SPAD XIII CONTRE FOKKER D.VII, UN CHOC DE GÉNÉRATIONS

Quel a été le meilleur chasseur de la Grande Guerre? Posez la question aux historiens et amateurs d’aéronautique et il y a fort à parier que la réponse sera, au choix, Fokker D.VII ou Spad XIII (plus rarement S.E.5a, si votre interlocuteur est britannique). La question pourrait paraître bien futile. Après tout, l’issue de la guerre est bien connue et placer l’une ou l’autre de ces deux machines sur la première marche du podium sans tenir compte de tout ce qui les entoure n’a guère de sens. Pourtant, ce duel est particulièrement intéressant par ce qu’il révèle de deux modèles industriels et militaires très différents, dont les qualités et défauts ne sont pas forcément intuitifs pour nos esprits formatés par les clichés de la Seconde Guerre mondiale.

À première vue, Spad XIII et Fokker D.VII se ressemblent énormément: comme la plupart des chasseurs de la Grande Guerre, il s’agit de biplans monoplaces de dimensions très proches (voir comparatif pages suivantes). Les deux sont animés par un moteur refroidi par eau, avec radiateur frontal, et armés de deux mitrailleuses dérivées de la même Maxim originelle (voir G&H no 12, p. 90). Pourtant, dévêtues de leur toile, ces machines trahissent deux conceptions très différentes. Le Spad est l’héritier ultime des tout premiers temps de l’aviation: un a bou tis sement. Le Fokker annonce l’aviation du futur: c’est un point de départ. Quoi de moins étonnant, en fait? Si les deux avions équipent massivement les escadrilles au printemps 1918, leur généalogie est étalée sur une période très différente.

Deperdussin et dérivés

L’histoire du Spad XIII remonte à l’avant-guerre, à l’époque où Spad signifie « espace » (en volapük, langue artificielle en vogue à l’époque) mais aussi « Société de production des aéroplanes Deperdussin », entreprise fondée en janvier 1911 par l’homme