Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1: 1515 / 1953
L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1: 1515 / 1953
L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1: 1515 / 1953
Livre électronique518 pages5 heures

L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1: 1515 / 1953

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Au cœur du déclin de l’Occident musulman, marqué par la chute de Grenade en 1492, surgit une nouvelle puissance : l’Espagne chrétienne. S’emparant successivement du royaume de Tlemcen, d’Oran, d’Alger et de Bejaia, elle assoit sa domination. Devant cette expansion, le prince Ben Tami de Blida fait appel à Baba Aroudj pour libérer Alger. Ainsi naît la Régence d’Alger, défiant les ambitions espagnoles et luttant pour la souveraineté de l’Afrique du Nord. Au fil des siècles de sa gloire, vous êtes convié à embarquer dans l’histoire de cette Algérie toute puissante et à revivre les moments marquants de son existence, des guerres contre les flottes européennes et américaines, jusqu’à la déchéance face à la conquête française.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Ahmed Bencherif, enfant de la guerre, a connu les douleurs et les privations de l’exil avec ses parents. Marqué par cette expérience forte, il a écrit, tel un devoir de mémoire, de nombreux articles sur les drames de la guerre de libération et a publié entre autres, "Marguerite – Tome I" en 2008, aux Éditions Publibook.
LangueFrançais
Date de sortie6 juin 2024
ISBN9791042232023
L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1: 1515 / 1953

Auteurs associés

Lié à L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Essais, études et enseignement pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L’émergence du nationalisme algérien - Tome 1 - Ahmed Bencherif

    Introduction

    Vers la deuxième moitié du quinzième siècle, le déclin de l’Occident musulman est amorcé sous les guerres de reconquête chrétienne. Les Rois Catholiques avaient triomphé des rois musulmans andalous dans leurs guerres, dites justes, pour récupérer les territoires conquis depuis près de huit siècles par les musulmans et restaurer la religion chrétienne. Eux aussi mènent une guerre sainte, comme leurs adversaires qui convoquent de leur côté le djihad « guerre sainte ». L’Espagne chrétienne est alors une grande puissance internationale. Elle entreprend une politique d’expansion de son empire en Amérique et en Afrique. Elle se révèle la dépositaire de l’autorité cléricale et se lance dans la christianisation des Maures andalous et des peuples de l’Afrique du Nord. Avec la bénédiction du Pape et ses dons ou emprunts, les Rois Catholiques Ferdinand II et Isabelle de Castille montent de grandes flottes. Ils occupent Melilia au Maroc, Mers-El-Kébir, Oran, Alger et Bougie au Maghreb central. Ils soumettent aussi le royaume de Tlemcen dont la monarchie devient leur vassale et paie un tribut.

    Alger ou Algiers, de son nom originel, une municipalité démilitarisée et gérée par elle-même pendant des siècles, subit très mal le joug espagnol dont la tyrannie s’exerce impitoyablement. Elle fait appel au prince Ben Thami de la Mitidja, son protecteur avéré, qui s’avoue très tôt vaincu et fait appel aux frères Barberousse, pirates de mer installés à Djijelli. Cette petite ville phénicienne, puis romaine, puis arabe, mal servie par la nature et exposée aux tempêtes ravageuses, épouse enfin sa destinée historique. Les frères Barberousse arrivent par terre et par mer, à la tête d’une légion de 1 200 Turcs. Ils s’emparent du pouvoir, parviennent à chasser les Espagnols, s’emparent du royaume de Tlemcen. Le frère aîné, à barbe rousse, meurt. Le cadet Kherdine lui succède. Cet artiste est doté d’excellentes qualités politiques et de gouvernance.

