Né en 1865 dans une famille bourgeoise de Posnanie, Erich Ludendorff sert au Grand État-Major (Großer Generalstab) où Alfred von Schlieffen le remarque et lui inculque l’idée qu’une bataille d’anéantissement peut gagner la guerre. Il joue un rôle important dans la prise des forts de Liège le 16 août 1914 puis, sous Hindenburg, dans la victoire sur les Russes à Tannenberg le 30. Les succès du tandem lui valent de remplacer en août 1916 Erich von Falkenhayn. Après avoir parié sur la guerre sous-marine à outrance qui jette les États-Unis dans la guerre (voir dossier du G&H no 67), Ludendorff conçoit l’offensive fatale de 1918 à l’Ouest. Il meurt en 1937 après avoir flirté avec les nazis.
L’idée du général Erich Ludendorff, chef du Grand État-Major allemand, de former une grande armée d’attaque au cours de l’hiver 1917-1918 est une des plus importantes décisions stratégiques de la Grande Guerre. Elle naît de la nécessité de vaincre sur le front Ouest avant l’engagement au combat de l’armée américaine. Or, pour vaincre vite, il faut percer le front retranché puis exploiter cette percée dans la profondeur. En trois ans, personne n’y est parvenu sur le front Ouest, mais cette fois Ludendorff croit disposer des moyens de réussir grâce à plusieurs innovations – dont la création d’une armée d’élite. Pari dangereux…
L’instrument premier des grandes offensives allemandes du printemps 1918 est la « division d’assaut » (Sturmdivision) selon l’appellation courante ou plus officiellement « division d’attaque » (Angriffdivision). Cette unité est une division d’infanterie d’élite, complète en effectifs sélectionnés, dotée de tous les moyens les plus modernes et spécifiquement organisée et entraînée pour combattre à l’intérieur des zones fortifiées, soit à plusieurs kilomètres de profondeur en 1918, puis en terrain découvert une fois cette zone franchie. Le concept se trouve à la confluence de plusieurs idées.
L’invention des divisions d’assaut
La première, commune à presque toutes les armées du moment, est l’utilisation de divisions spécifiques soit pour servir de fer de