S’il existe des régiments d’infanterie aux origines plus anciennes encore, les troupes de marine (TDM) peuvent se vanter d’être la toute première force interarmes jamais créée en France. C’est en effet en 1622 que Richelieu crée les premières « compagnies de la mer » qui associent fusiliers et canonniers au sein de petites unités d’une centaine d’hommes intégrés dans des corps aux noms changeants. Le cardinal veut doter la flotte de sa propre armée, afin de protéger ports et arsenaux mais aussi d’assurer le service des armes à bord des tout premiers vaisseaux de ligne.
D’emblée, cette force rattachée à la Royale se trouve tiraillée entre les besoins contradictoires de la flotte, des colonies et de l’armée. Les « compagnies de la mer » sont régulièrement dissoutes puis reconstituées lorsqu’on s’aperçoit que le service de bord ne s’improvise pas. Quant au « service des colonies », initialement confié aux armées des compagnies à charte et des milices locales, il s’avère difficile à mener pour des renforts non acclimatés et toujours rares. La France est ainsi incapable de défendre les Indes et le Canada pendant la guerre de Sept Ans (en fait, 1754-1763 pour la France; voir dossier du G&H no 21 et article sur Plassey p. 56). En 1772, on organise donc un « corps royal de la marine » regroupant huit régiments stationnés dans les ports. Son infanterie disparaît dans la tourmente des guerres de la Révolution. Quant aux artilleurs, ils rejoignent pour l’essentiel les batteries de la Grande Armée après la défaite de Trafalgar en 1805.
Les compagnies à charte sont des organismes privés dotés d’une autorisation royale pour commercer outre-mer et coloniser de nouveaux territoires. L’exemple type est la Compagnie française des Indes orientales fondée par Colbert en 1664 et basée à Lorient.