Vers la fin avril 711, une petite armée araboberbère débarque à la pointe de Calpe, sous le commandement de Tariq ibn Ziyad (?-v. 720), dont l’imposant rocher local va conserver le nom: le Djebel al-Tariq deviendra Gibraltar. Les intrus seraient 7000 à 12 000 selon les chroniques musulmanes, fourchette ramenée entre 2000 et 4000 par les historiens actuels. Tariq ou son commanditaire, le gouverneur du Maghreb Musa ibn Nusayr, qui agit au nom du calife omeyyade de Damas, avaient-ils en tête de mener un raid ou de conquérir l’ancienne Hispania romaine passée depuis deux siècles sous contrôle des Wisigoths? On l’ignore.
Quand il apprend le débarquement de Calpe, le roi Rodéric (Rodrigue), occupé à mater une rébellion basque, revient à bride abattue vers le sud. Il se présente sur la rivière Guadalete avec 10000 à 12000 hommes dans la seconde quinzaine de juillet – et se fait écraser par Tariq. «Peut-être cette déroute a-t-elle été facilitée par la trahison d’un clan wisigoth qui contestait la légitimité de Rodrigue, avance Daniel Baloup, professeur d’histoire du Moyen Âge à l’université de Toulouse. Quoi qu’il en soit, le plus frappant est la vitesse à laquelle Arabes et Berbères détruisent le royaume en place et atteignent le nord de la péninsule.» La conquête est accélérée par des ralliements spectaculaires de chefs chrétiens, comme le clan Casio de Saragosse qui devient le clan Banu Qasi.
Petit royaume, grand destin
Durant plus de 30 ans, les raids musulmans se poursuivent au-delà des Pyrénées, à la recherche de butin et d’esclaves. En revanche, le conquérant se désintéresse du nord-ouest de la péninsule ibérique – comme d’ailleurs les Romains et les Wisigoths avant lui. Coincée entre la chaîne Cantabrique et l’Atlantique, la région des actuelles Asturies, que les Romains nommaient Cantabrie, est pauvre, peu peuplée et difficile d’accès. L’arrivée de migrants hispano-wisigothiques fuyant les musulmans a sans doute consolidé une des chefferies locales qui va se développer vers 750 en un petit royaume.
Le premier souverain des Asturies historiquement attesté est Alphonse I dit le Catholique (739-757). Mais c’est sous Alphonse II (791-842), précise Daniel Baloup.