    Le défi de Kheirdine est de faire d’une municipalité pacifique une redoutable capitale. Il sollicite l’appui de l’Empire ottoman, une autre puissance internationale incontestée. Il fait allégeance au sultan Soliman, le magnifique, qui le dote d’une importante flotte de guerre, d’un budget, de quelques bataillons turcs armés. C’est la naissance de la redoutable Régence d’Alger. Les soldats et les marins venus sont formés seulement à l’école de la vie et sont profanes en gestion et gouvernance. Ils s’appuient sur les Maures instruits et riches commerçants qui donnent à ce nouveau royaume un mode de gouvernement et d’administration, de navigation aéronautique. Certains Maures écrivent et parlent le français.

    Le nouveau roi Kheirdine, chasse les Espagnols, démolit le Penon, le fort espagnol, dont il récupère les blocs de pierre et comble les eaux qui séparent une multitude d’îlots, ces récifs géants qui empêchent la navigation et avarient les navires. Il construit ainsi la jetée d’Alger qui permet la navigation sans risque naturel. Les rois successifs, puis les deys ont fait d’Alger une citadelle imprenable, défendue par plus de mille bouches à feu, dotée d’une flotte parmi les plus puissantes. Elle résiste vaillamment aux agressions des autres puissances de la Grande-Bretagne, de la France, l’Espagne, conclut des traités de paix et d’amitié notamment avec la France. L’Espagne est chassée de Mer-El-Kébir et d’Oran. Elle échoue à prendre pied au Maghreb central, au royaume d’El Djazair, nom étendu à tout le territoire. Elle se tourne alors vers les Amériques.

    Dans la première moitié du seizième siècle, la Régence d’Alger devient autonome de l’Empire ottoman dont elle reste un allié puissant. Le royaume ou par la suite la république militaire d’Alger reste une nation puissante avec son unité territoriale, ses frontières connues de nos jours. Cependant, sa force militaire turque, estimée à 12 000 hommes en temps de guerre ou 3.500 en temps de paix, n’arrive pas à elle seule soumettre les tribus algériennes puissantes, guerrières et riches. Elle obtient leur concours et leur donne le statut de tribus « Makhzen », chargées d’assurer la police, de recouvrer l’impôt, mobilisables en temps de guerre.

    Alger reste invincible pendant trois siècles. Toutes les expéditions navales ennemies se brisent sur ses puissantes murailles pourvues de 1 700 canons, dont le baba Merzoug, construit par Kheirdine au début de son gouvernement. Le plus gros de son budget, de sa richesse et de sa puissance est le résultat de ses courses que sa flotte mène en Méditerranée et en Atlantique. Les relations franco-algériennes sont en rupture d’amitié. Le traité de paix est rompu. Napoléon I projette une expédition en 1808, puis il se ravise. Attaquer Alger par voie de mer est périlleux. Pourtant, son espion, le commandant Boutin, lui fournit un plan d’attaque hautement stratégique dès le mois de juillet de la même année. La flotte des USA bat la division navale algérienne au bout de quatre ans de guerre en 18 212. Le congrès d’Aix-la-Chapelle de 1818 condamne la piraterie en mer et enjoint cet ultimatum à Alger. Les Anglais, les Hollandais et les Français se brisent encore sur les remparts d’Alger. Le dey Hussein, dernier souverain de la république d’Alger, commet un affront sur la personne du consul français Deval, à propos d’une créance du juif algérien Bacri. Il refuse de présenter les excuses.

    La France fait le blocus d’Alger 1827-1830 sans obtenir les résultats escomptés. C’est la guerre entre la France et Aldjazaier qui chemine. Le plan Boutin, archivé et oublié, est exhumé. Il prévoit une attaque par voie de terre et le débarquement sur la baie de sidi Freiedj. Celui-ci est opéré le 14 juin 1830 par une flotte gigantesque et une armée non moins gigantesque. En vingt jours, Alger l’invincible tombe. Le dey signe sa reddition le 5 juillet suivant. Hadj Ahmed, bey de Constantine, retourne dans sa capitale. Il est contesté par la population. Mais, il triomphe des tribus rebelles et assoit solidement son autorité.

