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Rendez-vous avec la veuve à Périgueux
Rendez-vous avec la veuve à Périgueux
Rendez-vous avec la veuve à Périgueux
Livre électronique144 pages1 heure

Rendez-vous avec la veuve à Périgueux

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À propos de ce livre électronique

Assassinats, incendies de récoltes, fabrication de fausse monnaie, sont, dans cette première moitié du XIXème siècle, en Périgord comme ailleurs, des crimes punis du châtiment extrême: la peine de mort. Depuis la révolution, le peuple s'est habitué à voir, dressée sur la place publique, la sinistre guillotine. A Périgueux, les exécutions ont lieu sur la place de Prusse, aujourd'hui place du Coderc, devant une foule nombreuse, souvent venue en famille, assister à cet horrible spectacle de la mort d'un être humain. Et lorsque la peine capitale n'a pas été prononcée, les badauds peuvent venir s'y délecter de la mise au carcan et de la flétrissure imposées aux condamnés à temps, marqués au fer rouge avant de subir leur peine.
"Rendez-vous avec la veuve à Périgueux" reprend quelques affaires de ce début du XIXème siècle et qui se sont toutes soldées par des condamnations à mort. Y sont décrits des crimes "ordinaires" qui n'ont vraisemblablement eu de retentissement que dans les villages où ils ont été commis et dans leurs environs. Mais ils ont presque tous un point commun: le climat de misère sociale et intellectuelle dans lequel ils se sont déroulés.
LangueFrançais
Date de sortie13 mars 2012
ISBN9782322004126
Rendez-vous avec la veuve à Périgueux
Auteur

André-Pierre Chavatte

André-Pierre Chavatte, après plusieurs ouvrages sur l'histoire locale de la Dordogne et en particulier sur le Mussidanais et la commune de Douzillac, entreprend dans "Généalogie d'un Régiment:: le 31ème Régiment d'Infanterie 1610-1940" de mettre à disposition du lecteur les écrits du Capitaine Edmond Victor Ferry, d'après un manuscrit datant de 1902 de ce militaire devenu Général de Division (à titre provisoire) pendant la première guerre mondiale.

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    Aperçu du livre

    Rendez-vous avec la veuve à Périgueux - André-Pierre Chavatte

    Remerciements

    Préambule

    Les histoires, bien réelles, contées ici peuvent paraître sordides, et en réalité, elles le sont, non pas tant par la description des crimes qui y sont relatés que par le contexte dans lequel ils ont été commis.

    Que ce soient les crimes de sang commis par Pierre Emery à Saint-Aquilin ou par Pierre Cluzeau à Beaupouyet, ou les empoisonnements par Jeanne Ranouil à Beauronne ou par Jean Mingie à Lunas ou même les émissions de fausse monnaie, on peut se rendre compte à la lecture des différentes pièces des procédures (interrogatoires des prévenus, témoignages, actes d'accusation….) que ces crimes ont tous les mêmes points communs: la misère sociale mais aussi et surtout la misère intellectuelle dans lesquelles vivaient celles et ceux qui, en cette première partie du 19ème siècle, allaient un jour commettre l'irréparable et se retrouver inéluctablement devant la Cour d'Assises de la Dordogne avant de monter sur l'échafaud.

    La police et la justice de l'époque n'avaient vraisemblablement pas besoin de fins limiers pour rechercher et trouver les coupables: l'horreur des crimes commis n'avait d'égale que la bêtise de leurs auteurs. Les seuls experts nécessaires de l'époque étaient les médecins et les pharmaciens chargés de faire les autopsies des cadavres et les analyses dans les cas d'empoisonnement.

    D'autre part, les tribunaux d'assises étaient réputés pour leur stricte application des lois, les circonstances atténuantes n'étant que très peu souvent retenues par les jurés souvent choisis dans la bonne société et soucieux d'une justice forte, surtout à l'encontre despetites gens. Seuls, les infanticides, très fréquents à l'époque, trouvaient grâce à leurs yeux: ainsi voyait-on souvent des femmes condamnées à une peine de deux ans de prison pour avoir tué leur enfant à la naissance.

    A travers les faits divers racontés dans ce livre, on pourra donc découvrir comment de pauvres gens de nos campagnes périgordines, très souvent illettrés, n'ayant eux-mêmes connu dans leur vie que la violence et la misère, pouvaient en venir à assassiner pour quelques francs , voire pour rien. Arrêtés, interrogés, jugés et enfin condamnés, qu'ont-ils compris des questions posées par les juges et les procureurs? Qu'ont-ils compris à leur procès à part, peutêtre, la sentence? Et, question primordiale, étaient-ils vraiment coupables? Rien n'est moins sûr dans un certain nombre de cas. S'ils l'étaient, ont-ils été capables de remords au moment où le bourreau allait les exécuter?

