Mémoires du Capitaine Bertrand
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Aperçu du livre
Mémoires du Capitaine Bertrand - Cne. Vincent Bertrand
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MEMOIRES DU CAPITAINE BERTRAND
Grande Armée 1805 - 1815
par
Capitaine Vincent BERTRAND
Recueillis et publiés par
Le Colonel CHALAND DE LA GUILLANCHE son petit-fils
TABLE OF CONTENTS
Contents
TABLE OF CONTENTS 3
AVANT-PROPOS 6
PREFACE 9
1805 10
Incorporation au 7e Régiment d’Infanterie légère 10
Départ pour les bataillons de guerre 11
1806 — Campagne de Prusse 13
Saalfeld, 10 octobre 1806. 13
Iéna, 14 Octobre 1806 14
Entrée à Berlin, 26 Octobre 1806 15
6 Novembre 15
Décembre 1806 16
Combat sur la Wkra (24 Décembre) 16
25 Décembre 1806 17
Batailles de Golymin-Pulstuck, 26 Décembre 1806 17
1807 18
4 Février. Combat contre une arrière-garde Russe 18
Bataille d’Eylau, 8 Février 1807 19
Combat contre une Arrière-garde Russe le 9 juin 1807 22
Bataille d’Heilsberg (10 juin 1807) 22
Bataille de Friedland (14 juin 1807) 23
Camp de Tilsitt (juillet 1807) 24
1808 28
1809 31
Bataille de Wagram, 5 et 6 juillet 1809. 34
Octobre 1809. 37
Décembre 1809. 39
1810 41
Mars 1810. 41
1811 44
1812 45
Prise de Smolensk, 17 août 1812 48
Valontina, 19 août 1812. 48
La Moskowa, 7 septembre 1812 50
Incendie de Moscou, 18 septembre 1812 52
Évacuation de Moscou, 17 octobre 55
Malojaroslawetz, 24 octobre 55
Wiasma, 3 novembre 1812 57
Krasnoë, 17 novembre 1812 59
La Bérézina, 25-29 novembre 1812 60
Décembre 1812. 62
Fin de la retraite de Russie, 31 décembre 1812 72
1813 73
Juin 1813 79
Juillet 1813 79
Août 1813 80
Bataille de Dresde, 28-27 août 1813 81
Désastre de Kulm, 30 août 1813 82
Combat d’arrière-garde de Péterswald — Blessé et prisonnier, 14 septembre 1813 83
Arrivée à Prague 86
De Prague à Pesth (Décembre 1813) 89
1814 92
Janvier 92
Mars 92
Départ pour le Bannat de Temeswar 93
Rentrée en France. - Départ de Szakowa. 96
Arrivée en France. - A Strasbourg. Août 1814. 98
Revue d’organisation du duc de Berry. Novembre 1814, à Huningue. 100
1815 103
Retour de l’île d’Elbe (20 mars 1815). 103
Distribution des Aigles au Champ de Mai (1er juin 1815). 105
Campagne de 1815. 105
Incident Dalouzy (Septembre 1815). 107
Rentrée à Nismes (décembre 1815) 114
REQUEST FROM THE PUBLISHER 128
AVANT-PROPOS
Dans ses souvenirs, mon grand-père maternel le capitaine Bertrand, raconte modestement son existence de fatigues, de misère et de gloire de 1805 à 1815. On y trouve point d’aventures brillantes et mirifiques, mais le récit sincère de ce qu’il a vu et fait pendant ces dix années, soit sur les champs de bataille, soit dans les cantonnements en Autriche, en Allemagne, en Pologne, soit enfin dans les douloureuses étapes de sa captivité. Le tout est agrémenté d’anecdotes galantes, burlesques ou dramatiques.
