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Rue des Fleurs Muettes
Rue des Fleurs Muettes
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Livre électronique198 pages6 heures

Rue des Fleurs Muettes

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À propos de ce livre électronique

Roland Vogel est un homme politique influent que la vie a plutôt gâté. Dans le civil, il dirige une entreprise prospère d’import-export en région Île-de-France. Sa passion dévorante pour une jeune femme lui fait perdre la tête, l’amenant à mener une double vie que ni sa femme ni ses proches ne soupçonnent.
Lorsqu’un matin au réveil, il retrouve sa jeune amante décédée à ses côtés, les mâchoires d’un terrible étau vont se refermer sur lui, malgré les initiatives un peu folles qu’il va être amené à prendre pour tenter d’échapper au scandale familial et politique, à un maître chanteur qui le harcèle et aux eaux troubles du milieu de la prostitution.
Après « L’homme qui voulait rester dans son coin », « Habemus Praesidem » et « Miss Smart », Manou Fuentes nous convie avec ce quatrième roman à une aventure sombre et rocambolesque qui fera frissonner le lecteur.

LangueFrançais
Date de sortie27 févr. 2015
ISBN9782370112927
Rue des Fleurs Muettes

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    Rue des Fleurs Muettes - Manou Fuentes

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    RUE DES FLEURS MUETTES

    Manou FUENTES

    Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

    Copyright 2015 Éditions Hélène Jacob

    Smashwords Edition, License Notes

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    © Éditions Hélène Jacob, 2015. Collection Mystère/Enquête. Tous droits réservés.

    ISBN : 978-2-37011-292-7

    Chapitre 1

    — Le petit déjeuner de Madame est avancé.

    Comme chaque week-end, Roland Vogel tire les rideaux pour faire entrer la lumière dans la chambre et récupère le plateau qu’il a posé sur la table du salon.

    — Chérie, ma Sonia, c’est le matin… Hou ! Hou ! Tu as assez dormi. C’est l’heure, maintenant. Ça suffit de roupiller. Oh, la flemmarde !

    Sonia ne daigne pas poindre un bout de son doigt hors du drap. Seuls ses cheveux ébouriffés par leurs ébats émergent du haut de la couette. Roland sait bien qu’elle l’a entendu. Elle fait toujours comme ça. C’est leur petit rituel du matin. Elle sort de la nuit avant lui, puis continue à rêvasser dans le lit. Quand, enfin, elle le sent bouger, bien qu’éveillée depuis belle lurette, elle reste immobile et feint de dormir pour ne pas avoir à préparer le café. Roland joue toujours le jeu et fait semblant de la croire quand elle s’étire en bâillant.

    — Oh, le gros sommeil… La vie est trop dure pour une petite puce comme toi…

    Roland, plateau en équilibre instable sur une main, s’approche du côté gauche du lit. C’est son côté à elle. Jamais, depuis qu’ils se connaissent, malgré leurs parties de jambes en l’air plutôt désordonnées, ils n’ont dérogé à cette règle de la place. Lui à droite, elle à gauche.

    — Il ne faudrait pas trop exagérer, hein, mon bébé… Il est très lourd, le plateau : café, lait, jus d’orange, confiture. C’est pas bientôt fini, ce cinéma ? Bon, cette fois-ci, je vais employer les grands moyens. Ah, Madame se permet de me défier dès potron-minet, tu vas voir ce que tu vas prendre… La vengeance de l’homme bafoué sera terrible… Tu n’as pas oublié, j’espère, qu’à la bagarre, je suis plus fort que toi, hein ?

    Il soulève alors la couette d’un seul coup, au risque de faire tomber l’ensemble du petit déjeuner.

    — Non, mais… Qui c’est le maître ici ?

    La surprise lui coupe le souffle. Roland lâche le plateau qui se brise à grand fracas sur le sol. Le corps de Sonia gît nu, sur le lit, sur le dos, sans vie, violacé.

    Sonia est morte.

