Des armées portées par la conquête
1 Un chef religieux doublé d’un général
Caractéristique clé de l’islam conquérant, son chef et inspirateur religieux, Muhammad, est également son chef militaire fondateur, son premier général. C’est en 622, selon des manuscrits du IXe siècle, que le prophète crée à Yathrib (future Médine) le premier État et la première « armée musulmane ». À dire vrai, le mot « troupe » conviendrait mieux: il s’agit de quelques dizaines, puis de quelques centaines d’hommes unis par des liens du sang ou des alliances tribales, équipés surtout d’épées et d’arcs. Peu de boucliers, pas ou peu d’armures et de casques, quasiment pas de chevaux. Cette modeste force s’illustre pourtant dès 623 en attaquant des marchands en route vers La Mecque. Muhammad lui-même prend la tête d’un raid (infructueux) de 200 guerriers contre une caravane.
En 624, il lance sa deuxième attaque d’envergure (313 hommes et… deux chevaux) contre une grande caravane gardée par une quarantaine d’hommes. Mais son avance est détectée et les Quraysh et d’autres tribus de La Mecque rassemblent en hâte un millier d’hommes et une centaine de chevaux puis foncent secourir le convoi menacé. Au puits de Badr, ils trouvent la troupe de Muhammad en ordre de bataille, sur le flanc d’une colline. Le combat est bref car Muhammad bouscule les usages: il fait tirer ses hommes en continu, jusqu’à, leur ordonne-t-il, que les ennemis « soient sur eux » (Sunan d’Abu Dawud, Livre XIV). Les Quraysh perdent 70 hommes… et jettent l’éponge. C’est la première victoire musulmane. Elle aura des répercussions profondes sur la stratégie future, car les troupes de Muhammad y montrent par la discipline de leur tir qu’elles peuvent défaire des forces supérieures. Badr sert également de base aux règles de partage du butin ou titre de la sourate (voir p. 78) révélée après cette bataille.
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