    Après avoir vécu dans la violence, souvent par la violence, leur vie se terminait aussi dans la violence, celle-ci institutionnelle.

    Et que penser de l'exemplarité de la peine de mort? L'échafaud dressé sur la place publique, le spectacle horrible des décapitations offert à une foule en mal de sensations perverses ou celui des expositions de condamnés marqués au fer rouge ont-ils un jour pu faire diminuer le nombre de crimes? La réponse est clairement non. Il n'y a qu'à consulter les archives judiciaires de l'époque pour s'en rendre compte.

    La veuve

    Dans une séance de l'Assemblée nationale constituante du 9 octobre 1789, un député, Joseph Ignace Guillotin propose un projet de réforme du droit pénal qui stipule que les délits de même genre [doivent] être punis par le même genre de peines, quels que soient le rang et l'état du coupable. Il demande dans la séance du 1er décembre 1789 que la décapitation soit le seul supplice adopté et qu'on cherche une machine qui puisse être substituée à la main du bourreau.

    C'est, pour ce médecin régent de la faculté de médecine de Paris, élu député du Tiers-Etat de Paris aux Etats-Généraux de 1789, une garantie d'égalité: en effet, sous l'ancien régime, les condamnés à mort étaient exécutés de manière différente selon le forfait commis et leur rang social. Les nobles étaient décapités au sabre, les roturiers à la hache, les voleurs roués ou pendus, les régicides et criminels d'état écartelés, les faux-monnayeurs bouillis vifs dans un chaudron¹!

    Guillotin voit aussi dans ce mode d'exécution un moyen de mettre fin à des souffrances inutiles, rendant la mort du supplicié plus rapide et donc plus douce².

    La guillotine n'est pas une invention de la révolution comme le prouvent certaines gravures anciennes: des machines du même type existaient déjà en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Ecosse dès le 12ème siècle. En France, selon les mémoires de Puységur, l'une d'elle servit à Toulouse le 30 octobre 1632 à l'exécution d'Henri II de Montmorency, maréchal de France.

    La proposition de Guillotin sera adoptée par la loi du 6 décembre 1791. C'est un artisan, facteur de clavecins, Tobias Schmidt, qui, après avoir dessiné les plans de la machine d'après la description de Guillotin, fabrique un prototype. Après plusieurs essais sur des moutons in anima vili³ et sur trois cadavres de l'Hospice de Bicêtre, on assiste à la première exécution par utilisation de la guillotine le 25 avril 1792. C'est un voleur, Nicolas Pelletier, qui inaugure la nouvelle machine.

    L'appareil est mis au point par Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie (d'où son premier surnom de Louisette ou Louison). Il prendra très rapidement le nom de guillotine, au grand dam de Guillotin qui regrettera cette dénomination jusqu'à la fin de sa vie en 1814: il dira, en parlant de son invention qu'elle fut la tâche involontaire de sa vie.

    Parmi les différents surnoms de la guillotine, on relève la Mirabelle (surnom dérivé de Mirabeau), la Monte-à-regret, la Veuve, leRasoir national, le Moulin à silence, la Cravate à Capet, la Lucarne (au 19ème siècle), le Massicot, la Bécane, la Bascule à Charlot⁴…..

    Le père de la veuve est emprisonné durant la Terreur et remis en liberté après l'exécution de Robespierre (guillotiné le 10 thermidor an II, 28 juillet 1794). Le docteur Guillotin se retire de la vie politique pour ne plus se consacrer qu'à la médecine, et à promouvoir la vaccination contre la variole. Il sera, par la suite chargé de mener à bien le premier programme de santé publique en France et sera nommé médecin-chef de l'hôpital Saint-Jean à Arras. Il sera par ailleurs le fondateur de la Société des Premiers Médecins de Paris, ancêtre de l'Académie Nationale de Médecine.

    Joseph Ignace Guillotin décède à Paris le 26 mars 1814.

    Victor Hugo écrira:Il y a des hommes malheureux. Christophe Colomb ne peut attacher son nom à sa découverte; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention.

    Joseph Ignace Guillotin d'après Jean-Michel Moreau

    (Musée Carnavalet)

    C'est un nommé Nicolas Jacques Pelletier qui entre dans l'histoire comme étant le premier condamné à mort à bénéficier de la guillotine.

    Le 14 octobre 1791, Pelletier avait frappé de plusieurs coups de couteau un passant de la rue Bourbon-Villeneuve⁵ à Paris et de lui avait volé une somme de 800 livres en assignats.

    Condamné à mort, il sera guillotiné sur la place de Grève le 25 avril 1792.

