Alors que la ligne de partage entre chrétiens et musulmans s’est stabilisée sur le cours du Tage depuis le début du XIIe siècle, un bouleversement perturbe ce précaire équilibre. Au sein de tribus berbères du Maroc, le réformateur religieux Mohammed Ibn Toumart propose un retour aux sources religieuses de l’islam et prêche la guerre sainte contre les Almoravides qui gouvernent alors Al-Andalus. L’imam Abd al-Mumin lui succède et s’empare de Fès et de Marrakech. Il se coiffe ensuite du titre de calife, débarque en Espagne en 1147 et conquiert Grenade ainsi que la plus grande partie de l’Espagne musulmane. Les Almoravides sont dès lors supplantés par ceux qui se font appeler les Almohades, « les tenants de l’unicité de Dieu ». Or, ces derniers remettent le devoir de djihad au centre de leurs préoccupations. Le 19 juillet 1195, Abou Youssouf Yacoub, le troisième calife almohade, remporte à Alarcos une grande victoire face à l’armée du jeune roi Alphonse VIII de Castille. Il prend alors le nom d’al-Mansur (« le Victorieux»), titre justifié par ses indéniables talents de chef de guerre. En position de force, il accepte ensuite de signer une trêve de dix ans avec les royaumes chrétiens d’Espagne.
Une réaction sous forme de coalition
Dès l’expiration du délai fixé, musulmans et chrétiens ne se font pas prier