1 QUELLE EST LA SITUATION DE LA FLOTTE DE TOU-LON EN NOVEMBRE 1942?
Quand l’opération Torch – le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie – est lancée le 8 novembre 1942, près de 150 navires de tous types mouillent en rade de Toulon. Il y a d’abord trois navires de ligne: les cuirassés modernes Dunkerque et Strasbourg, le vieux cuirassé Pro vence. À côté du porte-hydravions Commandant Teste, on trouve 4 croiseurs lourds, dont le moderne Algérie de 1934 et les Colbert, Dupleix et Foch plus anciens, auxquels s’ajoutent 3 croiseurs légers récents – La Galis sonnière, Jean de Vienne et Marseillaise, de 1937. Sont amarrés par ailleurs 18 grands destroyers (« contre-torpilleurs » dans la Royale) de plus de 3000 t et 12 plus petits (1900 à 2 500 t). Pour boucler la liste, 20 sous-marins et quelques dizaines d’unités plus petites: avisos, patrouilleurs, mouilleurs et chasseurs de mines, bâtiments de soutien, vieilles coques désarmées servant de caserne flottante ou de cible d’exercice – comme les cuirassés déclassés Océan et Condorcet –, et l’habituelle « poussière navale »: remorqueurs, chalands de servitude, auxiliaires mineurs. Quelques petits chasseurs de mines sont en plus en construction dans l’arsenal.
Sur le papier, l’énumération est conséquente. Pourtant, très peu de ces navires sont en état de prendre la mer, et encore moins sont à même de combattre. Les unités immédiatement disponibles sont au nombre de 38, dont les « forces de haute mer » commandées depuis septembre 1940 par l’amiral Jean de Laborde (). Cette escadre est, dans l’esprit de l’amirauté, destinée à s’opposer aux éventuelles tentatives alliées contre les colonies encore loyales à Vichy. Organisée autour du , elle comporte l’, le et le , le et la , plus les deux tiers des contretorpilleurs. Respectable en 1940, cette force n’a cependant bénéficié d’aucune modernisation depuis l’armistice; et ses unités, même les plus modernes, présenteraient