    La victoire rapide des armes françaises provoque un monstrueux choc au sein des populations. Alger est occupé, puis Oran le en janvier 1831. Alors, commence le roman national. Abdelkader est proclamé sultan par plusieurs tribus. Il est le fils d’une grande famille chérifienne maraboutique, opposante aux Turcs. Il incarne la résistance arabe, comme il l’affirme sans cesse par opposition au pouvoir ottoman. Il s’impose comme chef de la résistance algérienne, malgré ses compétiteurs qui exercent leur autorité sur la province d’Oran. Il triomphe du général Desmichels qui est obligé de conclure avec lui un traité de paix. Il use de persuasion pour faire adhérer les tribus à son combat ou soumet d’autres par la contrainte, lève l’impôt religieux. La plupart d’entre elles sont armées. Il s’en procure cependant en créant un réseau sûr de livraison via la Libye ou la Grande-Bretagne.

    Il se distingue précocement par sa bravoure et ses tactiques dans les batailles, commandées d’abord par son père Mahiedine, un docte en sciences islamiques, puis par lui-même. Il bat le général Trézel à la bataille de la Macta. C’est un désastre militaire français qui est vengé par l’expédition de Mascara par le maréchal Clauzel. Abdelkader n’est pas vaincu. Il tient les troupes du général d’Arlanges assiégées et en proie à une famine extrême. Le général Bugeaud entre en action. Il est chargé de délivrer ces troupes assiégées et de conclure un traité de paix avec Abdelkader. Il bat Abdelkader à la bataille de Sikkak. Abdelkader revient en force. En deux ans de paix, il organise l’État algérien. En 1839, le traité de paix dit de la Tafna est violé. C’est le début de la guerre 1839-1847. Les troupes françaises sur le sol algérien sont de 106 000 hommes. Le général Bugeaud retourne en Algérie. Il est nommé gouverneur général. Il occupe les villes de l’intérieur, soumet les tribus en brûlant leurs moissons, en les pillant, en saccageant leurs demeures. L’année 1847 sonne le glas de l’émir Abdelkader. En décembre, il signe sa reddition négociée. Cependant, ce n’est pas la fin du roman national. Deux ans plus tard, les insurrections reprennent le flambeau du djihad jusqu’à l’an I du 20e siècle qui voit le jour de la révolte de Margueritte.

    C’est le passage à vide cruel de cet élan nationaliste qui dure jusqu’en 1926. Alors, le roman national reprend son activisme. C’est la naissance de l’Etoile-Nord-Africaine en France par les émigrés. Elle regroupe les nationalistes des trois pays maghrébins : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie. Ce mouvement prend tôt un chef, Messali Hadj. Il réclame vigoureusement l’indépendance. Les deux pays voisins de l’Algérie s’essoufflent et se retirent de l’Etoile-Nord-Africaine. L’Algérie continue la lutte sous l’impulsion énergique de son chef. Le mouvement élargit sa base militante et découvre que les Algériens sont assoiffés de liberté. Il promet alors et élabore une charte. Ses membres sont mis sous surveillance des Renseignements généraux. Messali joue un rôle fondamental et fait connaître la cause algérienne sur la scène internationale, particulièrement avec le parti communiste et la confédération générale des Travailleurs. Il finit par se détacher progressivement du parti marxiste et s’oriente vers un parti de masse. Il crée en 1936 le parti du peuple algérien dont il précise les fondements et les moyens de la lutte. Il l’organise en forme pyramidale, à la base, les sections et au sommet, la direction. Bientôt, le mouvement est encadré par de jeunes militants instruits et énergiques qui lui donnent un essor extraordinaire et provoquent des inquiétudes aux autorités françaises.

    Le parti est strictement surveillé, plusieurs militants sont mis en prison. Puis la Deuxième Guerre mondiale éclate. La France signe l’armistice avec les nazis. Le maréchal Pétain est chef de l’État. Il collabore avec le nazisme, met en prison les opposants à son régime de Vichy, tristement célèbre pour sa traque des juifs et des militants algériens et des communistes français ou algériens. Messali ordonne à ses troupes de condamner le nazisme. Cette politique conforme au parti lui vaut son emprisonnement ainsi que d’autres cadres importants du PPA.

