Guerres & Histoires

L’ARBALÉTRIER GÉNOIS, UN TIREUR D’ÉLITE AU MOYEN ÂGE

1-Quand l’arbalète fait-elle son apparition?

Elle est inventée pendant l’Antiquité, probablement pour la chasse, et utilisée par les Grecs dès le Ve siècle av. J.-C. puis par les Romains, les Chinois, etc. Après une éclipse en Occident, l’arme y est redécouverte au contact des conquérants musulmans: mentionnée au Xe siècle, elle se répand progressivement au XIe siècle dans la péninsule ibérique, l’Italie du Nord et les républiques maritimes italiennes. Si l’arbalète équipe sans doute les troupes qui participent à la première croisade, le premier document la mentionnant date de 1162 à Pise et de 1181-1184 à Gênes.

2-Pourquoi l’Italie?

Parce que la péninsule, alors à la pointe du développement en Occident, dispose de l’expertise technologique pour fabriquer en série une arme complexe. Et que l’arbalète combine quatre atouts clés pour des puissances navales comme Pise et Gênes: efficace, bon marché, elle est également compacte (donc idéale pour un emploi embarqué) et simple d’emploi. Elle est donc à portée de tous – spécialement de marins-citoyens qui ne partagent pas le dégoût viscéral de la chevalerie pour les armes de trait (voir encadré p. 42). Des unités spécialisées sont mentionnées dès 1143-1144 et l’on voit des corps d’arbalétriers en Italie du Nord et en Toscane vers 1220-1230. Les républiques maritimes réglementent quant à elles le nombre d’armes embarquées : 16 pour les navires génois en partance pour l’Égypte en 1382, 20 pour les navires vénitiens destinés à la Flandre en 1400…

3-L’arbalète est donc une arme populaire?

Au début, oui, et les républiques font tout pour en encourager l’usage. Depuis la fin du XI siècle, les milices urbaines s’entraînent sur cibles ( – c’est l’origine des , équivalent italien des chasseurs français) lors de compétitions parfois primées organisées dans des espaces ouverts, comme la ouverte en 1349 par Gênes hors de la porte Olivella. À Venise en 1295, de nombreux jeux sont prohibés lors des fêtes – mais pas le tir à l’arbalète! (quartiers urbains ou ruraux) ont obligation de faire entraîner tous les hommes selon une classe d’âge: 16-35 ans à Venise, 15-70 ans à Florence, 16-40 ans à Raguse… Puis le métier se professionnalise, sans doute à cause de la crise économique qui sévit au milieu du XIV siècle et force nombre d’artisans à se reconvertir temporairement ou définitivement.

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