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Cecilia 1
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Livre électronique93 pages1 heure

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À propos de ce livre électronique

Belle, jeune, riche et orpheline, Cecilia quitte la campagne pour s'installer à Londres. Pour la première fois confrontée au grand monde, elle en découvre toutes les mesquineries et les contradictions. Assaillie par des hommes qui ne voient en elle qu'une belle fortune et un beau brin de fille, elle cherche sa place et ne la trouve pas : son premier tuteur se ruine dans de folles dépenses et ne paie pas ses dettes ; le second est d'une avarice sordide ; le troisième est un noble arrogant persuadé d'être la septième merveille du monde. Mais les ennuis qui se profilent sont pire encore, car l'amour, sous la forme d'un jeune homme masqué d'un loup blanc, va s'en mêler...

Fanny Burney, romancière anglaise de génie que Jane Austen admirait (elle lui a emprunté son titre Pride and Prejudice), nous livre ici un de ses romans les plus aboutis, mêlant critique sociale, humour tour à tour sarcastique et burlesque, amour passionné et nobles sentiments. Par la perfection inégalée de son style comme par la vivacité colorée de ses personnages, par sa peinture réaliste de la condition féminine et du grand monde, Cecilia demeure l'un des plus beaux romans du XVIIIe siècle. C'est aussi l'un des plus passionnants.

LangueFrançais
Date de sortie13 mars 2016
ISBN9781519950963
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    Aperçu du livre

    Cecilia 1 - Fanny Burney

    CHAPITRE I : UN VOYAGE

    « Que l’esprit de mes parents révérés trouve la paix, que leurs dépouilles soient traitées avec respect et leurs vertus, immortalisées ! Puisse le temps, tandis qu’il réduit en poussière leurs frêles reliques, consigner dans les annales le récit de leur bonté ; et surtout, puisse leur descendance orpheline vivre dans le souvenir de leur pureté et mourir avec la satisfaction de ne l’avoir jamais souillée ! »

    Telle était la prière secrète que formulait la seule survivante de la famille Beverley en quittant la demeure de sa jeunesse et résidence de ses ancêtres, alors que les larmes d’une réminiscence amère lui montaient aux yeux et brouillaient sa ville natale, dont une dernière vision avait provoqué ses pleurs.

    Cette belle voyageuse, du nom de Cecilia, venait d’entamer sa vingt et unième année. Ses ancêtres étaient de riches fermiers du comté du Suffolk, bien que son père, chez qui un esprit d’élégance avait supplanté la soif d’opulence, eût vécu sa vie comme un gentilhomme de province et se fût contenté, sans accroître ses richesses, de vivre du fruit du labeur de ses prédécesseurs. Elle l’avait perdu dès sa prime jeunesse, et sa mère n’avait pas tardé à le suivre dans la tombe. Ils lui avaient légué dix mille livres et confiée aux bons soins de son oncle, le doyen de———. C’est auprès de ce gentilhomme, qui était entré, par divers aléas, en possession des biens accumulés d’une famille prospère et en plein essor, qu’elle avait passé les quatre dernières années de sa vie, et quelques semaines à peine s’étaient écoulées depuis sa mort qui, en la privant de son dernier parent, faisait d’elle la seule héritière d’un patrimoine de trois mille livres par an, sans autre restriction que l'obligation d’associer son nom, si elle se mariait, à la disposition de sa main et de ses biens.

    Mais quoiqu’ainsi redevable au destin, ses obligations envers la nature étaient encore supérieures : élégante de silhouette, généreuse de cœur, sa contenance trahissait l’intelligence de son esprit, sa complexion reflétait chaque émotion de son âme et ses yeux, hérauts de son discours, tantôt rayonnaient d’entendement, tantôt scintillaient de sensibilité.

    Durant la courte période de sa minorité, la gestion de sa fortune et la charge de sa personne avaient été confiées par le doyen à trois tuteurs entre lesquels elle avait le choix de sa résidence ; mais son esprit, attristé par la perte de tout son parentage, brûlait de retrouver la sérénité dans la quiétude de la campagne et dans le giron d’une vieille conseillère maternelle, qu’elle aimait comme une mère et qui l’avait connue dès sa plus tendre enfance.