    Mai 1945, la fin de la guerre est proche. Le 1° du mois, la CGT organise une grande manifestation des travailleurs aussi bien en France qu’en Algérie. Des heurts se produisent à Alger et Oran entre les manifestants algériens et les services de police qui leur arrachent les banderoles nationalistes. À Alger, deux manifestants sont morts et un autre à Oran. Le 8 mai, c’est la fête de la victoire des Alliés sur le nazisme. C’est un jour sanglant. Des manifestants algériens pacifiques sont violentés : la police tue les Algériens, l’armée tue les Algériens, les milices européennes tuent les Algériens. Le bilan est sinistre, 45 000 morts en l’espace de quelques jours, deux fois plus selon des historiens français. Puis l’insurrection éclate à Guelma. Le cadre du PPA Chadly Mekki, ancien interné au centre de séjours surveillés de Djenien Bourezg, Ainsefra, est dépêché par la direction centrale du Parti pour coordonner les opérations insurrectionnelles.

    La nouvelle constitution de 1947 donne quelques droits aux musulmans français, dont celui de vote. Le PPA est dissous par les autorités coloniales. Messal crée un autre parti, le PPA/MTLMD, avec la même charte. L’action violente est presque l’exclusive option. L4OS, l’organisation spéciale, le bras armé du parti, est créé. L’OS mène des actions de commandos. Elle est découverte et dissoute. Puis vient le 14 juillet sanglant à Paris. Des militants marchent avec les communistes, place de la Nation Paris. Ils brandissent des banderoles réclamant la libération de Messali Hadj et l’indépendance. La police leur dresse un barrage sur leur passage, leur arrache les banderoles. Puis, de graves heurts se produisent. La police tue des manifestants algériens pacifiques.

    Le roman national algérien ne finit pas. Car de cette matrice naîtra le 1er novembre fatidique et libérateur. Il sera la synthèse de 124 ans de lutte violente, politique, politico-violente. Ce sera le tome II.

    Chapitre I

    La régence d’Alger

    Alger, une destinée tardive

    Alger est une ville côtière, pluvieuse et tempérée, donc une géographie et un climat prometteurs pour disputer le statut de capitale dans son environnement immédiat. Son ancienneté antique y concourait fortement. En effet, elle est de fondation phénicienne, au 8e siècle avant notre ère. Elle avait reçu de ces intrépides caboteurs de l’île de Tyr le nom d’Icosium. Selon le professeur Jean Cantineau, ce nom est composé par deux mots : I qui signifie île, le second, Kosium qui signifie plusieurs. Lors des démolitions des maisons du quartier de l’ancienne Préfecture, une jarre remplie de monnaie en cuivre et en plomb, d’origine phénicienne, fut découverte. Elle était carthaginoise et elle se gouvernait elle-même par une municipalité. Ce mode d’administration restera employé à l’époque romaine. Puis, à la conquête arabe, elle a été dénommé « Eldjazair », c’est-à-dire le pluriel de l’île. Le roi Bouloughine retiendra ce nom.

    Elle n’était pas parvenue à s’imposer comme capitale et cette ambition ne l’avait pas effleurée pendant plusieurs siècles. Alors que Cherchell, qui était juste à côté, était la capitale de la Maurétanie Césarienne. À l’époque musulmane, elle avait été défendue par les Arabes de la plaine de la Mitidja. Ce handicap dérivait de la position géographique de sa baie, difficile pour la navigation dont la rade exiguë protégeait si peu les vaisseaux contre les vents. Pourtant, ses habitants étaient fort industrieux et aisés. Ils faisaient de bonnes affaires avec les Arabes de la plaine et les Kabyles de son environnement. C’étaient des Maures, nom donné aux habitants de la Maurétanie du roi Syphax dont la capitale fut Siga à l’ouest du pays. El Djazair devra attendre le début du seizième siècle pour voir enfin la lumière du tunnel.

