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G&H : Comment votre chemin a-t-il croisé celui du Tigre ?
Albin Irzyk : Nous débarquons en Normandie le 13 juillet 1944 après deux ans d’entraînement intensif aux États-Unis. Nous sommes affûtés, nous maîtrisons bien notre arme blindée, nous sommes désireux d’en découdre. Et surtout, nous avons hérité du meilleur général de l’armée américaine: Patton, qui est déjà une légende dans la cavalerie blindée. Maîtres mots: audace et surprise! J’ai 27 ans et je commande le 8e bataillon de chars du CCB, un des Combat Commands de la 4e division blindée, qui sera par la suite considérée comme la meilleure unité engagée sur le théâtre européen. En douze jours, nous couvrons 530 km. Le 1er septembre, nous sommes en Lorraine, euphoriques, et certains d’être à Berlin dans dix jours. Au lieu de cela, on nous ordonne de stopper notre progression et nous restons enlisés tout l’automne, par un temps impossible… Jamais vu autant de boue de toute ma vie.
Où vous trouvez-vous lorsque la bataille des Ardennes débute ?
Nous avons été retirés le 8 décembre du front de la Sarre, pour reconstituer nos forces en Lorraine. Depuis un mois, nous n’avons pas eu un repas chaud et nos Sherman (voir p. 49) n’ont reçu aucune maintenance. Il faut changer les chenilles, les moteurs, nettoyer les armes… Dormir au sec. Nous sommes au repos dans un minuscule village, Domnom-lès-Dieuze, à l’est de Nancy.
Puis les événements se précipitent…
Le 17 décembre, nous apprenons que les Allemands ont percé la veille dans le saillant (« bulge», en anglais) des Ardennes. Des rumeurs se répandent: quelque chose de sérieux se serait passé dans le nord, des parachutistes auraient sauté un peu partout… Le 18 va être pour moi la journée la plus confuse de toute la guerre. Du petit matin à la tombée de la nuit, ordres et contrordres se multiplient. Le 19 enfin, nous recevons nos ordres de marche. Patton, à Verdun, a promis à Eisenhower, incrédule, qu’il pourrait lancer trois divisions pour Noël, sous les sarcasmes des officiers britanniques présents…