Àl’automne 1944, la Kriegsmarine n’est plus que l’ombre d’elle-même, et la Luftwaffe ne vaut guère mieux. Entravées par la pénurie de carburant, étrillées par des forces alliées supérieures en nombre, en technique et en tactique, la marine et l’aviation allemandes vont pourtant tenter une dernière fois de contester aux Alliés leur suprématie. Marins et aviateurs se donnent un même objectif: tout en faisant le dos rond, préserver ce qui leur reste de moyens, le temps de mettre au point des armements nouveaux capables de rétablir à leur avantage l’équilibre tactique et technologique. Ce pari va se révéler aussi chimérique pour la Kriegsmarine que pour la Luftwaffe.
L’agonie de la Kriegsmarine
1943 est un annus horribilis pour la marine allemande, particulièrement au deuxième semestre. Dans l’Atlantique, les U-Boote sont traqués impitoyablement par une combinaison de groupes de chasse navals, articulés autour de porte-avions d’escorte et de patrouilles d’avions à long rayon d’action. Une première fois à l’automne 1943, les Allemands jouent la carte de l’innovation technique pour tenter de reprendre l’avantage: nouvelles torpilles (notamment à guidage acoustique) et détecteurs de radars pour déjouer les escorteurs doivent rétablir un rapport de forces favorable. Hélas pour les sous-mariniers de l’amiral Karl Dönitz, promu patron de la Kriegsmarine, c’est un échec cuisant: après un mois d’août meurtrier (25 submersibles coulés), le mois d’octobre 1943 voit la perte de 26 U-Boote contre seulement 100 000 tonnes de marchands alliés par le fond – un score très en deçà des capacités de compensation des chantiers américains. Ce désastre conduit Dönitz à réduire l’activité opérationnelle de son arme sous-marine, avec un espoir: achever au plus tôt la mise au point d’une nouvelle génération de bâtiments, les types XXI et XXIII, dont le design révolutionnaire doit procurer une supériorité tactique durable sur les escortes.
Si le type XXIII est est une prise d’air extérieure qui permet d’alimenter le moteur diesel en air pour recharger les batteries à l’immersion périscopique. Le sous-marin limite ainsi le temps passé en surface et apparaît moins facilement sur le radar, notamment celui des avions de patrouille maritime.