    La fondation de la Régence

    Au début du seizième siècle, El Djazaier la paisible sera bouleversée par la reconquête des Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon qui chassèrent les Maures d’Andalousie et entamèrent la conquête de l’Afrique du Nord. Pierre de Navarre, après sa conquête d’Oran et de Mostaganem, occupa El Djazaier en 1510 et y construisit un fort, le Penon. Les habitants en souffraient, la tyrannie, les privations et les exactions de tous genres. Ils firent alors appel au prince Salim Tami de la Mitidja pour les délivrer du joug espagnol. Il échoua dans une première et deuxième tentative. Alors, il fit appel aux frères Barberousse. Aroudj arma quelques bâtiments et mit le voile sur Alger, tandis que son allié Ben Kaddi le rejoignit par voie terrestre à la tête d’une troupe peu nombreuse. Il préféra d’abord délivrer les habitants avant de s’emparer du Penon. Son frère, Kheirdine, qui était resté à Tunis, le rejoignit à la tête d’une troupe de soldats. Il attaqua ensuite le Penon au cours de l’année 1516 dont il fit le siège. Ses canonniers bombardaient le fort pendant vingt jours aux cris de joie des habitants enfin libérés ou presque du joug de l’Espagne. En septembre de la même année, le cardinal Ximenès envoya en renfort des vaisseaux et une armée qui débarqua sur le rivage d’Alger, entra dans la ville sans résistance et se fait détruire par les soldats d’Aroudj embusqués. 3000 Espagnols moururent et 400 autres furent prisonniers.

    L’unité du territoire

    Baba Aroudj était le roi d’une capitale sans territoire. Il possédait une flottille vigoureuse de 12 galiotes et sa troupe était composée de 1 000 Turcs et plus de cent Maures. Il avait fait le serment de reconquérir pour le roi de Tunis la ville de Bougie qui dépendait de son territoire. Lors de sa première tentative en 1512, un obus lui arracha le bras et il fut emmené à Tunis pour se faire soigner où des chirurgiens venus d’Orient lui implantèrent un autre en argent équipé de ressort. Cependant ses ambitions royales étaient très fortes. Il s’empara juste après sa blessure de Djijelli. Il devait nécessairement conquérir de nouveaux territoires pour se doter d’un royaume fiable qui répondait à ses visions. Puis, il prit possession de Tenès en septembre 1517 après de rudes combats contre les forces du prince de cette ville. Il y reçoit deux notables de la capitale du royaume de Tlemcen qui l’instruisent du fait qu’à la mort du roi Abdallah, le fils usurpa le pouvoir à son oncle et avait fait sa vassalité à l’Espagne. Il marcha donc sur Tlemcen et il livra de furieux combats aux troupes du roi et aux Espagnols. Il mourut en 1518 et son frère Kheirdine lui succéda.

    Kheirdine réussira à s’emparer du royaume de Tlemcen, tandis qu’Oran demeurait occupé par les Espagnols. Dix ans de sa vie passés en corsaire intrépide et avisé l’instruisaient que son royaume en formation allait se heurter à l’hostilité des puissantes nations européennes qui menaient des guerres de croisade d’un nouveau genre. Il savait aussi que l’Empire ottoman était leur adversaire très puissant et jouait le rôle de protecteur des musulmans. Il proposa alors au sultan Souleimane le magnifique d’être son vassal avec le titre de Pacha. L’empereur accepta cette offre et le dota d’une importante flotte capable de dissuader toute menace et de croiser en mer avec plus de sécurité et de prises. En 1520, Kheirdine, dénommé désormais Barberousse, soumit les habitants de Collo, puis l’année suivante, il assujettit Constantine qui luttait toujours pour sa liberté contre les rois de Tunis. Puis en 1522, il conquit l’antique Bône. Il mourut en 1548.