    La foule qui assiste à l'exécution de Pelletier est si déçue de la rapidité⁶ de cette mise à mort qu'elle hue le bourreau Charles Henri Sanson⁷.

    Une chanson court le tout-Paris le lendemain: Rendez-moi ma potence en bois, rendez-moi ma potence.

    Quelques jours après, place du Carrousel, a lieu la seconde exécution publique au moyen de la guillotine, celle de trois soldats, Devire, Cachard et Desbrosses qui ont tué à coups de sabre une limonadière du Palais-Royal.

    Puis ce sera le tour de trois faux-monnayeurs: l'abbé Geoffroy, Dumas et Lamiette.

    Nicolas Jacques Pelletier n'est que le premier d'une très longue série: pendant la période révolutionnaire, on estime que 42000 exécutions ont eu lieu, et ce, uniquement en province.

    La guillotine devient un objet pérenne et le symbole de la rigueur de la justice: l'article 3 du code pénal de 1791 prévoit que tout condamné à mort aura la tête tranchée. Cette phrase célèbre subsiste dans l'article 12 du Code Pénal français jusqu'à l'abolition de la peine de mort en 1981. L'article 5 du code pénal de 1791 prévoit aussi que l'exécution des condamnés à mort se fera dans la place publique de la ville où le juré d'accusation aura été convoqué (dans la ville où siège un tribunal criminel ou une cour d'assises).

    L'usage de la guillotine perdure jusqu'au 10 septembre 1977, date de l'exécution de Hamida Djandoubi à la prison des Baumettes à Marseille, condamné pour viol aggravé, tortures et meurtre. Par la suite plus d'une dizaine de condamnations à la peine de mort sont encore prononcées mais sans être suivies d'exécution, les condamnés bénéficiant de grâces présidentielles ou de recours en cassation acceptés.

    La veuve aura donc vécu 180 ans, ôtant indistinctement la vie à des milliers de personnes coupables mais parfois aussi, innocentes.

    Document attestant de l'exécution de Nicolas Pelletier

    Pour assurer le montage, l'entretien et le bon fonctionnement de la guillotine, il fallait un personnel spécialisé: les bourreaux⁸ et aidebourreaux (appelés aussi valets de bourreaux). Pendant longtemps, le bourreau fut appelé opérateur ou maître des basses et hautes oeuvres. Des surnoms lui furent aussi attribués: carnassier, "brise-garrot, Jean-cadavre, Charlot Cassebras" (allusion au supplice de la roue)… On connaît des dynasties célèbres de bourreaux: les Sanson, les Deibler, les Jouenne, les Desfournaux, les Desmoret… A la fois craints et détestés, les exécuteurs des hautes oeuvres ne pouvaient quasiment avoir de relations sociales qu'avec d'autres familles exerçant le même métier. De ce fait, un fils de bourreau (qui, selon toute vraisemblance devenait aidebourreau avant de prendre la place du père) était amené à épouser une fille de bourreau!

    Si en 1791, on comptait un bourreau par département, dès le second empire, il n'y en eut plus qu'un par cour d'appel. En Dordogne, à Périgueux, dans la première moitié du 19ème siècle, les maîtres des hautes oeuvres connus sont: Mathieu (ou Mathurin) Pradal de 1799 à 1822, Pierre Pradal, fils du précédent, de 1822 à 1827, Louis-François-Gabriel Deville de 1827 à 1837, Jean-Baptiste Champin de 1837 à 1839 et Jean Rascat de 1839 à 1849. On connaît aussi le nom de deux aide-bourreaux: Joseph Fleury vers 1818 et Louis-Marie-Dauphin Beynet, fils de Joseph-Martin Benoist dit Beynet, bourreau de Poitiers, devenu aide de son beau-père Louis-François-Gabriel Deville à Périgueux⁹.

    Les exécutions pendant le 19ème siècle à Périgueux eurent pratiquement toutes lieu sur la place de Prusse, aujourd'hui place du Coderc¹⁰. Cette place était alors le centre politique et civil de Périgueux¹¹: on y trouvait le tribunal, la prison, l'armurerie, le pilori, symboles de la puissance justiciaire des édiles. La guillotine y fut dressée jusqu'en 1840.

    Une de ces exécutions, celle de quatre pilleurs de diligence, à laquelle il assista à Périgueux, nous a été rapportée par un officier anglais, Andrew Thomas Blayney, 11ème baron Blayney de Monaghan, lieutenant-général, ancien commandant du 89ème régiment de fantassins, fait prisonnier à la bataille de Fuengirola près de Malaga (Espagne) le 15 octobre 1810, et qui fut prisonnier des Français pendant quatre années de 1810 à 1814¹²: "Le désir de voir cet instrument trop célèbre dont on s'était servi pour verser le sang le

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