    Roland n’ose s’approcher. L’épouvante mêlée à la souffrance le cloue sur place. Hébété, debout, en pyjama, au milieu des débris de porcelaine et de café renversé. Il tremble de tous ses membres devant le corps inanimé de la jeune femme qu’il aime. Combien de temps reste-t-il ainsi ? Il ne sait pas. Il regarde fixement la tache de café imbiber la moquette et les éclaboussures de l’orangeade glisser le long du montant du lit. Pétrifié de douleur, ne sachant que faire, il s’affale lourdement sur le fauteuil le plus proche. Une fois assis, il tente de reprendre son souffle.

    Il n’ose pas regarder ni toucher le cadavre. Il sait qu’elle est morte. Sans être médecin, il est impossible de se tromper. L’insurmontable émotion paralyse son corps. Sa cervelle est en bouillie. Incapable d’un mouvement, prostré, fou de chagrin, il reste assis.

    C’est la sonnerie de son portable qui le ramène à la vie. Sans regarder l’interlocuteur qui l’appelle et sans savoir pour quelle raison, il décroche :

    — Allô, dit la voix, c’est Catherine, la femme de ménage. Je vous téléphone pour vous dire que je ne pourrai pas venir cet après-midi, mon fils est malade et…

    — Oui, Catherine, merci, ce n’est pas grave.

    — Bon, je viendrai comme d’habitude la semaine prochaine.

    — Oui, oui. À la semaine prochaine.

    Peu à peu, sans avoir encore touché la femme immobile, Roland reprend ses esprits. En prenant appui sur les accoudoirs du fauteuil, il parvient à se lever. Une fois debout, une envie de vomir le précipite dans les toilettes. Penché, seul, ivre de désespoir, il rend là toute son âme. Au milieu des spasmes et des hoquets, des larmes surviennent d’un seul coup, à gros bouillons, comme pour laver son visage. Il pleure, se mouche, re-pleure, s’asperge d’eau fraîche, se lave les dents, se regarde. Au travers des pleurs, il aperçoit ses tempes déjà grisonnantes et son visage défait. Il retombe, exténué, sur un tabouret de la salle de bains. Mais, que s’est-il passé, bon Dieu ?

    Comment une femme de 20 ans peut-elle mourir ainsi, en pleine nuit, dans un lit ? S’agit-il d’une crise cardiaque, d’une embolie, d’une rupture d’un vaisseau sanguin ? Roland n’a pas la connaissance ni l’esprit suffisamment clair pour échafauder une quelconque hypothèse. La seule chose dont il est certain, c’est que Sonia ne s’est pas suicidée. Ce scénario est inenvisageable pour une fille aussi joyeuse, drôle et ambitieuse. Pour vérifier cette piste qui lui paraît pourtant farfelue, il fouille dans les tiroirs de la chambre, sur les étagères de la salle de bains et dans le sac de Sonia. Aucune trace de médicament en vue à part le pilulier. Certain que personne n’a pu s’introduire par effraction dans la pièce, puisque tout était verrouillé, il sait que personne n’a pu entrer et la tuer. Il en conclut que l’hypothèse d’un accident vasculaire ou cardiaque est la seule qui vaille.

    Qu’importe, se dit-il. Le fait est là, brut, violent, impensable.

    Sonia, une jeune fille de 20 ans, est morte, chez lui, dans son lit.

    ***

    Roland réfléchit. Que faire ? Le plus sain et le plus logique est d’appeler un médecin qui constatera le décès. La suite est alors simple et prévisible. Tout le pays saura que monsieur Roland Vogel – tout juste 50 ans, chef d’une grosse entreprise, conseiller d’Île-de-France et père de quatre enfants de plus de 20 ans – trompe son épouse, Sandrine, avec une femme si jeune qu’elle pourrait largement être sa propre fille.

    Les tabloïds vont s’emparer de l’affaire et le tourner en ridicule, lui qui a passé son temps à clamer haut et fort la solidité du lien qui l’unissait à sa femme et à vanter la fidélité dans leur couple. Lui qui s’est affiché dans la manif pour tous. Lui qui a écrit des chroniques virulentes dans les journaux chrétiens contre les hommes politiques qui se laissent conduire par leur libido. « On n’est pas des lapins ! », a-t-il même osé lancer dans l’une d’elles. Ces articles et ces interviews télévisées sont toujours là pour l’attester.