    Salah Raies, à son tour, continua les conquêtes. En 1552, il soumit Ouargla jusqu’à Alcalaa, territoire voisin du pays des « Nègres¹ ». En juin 1553, il arma quarante vaisseaux et sortit en course. Il débarqua à Majorque et s’empara d’un grand butin, puis à la fin du mois de juillet, il croisa cinq frégates portugaises dont il s’en empara après de rudes combats. À bord de l’un des navires se trouvait Muley-Buazon-Le Borgne qui voulait conquérir Fez. Il est fait prisonnier avec vingt Mores de sa suite. Il se dirigea avec sa prise vers le Penon de Velez, cité du royaume chérifien dont le caïd Moussa était gouverneur. Moussa proposa ses services au capitaine-Pacha pour détrôner le roi de Fez. Salah Raies refusa et l’engagea de ne jamais dépasser les montagnes de Moulouya² qui étaient la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Il l’invita à transmettre ces dispositions au roi de Fez.

    Trois mois plus tard, un djich de la dynastie des Saadiens attaqua Tlemcen qu’il pilla à grande échelle, profitant de la faiblesse numérique de la garnison turque. L’agression violait la ligne rouge établie par Salah Rayes, qui était la frontière historique entre le Maroc et l’Algérie. Il décida alors de venger ce crime frontalier. Il déclara la guerre au roi de Fez et marcha au début du mois de janvier 1554 à la tête d’un corps d’armée de six mille mousquetaires, mille spahis et il fut rejoint par quatre mille cavaliers maure³s, équipé encore de douze canons. Il emmena avec lui Moulay Abou Hassan le Borgne, son prisonnier. En arrivant à Taza, il trouva le roi de Fez qui l’attendait à la d’une armée de quarante mille cavaliers et autant de fantassins.

    Malgré l’inégalité des forces, Salah rayes ouvrit les hostilités. Il triompha de l’ennemi qui subit de grosses pertes et ordonna la retraite qui se fit dans le désordre et la fuite. Il établit une garnison de deux cents Turcs à Taza et marcha sur Fez-Djedid où le roi l’attendait avec de nouvelles et considérables forces qui furent battues une nouvelle fois. Il pourchassa les fugitifs jusqu’à Fez dont il s’en empara. Il intronisa aussitôt Moulay Abou Hassan (le Borgne), nouveau roi contre une fortune évaluée à des centaines de milliers de ducat-or pour lui, ses officiers et ses soldats. Salah Rayes s’empara de Bougie en 1555, après de furieux et violents combats qui durèrent plus de vingt jours contre les Espagnols qui l’occupaient puissamment grâce à leurs fortes places inexpugnables.

    Oran et Mers El Kebir

    Dans sa lancée de reconquêtes, Salah Rayes demanda au sultan ottoman de lui envoyer une grande flotte pour renforcer la sienne et libérer Oran et Mers El Kebir de l’occupation espagnole. Il obtint satisfaction et après le temps des préparations, il embarqua quatre mille Turcs à bord de trente bâtiments et alla attendre la flotte du sultan en juin 1556 au cap Matifou, à l’est d’Alger. Un malheur le frappa et il mourut de la peste avant d’enclencher les hostilités. Sa flotte découragée revint à Alger. Les officiers craignirent que ce fléau ravageât toute l’armée du sultan ottoman. Hassan Corso lui succéda. Trois jours après, la flotte de renfort arriva à Alger. La reconquête d’Oran fut discutée et décidée. Hassan envoya une galiote pour informer le palais impérial à Constantinople de ces dispositions. Trois jours après la mort de Salah Rayes, l’ensemble de cette armée se dirigea vers Oran. Hassa Corso partit par route avec six mille mousquetaires turcs. En chemin, il réunit à sa troupe mille cavaliers et trente mille fantassins arabes. À douze lieues d’Oran, il fit jonction avec ses troupes et l’artillerie, laquelle était équipée de trente pièces de canon, de fort calibre.