Appelé par la conscription, il est dirigé de Nîmes, sa ville natale, sur le Dépôt du 7e Régiment d’Infanterie Légère à Huningue, où il arrive le 16 novembre 1805. Il ne quittera ce Régiment, composé presque exclusivement d’enfants du Gard, qu’en 1815, et refusera même, entre temps, la grande faveur d’entrer aux Chasseurs à pied de la Garde Impériale, ne voulant pas se séparer de sa famille militaire.
Le jeune Bertrand est de taille moyenne, sec, nerveux, de tempérament ardent et énergique, aimant le plaisir et le danger. Il devient en peu de temps un voltigeur alerte, vigoureux, débrouillard, d’une bravoure et d’un sang-froid à toute épreuve, ce qui lui permettra de se tirer avec honneur de nombreuses situations dangereuses ou délicates.
A mesure que se développe en lui l’âme militaire, il commence à vibrer de toutes les grandes passions de cette époque, la Patrie, le Drapeau, l’Empereur, et, jusqu’au dernier jour de sa vieillesse, il joindra le culte ardent de cette trilogie à sa foi catholique.
Dans les derniers jours de novembre 1805, le jeune soldat franchit le Rhin qu’il reverra seulement en 1813. Il fait son instruction militaire tout en couvrant, à travers le Wurtemberg et la Souabe, des étapes de dix heures en moyenne. Son détachement rejoint à Munich le 7e Léger (Division Heudelet du 7e corps d’Augereau) chargé de tenir la ligne de l’Isaar. En 1806, après la paix de Presbourg, le 7e Léger va cantonner au nord de Francfort-sur-le Main. Au mois d’octobre, l’auteur reçoit le baptême du feu à Saalfeld et Iéna. Il avoue avoir été, dans cette dernière bataille, d’une bravoure téméraire. En décembre il prend part à tous les combats sur la Narew et l’Ukrra.
En 1807 il est à Eylau et à Friedland, sans compter les nombreux engagements contre les arrière-gardes Russes. A Eylau le 7e Léger est décimé et passe peu après dans la division Gudin du 3e corps (Davout), où il restera jusqu’en 1813. Les anecdotes relatives au camp de Tilsit sont pittoresques et originales.
En 1808, cantonnements sur la Vistule, puis à Berlin, dans le Brandebourg, en Silésie, en Saxe, dans le Hanovre.
Au mois de mars 1809, marches de guerre vers le Danube. Les 19, 20 et 21 avril, le corps de Davout (30.000 hommes), ayant le Danube à dos, lutte, entre Ratisbonne et Abensberg contre 100.000 Autrichiens, les fixe et les maintient à force d’audace et d’habileté, permettant ainsi à l’Empereur d’exécuter sa manoeuvre sur Landshutt. Pendant ces trois angoissantes journées, la Division de Cavalerie légère Montbrun, aidée de deux bataillons du 7e Léger tient et couvre héroïquement la gauche de Davout. L’auteur fait partie de ces deux bataillons qui combattent également le 22 avril à Eckmühl.
Le 7e Léger coopère ensuite au siège de Presbourg puis revient pour Wagram où le voltigeur Bertrand reçoit sa première blessure : coup de feu à la cuisse droite.
En 1810 et 1811, cantonnements en Hanovre, en Westphalie, en Hollande. Nomination au grade de caporal (avril 1810).
En mars 1812, nomination au grade de sergent. Dans la marche sur Moscou le sergent Bertrand prend sa part de gloire à Smolensk, Valoutina, La Moskowa. Au cours de cette dernière bataille, devant la grande redoute Russe, tous les officiers de sa compagnie de Carabiniers étant hors de combat, le sergent Bertrand, bien que blessé d’un coup de feu à l’épaule, prend le commandement et sauve son unité d’un désastre. Le soir, au bivouac, il reçoit, de ses égaux et de ses inférieurs un curieux certificat à ce sujet.