    Elle se voyait en effet contrainte d’abandonner le doyenné, car un impétrant qui convoitait la chaire depuis longtemps était impatient, en s’y établissant, de reléguer à un autre l’anxiété et le tourment dont il avait lui-même souffert ; bien qu’il n’eût sans doute aucun désir d’écourter les désagréments de son successeur en lui cédant la place à son tour. À l’inverse, la porte de Mrs Charlton, sa bienveillante amie, lui était grande ouverte, et la tendresse lénifiante de sa conversation lui ôtait tout souhait de changer la situation.

    C’est là qu’elle résidait depuis l’enterrement de son oncle, et peut-être, mue par sa disposition reconnaissante et affectueuse, aurait-elle été satisfaite d’y résider jusqu’au sien propre, si ses tuteurs n’étaient intervenus pour l’en faire sortir.

    Elle obtempéra à contrecœur, quitta les compagnons de sa jeunesse, son amie la plus chère, ainsi que le lieu qui renfermait les reliques de ceux dont elle avait déjà porté le deuil ; et, escortée par l’un de ses tuteurs et servie par deux domestiques, elle entama son voyage de Bury à Londres.

    Ce gentilhomme, Mr Harrel, quoiqu’il fût dans la fleur de l’âge, quoiqu'il fût jovial, élégant et fastueux, avait été sélectionné par son oncle pour être l’un de ses gardiens ; choix motivé par le bonheur de sa nièce, dont Mr Harrel avait épousé l’amie la plus proche, et sous le toit duquel il savait qu’elle préférerait donc habiter.

    Mr Harrel ne manquait pas d’accomplir tout ce que sa bonté lui dictait ou ce que sa politesse lui suggérait afin de dissiper sa mélancolie, et Cecilia, dont la disposition mêlait la douceur à la dignité et la délicatesse au courage, ne souffrit pas que ses aimables efforts paraissent vains : elle envoya un baiser en direction de sa ville natale qu’une colline avenante lui permit d’apercevoir une dernière fois, et s’appliqua à oublier le regret avec lequel elle la perdit de vue. Elle se réconforta en imaginant son bonheur à venir, s’attarda sur la joie qu’elle aurait à revoir sa jeune amie et, en acceptant qu’il la console, récompensa amplement ses efforts. 

    Sa sérénité allait toutefois rencontrer un autre obstacle, certes moins ardu, puisqu’elle avait encore un nouvel ami à rencontrer, et de nouveaux adieux à faire.

    À une distance de sept miles de Bury résidait Mr Monckton, l’homme le plus riche et le plus puissant de la région, chez qui Cecilia et son tuteur étaient invités à prendre le petit-déjeuner au cours de leur voyage.

    Mr Monckton, fils benjamin d’une famille aristocrate, était un homme de talent, de culture et de discernement ; disposant naturellement d’une grande force d’esprit, il ajoutait à cela une fine connaissance du monde, et tout en étant lui-même remarquable juge du caractère d’autrui, il excellait dans la dissimulation du sien propre. Dans la fleur de sa jeunesse, avide de richesses et de pouvoir, il avait passé l’anneau au doigt d’une douairière riche et bien née dont l’âge, bien qu’elle eût soixante-sept ans, ne figurait qu’au bas de l’échelle de ses défauts, car son tempérament était bien plus repoussant que ses rides. Une différence d’âge si considérable l’avait conduit à croire que la fortune qu’il avait ainsi acquise serait bientôt libérée du fardeau dont elle était pour l’instant encombrée ; mais ses espoirs s’étaient révélés aussi vains que vénaux, et son épouse n’était pas plus dupe de ses protestations qu’il ne l’était de ses intentions. Cela faisait dix ans qu’elle était devenue sa femme, et pourtant sa santé était excellente et ses facultés intactes ! Il guettait sa décrépitude avec une impatience qui n’avait porté préjudice à nul autre qu’à lui-même. Les stratagèmes égoïstes sont si peu clairvoyants qu’en ne visant pas au-delà de la gratification immédiate, ils dissimulent les maux futurs, tout en entravant la perception de l’intégrité et de l’honneur.

    Néanmoins, son ardeur à retrouver le temps béni de la liberté n’avait entamé ni son humeur, ni son goût pour les divertissements qu’il s’autorisait entre-temps ; il connaissait trop bien le monde pour s’exposer à sa censure en négligeant la femme à qui il devait le rang qu’il y occupait ; il ne la voyait certes que rarement, mais il avait la décence, qu’il l’évite ou qu’il la rencontre, de ne faire montre d'aucun manque de civilité ni de

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