    À Oran, Hassan pacha campa avec ses troupes devant la place, ouvrit des tranchées et entama de canonner la garnison dont il avait fait le siège. À sa grande surprise, un envoyé du sultan arriva de Constantinople porteur d’instructions pour le moins illogiques qui lui ordonnaient d’embarquer toutes ses troupes et de le rejoindre à l’île de Malte pour prendre cette place avec ses propres troupes à l’ordre religieux de Saint-Jean.⁴ Le messager n’était autre que le renégat grec, Ochali. Ce fut une grande déception pour les troupes algériennes qui espéraient prendre facilement la place d’Oran. Leur ressentiment était énorme. Néanmoins, tous obéirent avec amertume aux ordres du sultan. Hassan régna sans difficulté jusqu’au mois de septembre, au moment de l’arrivée de son remplaçant Tchéchéoli désigné par le sultan. Les janissaires et la population exprimèrent leur opposition à son investiture. Mais les capitaines marins l’aidèrent à prendre possession du pouvoir. Le nouveau roi d’Alger fut ainsi intronisé par suite de la haine qui existait entre les Rayes et les Janissaires. Hassan Corso fut exécuté pour désobéissance au sultan au mois de septembre 1556⁵.

    Les menaces extérieures

    L’empire du Maroc

    Hassan, fils de Kheirdine, fut nommé pour la deuxième fois pacha d’Alger en 1557 par le sultan Souliman le magnifique. Il partit de Constantinople pour Alger, commandant une flotte de vingt galiotes. Il y arriva en juin. Vite aux affaires, il apprit que le roi Saadien Mouley El Cheikh fit exécuter le roi vassal de la Régence, Mouley Abou Hassan et s’était emparé de Tlemcen. Cette armée marocaine nombreuse composée d’une infanterie et d’une cavalerie pénétra dans la ville et chassa la troupe de 500 cents turcs qui défendaient la garnison. Hassan, qui était au courant des menées expansionnistes du roi du Maroc, alla à sa rencontre avec une armée de six mille Turcs, réunit en chemin seize mille entre fantassins et cavaliers arabes, et envoya par mer à Mostaganem quarante navires, trois mille Turcs, de l’artillerie et de la poudre⁶. Il donna ordre à sa flotte d’aller l’attendre au port neuf près de Melilla.

    Le roi de Fez ne parvenait pas à prendre la Casbah et il fut avisé de l’arrivée toute proche de l’armée d’Hassan qui était à quatre jours de marche de Tlemcen. Il jugea qu’il n’était pas prudent de l’attendre et quitta Tlemcen pour rentrer dans ses états. Au début d’août, il arriva à la périphérie de Fez où le roi l’attendait. La confrontation fit rage. Les deux armées subirent de grosses pertes. L’Armée de Hassan plia face aux assauts massifs et nombreux des armées de Mouley El Cheikh. Après le conseil de ses officiers, elle battit en retraite en bon ordre, sans que l’armée marocaine s’en aperçût, grâce à un stratagème qui consistait à entretenir de grands bûchers qui brûlaient toute la nuit.

    La politique expansionniste contre l’Algérie continua sous le règne du roi Moulay Ismail qui avait pourtant conclu un traité de paix avec le gouvernement algérien en 1679. Il marcha sur la province de Tlemcen avec une forte armée en 1692. Le dey hadj Chaabane, qui avait été informé de ce projet, alla l’attendre à la Mloulouya à la tête d’une armée de 10 000 janissaires, 3 000 spahis et 1 contingent de Kabyles Zouaua. Il rencontra l’armée ennemie et la mit en déroute. Le roi laissa 5 000 morts, le dey le poursuivit jusque sous les murs de Fez et une deuxième bataille allait être déclenchée, quand le roi vint faire sa soumission⁷. Le sultan du Maroc commit une autre agression l’année d’après et ses soldats pillèrent et saccagèrent la tribu des Beni Ameur, dans les environs d’Oran. Après le choc et la surprise, les Beni Ameur lui livrèrent une bataille sanglante et mirent l’armée de l’ennemi

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1