De plus, il est proposé pour Chevalier de la Légion d’honneur par son général de Division (Gérard). Dans la retraite, le 7e Léger tient presque toujours l’arrière-garde. Il combat à Malojaroslawetz, Wiasma, Krasnoë, la Bérézina, Ponary, Kowno, et conserve, un des derniers, la cohésion, autour du Drapeau, de ceux que le froid, la faim, le feu de l’ennemi ont épargnés. Le récit de l’incendie de Moscou et des souffrances surhumaines de la Retraite est grand dans sa simplicité et montre ce que peut obtenir l’énergie indomptable d’un homme, jointe à la religion du Drapeau et de la Discipline. Le 31 décembre 1812, le 7e Léger entre à Thorn, fort de 47 officiers, 34 sous-officiers, 111 soldats. Il avait passé le Niemen, au mois de juin, à l’effectif de 146 officiers, 196 sous-officiers et 3000 soldats !
En janvier 1813, le sergent Bertrand est nommé sergent-major. Mais, pendant les marches de retour vers la France, il tombe gravement malade. Désespéré d’abandonner son régiment, il se traîne d’hôpital en hôpital, n’échappe à la mort que grâce à sa force morale et revient enfin, au mois de mai, à Huningue. Sa joie de se retrouver au Drapeau est mitigée d’amertume lorsqu’il voit ses camarades et même quelques-uns de ses inférieurs promus officiers. Néanmoins, il est nommé adjudant le 14 juin. A ce moment le 7e Léger fait partie de la Division Philippon (1er corps, Vandamme puis Lobau).
Après la victoire de Dresde il reçoit la croix de Chevalier de la Légion d’honneur des mains de l’Empereur, sa nomination date du 19 septembre. Il échappe par miracle au désastre de Kulm (31 août) mais le 14 septembre, à Péterswald dans un combat d’arrière-garde, son bataillon est entièrement détruit.
Blessé de trois coups de sabre au bras, de deux coups de lance au cou, d’un coup de pistolet à la figure et foulé aux pieds des chevaux, il tombe aux mains de l’ennemi. Il est envoyé, d’étapes en étapes, après la guérison de ses blessures jusqu’en Transylvanie et ne revoit la France qu’en août 1814.
Pendant les Cent-Jours, le 7e Léger fait partie de l’armée du Rhin (corps Rapp (5e) division Legrand). L’adjudant Bertrand est de tous les combats dans la basse Alsace sur la Queich, à Seltz, à Surbourg et devant Strasbourg. Ces combats duraient encore le 10 juillet, trois semaines après Waterloo. A ce moment l’adjudant Bertrand est promu sous-lieutenant par le général Rapp et assiste, comme témoin, à l’étonnante aventure du sergent Dalouzy. Licencié le 1er novembre 1815, il est envoyé en congé de deux mois avec solde de semestre. Il rentre alors à Nîmes, en pleine Terreur Blanche, la nuit, en bourgeois. On ne lui ménage, les jours suivants, ni les menaces, ni les insultes. Inscrit à la Légion du Gard le 1er décembre 1815, il est définitivement congédié le 20 février 1816, le gouvernement de Louis XVIII n’ayant pas reconnu son grade de sous-lieutenant.
En mars 1816, il reprend du service comme fusilier au 1er Régiment d’Infanterie de la Garde Royale et ne retrouve son grade de sous-lieutenant qu’en 1825. Il est promu lieutenant au corps par Ordonnance Royale du 1er août 1830, datée de Rambouillet.
Versé ensuite au 43e d’Infanterie, il y devient capitaine en 1836 et prend sa retraite en 1839 à Paris.
En 1848, à l’âge de 63 ans, il conduit vaillamment pendant les sanglantes journées de juin la 6e Compagnie du 3e Bataillon de la 11e Légion de la Garde Nationale de la Seine et reçoit le 23 août, du Gouvernement de la République, la Croix d’Officier de la Légion d’honneur.
Le capitaine Bertrand n’a quitté l’uniforme qu’à 70 ans. Ce soldat, qui n’avait jamais connu ni l’alcool, ni le tabac, était encore assez robuste, pour aller à pied, à la tête de sa compagnie, de la Place Saint-Sulpice, au Champ-de-Mars, pour une revue de la Garde Nationale.