    Son aventure avec Sonia et ce décès surprenant vont orienter vers lui l’attention de la police. Une autopsie va avoir lieu. Une enquête, peut-être ! Son épouse douce, presque naïve, va être dévastée. Il imagine par avance la douleur qu’il va lire dans ses yeux clairs. Roland va avoir honte, une honte incommensurable. Le regard de la foule, au fond de lui, il s’en fout. Si sa femme et ses enfants n’existaient pas, il appellerait le médecin tout de suite. Ce qui le tue, c’est d’avoir à affronter le regard perdu de son épouse et de ses gosses alors qu’il s’est toujours posé en mari et en père exemplaire. Donc, de tout temps, il a exigé d’eux la plus haute tenue morale.

    Malgré la douleur qui l’étreint, Roland sent qu’il lui faut penser et agir rapidement. Ses affaires au bureau l’attendent et il ne pourra pas cacher un événement aussi lourd éternellement. Deux solutions s’offrent à lui pour échapper à l’insupportable angoisse qui lui tord le ventre. Se supprimer ou sortir le corps de chez lui.

    Roland n’a pas le courage du suicide. Ce suicide n’effacera pas la tache indélébile qui fera de lui, post-mortem, la honte de sa famille. Le plus simple, s’il est possible de parler de simplicité dans des conditions aussi détestables, c’est de rapporter le corps de Sonia dans le studio d’étudiant qu’elle occupe à l’accoutumée. Comment ? Il ne sait pas. Il n’a même pas encore osé la regarder de près ni la toucher.

    La première chose à faire est d’annuler tous ses rendez-vous de la journée. C’est drôle, mais au beau milieu de cette impensable douleur, le fait de décider quelque chose l’aide à tenir debout. Il prend son téléphone portable, appelle sa secrétaire et, de sa garçonnière, lui fait passer le message.

    Cet appartement, en effet, est un T2, qu’il a spécialement loué et aménagé pour y rencontrer Sonia. Sa tactique pour la voir sans que personne n’en sache rien est très simple. Chaque fois que cela est possible, il ment délibérément à son épouse. Il prétexte avoir une soirée de travail tardive qui l’oblige à dormir dans le logement mis à la disposition des élus au Conseil. Sa femme, qui n’est jamais venue dans son bureau, gobe d’autant plus facilement le mensonge qu’il prend, à chaque fois, la précaution de désactiver la localisation de son portable. À partir du moment où ce type de téléphone a été propulsé sur le marché, Roland en a vanté les bienfaits. Depuis qu’il connaît Sonia, il bénit le ciel de pouvoir disposer de toutes les fonctionnalités de cette merveille technologique. Comment, autrefois, eût-il pu dissimuler aussi aisément ses amours illicites ?

    Un vrai coup de foudre, il a eu pour cette gosse. Il en a pincé tout de suite pour elle. Bien qu’elle soit la fille d’un ami et malgré son jeune âge, il a osé franchir le pas. Et ça, il sait que personne ne le lui pardonnera. En dehors de son épouse et de ses enfants, il imagine par avance le regard ravagé du père et de la mère de Sonia et la réprobation de tous leurs amis communs. Bon Dieu, mais pourquoi s’est-il donc embarqué dans cette affaire ?

    Cette femme l’a rendu fou. Impossible de résister à une tentation aussi délicieuse. Devant un charme d’un autre monde, une beauté à couper le souffle, une vivacité d’esprit incroyable, l’homme mûr, qu’il est devenu, s’est laissé aller. Oh, bien sûr, il a pensé longuement à son épouse, ses enfants, ses amis ainsi qu’aux conséquences désastreuses de cette liaison si elle venait à être découverte. Mais tous les arguments ont été balayés, un à un, par la passion brûlante qui lui dévorait le cœur et les tripes.

    Bien que très jeune, Sonia avait toujours eu un charme irrésistible. Aussi capricieuse que délurée, elle avait, dès 16 ans, au grand dam de ses parents, abandonné ses études pour faire une carrière dans le cinéma. Le clinquant du show-biz l’avait attirée comme le papillon, la lumière. Elle s’était inscrite dans un cours d’art dramatique dans lequel son jeu théâtral et ses exercices d’improvisation n’avaient persuadé personne. Elle avait cherché alors à brûler les étapes pour parvenir à ses fins sans être obligée de travailler d’arrache-pied. Quand elle avait appris la nomination d’un ami de son père au Conseil régional, elle avait pressenti qu’une opportunité serait à saisir. Malgré la différence d’âge colossale qui les séparait, elle n’avait pas hésité une seconde à se servir de ses charmes.

