liste de Régiments de Gentilshommes, dont le dernier reçut en 1762 le nom de la province d’Aunis, se trouve celui de Castel-Bayard.

    Il semble , autant qu’il est possible de fixer une date précise dans cette époque troublée, où les Corps, tantôt licenciés, tantôt rétablis, n’avaient qu’une existence éphémère, que ce fut quelques années après la mort de Henri IV, vers 1615, que le baron de Castel-Bayard, hobereau gascon, réunit quelques centaines de ses compatriotes en un régiment pour le compte de son maître, le Duc d’Epernon, Colonel Général de l’Infanterie et gouverneur de la Guyenne.

    La

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