Sa vieillesse a été consacrée, avec l’abnégation la plus absolue, à ses deux petit-fils, orphelins. Il eut la joie de les voir entrer ensemble à Saint-Cyr, mais le bonheur suprême de les voir portant l’épaulette lui fut refusé car il mourut en 1864, à 79 ans, quelques mois avant leur sortie de l’Ecole.
Il a vécu une vie toute d’honneur, de loyauté, de dévouement. Me conformant à son désir souvent exprimé, j’ai consacré les premiers loisirs de ma retraite à reproduire ses notes en les classant par ordre chronologique et en en respectant religieusement l’esprit.
Je me suis seulement permis d’y joindre quelques annotations marquées (C.G.) afin de préciser certaines dates, ou des situations particulières.
Villa Shamrock, Saint-Servan, 15 décembre 1906.
CHALAND DE LA GUILLANCHE
Colonel d’Infanterie Breveté, en Retraite.
PREFACE
En traçant mes souvenirs je n’ai pas eu la prétention d’écrire l’histoire militaire de 1805 à 1815. J’ai voulu, simplement, noter à peu près jour par jour, mes impressions, ce que j’ai pu faire, ce que j’ai vu faire, et revivre ma vie de soldat de la Grande Armée sur les champs de bataille de cette époque mémorable.
Ces souvenirs sont loin, je le sais, d’être une œuvre littéraire, mais ils pourront parfois paraître intéressants et attachants.
En tous cas, il n’ont pour moi d’autre mérite que de servir de monument et de legs à mes deux petit-fils.
Paris, le 26 mai 1861.
BERTRAND,
Officier de la Légion d’honneur, Capitaine retraité.
1805
Incorporation au 7e Régiment d’Infanterie légère
Le 16 novembre 1805 j’arrivai. à l’âge de vingt ans, à Huningue, où j’étais incorporé au dépôt du 7e régiment d’infanterie légère, autrement dit 7e léger, 7e corps d’armée (Maréchal Augereau), division Maurice Mathieu, brigade Sarrazin.{1}
Encore tout ému de mes adieux à ma mère, et plein des souvenirs de Nîsmes, ma ville natale, je fus accueilli avec cordialité par les vieux soldats de ma compagnie, vétérans de nos victoires en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Égypte. Mon camarade de lit s’appelait Lacour. Il avait un fusil l’honneur reçu après Marengo. Cette arme portait sur une plaque d’argent la mention suivante : « Pour avoir enlevé deux pièces de canon à l’ennemi le 14 juin 1800, à la bataille de Marengo. »
Lacour, qui était mon instructeur, s’occupa tout d’abord de mon éducation morale et m’apprit les devoirs du soldat.
1e Obéir à ses chefs,
2e Être brave sur le champ de bataille,
3e Battre l’ennemi de la France,
4e Protéger, en tous pays et en toutes circonstances, les enfants, les femmes, les vieillards,
5e Ne jamais perdre de vue le drapeau, c’est le point de ralliement, la gloire, la France,
6e Ne jamais déserter.
Une des leçons du vieux soldat se termina ainsi : « Dans quelques jours nous allons battre pour la vingtième fois les Autrichiens, tu seras près de « moi, je te montrerai comment on brûle une amorce sur le dos de ces enragés Tudesques. »
Après avoir payé la bienvenue avec quelques écus de six francs, notre groupe de recrues est amené au magasin pour être armé, équipé et habillé.
Je reçois un habit usé jusqu’à la corde, et trop long de 20 centimètres, relique glorieuse des batailles sur l’Adige ou le Mincio. Très fier de ce vieil uniforme, je touche en outre, une giberne de garde-côte sans coffret suspendue à un baudrier jadis noir et, à ce moment, presque tricolore, un schako dont la visière est fixée par trois agraphes, un fusil fabriqué à Charleville en 1771, dont le bassinet, en fer, laissait perdre la moitié de la poudre d’amorce. La baïonnette seule était irréprochable.