    Elle n’en était pas à son coup d’essai ! Elle en avait vécu bien d’autres, des dragues inutiles, des nuits blanches alcoolisées et des coucheries pour rien, avec des producteurs qui n’avaient pour seule idée que d’abuser de son corps. Cette fois-ci, elle tenait le bon filon. Jusqu’alors, Roland Vogel ne lui avait pas semblé présenter d’intérêt particulier. Elle avait simplement senti que son charme opérait vivement sur lui. Depuis sa prestigieuse élection, il en allait bien autrement ! Ne pourrait-il pas être en mesure de lui donner de sérieux coups de pouce pour lancer une carrière qu’elle désirait de toutes les fibres de son être ?

    La partie avait été très facile à jouer. À l’occasion d’un repas entre amis de famille auquel Roland avait été convié, Sonia avait entrepris son opération de séduction. Alors qu’ils étaient assis tous les deux sur une balancelle au fond du jardin au moment du café, elle s’était contentée de poser et de laisser sa main sur le dos de celle de Roland. Celui-ci avait ressenti cet attouchement affectueux comme une décharge électrique. Embarrassé que quelqu’un puisse les surprendre dans cette position équivoque, il avait eu le courage de retirer doucement ses doigts.

    — Que t’arrive-t-il, petite fille ? avait-il demandé.

    — Je suis amoureuse, avait-elle répondu calmement.

    — Ah bon, et de qui ?…

    — De vous, de vous…, avait-elle répété en tournant d’un seul doigt le visage de Roland vers le sien afin de plonger ses prunelles claires au plus profond des siennes.

    — …

    — Tenez, je vous donne mon numéro de portable, il est hyper facile à retenir : 06 09 09 69 09.

    Sur ces paroles renversantes, la jeune fille était partie retrouver les autres. Roland, fasciné par la démarche ondulante de la petite moulée dans un jean slim, était demeuré si longtemps assis sur la balancelle que c’est sa femme, Sandrine, qui était venue l’y chercher :

    — Qu’est-ce que tu fais, tu ne viens pas ? Que vont penser nos amis si tu continues à t’isoler ?

    Quand il s’était levé pour rejoindre le reste des convives, Sonia avait disparu.

    La suite était prévisible. Étant allumé de toutes ses fibres par son regard enflammé, Roland avait balayé d’un revers de main ses scrupules. Le samedi suivant, il avait composé son numéro. Leur histoire commençait.

    En cachant sa liaison dans un appartement de location, il avait espéré pouvoir garder secrètes ses amours interdites. Qui pourrait s’en rendre compte ? Sachant tous les deux, à l’avance, la réprobation générale qu’ils encourraient, ils avaient pris l’habitude, à chaque rencontre, de respecter d’infinies précautions. Personne dans ce quartier isolé et populaire ne connaissait leur présence dans cet endroit, à part la femme de ménage, Catherine, dont il avait repéré l’annonce dans une épicerie du coin. Et encore, celle-ci, dépêchée par une agence de nettoyage, n’avait-elle jamais vu leur visage.

    ***

    Cette mort imprévue fait basculer sa vie dans l’horreur. À l’immensité du chagrin qui l’accable s’ajoute, à présent, la nécessité d’agir au plus vite. Le voilà maintenant au pied du mur.

    De toute façon, Roland ne peut plus supporter le spectacle de la jeune femme inerte. Comment la regarder ? Comment la toucher ? Lentement, il s’approche du lit et se contraint à contempler le désastre. Sonia est allongée, le bras gauche le long du corps et l’autre replié sur la poitrine, le poing en partie fermé comme si elle avait cherché à saisir quelque chose. Les articulations et le bout de ses doigts sont violacés. Son beau visage est lisse, sauf la commissure des lèvres qui est étrangement crispée sur le côté gauche. Ses yeux sont presque entièrement clos. Seul un interstice d’un ou deux millimètres entre les paupières supérieures et inférieures est visible. La partie basse du corps, contre le drap de lit, est parsemée de grosses taches

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