«Colonel en tête, ces braves gendarmes, à la physionomie martiale, allaient disputer l’entrée de la ville à l’ennemi. (…) À voir défiler ainsi, dans une tenue d’autrefois, calmes, héroïques, ces hommes robustes (…) et qui presque tous, portaient sur leur poitrine les insignes de l’honneur ou les médailles de leurs campagnes, on songeait involontairement à quelque épisode de ces grandes guerres de l’Empire. » C’est en ces termes que le capitaine Courtil rend hommage au régiment des gendarmes à pied qui, le 12 janvier 1871, s’apprête à défendre (en vain) le faubourg de Pontlieue, à la sortie de la ville du Mans menacée par les Prussiens.
Cet épisode n’est qu’un exemple. Les gendarmes ne sont pas uniquement les « immortels » de la légion de gendarmerie d’élite du Premier Empire, ainsi surnommés parce qu’on les voyait rarement au combat. Ils ne sont pas non plus seulement les prévôts de la Grande Guerre, chargés de chasser les déserteurs et réfractaires pour les renvoyer à l’abattoir. Ils se sont battus – et bien battus – en dépit d’un équipement souvent défectueux et de leur réputation de simple force d’appoint.
Comme le rappelait ci-dessus le capitaine Courtil, le gendarme, ou son ancêtre le cavalier de maréchaussée (), a d’abord servi dans les régiments avant d’entrer dans l’arme. À partir de 1768, en effet, nul ne peut entrer dans la maréchaussée s’il n’a « ». Si donc la maréchaussée n’est pas une force militaire et ne combat pas, elle compte dans ses rangs des officiers et cavaliers qui se sont distingués sur les champs de bataille. Il faut attendre la Révolution pour que le gendarme, quel que soit son grade, devienne un militaire en activité. Pour des raisons politiques – laisser la gendarmerie aux ordres du pouvoir exécutif central et rétablir l’ordre dans les campagnes –, les Constituants intègrent la gendarmerie dans l’armée par l’article 2 du titre III de la loi du 16 février 1791. Cette loi – comme celle du 28 germinal an