Départ pour les bataillons de guerre
Notre détachement franchit le Rhin, aux cris de « vive l’Empereur ». Deux grosses larmes roulent sur mon baudrier, au souvenir de ma mère et des miens. Ma première étape fut de dix heures de marche, sous une pluie battante. Cantonnement dans un village ; chez un pauvre tisserand, qui ne peut nous offrir que quelques bottes de paille et n’a même pas de quoi nourrir ses trois enfants. Harassés, trempés, nous nous rabattons, Lacour et moi, sur une auberge où moyennant douze kreutzer (1 fr. 80) nous trouvons du pain bis, du beurre, du fromage et de la bière. Impossible d’avoir du café, Lacour le remplace par un brûlot d’eau-de-vie qui me monte quelque peu à la tête, car jusque-là j’ignorais l’alcool. Regagnant tristement nos bottes de paille, nous entendons un bruit de violons. Je persuade mon instructeur qu’il vaut mieux danser que dormir et nous entrons au bal. Ayant quatre mois de salle de danse avant d’arriver au régiment, le quadrille et la valse n’avaient pas de secrets pour moi. Ayant surmonté ma timidité j’arrivai à m’entendre parfaitement par signes et pantomimes avec mes danseuses ; jusqu’au matin je fis valser les jeunes filles aux tresses blondes ou brunes.
Au jour, le tambour rappelle aux galants fantassins, hussards et artilleurs faisant partie de la colonne que le moment des adieux est arrivé.
En route pour Augsbourg après avoir laissé une légère obole aux enfants du tisserand.
Le soir, premier bivouac{2}.
A la paix de Presbourg le 7e léger prend ses cantonnements à Munich. Réception très cordiale de la population, délivrée du joug des Autrichiens. Je suis logé chez un médecin, enthousiaste de Napoléon, et décidé à faire le voyage de Paris pour le contempler. L’âme déjà prise depuis longtemps par l’auréole de Bonaparte, je sens grandir mon admiration pour l’homme qui nous conduit à la victoire, et mon orgueil d’être un de ses soldats.
Dans le courant de février le régiment reçoit l’ordre de se rendre aux environs de Francfort-sur-le-Main{3}. Un dernier bal nous permit de nous faire apprécier comme danseurs par les jolies bavaroises, d’autant plus que les jeunes gens du pays oublient trop souvent leurs invitations pour aller boire et fumer, auquel cas nous les remplacions avantageusement.
Après trois jours de marche, ma compagnie est cantonnée dans un village entièrement peuplé de protestants dont les ancêtres avaient été chassés de France par l’Édit de Nantes. Tous, hommes, femmes et enfants viennent à notre rencontre, nous offrant de la bière, de l’eau-de-vie, portant nos sacs, se disputant à qui nous logera, et nous donnant la joie de parler français. Je suis logé chez le maître d’école, du nom de Godard, et dont la famille était originaire de ma région. Reçu et traité comme l’enfant de la maison, je ne tardai pas à tomber sous le charme de la fille aînée. Isabelle, dont le talent sur la harpe me procurait les plus douces jouissances. Je voulus apprendre la musique, mais mon cœur battait plus fort que la mesure, et, en soldat loyal, je dus renoncer, sur le conseil d’ailleurs de mon hôte, qui s’était aperçu de mon trouble, à la musique, pour recevoir, de lui, des leçons d’allemand. Un ordre subit de départ me sépara pour toujours de ma gracieuse harpiste. Nos nouveaux cantonnements, toujours sur la Lahn étaient à quinze lieues de son village{4}. Je voulais lui écrire et revenir la voir, mais Lacour me fit sentir ma folie et me rappela à mes devoirs de soldat. Une mission aussi gracieuse qu’agréable me détourna de mon chagrin. Très bon nageur, je prenais chaque jour mon bain dans